PRIERE
INTERCESSION
L’AMOUR EST TON COMMANDEMENT to
Die Lieb ist, Vater, dein Gebot
Mélodie : Nun sich der Tag geendet hat
1. L’amour est ton commandement :
Tu veux qu’on prie pour tous.
Tu sais, ô Dieu, le dénuement
Du peuple : Ecoute-nous !
2. Donne sagesse aux gouvernants
Pour diriger l’état
Et rends les citoyens contents
De ses bons résultats.
3. Instruis les maîtres des enfants,
Rends les aimants de cœur
Et fais que leur enseignement
Se fasse avec douceur.
4. Répands sur tous la vérité,
Fais reculer l’erreur ;
Combats violence et fausseté,
Persécution, terreur.
5. Réduis la crainte de la mort,
O Dieu, et l’adoucis ;
Que les malades voient encor
Guérir maux et soucis.
6. Que le mariage soit béni
Par la fidélité,
Que les enfants soient réunis
Par la fraternité.
7. Protège aussi les accouchées
Dans leur corps et leur cœur ;
Fais que leur enfant nouveau né
Leur donne le bonheur.
8. Aux jeunes donne de la joie
Et bonne éducation ;
Qu’ils trouvent dans la paix leur voie,
Le sens dans leur action.
9. Et si l’un d’eux veut étudier,
Qu’il ait la liberté
De s’instruire et de rechercher
Le bien, la vérité.
10. Bénis l’effort et tous les arts
En vue du bien commun
Fais que le voyageur au port
Accoste bien demain.
11. Maintiens unis les habitants
Dans l’intérêt de tous,
Qu’ils soient serviables, doux, patients,
Et s’aident tous en tout.
12. Mets dans le cœur de nos soldats
Courage, honnêteté,
Et paix entre tous les états,
Calme et tranquillité.
13. Détruis les rêves insensés
De qui va sans aimer
Les autres, qui croit avancer
Loin par ce procédé.
14. Aux veuves comme aux orphelins
Sois conseil et soutien ;
Aux pauvres donne aussi du pain
Et calme ainsi leur faim.
15. Pour le pays et pour le bien
Au riche donne argent :
Qu’il le consacre à prendre soin
De l’autre, l’indigent.
16. Combats le mal et l’impiété,
Seigneur, parmi les tiens ;
Que la vertu, la pureté,
Conduise à faire bien.
17. Lorsque la mort produit le deuil,
Console les vivants ;
Avec amour franchis nos seuils,
Donne espoir aux mourants.
18. Par Jésus-Christ, ton Fils aimé,
O Dieu, nous te prions.
Exauce-nous en vérité.
Seigneur, nous te louons !
Texte Die Lieb ist, Vater, dein Gebot
auteur non signalé
dans Sammlung Geistlicher Lieder
Bouxwiller 1783, n° 596
fr. : Yves Kéler 29/5/2010
Mélodie Nun sich der Tag geendet hat
Adam Krieger 1667, Strasbourg 1851
RA 262, EG 478
Le Seigneur vient à la minuit
ALL 31/21
Le texte
C’est une prière d’intercession chantée, en 18 strophes, comme il en existe d’autres. Un exemple est donné par la prière du Nouvel An « Nun wolle Gott, dass unser Gsang » de Johannes Zwick (1496-1542), en 19 strophes, que donne RA 53. La source de ces chants est probablement la litanie. Celle-ci donne une liste d’intentions, que ces chants d’intercession ont reprise. Chaque époque a d’autres préoccupations, et ces intentions peuvent varier.
L’intercession chantée peut se diviser en 4 parties :
1. Les autorités, l’enseignement public et la doctrine
2. La famille : malades, mariage, jeunesse, études
3. L économie : travail, citoyens, armée, fraternité des citoyens
4. les faibles : veuves, orphelins, pauvres, riches, vices, mort
achevées par la formule finale de l’intercession. Relevons certains points intéressants :
Les autorités et le peuple
Ici on remarque un intérêt pour la notion de concorde civile, entre les gouvernants dont on attend de bons résultats, et les citoyens : « Obrigkeit und Bürger ».
Dans les prières d’intercession de l’époque, la première demande concerne les autorités, « die Obrigkeit ». Cet ordre est respecté ici dans la 2e strophe, mais la strophe 1 parle d’abord du peuple et des peuples : « Der Völker Landesnot – les nécessités du pays des peuples ». La strophe 2 parle des gouvernants et des citoyens. On est au 18e Siècle : le peuple en tant qu’entité politique en face des rois et nobles qui gouvernent est mis en valeur. L’époque où le peuple n’était qu’un groupe de sujets est dépassée. Il est vrai que le chant reflète la situation de l’Allemagne, où la distance entre une monarchie absolue et le peuple était moins grande qu’en France. Les idées de gouvernement éclairé de Frédéric II de Prusse font leur chemin. De même la solidarité des citoyens est demandée à la strophe 11. Le terme de « Vaterland – patrie » y figure, de même à la strophe 15, où la solidarité des riches est demandée.
Une allusion aux « dangers de la liberté » est faite à la strophe 9 : « Der Wohnsitz der Gelehrsamkeit Verderbe Freiheit nicht – que la liberté ne dénature pas le siège de la connaissance ». Ce siège est probablement l’intelligence : qu’elle ne soit pas dévoyée par la liberté. Quelle liberté ? Celle de l’esprit frondeur, ou celle politique de la liberté de penser ?
Les droits des peuples et des citoyens
La coërcition et la persécution en matière de foi est rejetée, strophe 4 : « Der Glaubenszwang verew’ge nicht, Durch Droh’n, die Heucheley – que l’obligation de confession n’éternise pas, par la menace, l’hypocrisie ». Le catholicisme est évidemment visé d’abord. Le droit de confesser librement sa foi est revendiqué.
La solidarité sociale est exigée, en particulier des riches, strophe 15, mais aussi de chacun envers les veuves, les orphelins et les pauvre, strophe 14, en raison de l’ordre du Christ. Elle s’exerce à travers la « fromme Liebestat – la pieuse œuvre d’amour », qui n’est pas que religieuse envers les membres de sa communauté, mais civile envers tous les citoyens.
L’enseignement religieux et civil
La doctrine luthérienne de la « reine Lehr – la doctrine saine », opposée à la « Irrtums Nacht – la nuit de l’erreur », apparaît dans la strophe 4, introduite à la strophe 3 par un couplet sur les maîtres d’école. A ceux-ci est demandée la vérité « Der Lehrer Einsicht denke wahr – que l’esprit des maîtres pense juste », comme leur enseignement « Lehr – contenu de l’enseignement », et conduise à ce que les citoyens accomplissent leur « Pflicht – devoir ».
Les malades et les mourants
Ceux-ci ont toujours tenu une grande place dans les prières de l’Eglise. Soigner les malades, nourrir les pauvres, fait partie des 6 œuvres de la miséricorde de Matthieu 25, auxquelles le Moyen-Age avait ajouté l’ensevelissement des morts.
Le mariage, l’accouchement, les jeunes, la chasteté
La fidélité conjugale est demandée, et la tentation de l’infidélité combattue. De même la préoccupation pour l’accouchement, ses souffrances, et la naissance des enfants est nette. La chasteté des jeunes est encouragée. Il faut se souvenir que dans beaupoup de villages, où les gens vivaient isolés entre eux et sans grandes distractions, la moitié des enfants nés étaient illégitimes : les registres de baptême l’attestent, jusqu’à la 2e moitié du 19e Siècle au moins. Il fallait combattre les coucheries des jeunes, mais aussi l’inceste, qui n’était pas rare. Ces thèmes sont récurrents dans les prières de l’époque.
Par Jésus-Christ,…
L’intercession se termine classiquement par la formule de référence au Christ intercesseur, comme à la fin de la collecte. Ici l’Amen n’est pas donné. Dans certaines régions, il était ajouté spontanément à la fin par l’assemblée, soit sur la dernière note, soit suer les 3 tons fa – ré – fa.
La mélodie
Elle est de Adam Krieger, un contemporain de Crüger et de Gerhardt, né en 1634 à Drisen (Neumark), décédé à Dresden en 1666, un an avant Paul Gerhardt. Musicien disciple de Scheidt à Halle et de Schütz à Dresde, il devint organiste à St Nicolas de Lepizig puis à Dresden. Il a composé la belle mélodie du chant « Nun sich der Tag geendet hat ». Elle est méditative et calme, et s’adapte bien à ce chant d’intercession. De fait, la prière du soir est à la fin du jour, comme l’intercession est à la fin du culte. Le climat d’achèvement tranquille est propre aux deux prières.
Il faut chanter avec retenue, en même temps ne pas traîner, car les strophes sont nombreuses. Dans la pratique, il est préférable de choisir une ou deux des parties signalées plus haut, selon le thème du culte, le tout étant trop long. Il est probable qu’aux époques anciennes la prière était aussi fragmentée, ou bien certaines strophes seules étaient choisies.
Texte original,
avec orthographe et mots en gras originaux.
1. .Die Lieb ist, Vater, dein Gebot
und Fürbitt’ hörst du gern.
Du kennst der Völker Landesnoth;
sie sey von allen fern!
2. Gib Weisheit jeder Obrigkeit,
und Freud an aller Glück!
den Bürgern die Zufriedenheit,
und kein zu schwer Geschick!
3. Der Lehrer Einsicht denke wahr;
ihr Sinn sei, wie die Lehr!
Ihr Wort mach unsre Pflichten klar;
ihr frommes Beispiel mehr!
4. Verbreite deiner Wahrheit Licht;
des Irrtums Nacht verstreu!
Der Glaubesnzwang verew’ge nicht,
durch Drohn, die Heuscheley.
5. Des Todes Angst und Bitterkeit,
o Vater, lindre du!
Den Kranken gib Gelassenheit,
Und Hilf, und Trost, und Ruh!
6. Der Bund der Ehen sey beglückt
durch veste Lieb und Treu!
und wen die Wal des Leichtsinns drückt,
dem stehe huldreich bei.
7. Bewahr der Schwangern Leib und Herz,
dass ihre Frucht gedeih;
und gib dass des Gebärens Schmerz
für sie bald Freude sey!
8. Die Jugend wachse froh heran,
durch weiser Lehrer Zucht!
Sie lerne früh der Tugend Bahn,
und bring einst edle Frucht!
9. Den Wohnsitz der Gelehrsamkeit
verderbe Freiheit nicht;
wer sich den Wissenschaften weiht,
dem sey die Weisheit Pflicht!
10. Herrr, segne Handlung, Kunst und Fleis,
zum allgemeinen Glück!
dem Wanderer gib sichre Reis’;
er komm erfreut zurück!
11. Die Bürger halt ein festes Band
zu aller Wol vereint;
in Lieb und Treu für’s Vaterland
sey jeder Bürger Freund!
12. Der Kriegsmann sey ein Landessohn,
durch Mut und Redlichkeit!
Gib Ruhe jeder Nation,
ohn’ ihrer Schwerter Streit!
13. Zertör ein irriges Vertraun
in dem, der lieblos glaubt,
dich ohne Heiligung zu schaun,
und ferner lieblos bleibt
14. Der Witwen und der Waisen Rath,
der Armen nötigs Brot,
flies’ aus der frommen Liebestat,
die uns dein Sohn gebot!
15. Für’s Vaterland und aller Wol
geb’ jeder Reicher viel,
und bald, und willig, wie er soll;
nicht Hochmut, sey sein Ziel!
16. Der Laster Wachsthum stör, o Herr
in deiner Christenheit!
Durch Keuschheit werde glücklicher
der bessern Nachwelt Zeit.
17. Wen der Geliebten Tod betrübt,
den tröste, gnädig, du,
mit Trost, den uns die Zukunft gibt,
und send ihm Freude zu!
18. Durch Jesum, deinen eignen Sohn,
als Christen flehen wir.
Erlös uns auf der Welten Thron,
o Vater, Preiss sey dir!
Pour le texte allemand révisé, voir sous
« Chants allemands, Die Lieb ist, Vater, dein Gebot »