POUR QUEL PECHE, JESUS, POUR QUELLE OFFENSE (rév) Passion to

PASSION

                POUR QUEL PECHE,  JESUS,  POUR QUELLE OFFENSE
                                    révision de LP 131 

                 Mélodie : Herzliebste Jesu
                               Pour quel péché, Hésus, pour quelle offense



1. Pour quel péché, Jésus, pour quelle offense
    A-t-on sur toi prononcé la sentence ?
    Qu’as-tu donc fait, innocente victime,
    Quel est ton crime ?

2. Qui peut t’avoir attiré ce supplice ?
    C’est moi, Seigneur, oui, c’est mon injustice.
    Pour ces tourments, où ton amour t’expose,
    Je suis la cause.

3. Pour me sauver, sacrifice incroyable,
    Le maître meurt pour l’esclave coupable !
    Le bon berger pour sa brebis perdue
    Donne sa vie !

4. Où trouverais-je un cœur, dans ma détresse,
    Au tien semblable en amour, en tendresse ?
    C’est en toi seul, que j’ai plein d’espérance,
    Toute confiance.

Texte :       Pour quel péché, Jésus, pour quelle offense ?
                 Psalmodie 1785
                 d’après : Herzliebster Jesu, was hast du verbrochen ?
                               str 1, 3, 4, 6
                 Johann Heermann 1545-1647
                 LP 131
                 rév:  Yves Kéler 1985

Mélodie :    Herzliebster Jesu
                 Strasbourg 1545, Johann CrUger 1640
                 RA 71, EG 81
                 frs :  Pour quel péché, Jésus, pour quelle offense ?
                         LP 131, NCTC 184, ARC 453

Le texte et la mélodie :

         Le texte, pris des Psalmodies moraves de 1785, traduisant 4 strophes sur les 8 de l’original allemand, laisse supposer l’existence d’un texte français plus complet.

          La Psalmodie rend très bien le climat et l’idée centrale du chant de Johannes Heermann : le maître meurt pour l’esclave coupable. Comment cela est-il possible ? La psalmodie garde aussi la première personne, qui caractérise la réflexion du chrétien sur lui-même, première, qui s’étend à la communauté, seconde. La mélodie, qui rappelle une marche, accentue l’impression de progression de la pensée, qui passe du constat de la mort du Christ, de celui de ma faute qui en est cause, à l’acceptation de cette inversion voulue par le Christ et à l’espérance finale qui en découle.

           Johannes Heermann, 1585-1647, qui vivait dans l’Est de l’Allemagne, est considéré comme le plus grand compositeur de cantiques après Luther et avant Paul Gerhardt. Il fait partie des auteurs de cantiques de la Guerre de Trente ans, qui va de 1618 à 1648. On sent derrière le chant la tragédie de l’Europe centrale, et la vision de ces millions de morts. Le Christ est mort pour ce monde-là, et pour ces gens-là. C’est difficile à comprendre, mais c’est le seul moyen de sortir de la situation et de retrouver une espérance. 

          Plusieurs belles images illustrent le texte ; le prononcé de la sentence, le maître qui meurt pour le serviteur, le bon berger qui cherche sa brebis perdue. Les trois images sont dans l’original allemand. L’image du miroir, en tant qu’elle évoque l’inversion, apparaît également en filigrane.    

La révision de NCTC 184 :

          La révision de NCTC 184, reprise par ARC 453, aboutit à détruire le texte. D’abord en lui enlevant une strophe, alors que LP n’a déjà plus que la moitié de l’original. Ensuite en voulant remplacer le  » je  » du croyant par le  » nous  » de la communauté. Cette thèse de la prééminence de la communauté sur l’individu voulait combattre l’individualisme. Mais ici elle n’a pas sa place : le chant n’est pas conçu dans ce style. Car le  » je  » y est senti comme un  » je collectif  » et pas individualiste. Ce qu’on a voulu imposer au texte en y introduisant des  » nous  » était déjà dedans !

          D’autre part, on a éliminé deux belles images, celle du maître et celle du bon berger. Et on confond, en introduisant dans la 3e strophe :  »  Tu as vécu de notre vie humaine Toute la peine « , l’abaissement du Christ par sa naissance à Noël, avec sa mort sacrificielle sur la croix. De même , dans la dernière strophe, il n’est pas question de  » promesse « , mais seulement d’espérance. La  » tendresse  » du Christ rime avec notre  » détresse  » : elle me permet  » d’espérer « , quand moi aussi, je devrai mourir.