SAINTE CENE
PENITENCE
JESUS-CHRIST, NOTRE SAINT SAUVEUR to
Jesus Christus, unser Heiland, der von uns
Jean Hus – Martin Luther
1. Jésus-Christ, notre saint Sauveur 3 2
Porta la colère du Créateur, 2
Souffrit dans son âme, son corps, 2
Et nous sortit des liens de la mort. 2 2
2. Que chacun s’en souvienne encor :
A manger il donne le pain, son corps,
A boire il nous donne le vin,
Son corps brisé, son sang très saint.
3. A la table qui veut venir,
Celui-là d’abord doit se repentir,
N’être point indigne de cœur,
Confesser son péché au Seigneur.
4. Tu loueras le Père Sauveur,
Qui te place à table comme un seigneur !
Pour nourrir ton âme, ton corps,
Il a donné son Fils dans la mort.
5. Tu peux croire, à n’en pas douter,
Que, dans ce repas que tu vas goûter,
T’est donné un médicament
Qui guérit l’âme et le cœur souffrant !
6. Cette grâce, cette bonté,
Un cœur assoiffé veut la rencontrer.
Un cœur orgueilleux perd son temps :
Il n’obtiendra rien, rien ne l’attend !
7. Jésus dit : » Approchez-vous tous !
Vous les faibles, je prends pitié de vous ! »
Le fort n’a besoin d’aucun soin :
L’orgueil le perd, il meurt à la fin !
8. Pour un juste à quoi bon mourir ?
Toi, tu ne peux pas justice obtenir !
Cette table ne peut t’aider,
Si tu dis que tu peux te sauver !
9. Si tu crois cela dans ton coeur
Et confesses ta foi dans le Sauveur,
La table dressée te nourrit :
Tu es conduit par le Saint-Esprit.
10. Il naîtra de toi du bon fruit,
L’amour du prochain, la paix qui produit
L’entente et l’accord, la bonté,
Espérance et foi, et la vérité. Amen
(sur la dernière note
ou deux ou trois)
Texte : Jesus Christus, unser Heiland, der von uns
Martin Luther 1524,
d’après un chant de Jan (Jean) Hus (1360-1415)
et d’après » Jesus Christus nostra salus
de Johann von Jenstein, avant 1400
RA 296, EG 215
frs : Yves Kéler 4.2.2006
Mélodie : Jesus Christus, unser Heiland, der von uns
14e siècle, Hohenfurt 1410,Erfurt 1524
RA 296, EG 215
Voir sur ce site, rubrique » Etudes » :
» Les chants de Martin Luther «
Le texte
les sources
Le texte de ce cantique remonte à plusieurs sources. Dabord un chant de Jan (Jean) Hus, le Réformateur de Bohème. L’édition de Luther donne le sous-titre suivant : » Das Lied S. Johannis Hus’ verbessert – Le chant du saint Jean Hus amélioré « , ce qui montre que Luther, d’une part reprend ce chant d’un Préréformateur, mais y fait des changements en fonction de sa propre théologie. En fait, il semble que Luther n’a repris que la première strophe de ce chant en tchèque. Les chants d’origine tchèque étaient connus en Saxe dès les premiers temps de la Réforme. En 1531, Michael Weisse édita le premier livre des Frères de Bohème, qui réunissait 157 chants, dont un certain nombre de textes et mélodies d’origine tchèque. Luther, qui connaissait le chant de Hus, l’a repris et complété dès avant 1524.
Une deuxième source, selon EG 215, est le chant latin » Jesus Christus nostra salus « , de Jean de Jenstein, avant 1400, qu’on trouve en 1410 à Hohenfurth. Là aussi, les emprunts à ce chant paraissent peu importants.
En revanche, il semble que Luther, sur cette base première, a coulé dans un chant les thèmes de ses prédications de la Passion, en particulier celles d’Invocavit, des Rameaux et du Jeudi saint de l’année 1524, et d’une prédication sur la pénitence et le sacrement (= Sainte Cène) de la même année.
.
les thèmes
Le chant vise la préparation à la sainte Cène et se divise en deux grandes parties :
A. L’œuvre du Christ et la confession des péchés
B. L’humilité du vrai chrétien et l’orgueil du faux
A. Str 1 et 2 : l’œuvre du Christ, son anamnèse : le mot y est :
» nicht vergessen – ne pas oublier «
Str 3 et 4 : abandonner son » indignité « , en confessant
son péché et en rendant grâce à Dieu.
B. Str 5 à 8 : affirmation de l’incapacité d’un homme à se sauver,
et de l’impossibilité à un orgueilleux de seulement
recevoir la grâce de la Cène. Seul le cœur humble
peut trouver un profit dans la communion.
Str 9 à 10 : conclusion : celui qui » croit cela du cœur et le
confesse de la bouche « , selon St Paul, dans
Rom 10/10, peut recevoir la Cène avec double profit :
pardon de ses péchés et fruits de justice.
Cette deuxième partie est la plus frappante, à cause de cette insistance sur le profit pour l’humble et le désavantage pour l’orgueilleux. Cette insistante reflète la thèse du serf-arbitre de l’homme, incapable de se sauver lui-même : str 6 et 8. On trouve aussi la thèse de la Cène » nourriture » et » médicament de l’âme » qu’est la Cène, str 5. Luther n’ajoute pas » pour le corps « , mais on trouve cette thèse dans certains chants de l’époque.
L’usage du chant
Il vise la préparation à la Cène. On peut l’employer dans la partie pénitentielle qui précède la Cène, par exemple le dimanche des Rameaux, à l’entrée de la Semaine sainte, ou bien le Jeudi saint, jour le l’Institution de la Cène. Ou encore au dimanche Invocavit ou Laetare, si on veut célébrer une Cène avec une introduction pénitentielle bien marquée. Par là, on retrouve l’intention première de Luther dans ses prédications pour ces dimanches et fêtes. On associera le chant à la prière de pénitence et à des lectures en rapport.
La mélodie
Elle est ancienne : du 14e Siècle, attestée à l’abbaye de Hohenfurt en 1415, année de la mort de Hus.
Elle présente la caractéristique d’avoir des fleurs musicales de trois notes dans chaque ligne, et de deux fois deux notes. Cette manière de chanter, typiquement médiévale, est relativement difficile à première vue. En fait, il ne faut pas chanter trop vite, pour laisser le temps aux notes de s’épanouir, et au sens de se développer. Et aussi pour pouvoir bien prononcer le texte, qui n’est pas tout facile. Ce type de chant est méditatif, et demande qu’on prenne son temps. Comme il comporte 10 strophes, on pourra chanter en deux groupes, ce qui permet la méditation. On peut même subdiviser le chant en quatre parties, selon son plan indiqué plus haut.