PASSION
ENTERREMENT
JESUS, QUI MOURUS POUR MOI to
Révision de LP 136
1. Jésus, qui mourus pour moi,
Toi mon Maître, toi que j’aime,
Je veux vivre sous ta loi
Et mourir en toi, de même,
Et te suivre par la foi,
Jésus, qui mourus pour moi.
2. A toi, Rédempteur divin,
Humblement je sacrifie
Ma personne et mon destin,
Mes projets, mes biens, ma vie.
Je me tiens, jusqu’à la fin,
A toi, Rédempteur divin.
3. Au moment de mon trépas,
Quand viendra mon agonie,
Viens, ne m’abandonne pas :
En toi seul je me confie !
Vers toi j’étendrai mes bras,
Au moment de mon trépas.
4. Je te verrai dans les cieux,
Je contemplerai ta face.
Jésus, Sauveur glorieux,
Fais que je meure en ta grâce !
Quand tu fermeras mes yeux,
Je te verrai dans les cieux !
La traduction originale de Bonsen comporte les deux strophes finales,
conformes à l’original allemand en 6 strophes.
Les voici, dans un texte révisé, d’après » Cantiques Spirituels «
de Strasbourg 1758.
5. Comparé au Rédempteur
Et à son amour extrême,
Faible reste le bonheur
De la terre et du ciel même !
Tout mon bien perd sa valeur,
Comparé au Rédempteur.
6. Tant qu’ici j’existerai,
Toi, Jésus, l’incomparable,
Pas à pas je te suivrai,
Jusqu’à la gloire ineffable.
Là je te célébrerai
Autant que j’existerai !
Texte: Jésus, qui mourus pour moi
L.E. Bonsen 1747
dans Cantiques Spirituels de Strasbourg 1758
d’après un chant de Christian Keimann 1607-1662
LP 136
rév: Yves Kéler 1985
Mélodie: Jesus, meine Zuversicht
Berlin 1653
RA 102, EG 526
frs: Jésus, qui mourus pour moi
LP 136, ARC 635, CARillons 52
Le texte :
Ce chant est une révision d’une traduction faite par L.E.Bonsen, dans les » CantiqueSpitrituels de Strasbourg » de 1747. Mais de quel original allemand s’agit-il ? Malheureusement, les différentes éditions de ce livre ne donnent pas les noms des auteurs et des compositeurs allemands traduits, ni ceux des traducteurs. En revanche, la mélodie de l’original allemand est toujours indiquée. D’après la table des auteurs de LP, il s’agit d’un chant de Christian Keimann, sans précision. Je n’ai pas réussi à identifier ce texte pour le moment.
LP donne à ce chant la mélodie de » Jesus, meine Zuversicht « , ce qui induit dans un premier temps à penser qu’il s’agirait de ce chant. Mais celui-ci n’est pas de Keimann et il est daté de 1653, à Berlin, pour le texte et la mélodie ? EG l’attribue à Otto von Schwerin, en 1653, noble allemand au service du Duc Frédéric Guillaume de Prusse, qui fit venir en 1666 les premiers huguenots au Brandebourg. D’autre part, le texte de Bonsen ne traduit pas ce chant. Enfin, la traduction de Bonsen est datée de 1747, ce qui est antérieur à » Jesus, meine Zuversicht » de 1653. Il ne peut manifestement pas s’agir de ce chant.
Il ne s’agit donc pas non plus d’un cantique dérivé du thème du texte et de la mélodie de » Jesus, meine Zuversicht « , du même type que » Jesus lebt, mit ihm auch ich « , de Gellert 1757. Même si ce chant a des thèmes proches de celui que traduit Bonsen. Les » Cantiques Spirituels » donnent pour mélodie : » Meinen Jesum lass ich nicht « . Cela fait pencher pour un texte, de Keimann indépendant de » Jesus, meine Zuversicht « , de même coupe poétique, mais auquel, ultérieurement, les livres de cantiques français ont affecté la mélodie de » Jesus, meine Zuversicht « . Ce qui est au demeurant une excellente idée.
Une autre question surgit à propos de la mélodie » Meinen Jesum lass ich nicht » : quelle est cette mélodie et quelle en est l’origine ? Car la table notée de ce cantique, à l’arrière des » Cantiques Spirituels « , donne une mélodie qui ne correspond à aucune des deux connues sous ce nom aujourd’hui. En effet RA donne deux mélodies : » Meinen Jesum lass ich nicht I « , de Johann Ulich 1674, (sous le N° 354 = EG 402 Meinen Jesum lass ich nicht ), et » Meinen Jesum lass ich nicht II « , de Darmstadt 1699, (sous le n° 470 Himmelan geht unsre Bahn). Cette deuxième mélodie ne figure pas dans EG.
Le texte de Bonsen fait un parallèle entre le premier et le dernier vers de chaque strophe, ce qui vient probablement de l’original allemand. A la Renaissance et à l’époque baroque, beaucoup d’auteurs ont repris la méthode des acrostiches ou des parallèles des Psaumes de l’Ancien Testament ou de la poétique classique. On en a de nombreux exemples dans l’hymnologie allemande. » Meinen Jesum lass ich nicht « , composé par Christian Keimann en 1658, en est précisément un bon exemple : chaque strophe commence par le prochain mot de cette phrase : 1.Meinen, 2. Jesum, 3. Lass, 4. Ich, 5. Nicht !. La dernière strophe fait commencer chaque vers par les initiales de Johann Georg, Churfürst Zu Sachsen (Jean Georges Duc-électeur de Saxe), et finir par la répétition de » Meinen Jesum lass ich nicht « , en parallèle avec le premier vers du chant. C’est un hommage au Duc de Saxe, écrit par Keimann deux ans après la mort de ce dernier en1656, qui avait prononcé ces paroles sur son lit de mort.
LP 136, dont la révision est par ailleurs excellente, avait supprimé ce parallélisme à la 4e strophe, parce qu’il traitait cette dernière comme une strophe finale, ce qu’elle n’est pas. J’ai donc rétabli le parallélisme ancien. En revanche, à la sixième strophe, l’original commençait par » Autant que j’existerai « , dans le sens de » Aussi longtemps que « , qui se comprend mal aujourd’hui, où on dit plutôt » Tant que j’existerai « . J’ai précisé » ici « , parce que c’est bien l’intention de l’auteur, et pour la nécessité d’introduire un pied supplémentaire. En revanche, j’ai laissé la construction de Bonsen à la fin, car là on la comprend dans le double sens de » aussi longtemps que » et » aussi vrai que « .