PAQUES
JESUS SORT DE LA TOMBE to
Révision de LP 144
Mélodie : Valet will ich dir geben
1. Jésus sort de la tombe,
Il vit, il est vainqueur !
Déjà la mort succombe
Devant le Rédempteur.
Chrétiens, chantons sa gloire,
Célébrons sa grandeur.
Où donc est ta victoire,
Sépulcre destructeur ?
2. Pourrais-je craindre encore
Le sommeil du tombeau ?
Non, la mort est l’aurore
D’un jour pur et nouveau.
Christ est la délivrance
Des malheureux pécheurs.
Triomphante assurance
Pour qui croi au Seigneur !
3. Jour grand et redoutable
Où ressuscitera
Le juste, le coupable,
Où Dieu nous jugera !
Christ offre à ses fdèles
Son immortelle paix
Et la vie éternelle
Dans son divin palais.
4. Que la ferme espérance
D’un éternel bonheur
Apaise ma souffrance
Et console mon cœur.
Et qu’à ma dernière heure,
Jésus soit mon appui ;
Qu’en son amour je meure,
Pour revivre avec lui.
Texte Jésus sort de la tombe
Eglise frse de Berlin 1791
str 1,2 et 4 : LP 144, 1938
str 3 : Recueil de Psaumes et Cantiques
Eglises réformées, Paris, 1859
rév : Yves Kéler 26.1.2011
Mélodie Valet will ich dir geben
Melchior Teschner 1584-1635
né à Fraustadt (Silésie), Kantor à Frazustadt,
pasteur de la paroisse voisine d’Oberpritschen,
où il mourut en 1635.
Mélodie 1614 pour chant acrostiche du même nom de
V.a.l.e.r.i.u.s Herberger 1614
RA 483, EG 523
frs : Jésus sort de la tombe
LP 144, NCTC 203, ARC 483, ALL 34/11
Le texte
Le texte provient du Psautier avec cantiques de l’Eglise française réformée de Berlin, daté de 1791. L’édition des Cantiques Spirituels de Strasbourg de 1810 ne le contient pas. Il apparaît dans le livres des Eglises réformées de France de 1849, et dans les éditios postérieures de 1795 et 1912. Louange et Prière l’a repris en 1938, en le révisant très correctement. Quel était le nombre des strophes de l’original ? Je ne le sais pas, n’ayant pu consulter ce dernier. Egl. Réf 1849 donne 4 strophes, LP 144 en a supprimé une, la 3e.
Les révisions de NCTC, ARC et ALL
Les éditions ultérieures, NCTC 203, ARC 483 et ALL 34/11 proposent un texte révisé de ces 3 strophes, mais ces révisions sont de mauvaise qualité.
« Le Rédempteur »
A la strophe 1 : « Déjà la mort succombe Devant le Rédempteur » devient « … devant le seul Seigneur ». L’équipe de Capieu pour NCTC, animé d’une théologie « du Seigneur », détestait le mot de « Rédempteur », et cherchait à le faire disparaître des chants, comme aussi « l’Eternel ». Mais ici le Christ ressuscite bien en tant que Rédempteur, c’est à dire « celui qui rachète » les péchés, et qui est mort pour cela. Il ne resssucite pas en tant que « Seigneur ». L’application de ce titre au Christ est ultérieure : lors des apparitions du Ressucité, et après l’Ascension.
Dans Matthieu 28/5 et 6 « Vous cherchez Jésus qui a été crucifié. Il n’est point ici, il est ressuscité. » Dans Marc 16/6, il y le même texte. Le terme de Seigneur apparaît à la fin de la finale d’Aristion, au verset 19, lors de l‘Ascension. » Dans Luc 24/3-6, il est écrit : « Elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus….Vous cherchez parmi les morts celui qui est vivant. Il n’est point ici, il est ressuscité. » Les synoptiques ne parlent pas de la résurrection « du Seigneur » mais de celui qui était mort, même si Luc, le rédacteur postérieur, lui donne ce titre dans la bouche des femmes. L’évangile de Jean 20/2 en revanche parle du Seigneur : Marie de Magdala dit : « Ils ont enlecvé du sépulcre le Seigneur », et continue d’appeler ainsi le Christ dans la rencontre avec Marie.
Cette titulature du Christ comme « Rédempteur » dans le cantique est confirmée à la strophe 2 par le titre de « Sauveur » qui lui est donné. Le titre de « Seigneur » n’apparaît nulle part dans le chant.
L’auteur du texte original a employé « Rédempteur » en suivant les Synoptiques, et la théologie de la mort sacrificielle du Christ. Cette correction de NCTC, reprise, comme d’habitude sans vérification, par ARC et ALL est intempestive. De plus, « Seigneur » n’ayant que 2 syllabes contre 3 pour « Rédempteur », oblige à un remplissage sous la forme de « seul » qui n’apporte rien ici.
« Où donc est ta victoire, Sépulcre destructeur »
La belle citation de Paul, d’une envolée lyrique sur la musique de « Valet will ich dir geben », a été remplacée sans raison par une plat « Saluons la victoire Du Christ libérateur. » La libération est déjà dans le texte, strophe 2 : « Christ est la délivrance », il n’était pas utile de la rappeler. De même pour la victoire : « Il vit, il est vainqueur », strophe 1. Au total, on détruit une belle citation biblique pour la remplacer par des redites.
« Les malheureux pécheurs »
Le même artifice apparaît plus bas, à la strophe 2, où l’on a remplacé « Du malheureux pécheur » par « Le seul consolateur », ce qui sent le remplissage maladroit, à la fois par « seul », et par le fait que l’Esprit est aussi Consolateur, ce qui entraîne que la proposition « Christ, le seul consolateur » est une erreur théologique !
La source de cette modification est dans l’évolution de la théologie réformée française récente. Le péché de l’homme est occulté, et la nécessaire mort du Christ pour son rachat également. Alors que la théologie réformée ancienne insistait beaucoup sur ce sacrifice. De fait, aujourd’hui, on entre dans un semi-pélagianisme : l’homme n’est pas si mauvais que cela, et en faisant un effort, il peut s’abstraire de sa condition pécherersse. Il est vrai qu’on a parfois abusé du rappel du péché, mais de là à supprimer « les malheureux pécheurs » que nous sommes, il y a pas à ne pas franchir.
« Apaise ma souffrance »
Ici aussi une suppression révélatrice : « Apaise ma souffrance devient « Domine les souffrances ». D’abord, le « moi » qui régit tout le cantique (sans exclure le nous : « Chrétiens,chantons.. Célébrons ») a été remplacé par un « nous » uniforme. Là aussi le dogmatisme de l’équipe de Capieu se montre, qui refusait les formulations en « Ich – moi », pourtant classique, et signifiant « nous » quand on chante à plusieurs. Mai ne pouvant placer un « notre », de 2 syllabes, pour remplacer « ma », le correcteur se retrouve à mette un pluriel, « les souffrances », ne voulant pas placer « la souffrance », qui reste trop général. Mais la souffrance existe, elle peut mal être dominée, tout au plus amoindrie, ce que dit « apaise », qui était en réalité le mot juste.
Ces corrections intempestives et lourdes (elles freinent le mouvement naturel du chant selon l’esprit de l’auteur) sont un exemple de la façon superficielle et orientée théologiquement dont les commissions d’hymnlologie françaises travaillent. On se sent toujours obligé de toucher au sens du texte au lieu d’en corriger le style, quand il est vieilli. Et les repreneurs des textes dans les éditions suivantes ne font que reproduire ces erreurs, sans jamais revenir à la source du texte.