NOËL
JE VIENS A VOUS DU HAUT DES CIEUX to
Vom Himmel hoch da komm ich her
Richard Paquier
Yves Kéler
Luc 2/9-18
Mélodie : Vom Himmel hoch da komm ich her
1. Je viens à vous du haut des cieux, P.
Fidèle messager de Dieu,
Vous annoncer un grand bonheur
Qui doit réjouir votre cœur.
2. Aujourd’hui, le Christ annoncé P.
Pour vous d’une humble Vierge est né.
Tout est charme et ravissement
En cet incomparable enfant.
3. Il est Seigneur, et le Messie
Qui vient vous sortir de la nuit.
C’est lui qui vous délivrera P.
Et du péché vous sauvera.
4. Il vous apporte le salut
Que pour vous le Père a prévu.
Dans son Royaume, aux plus hauts cieux, P.
A jamais vous vivrez heureux.
5. A ceci vous reconnaîtrez P.
Ce Sauveur qui vous est donné :
C’est dans la crèche, un dur berceau,
Que dort le Fils du Dieu très-haut.
*
6. Entrons, et marchons tout joyeux,
Suivons les bergers dans ce lieu,
Voyons ce qui nous est donné
Par Dieu dans son Fils premier-né !
7. Mon cœur, regarde, que vois-tu
Dans cette crèche, faible et nu ?
Qui est ce tendre et bel enfant ?
– C’est Jésus-Christ, qui vous attend !
8. Sois donc, chez nous, le bienvenu !
Tu n’as pas méprisé, Jésus,
Pécheurs fautifs, mauvaises gens :
Nos coeurs t’en sont reconnaissants.
9. Seigneur et Créateur puissant, P
Tu t’es fait tout petit enfant.
Tu es couché là sur ce foin, K
Qu’âne et bœuf mangent dans leur coin.
10. Le monde entier dans sa splendeur P.
Ne peut contenir ta grandeur.
Même empli de rubis, d’or fin, K.
Il ne peut être ton écrin.
11. Ton velours et ta fine soie,
C’est de la paille sur du bois !
C’est là, grand, riche et puissant Roi,
Que sur ton trône l’on te voit !
12. Qu’est dans cela ce qui t’a plu ?
Un tel abaissement a pu
Montrer au monde : son pouvoir
N’est rien ! Toi seul es notre espoir.
13. Jésus, je t’aime dans mon cœur !
Viens-y, fais-en, mon doux Seigneur,
Comme une crèche à ton honneur,
Où régneront paix et bonheur !
14. Je veux chanter, Fils éternel,
Une berceuse de Noël
Pour toi, choisir les plus beaux tons
Et rendre ainsi gloire à ton nom.
*
15. » Louange et gloire au Dieu tout bon P.
Qui de son Fils nous a fait don ! «
Le chœur des anges, par ce chant, K.
Annonce à tous un Nouvel An ! Amen.
(sur la dernière note)
Texte : Vom Himmel hoch
Martin Luther 1535
RA 40, EG 24
frs: Je viens à vous du haut des cieux
Richard Paquier, 1961
dans : Chants de l’Office divin
RA frs 3
str 1,2,3,4,5,9,10,15
Yves Kéler, 2005
Str 3,4, 6-8, 9,10, 11-14
Mélodie : Vom Himmel hoch da komm ich her
Martin Luther 1539
RA 40, EG 24
Frs : Je viens à vous du haut des cieux
RA frs 3
Dieu, le tout-puissant Créateur
LP 92
O Dieu, tout puissant créateur
NCTC 180, ARC 358, ALLéluia 2005 32/04
Voir sur ce site, rubrique « Chants – chants français » :
les commentaires faits au chant:
» Jésus, le Fils du Créateur «
Voir sur ce site, rubrique » Etudes » :
» Les chants de Martin Luther «
Le texte
Le texte de Martin Luther
Le chant est de Martin Luther, qui suit l’histoire de l’annonce aux bergers et de leur entrée dans l’étable. Le texte se divise en 4 parties :
1. le message de l’ange : str 1 à 5
2. l’invitation à entrer : str 6
3. la contemplation – méditation de la crèche str 7 – 12
13 – 14
4. le Gloria in excelsis paraphrasé str 15
et l’annonce du nouvel an de la grâce
Luther avait composé ce chant pour ses enfants, pour la fête de Noël à la maison. De là, il a passé dans le culte de la paroisse de Wittenberg et dans les livres de cantiques.
Le texte de Luther est basé sur un chant allemand datant du 14e Siècle, dont la première strophe dit :
Ich komm aus fremden Landen her
trad. littérale Je viens d’un pays étranger
texte de Luther Vom Himmel hoch da komm ich her
trad. littérale Je viens à vous du haut du ciel
Und bring euch viel der neuen Mär,
Et vous apporte une grande histoire nouvelle,
Und bring euch gute neue Mär,
Et vous apporte une bonne nouvelle histoire;
Der neuen Mär bring ich so viel
De cette nouvelle histoire j’apporte tant
Der neuen Mär bring ich so viel,
De cette nouvelle histoire j’apporte tant
Mehr denn ich euch hier sagen will.
Plus qu’ici je vous en dirai.
Davon ich sign und sagen will.
Dont je vais chanter et parler.
Luther suit ici une habitude du chant de la Réforme : reprendre le donné antérieur, latin ou allemand, pour le traduire ou l’adapter aux temps nouveaux de l’Eglise. Un certain nombre de ses chants, et de ceux d’autres auteurs du temps, partent de chants plus anciens, modifiés, ou de strophes uniques développées en cantiques à plusieurs strophes. Citons: « Nun bitten wir den Heiligen Geist », et « Komm, Heiliger Geist, Herre Gott ».
A la fin du texte, le « Gloria in excelsis » ouvre » l’an de grâce du Seigneur « , proclamée par le Christ dans Luc 4/19, dans sa première prédication, que Luc place à Nazareth. Luther achève donc le Gloria par l’annonce de » l’an nouveau de la grâce « . Noël était considéré à cette époque comme le début de l’année. Le 1er janvier était d’abord l’octave de Noël et la Circoncision du Christ au 8e jour, selon Luc 2/21. Le 1er janvier, comme début de l’année civile, n’avait pas l’importance que notre société déchristianisée lui donne aujourd’hui.
Ces différentes références bibliques montrent que Luther reste à l’intérieur de l’évangile de Luc.
Le texte de Richard Paquier
La traduction présentée ici est basée sur le texte de Richard Paquier, que celui-ci a publié, en 1961, dans » l’Office divin de chaque jour « , dans la deuxième partie : » Les chants de l’Office divin « .
Paquier n’a pas traduit tout le texte : il a pris de Luther les strophes 1, 2, 3-4, 5, 9-10, 15 et a conservé son plan. En particulier, il a laissé le » Gloria in excelsis » paraphrasé à la fin du chant, selon l’intention de Luther, qui voulait que ce Gloria, chanté par l’armée des anges, soit chanté par l’assemblée comme une glorification finale et une récapitulation. En revanche, il a sacrifié l’annonce du nouvel an, que j’ai rétablie. Paquier a fondu les strophes 3 et 4 de l’original dans sa 3e strophe, et les strophes 9 et 10 dans sa 5e strophe. Il obtient ainsi 6 strophes, qui forment un chant cohérent.
J’ai conservé le texte de Paquier aux emplacements correspondant à l’original, et ai traduit ce qu’il avait laissé. La lettre » P. » signale les parties de Paquier.
Les textes de NCTC, ARC et Alléluia 2005
Les textes dérivés de » Vom Himmel hoch » qu’on trouve dans NCTC et ARC sont la reprise, fortement modifiée, du texte de LP 92 » Dieu, le tout-puissant Créateur « , et n’ont plus grand rapport avec le chant de Luther.
Alléluia 32/05 donne le texte d’Edmond Pidoux, pris dans » Psaumes et Cantiques » 258 (Recueil de la Suisse romande 1976). Le texte de Pidoux n’a pas la fluidité de celui de Paquier. Il ne suit pas fidèlement, contrairement à Paquier, le texte de Luther : dans la 1ère strophe, il dit : » Ne craignez pas,… « . Luther ne parle pas de la crainte, qui se trouve bien dans le texte de Luc 2/10, mais part de la phrase suivante : » je vous annonce une bonne novelle « , qu’il traduit deux fois dans la strophe par » gute Mär « . Il entre directement dans la joie de Noël. Richard Paquier suit Luther et fait de même. A la strophe 4, Pidoux introduit le chœur des anges, qui n’apparaît chez Luther qu’à la 15e et dernière strophe, et lui fait chanter le » Gloria in excelsis « . Du coup, celui-ci réapparaît à la fin, dans » Louange à Dieu, qui nous fait don, … Par le Sauveur « , qui traduit la finale de Luther.
Si on compare ces différentes dérivations du texte de Luther, il apparaît que celle de Paquier est la plus fidèle et celle dont le texte est le plus poétique. Ce point a son importance : l’évocation de Noël contient une part de féerie, dans le sens original du mot : beauté de la fête. C’est ce que voulait Luther : notre émerveillement.
La mélodie
Elle est très connue. Luther l’a composée en 1539, après le texte qui est de 1535, qu’il chantait probablement sur la musique populaire de » Ich komm aus fremden Landen her « . Elle est construite sur une » glissade » du ré supérieur au ré inférieur, qui traverse ainsi une octave.
Luther reprend là une tradition grégorienne : il existe des antiennes de Psaumes qui font cela. De même, certains textes contiennent des plongées d’une octave pour marquer la descente. Par exemple, dans un Gloria Laudamus : » der du si – tzest zur Rechten des Vaters- toi qui es assis à la droite du Père. » Les syllabes » der du » et » -tzest » sont sur le do supérieur, » si » est sur le do inférieur. Le mouvement du Fils qui s’assied est ainsi décrit, conformément à la théologie trinitaire, qui rappelle la subordination du Fils au Père, par le mouvement de s’asseoir sur un trône qu’il n’occupait pas auparavant, contrairement à Dieu qui y siège de toute éternité.
Dans le chant de Luther, ce mouvement impressionnant évoque la descente de l’ange. Cette mélodie, puissante et animée, a contribué au succès du chant, devenu un classique de la culture allemande.
Interprétation du chant :
A. Soliste et choeur ou assemblée
La mélodie démarre sur une croche, ce qu’on appelle » anacrouse « , procédé qui anime la mélodie. Le premier temps tombe sur la 2ème note, et la ligne continue avec la battue simple 1-2, 1-2, 1-2, 1, le 1 étant accentué. C’est un procédé courant à l’époque, qu’on rencontre dans d’autres chants de Luther : » Nun freut, euch, lieben Christen gmein « , ou chez Speratus, dans » Es ist das Heil uns kommen her « . Ces mélodies sont très dynamiques.
Il faut ici garder ce rythme allant, en même temps que le caractère de chant populaire et de récit chanté. N’oubliez pas qu’il faut tenir 15 strophes, si on veut chanter le tout ! Alors, ne pas traîner !
On peut chanter de façon alternée : voici quelques suggestions
un soliste peut figurer l’ange, et chanter les strophes 1 à 5
(ou bien : soliste, de 1 à 3, et assemblée de 3 à 4)
l’assemblée prend à partir de 6 :
les strophes 7 à 1é peuvent être chantées en alternance par deux groupes :
soit deux moitiés de l’assemblée,
soit un chœur et l’assemblée, selon le modèle suivant :
I. str 7
II 8
I 9
II 10
I 11
II 12
Les strophes 13 et 14 peuvent être chantées par un autre soliste,
ou par le chœur seul
La strophe 15 sera chantée par tout le monde.
B. Choeur d’enfants
Une autre manière est d’employerle chant avec un coeur d’enfants.
(combinaison proposée par « Das Weihnachstvbucgh der Lieder »,
Insel Taschenbuch 157, 1975, Insel Verlag Frankfurt)
strophes 1 à 5 : l’ange
6 : tous les enfants
7 : 1er enfant
8 : 2ème enfant
9 : 3ème enfant
10 : 4ème enfant
11 : 5ème enfant
12 : 6ème enfant
13 + 14 : 1er enfant
15 : tous les enfants
D’autres manières sont possibles, selon les moyens en personnes dont on dispose.