NOËL
SAINTE CENE
JESUS, LE FILS DU CREATEUR to
Révision de LP 92 :
Dieu, le tout-puissant Créateur
Luther
1. Jésus, le Fils du Créateur, 9+8b
S’abaisse au rang d’un serviteur.
Pour sauver l’homme, il vient à nous,
Il naît, il meurt, il souffre tout.
2. Quelle étonnante pauvreté, 10-13
Mais quel amour, quelle bonté !
Les hommes pourront-ils jamais
Remercier pour tant de bienfaits.
3. Va donc au devant de ton Roi, 8a
Le Fils de Dieu, qui vient à toi :
Doux et patient, humble de cœur,
Il vient pour être ton Sauveur.
4. Heureux si ton cœur aujourd’hui 13
S’ouvre en se donnant tout à lui,
Afin qu’il y puisse à jamais
Faire régner sa douce paix !
5. Qu’il te soit comme un aliment,
Qu’il t’ouvre aussi l’entendement !
Recours à lui, puisqu’il te dit :
» Suis-moi, ma grâce te suffit ! «
6. Un jour, en gloire il reviendra :
Alors le monde tremblera !
Les justes se réjouiront
Et à jamais le béniront.
7. Gloire au Dieu, Père Créateur, 15
Gloire au Dieu Fils, le Rédempteur,
Et gloire à Dieu, le Saint-Esprit,
Un Dieu, aux siècles infinis. Amen
(sur la dernière note)
Texte : Dieu, le tout puissant Créateur
Confession d’Augsbourg 1846
strophes 1 à 4 : LP 92
strophes 5 à 7 : Recueil luthérien
Paris-Montbéliard-Strasbourg1923, n°44
rév : Yves Kéler 1987-2005
Mélodie : Vom Himmel hoch da komm ich her
Martin Luther 1539
RA 40, EG 24
frs : Dieu, le tout-puissant Créateur, LP 92
O Dieu, tout puissant Créateur
NCTC 180, ARC 358, Alléluia 2005, 32/04
A. LE TEXTE
1. La forme de LP 92, reprise du Recueil luthérien de 1923 :
Ce texte est anonyme, paru en 1846 dans le Livre de la Confession d’Augsbourg. Il est parti de la mélodie du » Vom Himmel hoch » de Martin Luther, et les thèmes de Noël. Mais le chant français n’est pas une traduction du cantique allemand. Il reprend la deuxième partie du chant de Luther, celle qui médite l’événement, et développe le thème de quelques strophes.
En effet, Luther a construit un cantique beaucoup plus vaste, en 15 strophes et en deux parties : A. Il met en musique Luc 2/8-20, la deuxième partie du récit de Noël, qui est l’évangile du 25 décembre, ceci des strophes 1 à 5. B. Il en tire la leçon spirituelle pour nous , des versets 7 à 14.
Entre les parties A et C, Luther a placé une strophe unique, la 6ème, qui nous appelle à entrer dans l’étable, et du même coup dans la médotation de l’évènement. Il achève son chant par une nouvelle strophe unique, la 15ème, qui est le Gloria in excelsis. Cela change de la tradition des hymnes antiques et médiévales, qui finissent par le Gloria Patri.
a. Le plan du chant de Luther est le suivant :
A. Récit : L’ange du Seigneur parle :
1. L’annonce aux bergers : str 1 à 5 Luc 2/(8-9) 10-12
( le Gloria du v.13 est reporté à la fin, str 15)
B. Transition : L’assemblée parle :
2. Les bergers à la crèche : str 6 Luc 15
C. Méditation : Le fidèle parle :
3. Accueillir le Christ str 7-8
4. L’abaissement du Christ str 9-12
5. Accueil du Christ str 13-14
D.Gloria final: L’assemblée parle:
6. Gloria in excelsis, modifié str 15
On remarquera que l’ange du Seigneur parle seul, comme dans l’évangile. La multitude des anges, qui chante le Gloria in excelsis, n’apparaît pas : c’est l’assemblée qui la remplace, à la fin du chant : c’est pourquoi le chant final n’est pas le Gloria Patri. Cette manière de faire est exceptionnelle.
D’ailleurs, il y a une alternance entre deux personnes seules : l’ange du Seigneur et le fidèle, et deux fois un groupe : l’assemblée.
b. Le plan du cantique français :
1ère strophe : le cantique français démarre avec les strophes 9 et 8 de Luther :
Str 9 :
Ach Herr, Du Schöpfer aller Ding, Wie bist du worden so gering
Ah ! Seigneur, Créateur de tout, Comme tu es devenu petit,
Dass du da liegst auf dürrem Gras, Davon ein Rind und Esel ass!
Que tu es couché là sur une herbe sèche Que mangeaient un bœuf
et un âne !
Str 8 :
Sei mir willkommen, edler Gast ! Den Sünder nicht verschmähet hast
Sois-moi le bienvenu, noble hôte ! Tu n’as pas méprisé le pécheur
Und kommst ins Elend hier zu mir ; Wie soll ich immer danken dir ?
Et viens à moi dans un exil, ici; Comment te remercierai-je
à toujours ?
L’auteur part de l’abaissement du Christ : Il a voulu traduire la titulature du Christ chez Luther, mais il commet une erreur théologique : Luther ne dit pas : » Dieu, le tout puissant Créateur, s’abaisse « , mais : » Seigneur, Créateur de toutes choses, tu t’abaisses « . Luther part de l’hymne christologique de Colossiens 1/16, qui dit : » En lui ont été créées toutes choses qui sont dans le ciel… Tout a été créé par lui et pour lui. » Ce n’est pas Dieu, le Père Créateur, qui s’incarne, mais le Fils, Créateur de tout. Luther évite ainsi la patripatianisme, c’est-à-dire » la souffrance du Père qui meurt sur la croix dans le Fils « , qui n’est pas biblique. C’est pourquoi j’ai corrigé » Dieu, le tout puissant Créateur » en » Jésus, le Fils du Créateur « , conformément à la Colossiens 1/16 et Martin Luther.
2ème strophe : elle reprend les 10 à 13 de Luther, qui sont une réflexion sur la richesse du monde et sur la pauvreté volontaire du Christ.
3ème strophe : elle reprend le début de la 8e de Luther : » Sei mir willkommen, edler Gast » et dit : » Va donc au devant de ton Roi. » La strophe 4 française reprend la 13e de Luther : » zu ruhn in meines Herzens Schrein – Que tu reposes dans de l’écrin de mon cœur « , et dit : « Heureux si ton cœur, aujourd’hui, S’ouvre en se donnant tout à lui. «
5ème et 6ème strophes : ces deux strophes de l’original français de 1846 reprennent les thèmes de la Sainte Cène : » aliment « , de la connaissance de la foi: » entendement « , et de la fin des temps. Ces thèmes ne sont pas chez Luther. La strophe 7 est un Gloria Patri, au contraire de Luthjer qui a placé là le Gloria in excelsis de Luc 2/14.
2. La révision de NCTC 180, ARC 358 et Alléluia 2005, 32/04
La CHFPF (Commission d’Hymnologie de la Fédération Protestante de France) a fait une révision de ce chant. Elle n’a pas corrigé théologiquement l’incipit, elle en a simplement changé la forme, sans éliminer non plus les deux accents tombant mal de » Dieu, le tout-puissant Créateur « . La correction » Jésus, le Fils du Cré-a-teur » fait tomber les accen,ts juste.
Les strophes 2, 3 et 4 ont été tellement modifiées, qu’elles n’ont plus de rapport avec LP 92 et Recueil luthérien 1923, n° 44. Il s’agit d’un autre chant. Le texte obtenu produit un effet de léger désordre, la ligne directrice n’en étant pas claire. Le chant apporte peu, comparé à l’original de LP.
3. Les autres chants dérivés du cantique de Luther :
Plusieurs traductions du cantique de Luther existent, qui sont très fragmentaires. Aucun ne rend le plan de Luther et l’intention de l’auteur.Signalons :
a. Je viens à vous du haut des cieux, de Richard Paquier, 1961 *
dans : L’office divin de chaque Jour, 1961, n° 47, en 6 strophes
RAf n° 3, 1952, même texte en 6 strophes
* voir sous ce titre sur ce site
Paquier traduit : de la 1ère partie : les strophes 1, 2, 3+4, 5
de la 2ème partie : la strophe 9
de la 3ème partie : la strophe 15
Son texte est bien composé et allant, et rappelle le mouvement serré et fluide de Luther. RA a repris ce texte, qui est souvent chanté en Alsace-Lorraine.
b. Je viens à vous du haut des cieux, de Edmond Pidoux, 1976
dans : Psaumes et Cantiques, Suisse, 1976, 6 strophes
dans Alléluia 2005, n° 32/05, même texte, en 6 strophes.
Pidoux traduit : de la 1ère partie : les strophes 1, 2+3, 5
(intercalé :le Gloria, chez Luther à la fin, str 15)
de la 2ème partie : la strophe 9
de la 3ème partie : la strophe 15
Le choix des strophes est le même, sauf que la 15ème, le Gloria, est répétée, une fois après la première partie du récit, l’autre fois à la fin. La prosodie de Pidoux est moins heureuse que celle de Paquier. Le texte est plus raide, moins coulant. Entre les deux versions, je préfère celle de Paquier.
3. Voici Jésus qui vient à toi
Psaumes et Cantiques, Suisse, 1976, donne sous ce titre un chant repris du Psautier Laufer 1926. Ce texte, très général, et sans réel rapport avec l’original, est correct, mais n’apporte rien d’important en rapport avec le chant de Luther.
B. LA MELODIE
C’est la célèbre mélodie de Luther. Elle a pour caractéristique d’aller du do supérieur au do inférieur, et de traverser ainsi toute l’octave. Par là, Luther veut suggérer le mouvement du message de Noël, qui va des cieux où les anges le chantent, à la terre où les bergers le reçoivent. C’est aussi le plan du Gloria in excelsis : la gloire de Dieu, qui est dans les lieux très hauts, se manifeste sur la terre sous la forme de la paix, que le Fils apporte aux hommes que Dieu aime.
Il faut la chanter énergiquement, sans traîner ni aller trop vite. La structure est celle l’hymne médiévale : IV 8 .8, 8.8. , qui est une proclamation claire et sans détour des grands faits du salut.
C. EMPLOI DU CHANT
Ce chant se place de préférence après la prédication, vu sa fonction de méditation de l’événement de Noël. On peut le placer après le Crédo et avant la prédication, si celle-ci ne porte pas particulièrement sur l’évangile du jour.
Si on a chanté la première partie, les strophes 1 à 4, avant ou après la prédication, on peut chanter la deuxième partie, les srophes 5 et 6, ainsi que le Gloria si on le veut, comme entrée à la Sainte Cène. L’allusion eschatologique de la strophe 6 rappelle que Noël, la venue du Messie, est une préfiguration de son retour à la fin des temps ?. Ce thème eschatologique entre parfaitement dans la Cène, rappel du repas avec le Christ dans la Chambre Haute, dans l’Eglise aujourd’hui, dans le Royaume demain.