O NUIT BIENVEILLANTE (rév) Noël to

NOËL

                    O NUIT BIENVEILLANTE to
                           O du fröhliche

                       révision de LP 112

1. O nuit bienveillante,
    O nuit rayonnante,
    Sainte nuit du premier Noël !
    Christ, ô mystère,
    Naît sur cette terre.

    Chantons, chantons tous : Alléluia !

2. O nuit bienveillante, …
   
    Christ nous fait vivre,
    Sa mort nous délivre,

   Chantons, …

3. O nuit bienveillante,…

    Christ, Roi des anges,
    A toi nos louanges :

Chantons, …

               Texte :              O du fröhliche,
                                        str1 : Johannes Daniel Falck, 1816, 1819
                                        str 2-3 : Heinrich Holzschuher 1829
                                        RA 550, EG 44
                                        frs: LP 112 O nuit bienveillante
                                                            anonyme
                                               rév : Yves Kéler, 1989

                Mélodie :         O du fröhliche
                                        Sicile, avant 1788
                                        chez Johann Gottfried Herder, 1807
                                        RA 550, EG 44
                                        LP 112, ARC 352, Alléluia 2005  32/23

Le texte

        Le texte allemand est composé de deux parties: la 1ère strophe, qui est un chant pour les enfants, dont l’auteur, Johannes Daniel Falk, s’occupait beaucoup. Les 2ème et 3ème strophes sont de Heinrich Holzschueher, lui aussi en contact étroit avec les enfants.

       Johannes Daniel Falk, né à Dantzig en 1768, fils d’un pauvre perruquier de la paroisse réformée, fut aidé par sa ville à entreprendre des études de théologie à Halle. Il se tourna vers la littérature, et fit  connaissance de Herder, de Wieland  et de Goethe, à Weimar. En 1806, il entra au service du grand-duc de Weimar, dans la diplomatie. En 1813, année de la bataille de Leipzig, qui se déroula sur un diamètre de 150 km pendant trois jours et atteignit Weimar, il fonda la  » Société des amis dans la détresse « . Celle-ci s’occupa essentiellement d’enfants abandonnés et victimes des guerres napoléoniennes. Lui-même avait perdu quatre enfants cette année-là. Pour son œuvre, il fonda le célèbre Lutherhof de Weimar, et fut un précurseur de la Mission Intérieure. Il mourut à Weimar en 1826.

        Heinrich Hozschuher, (né en 1798 à Wunsiedel/ Oberfranken (Bavière du Nord), décédé au château de Bug, près Hof/Saale ) est aussi né pauvre, orphelin de père à 3 ans et abandonné par sa mère. Elevé à la dure, il acquit tôt le sens de la souffrance des pauvres et devint un travailleur social, à Plassenberg, dans un centre de rééducation pour jeunes emprisonnés. Il travailla dans diverses institutions et à diverses publications en faveur des jeunes. Il est considéré comme un des fondateurs du christianisme social. Il connaissait Falk et ses compositions, et poète lui-même, ajouta deux strophes au chant de Falk.

        Ce chant est né de cette préoccupation pour les enfants. En 1816, Falk composa une strophe qu’il appela  » Dreifeiertagslied – Chant des trois jours de fête « , sous entendu : de Noël, c’est-à-dire pour les 24,25 et 26 décembre, lesquels étaient célébrés à la file. Ce chant avait donc plutôt une fonction liturgique, puisqu’on le reprenait chaque jour.

        Holzchuher compléta cette strophe par deux autres, destinées à Pâques et à la Pentecôte. En effet, Falk avait écrit :  » Gnadenbringende Weihnachtszeit – temps de Noël qui apporte la grâce « . Falk écrivit, str 2 :  » Gnadenbringende Osterzeit – temps de Pâques qui apporte la grâce « , ce qui explique sa phrase suivante :  » Christ ist erschienen Uns zu versühnen – Christ est apparu Pour nous réconcilier « . De même, à la strophe 3, il dit :  » Gnadenbringende Pfingstenzeit – temps de Pentecôte qui apporte la grâce « , et donne la phrase :  » König der Ehren,  Dich woll’n wir hören – Roi de gloire, nous voulons t’écouter « . Une variante du texte est :  « Himmlische Heere Jauchzen dir die Ehre »: de cette forme, donnée par EG, vient le français :  » Qu’au saint Roi des anges  Montent nos louanges « .

        La forme de Holzschuher n’a pas survécu. Les strophes deux et trois ont été  » noëlisées « , par l’élimination de  » Osterzeit  » et  » Pfingstenzeit « , et la répétition de  » Weihnachtszeit « . Les phrases de Pâques et de la Pentecôte sont restées, mais réinterprétées dans le sens de Noël. 

        Le texte est centré sur le Christ, en tant que Messie, et pas sur Jésus, en tant qu’humain. C’est pourquoi j’ai remplacé le mot  » Jésus  » par  » Christ « , dans les strophes 1 et 2, et introduit  » Christ, Roi des anges  » à la 3e strophe. L’original met deux notes sur la syllabe  » Christ-  »   de Christus, ce qui nous autorise à en faire autant. Le traducteur français, anonyme, a employé le mot Jésus, car au 19e Siècle et au début du 20e, on n’employait pas  » Christ  » comme un nom qu’on invoque, mais comme un titre, avec l’article :  » le Christ « . J’ai remplacé aussi le  » nuit rassurante  » par  » rayonnante « . L’allemand  » selige Nacht « , ne vise pas le  » rassurant « , mais ce qui exprime le salut, la Seligkeit. L’idée de  » rayonnante  » exprime la beauté du salut, nuance que contient le mot allemand, et qui est la visée de Falk et de Holzschuher.

La mélodie

     La mélodie de ce chant est datée de 1788. Elle serait une danse sicilienne, transmise, croit-on, par la cour du Royaume de Naples. Elle semble connue en Allemagne depuis le milieu du 18e Siècle. Il existe des mélodies analogues, et probablement de la même origine, employées comme pièces d’orgue.

        Johann Gottfried Herder, (1744-1804), Théologien, philosophe, grand connaisseur de la musique d’Eglise (Il a réalisé la première traduction en allemand du Messie de Haendel), était intéressé par le chant populaire. Il était un ami de Goethe, depuis 1770, où les deux s’étaient  rencontrés à Strasbourg. Goethe fera venir Herder à Weimar, comme superintendant, en 1776. Goethe était lui aussi intéressé par le sujet (voir sa mise en forme du chant de Sessenheim, le  » Heidenröslein « ). Herder fait partie de cette génération qui cherche dans l’héritage populaire , allemand d’abord, mais aussi étranger, des sources nouvelles d’inspiration. Parmi ces auteurs, il faut aussi placer les frères Grimm, qui collectèrent les fameux contes populaires allemands. Herder a donc retenu avec intérêt cette mélodie sicilienne. Falk, auteur du texte et vivant à Weimar, connaissait Herder. Par ce contact, la mélodie relevée par Herder prit sa place sous le texte de Falk.

L’emploi du chant

     L’intérêt de ce chant est dans son origine et dans son intention : c’est un chant pour enfants, auxquels il est important de faire sentir la beauté et la joie, la bienveillance de la grâce de Dieu à Noël. L’origine  » sociale  » et poignante du chant, ainsi que sa mélodie populaire, en font un classique  » chant du peuple chrétien, avec ses riches et ses pauvres, leurs joies et leurs peines « . 

        Ce chant, qui est facile à apprendre par cœur, permet l’action suivante dans le culte de la veille de Noël, quand on le célèbre avec les enfant : . après l’histoire de Noël, racontée par les enfants, par des saynètes et des chants, on fait se lever toute l’assemblée et se placer le long des murs. Les enfants se placent autour du chœur, et tout le monde se donne la main, formant un immense cercle tout autour de l’église. Quand le cercle est constitué, tous chantent, avec l’orgue ou des instruments, le cantique. La puissance du chant, conçu comme un chant de communion avec le Christ et entre les participants, est remarquable. Après le chant, chacun souhaite à ses deux voisins un joyeux Noël, après quoi, tout le monde reprend sa place pour la suite du culte.