COMBAT SPIRITUEL
LUTTE, QUAND DIEU, DANS SA GRACE
Ringe recht, wenn Gottes Gnade
Mélodie : Zions Stille soll sich breiten
1. Lutte, quand Dieu, dans sa grâce, EKG 1
Te ramène jusqu’à lui : Knapp 1
Que ton cœur se débarrasse
De tout poids qui l’alourdit.
2. Lutte, la porte est étroite, EKG 2
Comme étroit est le chemin ; Knapp 2
Vers le ciel la route est droite :
Va et marche vers demain !
3. Lutte jusqu’au sang, puis entre EKG 3
Au Royaume de ton Dieu. Knapp 3
Si Satan cherche à te prendre,
Reste ferme et courageux.
4. Lutte avec amour et zèle, EKG 4
Garde ton premier amour ; Knapp 4
Aime Christ, sois lui fidèle
Tout entier, jour après jour.
5. Lutte aussi par la prière, EKG 5
Sois constant, persévérant ; Knapp 5
N’aie pas crainte de le faire
Nuit et jour et en tout temps.
6. Qui gagne en luttant la perle, RA 6
Gardera ce beau bijou : Knapp 6
Si le mal encor déferle,
Qu’il soit fort et calme en tout !
*
7. Si tu veux sauver ton âme, EKG 6
N’aie ni crainte ou tremblement : Knapp 7
Vois la mort qui te réclame,
Son danger est permanent.
8. Garde ferme ta couronne, EKG 7
Que ton Dieu viendra poser Knapp 8
Sur ta tête, et que lui donne
A ceux qui ont tout osé.
9. Si ton œil se fait séduire Knapp 9
Par la creuse vanité,
Ne la laisse pas te nuire
Par sa lâche sûreté.
10. Si déjà la chair est faible, Knapp 10
Ne la laisse pas régner.
Garde-la ferme en tes rènes,
Veille à ne pas t’égarer.
11. La licence nuit à l’âme, Knapp 11
La rend froide et sans pitié,
Ote son feu et sa flamme,
Fais s’éteindre sa piété.
*
12. Le péché mène une guerre EKG 8
A la vraie fidélité. Knapp 12
Sois fidèle et cherche à plaire
A Dieu seul en vérité.
13. Marche avec Jésus, fidèle, Knapp 13
Prends ce qu’il te dit à cœur.
Laisse tout, le Christ t’appelle ,
Suis-le sans regret, sans peur.
14. Quitte en ton esprit, fidèle, Knapp 14
Cette terre et ses remous.
Va vers la vie éternelle :
Ton trésor t’attend au bout.
15. Pensez-y dans votre lutte, EKG 9
Courageux, ne craignez pas. Knapp 15
Avancez, Dieu vous invite
Au Royaume dans les cieux.
16. Pensez, chaque instant qui passe : Knapp 16
C’est peut-être le dernier !
Votre lampe est-elle en place ?
Quand Christ vient, soyez premiers !
*
17. Le péché étreint le monde, Knapp 17
Qui sera bientôt jugé.
Près de toi l’orage gronde :
Hâte-toi d’y échapper
18. Hâte-toi, la fin approche, Knapp 18
Sauve-toi, ne péris pas !
Rien ici ne te raccroche :
Fuis comme un cerf aux abois !
19. Lâche la main de ce monde, Knapp 19
Rentre en toi et entre en Dieu.
Fais que ta vie soit féconde :
Purifie-toi pour les cieux.
20. Hâte-toi, compte les heures : EKG 10
Ton Sauveur vient te chercher Knapp 20
Pour te prendre en sa demeure,
En Dieu pour l’éternité.
21. Hâte-toi à sa rencontre, EKG 11
Dis-lui : « Tu vois ! je suis prêt
A quitter mon humble tente :
Prends-moi près de toi, tout près ! »
(Autre traduction de la strophe 12, qui peut éventuellement servir)
12bis. Qui combat, ainsi fidèle, EKG 8 bis
Et se bat jusqu’au tombeau. Knapp 12 bis
Prend Jésus pour son modèle :
Son combat est juste et beau !
Texte Ringe recht, wenn Gottes Gnade 1714
Johann Joseph Winckler (1670 – 1722)
EKG 476 : 11 strophes, RA 417 : 9 strophes
Knapp 1835, Nr 2149, donne 20 strophes
frs : Yves Kéler 18.2.2010
Mélodie Zions Stille soll sich breiten =
Ringe recht wenn Gottes Gnade
Herrnhut Brüdergemeinde 1740,
Amsterdam 1742,
EKG 476, RA 213, EG 575
Le texte
Il est une méditation sur le combat spirituel du chrétien.
Le nombre des strophes
Il varie d’un livre à l’autre. EKG donne 11 strophes, RA en donne 9. Dans ces deux livres le texte est fortement réduit. En effet, Albert Knapp 1835 donne 20 strophes, mais il y en a probablement plus, car EKG donne une strophe 11 finale qui ne figure pas dans Knapp.
Le texte a subi quelques changements. Par exemple la strophe 7 de Knapp dit : « Halt bei Jesu deine Seele, Nimm dein Heil beständig wahr – Près de Jésus tiens ton âme, Sois conscient de ton salut », devient dans EKG « Nimm mit Furcht ja deiner Seele, Deines Heils mit Zittern wahr – Prends avec crainte soin de ton âme, Avec tremblement de ton salut », formulation plus compliquée que la première et probablement postérieure. En effet, l’auteur emploie un langage simple, comme les piétistes de son temps, qui voulaient que le chrétien soit « comme un enfant devant Dieu ». De plus, son style est celui de l’hymne ancienne à 4 lignes, dans laquelle chaque ligne est une indépendante complète pour le sens et pour la forme et ne souffre pas l’enjambement. Or dans cette for EKG de la strophe, il y a un enjambement, lequel n’est pas chez Knapp. De plus, la ligne « Nimm mit Furcht ja deiner Seele » contient un « ja » de remplissage, étranger au style concis de l’auteur. La même correction par un ja ajouté a été faite au verset 8 Knapp = 7 EKG = 7 RA : « Halt ja deine Krone feste « au lieu de « Halte deine Krone feste ». Il est vrai que Winckler emploie aussi le « Ja », mais il le fait une seule fois de façon naturelle, pas comme un remplissage de correcteur: strophe 6 : « Denke ja nicht – ne pense surtout pas ».
L’auteur du texte
est Johann Joseph Winckler, (1670 Lucka/Sachsen-Altenburg – 1722 Magdeburg). Disciple de August Hermaan Francke, fondateur des maisons d’enfants de Halle, et du mouvement piétiste de Halle. Le gendre de Francke était Johann Anastasius Freylinghausen, éditeur du célèbre livre de cantiques piétiste de Halle de 1704. Winckler fut aumônier militaire dans les Pays-bas et en Italie, puis prédicateur à la cathédrale et Conseiller consistorial à Magdeburg. Il faisait partie du cercle des auteurs et compositeurs piétistes de Halle.
Le poème n’est pas christocentrique. La 1ère strophe parle de « Gottes Gnade – la grâce de Dieu », et place l’ensemble sous le Père. Le Fils n’apparaît qu’à la strophe 7, sous le nom de « Jesus », puis à la strophe 13, sous le nom de « Christ », et enfin à la strophe 20, sous le titre de « Heiland – Sauveur ». Soit 3 citations. Ce chant n’entre pas dans la catégorie de la « Jesusliebe », que le piétisme a beaucoup développée et qu’on trouve sans cesse chez Jean-Sébastien Bach. On a ici une théologie luthérienne classique, dans une forme piétiste.
La mélodie
Le texte de son chant, écrit en 1714, est placé actuellement sur la musique qui servira plus tard au chant de « Zions Stille soll sich breiten » (Rudolf Kögel 1829-1890). Cette musique, datée de 1740, dont on dit qu’elle dérive d’un carillon d’Amsterdam signalé en 1742, a été employée par les frères de Herrnhut chez Zinzendorf, eux aussi piétistes.
Les 4 parties du texte
L’ensemble de l’œuvre se découpe en 4 parties, de 1 fois 6 strophes, puis de 3 fois 5 strophes, commandées par un ou deux mots clés, qui forment le début de plusieurs strophes successives. Cette manière de faire est une forme d’acrostiche. Elle délimite des thèmes et des groupes de strophes qu’on peut chanter en les extrayant de l’ensemble. (Les 20 strophes sont comptées d’après Knapp + une 21 d’après EKG).
1.strophes 1 à 6 : « Ringe » 2 fois, « Kämpfe » 1 fois, « Ringe » 2 fois : deux mots désignant le bon combat, celui de « Kämpfe » provenant de Hébreux 12/4 : « Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang en combattant contre le péché ». Cette phrase vise certainement les premiers martyrs de l’Eglise. Elle rappelle que les protestants au 18e Siècle ont aussi un grand martyrologe.
2. strophes 7 à 11 : « Halt » 2 fois, « Lass » 2 fois. Ces deux mots appellent à la fidélité envers le Christ : « Halt bei Jesu deine Seele – garde ton âme près de Jésus », et à se désintéresser du monde pécheur : « Lass dein Auge – ne laisse pas ton œil » et « Lass dem Fleische nicht – ne laisse pas à ta chair. » La tonalité générale est négative : le détachement de la chair
3. strophes 12 à 16 : « Wahre Treu – vraie fidélité » 3 fois, et « Denkt – pensez » 2 fois. Ces deux mots introduisent une partie positive : la fidélité au Christ
4. strophes 17 à 20 (+1 = 21) : « Eile –hâte-toi » 3 fois, et « Lauf – cours » 1 fois. Ici l’urgence du salut est relevée.
On a donc à faire à une vaste fresque du combat spirituel, en 4 parties : le combat, l’attachement à Jésus et le détavhement du monde, la fidélité, l’urgence.
Ttexte original, selon Knapp 2149
1. Ringe recht, wenn Gottes Gnade
Dich nun zihet und bekehrt,
Dass dein geist sich recht entlade
Von der Last die ihn beschwert!
2. Ringe, denn die Pfort ist enge,
Und der Lebensweg ist schmal;
Hier bleibt alles im Gedränge,
Was nicht zieht zum Himmelssaal.
3. Kämpfe bis aufs Blut und Leben,
Dring hinein ins Gottesreich ;
Will der Satan widerstreben,
Werde weder matt noch weich.
4. Ringe, dass dein Eifer glühe
Und die erste Liebe dich
Von der ganzen Welt abziehe ;
Halbe Liebe hält nicht Stich.
5. Ringe mit Gebet und Schreien,
Halte damit feurig an ;
Dass dich keine Zeit gereuen,
Wärs auch Tag und Nacht getan.
6. Hast du dann dir Perl’ errungen,
Denke ja nicht, dass du nun
Alles Böses schon bezwungen;
O, es ist noch viel zu tun!
*
7. Halt bei Jesu deine Seele,
Nimm dein Heil beständig wahr!
Denn in dieser Leibeshöhle
Schwebst du stündlich in Gefahr.
8. Halte deine Krone feste,
Halte männlich, was du hast;
Recht beharren, ist das Beste,
Rückfall wird zur schweren Last.
9. Lass dein Auge ja nicht gaffen
Nach der schnöden Eitelkeit;
Bleibe Tag und Nacht in Waffen,
Fliehe Träg- und Sicherheit.
10. Lass dem Fleische nich den Willen
Gib der Lust den Zügel nicht.
Willst du die Begierden stillen,
So verlischt das Gnadenlicht.
11. Fleischesfreiheit macht die Seele
Kalt und sicher, frech und stolz,
Frisst hinweg des Glaubens Öle,
Lässt zurück nur faules Holz.
*
12. Wahre Treu’ führt mit der Sünde
Bis ins Grab beständig Krieg,
Richtet sich nach keinem Winde,
Sucht in jedem Kampf den Sieg.
13. Wahre Treu’ liebt Chriti Wege,
Steht beherzt auf ihrer Hut,
Weiss von keiner Fleischesplflege,
Hält sich keinen Tand zu gut.
14. Wahre Treu’ kommt dem Getümmel
Dieser Welt nie gern zu nah,
Denn ihr Schatz ist in dem Himmel,
Drum ist auch ihr Herz allda.
15. Dies bedenket wohl, ihr Streiter!
Streitet recht und fürchtet euch;
Geht doch alle Tage weiter,
Bis ihr kommt ins Himmelreich!
16. Denk bei jedem Augenblicke,
Ob’s villeicht der letzte sei?
Bringt die Lampen ins Geschicke;
Holt stets neues Öl herbei!
*
17. Liegt nicht alle Welt im Bösen?
Steht nicht Sodom in der Glut?
Seele, wer kann dich erlösen?
Eilen, eilen ist hier gut!
18. Eile, wenn du dich erretten,
Und nicht mit verderben willst
Mach’ dich los von allen Ketten,
Fleuch, als ein gejagtes Wild!
19. Lauf der Welt doch aus den Händen,
Dring’ ins innre Leben ein
Eile, dass du mögst vollenden,
Mache dich von allem frei.
20. Eile, zähle Tag und Stunden,
Bis dein Heiland dir erscheint
Und, wenn du dann überwunden,
Ewig sich mit dir vereint.
21. Eile, lauf ihm doch entgegen; = EKG 476/11
Sprich : „Mein Licht, ich bin bereit,
Nun mein Hüttlein abzulegen;
Mich dürst’ nach der Ewigkeit.“