SAINTE CENE
TON ROI T’INVITE A LA FETE
Schmücke dich, o liebe Seele
Mélodie : Schmücke dich, o meine Seele
1. Ton Roi t’invite à la fête,
Viens, mon âme, viens, sois prête !
Sors de l’ombre, avance, fière,
Va vers Christ et sa lumière !
Ton Seigneur t’offre une place
A son grand repas de grâce :
Le Roi qui régit la terre
Te sert d’une main princière !
2. Oh ! que j’ai faim de ta grâce,
Du pain de vie que tu places
En mes mains, rompu, fragile,
Pour moi, vivant Evangile !
Oh ! que j’ai soif de ta grâce !
Fils de Dieu, ton vin surpasse
En fraîcheur les flots de l’onde,
En parfum les vins du monde !
3. Saint désir, brûlante flamme,
Saisis mon cœur et mon âme !
Car comment pourrais-je croire
En ta mort expiatoire ?
Ce repas, dans son mystère,
Vient m’offrir à sa manière
Le secret de la clémence
Du Dieu de toute-puissance.
4. Non, l’esprit ne sait comprendre
Que ton corps ne peut décroître !
Pourtant tu nourris tant d’hommes
Sans que ton pain se consomme.
Comment concevoir ce signe
Que ces grappes de la vigne
M’offrent ton sang de l’alliance,
Le vin de la délivrance ?
5. O Jésus, soleil de vie,
Jésus, mon Roi, mon Messie,
Tout en toi, Jésus, commence,
Toi, Jésus, mon espérance,
Devant toi je me présente,
Viens, réponds à mon attente :
Donne-moi ta coupe à boire,
Romps pour moi ton pain de gloire.
6. Ton amour, Jésus, fidèle,
S’offre en cette mort cruelle.
Tu as quitté ta lumière,
Pour t’éteindre sur la terre,
Et donner à tes disciples
Ce breuvage incorruptible :
Ton calice expiatoire,
Qu’ils boiront à ta mémoire.
7. Je ne suis, Jésus, pas digne
De ton pain et de ta vigne.
Mon Dieu, pardonne au coupable
Qui s’approche de ta table.
Pain d’amour, je te réclame,
Mon Roi, rassasie mon âme
De la vraie manne immortelles
Dans tes noces éternelles !
Texte : Schmücke dich, o liebe Seele
Johann Franck, 1618-1677
RA 300 en 7 strophes,
EG 218 en 6 strophes
fr. : Yves Kéler 1981
Mélodie : Schmücke dich, o liebe Seele
Johann Crüger 1649
RA 300, EG 218
fr. : Pare-toi pour une fête
LP 205, NCTC 230, ARC 581
Le texte :
Ce chant est une méditation du fidèle sur sa communion avec le Christ au cours de la Cène, en particulier au moment où il communie aux espèces du pain et du vin.
Le chant se divise en deux parties :
a. la première, des versets 1 à 4 :
1. l’invitation au grand festin, d’après la parabole de Matth.22/1-14
2. la réception par le fidèle des paroles d’institution
3. la mort sacrificielle du Christ
4. l’ubiquité et le non-épuisement du corps et du sang du Christ
par la consommation répétée et nombreuse du pain et du vin
La réflexion dogmatique est assez poussée dans cette première partie.
b. la deuxième partie va des versets 5 à 7 :
5. le mouvement du fidèle vers le Christ: c’est la réponse
à l’invitation de la première strophe, comme en écho.
6. le rappel des souffrances du Christ et du don de son sang
dans le calice. Le corps n’est pas cité dans cette strophe,
l’accent étant mis sur » la coupe des souffrances « .
7. le » non sum dignus » de l’humble accès, qui précède
immédiatement l’invitation : » Venez, car tous est prêt « ,
et la communion.
La piété et le mouvement interne de la foi sont développés dans cette deuxième partie.
Ce chef-d’œuvre de la théologie et de la piété est une des expressions les plus élevées de la mystique luthérienne : solide fondement biblique, dogmatique, piété vivante envers le Christ. Le texte est dû à un laïc, Johann Franck, *1618 Guben, en Basse-Lusace + 1677 ibidem, juge, membre du Conseil et maire de Guben. Franck exprime bien les pensées et les sentiments du paroissien. C’est probablement une des raisons pour lesquelles ce cantique a connu une diffusion immense et a été longtemps le cantique de référence de la Sainte Cène en Allemagne et en Alsace-Lorraine. Il contient aussi les traits du prépiétisme issu de la Guerre de Trente ans (1618-1648), qui a dominé la vie de l’auteur.
Le même auteur a composé un autre chef-d’œuvre : » Jesu, meine Freude « , en 1653, soit cinq ans après la Guerre, mis également en musique par Johann Crüger 1653
La mélodie :
Elle est de Johann Crüger, le grand compositeur de cette époque. Elle se caractérise par un double mouvement, qui met en valeur l’aspect méditatif et mystique du texte.
Les deux premières lignes, redoublées, restent en bas de la mélodie, et forment un mouvement balancé entraînant une marche méditative avec le Christ.
Les 4e et 5e lignes, elles aussi redoublées, montent brusquement, dans un mouvement ascensionnel vers le Christ : « Denn der Herr, voll Heil und Gnaden, Will dich jetzt zu Gaste laden – Car le Seigneur, plein de salut et de grâce, Veut maintenant t’inviter pour hôte « . Les deux mots accentués fortement sont » Herr – Seigneur « , celui qui invite et est le centre de tout ; et » jetzt – maintenant « , car » maintenant c’est le moment du salut « . Ce » maintenant » rappelle les » hodie – aujourdhui » de la liturgie latine, dérivés du Ps 95, insistant sur le fait qu’il faut saisir le salut au moment propice. Herr et jetzt sont placés sur la note la plus haute de la mélodie, avec la même valeur, puisque la mélodie se répète.
Les deux dernières lignes redescendent, dans une résolution qui prépare la prochaine strophe. Le mouvement de forte montée et de redescente lente se reproduit à chaque strophe, comme une pulsation. Ce mouvement ascensionnel vers le Christ se retrouve dans la mélodie de Crüger pour » Wie soll ich dich empfangen « , de Paul Gerhardt, également en 1653.
L’usage du chant :
Le chant se prête très bien à :
a. préparer le fidèle à la Cène, avant la liturgie de la Cène.
Pour cela, on peut chanter les trois premières strophes,
ou la première et l’une ou l’autre des suivantes.
b. être chanté pendant une grande communion, ambulatoire ou
comprenant plusieurs cercles,. Pendant la communion
des uns, les autres chantent, soit tout le chant, soit les
strophes 4 à 7, si on a chanté le début auparavant.