AMOUR DU CHRIST
TU DIS : JE SUIS CHRETIEN
Du sagst : ich bin ein Christ
Johann Adam Hasslocher 1645-1726
Mélodie : O Gott, du frommer Gott
1. Tu dis : je suis chrétien ! A. Introduction
Que ta vie et ton œuvre
Démontrent que ta foi
Rapporte un fruit qui dure !
Ce que Dieu te prescrit,
Veux-tu le faire bien,
Devenir accompli
Et être un vrai chrétien ?
2. Tu dis : je suis chrétien ! Amour du Christ
L’est seul celui qui aime
Jésus, son saint Sauveur,
Autant que lui nous aime,
Qui fait sa volonté
Et son commandement,
Qui dit la vérité
Et se tient humblement.
3. Tu dis : je suis chrétien ! Amour du bien
Si tu veux vraiment l’être,
Tu dois aimer le bien
Et tout à Dieu remettre ;
Mais n’aime pas Jésus
Qui aime le péché,
N’est pas chrétien non plus
Qui ne veut pas changer.
4. Tu dis : je suis chrétien ! B. Parole et
J’ai eu le saint baptême Sacrements :
Avec le sang du Christ Baptême
Mélangé à l’eau même.
Mais as-tu maintenu
L’alliance avec ton Dieu ?
As-tu gardé Jésus,
L’as-tu devant tes yeux ?
5. N’as-tu donc pas brisé
Depuis longtemps l’alliance ?
As-tu exécuté,
De cœur, avec confiance
Ce que demande Dieu ?
Mais le vieil homme en toi
Prospère d’autant mieux
Que tu ne le sais pas !
6. Tu dis : je suis chrétien ! Parole de Dieu
Le scrute la parole
De Dieu, je la relis,
Et elle me console.
Mon cher, as-tu donc fait
Ce que le Livre veut ?
Chrétien, aucun ne l’est
Qui n’y entend pas Dieu.
7. Tu dis : je suis chrétien ! Pénitence
J’avoue toutes mes fautes,
Confesse mes péchés
Et veux que Dieu les ôte.
Mais, dis-moi, mon ami :
D’absoudre tes péchés
Te donne-t-il envie
D’enfin t’améliorer ?
8. Mais tu n’as pas changé !
Tes actes, mots et gestes,
N’ont pas évolué :
Les vieux démons te restent.
Et ce qui semble bon,
Si on l’observe bien,
N’est que désillusion,
S’avère n’être rien.
9. Tu dis : je suis chrétien ! Ste Cène
Tu cherches dans la Cène
Qu’institua Jésus
La force souveraine.
Mais ce repas, dis-moi,
Agit-il sur ton cœur,
Produit-il son effet
Et te rend-il meilleur ?
10. Tu dis : je suis chrétien ! Culte
Je prie, j’entends, je chante
Dans la maison de Dieu
Chez qui je me présente.
C’est bien, mais si tu fais
Cela bien loin de Dieu,
Où est alors l’effet,
S’il n’en sort pas un mieux ?
11. Tu dis : je suis chrétien ! C. Œuvres
Mais il me faut pour preuve
Voir si ce que tu fais
Peut s’appeler bonne œuvre.
Car qui veut se vanter
D’appartenir à Christ
Doit bien se comporter
Et selon son Esprit.
12. Es-tu un tel chrétien,
Il faut que dans ton âme
Tu sois tel que Jésus,
Serviable et que tu aimes.
Que sorte de ton cœur
L’amour, la vérité,
Comme on voit au Seigneur
Avec l’humilité.
13. Aussi longtemps qu’en toi
Je sens cette imposture,
L’orgueil, l’amour de soi,
Qui dans ta vie perdurent,
Qu’au lieu de la douceur,
Le mal règne et l’envie,
Je vois là que ton cœur
Est loin de Jésus-Christ.
14. Dis-tu : je suis chrétien
Et suis heureux de l’être,
Dis-toi que les païens
En font autant peut-être !
Et s’ils ont fait du bien,
Ceux-ci t’accuseront,
Quand le Seigneur revient
Pour juger les nations.
15. Ne te dis pas chrétien,
Si le bilan de l’œuvre
N’éclaire pas en bien
Ce que ta vie en montre ;
Il faut plus que des mots
Pour que l’on soit chrétien.
Car pour l’être il te faut
Sans cesse aimer le bien.
16. Donne ta grâce, ô Dieu, D. Prière
Pour qu’ainsi je parvienne
A être un vrai chrétien
Qui garde et qui maintienne
En tout la volonté
D’aller chez toi, Seigneur,
Et d’être et de rester
Toujours ton serviteur.
Texte Du sagst : ich bin ein Christ
Hasslocher Johann Adam
1645 Speyer -1726 Weilburg
dans « Christliche / Morgen= und / Abend =
Gebeter, / Auf alle Tage in ter / Wochen, /
durch : D.Johann Habermann. /
samt schönen Beicht = Communion = und
andren Gebetern; / wie auch /
Morgen = Abend = und andere / neue Lieder. /
(trait horizontal)
Reutlingen, /
gedrukt mit Fischer = und Lorentzichen /
Schriften 1808 »
page 188
fr. : Yves Kéler, 16.4.2012 Bischwiller
Mélodie O Gott, du frommer Gott II
Regensburg (Ratisbonne)1675,
Meinigen 1693, 1854
RA 384, EKG 383, EG
fr. : Je suivrai Jésus-Christ
LP 253, ALL 44/10
Le texte
Ce chant fait partie des chants catéchétiques, qui visent à apprendre à connaître Dieu et se connaître. C’est un examen de conscience sous la forme d’un dialogue. Au lieu que le fidèle se pose les questions, selon les formulaires habituels à l’époque, et trouve les réponses écrites dans ces derniers, un autre pose les questions et remet en question les déclarations de celui qui dit : « Je suis chrétien. » Le dialogue est à la fois personnel et intérieur, et communautaire et public, puisqu’il est formulé comme un chant, qui pourra se chanter dans sa chambre ou dans le culte.
Le chant se divise en 5 parties :
Str. 1 : une introduction
Str. 2-3 : deux strophes sous le thème de l’amour,
l’amour du Christ (str 2) et du prochain (str. 3) .
Str. 4-10 : une réflexion sur la Parole de Dieu et les sacrements,
dans l’ordre chronologique d’apparition dans la vie du chrétien :
le baptême et son alliance (str. 4 et 5) ; la Parole consciente
(str. 6) ; la pénitence (str. 7 et 8) ; la Sainte Cène (str. 9) et le
culte (str. 10).
Str. 11-15 une réflexion sur les œuvres du chrétien : l’œuvre bonne
(str. 11) ; l’imitation de Jésus (str. 12) ; l’hypocrisie (str. 13) ;
les païens et leurs œuvres (str 14) et le bilan
de tes œuvres (str. 15)
Str. 16 une prière finale
Toute cette réflexion veut contrer les déclarations de ceux qui prétendent « faire leur devoir. » Dans l’Eglise protestante allemande du 18e Siècle, déjà au début du siècle, le rationnalisme et le piétisme avaient introduit la notion de « Pflicht –devoir. » La piété consistait à accomplir ses devoirs de chrétien, comme un code moral envers Dieu et les hommes. On entendait dire « Was will denn der ? Ich tue doch meine Pflicht! – Que me veut celui-là ? J’accomplis donc mon devoir ! » L’auteur combat cette façon de penser et de parler. Il est lui-même marqué par le piétisme de Spener et exige un christianisme authentique. Il est donc intéressant de trouver en 1808 ce chant des années 1700 dans cette fonction. Reutlingen est dans le Würtenberg, très marqué par le piétisme. Nous avons ici un bon exemple de cette influence.
La mélodie
« O Gott, du frommer Gott II », datée de Ratisbonne de 1675 – Meiningen 1693, est celle proposée par le livre de Reutlingen. Elle porte bien le texte, par sa tendresse et son aller-retour, qui exprime bien les allées et venues de la pensée. Elle est à la fois méditative et allante, évitant que le chant et sa thématique piétinent. Chanter retenu et allant, sans traîner.