SUR TON EGLISE VIENS, SEIGNEUR (rév) Eglise, Réformation to

EGLISE
REFORMATION

SUR TON EGLISE VIENS, SEIGNEUR
                                           Révision de LP 230
 

                          Mélodie : Die Sach ist dein, Herr Jesu Christ
                                        Sur ton Eglise, viens, Seigneur

1. Sur ton Eglise viens, Seigneur,
    Répandre ta clarté.
    Rends-lui l’espoir, la vérité,
    La foi, la charité.
    Plus que jamais, pour aujourd’hui,
    Elle a besoin de ton appui.
    Seigneur, parle et fais qu’à ta voix,
    Renaissent la foi d’autrefois,
    L’amour, Seigneur,
    Et l’espoir d’autrefois.

2. Si le mal et son impiété,
    Le mensonge et l’erreur
    S’arment contre la vérité,
    Qu’importe leur fureur !
    Cette vérité, divin Roi,
    Est éternelle comme toi,
    Et verra tous ses ennemis,
    Un jour confondus ou soumis, 
    Par toi vaincus, et par amour soumis !

3. Tes disciples des anciens jours
    Et nos Réformateurs
    Triomphèrent par ton secours,
    Dans leurs rudes labeurs.
    Glorifie partout ton saint nom,
    Et que chacun dans la moisson
    Où, Dieu, tu voudras l’envoyer,
    Devienne un vaillant ouvrier,
    Oui, qu’il devienne
    Un vaillant ouvrier.

4. Ton évangile, ô Jésus-Christ,
    Jamais ne peut périr.
    Puissions-nous tous, dans ton esprit,
    Combattre, aimer, mourir !
    Guide nos pas, prends-nous la main,
    Fais-nous marcher sur ton chemin ;
    Mets ta parole dans nos cœurs,
    Rends-nous, dès ici-bas, vainqueurs,
    Par toi vainqueurs,
    Par toi toujours vainqueurs !

Texte : Sur ton Eglise viens, Seigneur

E. Mégnin 1818-1900
                                                 LP 230
                                                 rév : Yves Kéler 2005

                             Mélodie :       Die Sach ist dein ; Herr Jesu Christ
                                                 ou: Hier liegt vor deiner Majestät
                                                 Landshut 1777, reprise par
                                                 Joseph Haydn, 1732-1809
                                                 EG 606
                                                 fr. : Sur ton Eglise viens, Seigneur
                                                       LP 230, ARC 208

Le texte :       

Il n’est pas traduit du texte allemand qui porte la mélodie, mais il en dérive nettement. Ce chant :  » Die Sach ist dein, Herr, Jesus, Christ « , en 3 strophes, a dans son état actuel, deux auteurs différents : Samuel Preiswerk 1829, pour les strophes 1 et 2 ; et Felician von Zaremba, 1869, pour la strophe 3.

        Cela donne aussi deux thèmes différents.. Le premier, dans les strophes 1 et 2, est une méditation du grain qui  » mis en terre, meurt et ressuscite « , d’après Jean 12/20-26. Le chant est un appel à suivre Jésus-Christ sur ce chemin de souffrance. Il est adapté au dimanche Laetare, où cet évangile est lu. Ce premier thème est développé dans l’incipit :  » Die Sach ist dein, o Jesu Christ, Die Sach an der wir stehn – La cause, pour laquelle nous combattons, est la tienne ô Christ « . Preiswerk compare l’impossibilité de mourir de cette cause, à la mort et à la résurrection du grain de blé, « qui ne peut pas mourir « .

        Les deux premières strophes, de 1829, ont été composée dans la période du réveil, qui va atteindre les Eglises allemandes et françaises après les guerres napoléoniennes. Une nouvelle époque commence, où l’on veut reconstruire l’Europe et l’Eglise sur des bases solides : Jésus-Christ, mort et ressuscité. La troisième strophe, de Zaremba en 1869, s’inscrit dans une autre époque : celle de la colonisation de l’Afrique et du monde, colonisation culturelle et religieuse, dans laquelle les allemands comme les français sont impliqués. Zaremba crée donc une  » strophe missionnaire « , qu’il ajoute au chant de Preiswerk.

        Dans cette troisième strophe, Zaremba, reprend l’image de Preiswerk, et compare le tombeau qui a reçu le grain de blé à la terre du monde qui doit le recevoir aujourd’hui, pour sa résurrection avec le Christ et sa vie nouvelle. Il rejoint la thèse qu’on trouve dans le cantique pour la mise au tombeau du Vendredi saint, de Freylinghausen 1704 :  » O Lamm, das meine Schuldenlast getragen.  » On y trouve ceci à la strophe 2:  » Der Fluch der Erde ist weg, die Erde ist nun rein, Zum Zeugnis des musst du begraben sein – La malédiction est ôtée, la terre est purifiée, pour témoignage de cela tu dois être enterré.  » Et à la strophe 5, on retrouve l’évangile du grain de blé ! Cette thèse s’énoncera ainsi : Pour que la terre soit sauvée, c’est-à-dire les peuples de la terre, il fallait que le Christ soit enterré dans le sol, pour le sanctifier par sa mort et sa résurrection, et préparer ainsi le terrain duquel jaillira le Messie (voir Esaïe), pour la conversion des peuples. Leur terre n’est plus la terre maudite des païens, mais la terre sanctifiée de Dieu. Cela, il faut aller le leur dire : votre salut a été accompli par le Christ,  » alors que vous étiez encore des pécheurs « , comme le dit Saint-Paul aux païens.

        Zaremba développe sa thèse en disant :

Du starbest selbst als Weizenkorn   

Und sanktest in das Grab

Belebe denn, o Lebens born,            

Die Welt, die Gott dir gab

        Puis il passe à la mission :

Send Boten aus in jedes Land,          

Dass bald dein Name wird bekann…  

Auch wir stehn dir zum Dienst bereit..

Toi même mourus comme le grain de blé

Et descendis dans la tombe.

Donne vie, ô source de vie,

Au monde que Dieu t’a donné

.

Envoie des messagers dans chaque pays,

Pour que ton nom soit bientôt connu…

Nous aussi sommes prêts pour ton service…

Il emprunte plusieurs idées à l’allemand : l’affirmation de l’éternité de l’évangile :  » Und weil es deine Sache ist, kann sie nicht untergehn – Et puisque c’est ta cause, elle ne peut pas sombrer  » : cette phrase se retrouve dans la strophe 3 :  » Cette vérité, divin Roi, Est éternelle comme toi, Et verra tous ses ennemis  Confondus ou soumis. « . Ainsi qu’au début de la 4ème strophe :  »  Ton évangile, ô Jésus-Christ, jamais ne peut périr.  »         C’est là que Mégnin reprend le texte et compose son cantique.

        Puis il reprend l’ordre de mission de la strophe 4 :  » Send Boten in jedes Land, … Wir stehn im Direnst – envoie des ouvriers dans tous les pays, nous sommes au service « , et en fait :  » Et que chacun dans la moisson, Où tu daigneras l’envoyer, Devienne un vaillant ouvrier « . Mais il laisse ouvert le lieu de l’envoi : ici, chez nous, ou au loin, dans les territoires de mission. La citation des Réformateurs, comme notre modèle, qui est une idée de Mégnin, fait pencher la balance dans le sens de l’Eglise ici. C’est pourquoi LP 230 place le chant dans la rubrique  » Réforme « , qui est une partie de la rubrique  » Eglise « .

        Mais rien n’empêche d’utiliser le chant pour un culte de missions. Cela a d’ailleurs été fait en France, de même que le chant allemand est considéré comme un cantique de mission, à cause de sa troisième strophe.

La mélodie :

       Elle est signalée comme provenant de Landshut, près de Munich, en 1777, et reprise par Haydn, en 1795. Elle a un caractère conquérant, caractéristique de ce temps  » héroïque « , rempli des guerres révolutionnaires (Valmy 1792),dans lesquelles l’Autriche de Haydn allait bientôt être impliquée. Ce caractère la fait aller aussi bien avec le texte allemand que français. Eviter de chanter  » pompier « , en gardant de la légèreté, selon l’exemple de Haydn..