ENTERREMENT
ETERNITE
LA GLOIRE DE LA TERRE to
Die Herrlichkeit der Erden
Mélodie : O Welt, ich muss dich lassen
1. La gloire de la terre
Est cendre, elle est poussière,
Aucun ciment ne tient !
Ce qui pourrait nous plaire
N’est rien que temporaire :
Tel un rêve il n’en reste rien !
2. Nous recherchons la gloire,
L’éclat, l’ostentatoire
Qui brille en faux-semblant.
Que la lèvre frémisse, (pâlisse)
Que le corps se raidisse,
On nous oublie en un instant !
3. Là n’aide aucune science,
La mort, sans différence,
Nous arrache à la vie.
Châteaux et abondance,
Chaumière et indigence,
Le lit des morts est un seul lit.
4. Tout coule comme sable :
Ce que l’effort assemble
Est travail et sueur.
Ce qu’, homme, tu possèdes
Ne t’apporte aucune aide :
Nu comme au premier jour tu meurs !
5. Tout fleurit comme rose :
Au soleil toute chose
S’épanouit et rit.
Dès que le jour se voile,
Que se lève l’étoile
Du soir, la rose se flétrit !
6. Nous poussons sur la terre
Comme une fleur trémière,
Sans crainte et sans souci.
A peine est-elle mûre,
Que la mort, froide et dure,
La brise net, et nous aussi !
7. Les années passent, passent,
Le cercueil prend sa place
Devant notre maison.
Il faut quitter ce monde
Pour la dernière ronde :
Il n’y a plus d’autre saison !
8. Debout mon cœur et veille !
Le monde et sa merveille
En un clin d’œil s’en vont.
Tout est parti en poudre,
Il faudra t’y résoudre :
Tous tes regrets rien n’y feront.
9. Ris-toi de toute gloire
C’est la fin de l’histoire :
Tu t’en vas chez ton Dieu !
Il est le Roi du monde,
Dans son Royaume abonde
L’éternité, le temps des cieux !
10. Heureux qui fait confiance
Et qui, avec patience,
Vers Dieu lève les yeux :
Celui-là ressuscite,
Avec le Christ hérite
La vie nouvelle auprès de Dieu.
Texte : Die Herrlichkeit der Erden
Andreas Gryphius 1650
EG 527
Trad frse: Yves Kéler 13.6.05
Mélodie: O Welt, ich dich lassen
Heinrich Isaak 1495, usage spirituel 1505
RA 481, EG 527
Frs: A Dieu seul j’abandonne
LP 309, ARC 634
A l’heure où tout sommeille NCTC 293
Le texte :
Andreas Gryphius (von Greif), 1616 Glogau – 1664 Glogau, en Silésie, fit ses études pendant la Guerre de 30 ans (1618-1648), à Dantzig et Leiden. Il devint syndic des états du duché de Glogau. Il fut un des poètes importants du baroque. Son nom est une latinisation de » von Greif « , » du Griffon » : Gryps, Virgile, ou Griphus, Pline, le griffon, donne l’adjectif gryphius, du griffon.
Son cantique est une méditation sur la brièveté de la vie, la vanité des choses et la nécessaire vigilance. Elle passe en revue ces thèmes successifs, en deux parties : str 1 à 6 et 8 à 10, avec une transition opérée par la strophe 7 :
1ère partie : la vanité des choses :
la gloire, str 1 et 2 ;
science et richesse, str 3 ;
travail : str 4
beauté de la fleur : str 5 et 6
transition : le cercueil : str 7
2ème partie : leçon à en tirer
la vigilance str 8
le départ : str 9
la résurrection
Des chants de cette longueur étaient d’ordinaire fragmentés en deux parties au moins. La répartition signalée montre comment on peut employer un tel chant lors d’un enterrement. On peut, par exemple, faire le choix de strophes suivant :
str 1: la gloire
str 3: science-richesse ou 4: le travail
str 4 : le travail
str 7 : le cercueil
str 8 : la vigilance ou 9: le départ , ou les 2 strophes
str 10 : la résurrection.
Pour un autre enterrement, on pourra faire un autre choix
Pour célébrer la commémoration des défunts, au dimanche de l’éternité ou au 1er Novembre, on peut également faire un choix de strophes. Ou diviser le chant en deux parties, séparées par la prédication. Ou encore, entre des groupe de deux strophes, placer des lectures bibliques, et achever l’ensemble par une prière.
Il est intéressant de comparer le texte de Gryphius, de 1650, avec celui du chant de Paul Gerhardt : » Nun ruhen alle Wälder « , de 1647, dont la traduction se trouve sur ce site sous le nom de » A l’heure où tout repose. » On retrouve la méditation de la mort, en 8 strophes, à partir d’une évocation des moments et des activités du soir. L’emploi de la même mélodie » O Welt, ich muss dich lassen « , dans le même sens de l’exil de ce monde, renforce la parenté des thèmes et du style des deux chants.
La mélodie :
C’est une des plus célèbres mélodies allemandes. Elle remonte au chant de Heinrich Isaak, qui fut banni d’Innsbrück et qui raconta son triste sort dans un chant, dont il composa le texte et la mélodie : » Innsbrück, ich muss dich lassen. « , en 1495. A Nürnberg, un inconnu composa un splendide texte pour l’enterrement : » O Welt, ich muss dich lassen « . En sorte que ce chant est connu dans sa version profane et dans la chrétienne.
Le thème est fondamentalement l’exil : quitter son pays et quitter le monde, pour une meilleure patrie., terrestre et céleste. C’est pourquoi, cette mélodie est parfaitement adaptée à ce chant.
( pour d’autres précisions, voir la notice sous : A Dieu seul j’abandonne)