ACTION DE GRACES
MATIN
MERCI POUR CE JOUR QUE TU DONNES to
Danke für diesen guten Morgen
Traduction de Catherine Kempf
1. Merci pour ce jour que tu donnes,
Merci pour ce matin d’espoir,
Merci, car toujours tu redonnes
Force jusqu’au soir.
Danke für diesen guten Morgen
Danke für jeden neuen Tag,
Danke, dass ich all meine Sorgen
Auf dich werfen kann.
2. Merci d’être venu sur terre
Pour vivre avec nous, les humains.
Merci, dans mes jours solitaires,
Tu me tends la main.
Danke für alle guten Freunde,
Danke, o Herr, für jedermann,
Danke, wenn auch dem grössten Feinde
Ich verzeihen kann.
3. Merci, quand par toi je pardonne,
Seigneur, même à mes ennemis.
Merci, car c’est toi qui nous donnes
La joie d’être amis.
Danke für meine Arbeitsstelle
Danke für jedes kleine Glück,
Danke für alles frohe, helle,
Und für die Musik.
4. Merci, Seigneur, pour ma jeunesse,
Merci pour mes petites joies,
Merci pour certaines tristesses,
Merci pour ta croix.
Danke für manche Traurigkeiten,
Danke für jedes gute Wort,
Danke, dass deine Hand mich leiten
Will an jedem Ort.
5. Merci, Seigneur de tout l’espace :
Mes frères dans le monde entier,
Les hommes, nés de toute race,
Je peux les aimer !
Danke, dass ich dein Wort verstehe,
Danke, dass deinen Geist du gibst,
Danke, dass in der Fern und Nähe
Du die Menschen liebst.
6. Merci pour ta parole, ô Maître,
Merci, je veux bien la garder.
Je veux, mon Seigneur et mon Père,
Toujours te louer !
Danke, dein Heil kennt keine Schranken,
Danke, ich halt mich fest daran,
Danke, ach Herr, ich will dir danken,
Dass ich danken kann!
Texte : Danke für diesen guten Morgen
Martin Gotthard Schneider 1963
EG 334, ALLéluia 42/09
frs: Catherine Kempf, Bitche, 1970
Mélodie: Danke für diesen guten Morgen
Martin Gotthard Schneider 1963
EG 334
Frs : Merci pour ce matin de vie
ALLéluia 2005, 42/09
Le texte
Ce chant de M.G.Schneider, de 1963, fait partie du mouvement des « Neue Lieder – Chants nouveaux », né en Allemagne après la 2ème Guerre Mondiale. On y trouve les thèmes du pardon et de l’ouverture au monde, de l’antiracisme et de la fraternité humaine, qui rompent avec la haine sans pitié, le racisme et la fermeture mentale du nazisme. Trois exemples : 1° à la strophe 5 : » Danke, o Herr, für jedermann – Merci, Seigneur, pour tout un chacun « , que Catherine Kempf a traduit par : » Pour vivre avec nous, les humains « . 2° » Danke, wenn auch dem grössten Feinde Ich verzeihen kann – Merci, quand je peux pardonner, même au pire ennemi ». 3° « Danke, dass in der Fern und Nähe Du die Menschen liebst – Merci, parce que au loin comme au près Tu aimes les hommes. »
Ce texte a aussi un souffle juvénile, car cette musique et ces textes s’adressaient d’abord aux jeunes et sont issus des mouvements de jeunesse. On ne trouve pas encore ces chants dans le recueil officiel des Eglises, le EKG, qui date de 1951. Ils entreront dans les Anhänge – Suppléments régionaux des différentes Eglises, et feront carrière, jusqu’à entrer dans le EG en 1995. Catherine Kempf a bien rendu le climat de ce chant : nouvelle théologie et préoccupation des jeunes.
Sa traduction a une histoire particulière. Elle est née dans le cadre des retraites de confirmation organisées en commun par les trois paroisses protestantes de Bischheim-Hoenheim, du Neuhof-Cité et de Bitche, à Schorbach, un village catholique proche de Bitche.
Les deux premières sont des paroisses de faubourgs pauvres et ouvriers de Strasbourg. Bischheim-Hoenheim, à l’époque la banlieue rose, socialiste et communiste, le Neuhof, la banlieue sociale et prolétaire. Les trois pasteurs de Bischheim étaient Guerrier Michel, Georges Bronnenkant et Yves Kéler, ceux du Neuhof Fritz Kapp, Erwin Muller et Freddy Sarg. Fritz Kapp, devenu responsable de la Mission Intérieure, créera la Mission dans l’Industrie. La paroisse de Bitche, à l’Est de la Lorraine, était également composée d’un milieu ouvrier. Catherine Kempf, née Koch, est l’épouse de Pierre Kempf, en son temps pasteur à Bitche, après Jean-François Collange.
La pastorale de ces paroisses était dominée par ce chritianisme social, en même temps que par une forte spiritualité biblique, et pour Bischheim luthérienne confessionnelle, et par un intérêt fort pour le travail avec les jeunes. Ces retraites se sont tenues de 1967 à 1977 environ, dans une colonie de vacances au confort rudimentaire, installée dans un ancien camp militaire allemand puis grançais rendu à la vie civile.
Les préoccupations des adolescents apparaissent dans les 3e et 4e strophe : » Danke für jedes kleine Glück,… Danke für manche Traurigkeiten » que Catherine Kempf a traduites par : » Merci pour mes petites joies, Merci pour certaines tristesses . »
Le texte français est fluide et a gardé le langage clair et direct de l’original. Les textes des » Liedermacher – faiseurs de chants » allemands de l ‘époque avaient trouvé ce langage dans les auteurs de l’Entre deux guerres, qui avaient réussi à s’affranchir du parler ampoulé et complexe hérité du romantisme. Citons dans cet ordre Rudolf Alexander Schoeder et Otto Riethmuller, ainsi que Jochen Klepper. Catherine Kempf a développé certains thèmes et a déplacé certaines phrases d’une strophe à l’autre, mais elle a gardé les idées et l’intention de l’auteur.
ALLéluia 2005 , 42/09, donne une traduction de Henri Kunzler 2001. Elle suit convenablement le texte allemand, mais est beaucoup moins fluide que celle de Catherine Kempf. Cela est dû en partie à l’emploi de 6 » car « . Cette conjonction veut traduire les 6 » dass – de ce que, parce que » et le » wenn – quand « , de l’allemand. Mais le » car » français contient une nuance d’opposition, ce qui n’est pas le cas du » dass » et du » wenn « , opposition qui crée un arrêt de la phrase et du coup de la pensée. De ce fait, il faut employer le » car » avec parcimonie. Catherine Kempf ne l’emploie que deux fois. D’auitre part, la traduction de Henri Künzler s’adresse aux fidèles en général, et n’a pas le souffle juvénile de celle de Catherine Kempf.
La mélodie
La mélodie est de l’auteur du texte, et date également de 1963. Elle a pour structure : IV 9f.8, 9f.5, une structure asymétrique, dont la dernière ligne fait frein. La mélodie s’inspire des musiques rythmées de danse, issues du jazz, que les Américains avaient popularisé après la guerre. On rompait avec les rythmes pompiers et militaires du nazisme, et avec la guerre, pour entrer dans une musique civile et jeune. Les trois premières lignes musicales sont marquées par une syncope, qui disparaît à la quatrième, pour former une résolution normale, et permettre de repartir pour trois syncopes.
Cela donne une musique allante, bien adaptée au texte. Ne pas chanter trop vite, ni accentuer le rythme, sinon on risque de hacher le chant. Lui garder une ligne mélodique en liant légèrement les notes.
Il faut veiller à un point, qui est le déplacement de l’accent au début de chaque ligne. En allemand, pour le mot » Dan-ke « , l’acent tombe sur la première syllabe. En français, pour le mot » Mer-ci « , l’accent tombe sur la 2ème syllabe. En français il faudra donc accentuer ainsi :
, , , ,
Mer – ci pour ce jour que tu don – nes
, , , ,
Mer – ci pour ce matin d’espoir
En revanche, l’accent principal de la ligne ne change pas: il reste sur « que » et sur » -tin ».
(sa 12. 04. 2005)