VEILLEZ, ENFANTS DES HOMMES (trad) Mit Ernst, ihr Menschenkinder, Avent, Pénitence to

AVENT
PENITENCE

VEILLEZ, ENFANTS DES HOMMES
           Mit Ernst, ihr Menschenkinder

                        Pierre Lutz
                        Yves Kéler

     Mélodie : Von Gott will ich nicht lassen

1. Veillez, enfants des hommes,       Thilo

   A préparer vos cœurs !                 RA 1   

   Des pécheurs que nous sommes   EG 1

   S’approche le Sauveur.

   Le merveilleux héros,

   La vie et la lumière,

   Envoyé par le Père,

   Se charge de nos maux.

.

2. Chassez des cœurs le doute,       Thilo

    Préparez chemin ;                      RA 2

    Aplanissez la route,                    EG 2

    Renoncez au Malin.

    Abaissez les sommets,

    Comblez toute vallée

    Et tracez une allée

    Au travers des forêts.

.

3. Aux humbles Dieu fait grâce         Thilo

    Et leur fait bon accueil.                RA 3

    Dans le néant s’efface                 EG 3

    Celui qu’emplit l’orgueil.

    Seul dans un cœur contrit

    Qui suit ses ordonnances

    Et se garde d’offenses,

    Entrera Jésus-Christ.

.

4. Voilà de Jean-Baptiste             Hannovre

   Le clair enseignement;              1657

   Quiconque à Dieu résiste          ou Thilo ?

   S’expose au châtiment.            RA 4

   Fais de mon cœur, ô Dieu,       EG deest

   Pour ton Fils une crèche,

   Et que toujours je prêche

   Ton amour en tout lieu.

.

5. Fais donc que moi, le pauvre,  Hannovre

    Dans ce saint temps béni,         1657

    Par ta force et ton œuvre,        RA 5   

    T’accueille en cette nuit.          EG 4

    Jésus, entre en mon cœur,

    Fais-en pour toi la crèche,

    Que mon cœur et mes lèvres

    Te louent, Christ, mon Seigneur.

.

Texte allemand

1. Mit Ernst, o Menschenkinder,       Thilo

    das Herz in euch bestellt,           RA 1

    bald wird das Heil der Sünder,     EG 1

    der wunderstarke Held,

    den Gott aus Gnad allein

    der Welt zum Licht und Leben

    versprochen hat zu geben,

    bei allen kehren ein.

.

2. Bereitet doch fein tüchtig              Thilo

    den Weg dem großen Gast;          RA 2

    macht seine Steige richtig,            EG 2

    lasst alles, was er hasst;

    macht alle Bahnen recht,

    die Tal lasst sein erhöhet,

    macht niedrig, was hoch stehet,

    was krumm ist, gleich und schlicht.

.

3. Ein Herz, das Demut liebet,         Thilo

    bei Gott am höchsten steht;        RA 3

    ein Herz, das Hochmut übet,       EG 3

    mit Angst zugrunde geht;

    ein Herz, das richtig ist

    und folget Gottes Leiten,

    das kann sich recht bereiten,

    zu dem kommt Jesus Christ.

.

4. Das war Johannis Stimme,       Hannovre

    das war Johannis Lehr.             1657

    Gott strafet den mit Grimme,    ou Thilo ?

    der ihm nicht gibt Gehör.          RA 4

    O Herr Gott, mach auch mich     EG deest

    Zu deines Kindes Krippen,

    so sollen meine Lippen

    die allzeit dankbar sein.

4. Ach mache du mich Armen    Hannovre

    zu dieser heilgen Zeit              1657

    aus Güte und Erbarmen,           RA 5

    Herr Jesu, selbst bereit.            EG 4

    Zieh in mein Herz hinein

    vom Stall und von der Krippen,

    so werden Herz und Lippen

    dir allzeit dankbar sein.

.

Texte Mit Ernst, ihr (o) Menschenkinder

Valentin Thilo 1607-1662

                          Str. 4 Hannovre 1657

                          RA 10, EG 10

                          fr. : Pierre Lutz, str. 1-4

                                 Yves Kéler, str. 5, 4.12.2014

          Mélodie     Von Gott will ich nicht lassen

                          Lyon 1557, Erfurt 1572, 1854

Le texte

l’auteur

Le texte a été composé par Valentin Thilo, né en 1607 à Koenigsberg en Prusse orientale, la même année que Paul Gerhardt (1607-1676.) Il mourut en 1659 à Koenigsberg. Il fut professeur de rhétorique et membre d’un cercle de poètes autour de Simon Dach. Simon Dach (1605-1659) était professeur de poésie à l’Université de Koenigsberg, et a composé lui-même des chants d’Eglise. Les trois hommes étaient contemporains.

le chant et ses variantes

Le chant se trouve sous des formes variables, car il a été allongé de plusieurs strophes. Il semblerait que le chant initial comportait les 3 premières strophes du texte actuel, si l’on en croit EKG et EG. Peut-être 4 strophes, car certains attribuent la strophe 5 de RA « Das war Johannis Stimme » à Thilo. Cette strophe aurait disparu plus tard. Il faudrait vérifier sur les originaux.

EG 1995 donne 4 strophes, dont les incipit sont les suivants :

1. Mit Ernst, o Menschenkinder (1642)
2. Bereitet doch fein tüchtig „
3. Ein Herz, das Demut liebet „
4. Ach mache du mich Armen (1657 Hannoversches Gesangbuch, Lüneburg 1657)

Dans cette forme en trois strophes, le chant est prévu pour le 4e dimanche de l’Avent, car sa fin vise l’arrivée imminente du Christ : « Zieh in mein Herz hinein Vom Stall und von der Krippe – Entre dans mon cœur De l’étable et de la crèche. » Noël est ici imminent. Le contenu pénitentiel est faible. Il est question d ‘humilité et son contraire l’orgueil, sans plus.

EKG 1951 et RA 1952 donnent les mêmes 4 strophes, mais RA en ajoute une, sous le n° de strophe 4, qui fait référence à Jean-Baptiste et à ses paroles : « Das war Johannis Stimme – C’était la voix de Jean. » Ici, la tonalité de la repentance est forte : « Gott strafet den mit Grimme, Der ihm nicht gibt Gehör – Dieu punit avec colère Celui qui ne l’écoute pas. »

La 3e strophe était donc initialement la dernière, car elle parle de l’arrivée imminente du Christ, thème du 4e dimanche de l’Avent, à laquelle « Un cœur qui est juste Et qui suit la conduite de Dieu, Qui peut se préparer correctement, Chez celui-là vient Jésus-Christ – Ein Herz, das richtig ist Und folget Gottes Leiten, Zu dem kommt Jesus Christ. » Cette strophe achève convenablement le chant.

Le « Evangelischer Liederschatz » d’Albert Knapp, 1839, (qui dit : Mit Ernst, ihr Menschenkinder) donne un total de 6 strophes, dont les 3 premières habituelles, et ajoute 3 strophes apparemment plus récentes à en juger par leur style, qui fait penser au 18e siècle. En revanche, la strophe de 1657 « Ach mache du mich Armen » n’est pas mentionnée, ni celle de Jean-Baptiste : « Das war Johannis Stimme. »

double caractère du chant : 3e ou 4e dimanche de l’Avent

Ces variations donnent un double caractère à ce chant, selon le choix des strophes qu’on fera.
Soit il servira pour le 4e dimanche de l’Avent, selon l’indication même de Valentin Thilo qui dit pour ce chant : « Am Vierden Sontag des Advents. Parate viam Domino – Au quatrième dimanche de l’Avent. Préparez le chemin au Seigneur. » Pour cela il faut chanter les 3 premières strophes

Soit il servira au 3e dimanche de l’Avent. Car le chant est devenu le « Wochenlied – Chant de semaine » du 3e dimanche de l’Avent, dimanche consacré à Jean-Baptiste. D’abord parce que les deux premières strophes reprennent les paroles de Jean, dans Luc 3/1-6, elles mêmes citées d’Esaïe 40. Ensuite à cause des strophes actuelles 3 « Ein Herz, das Demut liebet – Un cœur qui aime l’humilité » et 5 de RA 9, « Das war Johannis Stimme – C’était la voix de Jean. » Le thème de la prédication de la repentance de Jean domine ici.

On pourra donc employer le chant pour le 3e ou le 4e dimanche de l’Avent, selon le choix des strophes qu’on fera.

le contenu des strophes

Le chant reprend 2 points de la longue section sur Jean-Baptiste, qui forme une incise dans l’évangile de Luc, au chapitre 3 de Luc. Cette incise va des versets 1 à 22, et couvre 4 péricopes d’Eusèbe, les 17 : prédication générale de Jean, 18 : les publicains, 19 : le baptême d’eau et Jean en prison, et 20 : le baptême de Jésus. La deuxième partie du chapitre, les versets 23-38, péricope 21, sont une deuxième incise dans le déroulement de l’évangile de Luc. Tout le chapitre forme donc une enclave insérée dans le texte de récit de Luc.

Le chant reprend 4-5 d’abord, qui donnent les paroles de Jean citant Esaïe 40/3-4, dans la péricope 17, puis le titre de « plus fort que moi », du verset 16, dans la péricope 19. La section sur Jean-Baptiste forme un ensemble sur la vie et les paroles de Jean, introduit par un solennel « La quinzième année du règne de Tibère César… », qui rappelle les entrées des livres des prophètes : le salut est annoncé l’est dans l’histoire, sous le règne de tel ou tel roi. La naissance de Jésus est aussi annoncée de cette façon solennelle : « Au temps de César Auguste… » Jean est présenté comme le dernier prophète. Cette solennité se ressent dans le chant, qui exprime que quelque chose d’important pour les hommes (Menschenkinder) va se réaliser.

Str. 1 : Elle commence par une exhortation en 2 vers : « Mit Ernst, o Menschenkinder, Das Herz in euch bestellet – Avec sérieux, enfants des hommes, Préparez votre cœur en vous », qui reprend Luc 2/3, « prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés. » La suite de la strophe est le message pour aujourd’hui : « le héros, le salut des pécheurs », annoncé par Jean-Baptiste dans le « Un plus fort vient après moi », Luc 3/16, arrive.

Str. 2 : Cette strophe contient la citation de Luc 3/4 et 5 presque mot pour mot, selon la

traduction de Luther. Elle est le centre du chant :

Bereitet doch fein tüchtig

Den Weg des grossen Gast;

Macht seine Steige richtig,

Lasst alles, was er hasst.

Macht alle Bahnen recht,

Die Tal lasst sein erhöhet,

Macht niedrig, was hoch stehet,

Was krumm ist, gleich und schlicht.

v. 4c : Bereitet

           den Weg des herrn,

      d : und machet seine steige richtig

.

.

v. 5a : alle täler sollen voll werden,     T

      b : alle berge und hugel sollen erniedrigt werden

      c : was krumm ist, soll richtig werden. 

Str. 3 : « Ein Herz, das Demut liebet » : elle sonne comme une phrase de catéchisme. Elle tire la leçon de l’arrivée du Messie et, après l’affirmation biblique, pose une affirmation dogmatique sur la repentance nécessaire au salut. Dans la forme initiale à 3 strophes, elle achevait le chant et formait en même temps une sorte d’exhortation. Ici le messie reçoit son nom, « Seigneur Jésus », qui clôt le chant initial en 3 strophes.repris à la strophe 4

Str. 4 : « Das war Johannis Stimme » : cette strophe supplémentaire est placée comme une conclusion après les 3 premières de Valentin Thilo. Elle contient l’appel à la repentance et le vœu que Christ entre en moi. Elle s’adresse au Père : « O Herr Gott – O Seigneur Dieu. »

Ste. 5 : la 5e strophe, supplémentaire de Hannovre 1657, est résolument une invocation au Christ, cette fois, cité par son nom « Herr Jesu. » Cette prière contient deux thèmes fondamentaux du prépiétisme : 1. Que Christ lui-même nous prépare à son arrivée, puisque seuls et de nous-mêmes nous le pouvons pas. 2. Que le Christ entre en moi.

Le dernier vers est un appel à la piété : « Ainsi le cœur et les lèvres Te seront en tout temps reconnaissants. » C’est une citation de Romains 10/9 : « Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois de tout ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. »

Remarquez l’emploi répété du mot « Herz – Cœur », qui apparaît dans 3 strophes sur 5, et que Pierre Lutz a placé dans chacune des 4 strophes de sa traduction. Je l’ai placé aussi dans la traduction de la strophe 5.

Mélodie

La mélodie « Von Gott will ich nicht lassen » provient de Lyon, de 1557. Il y a eu une forte production musicale, entre autres de Psaumes, à Lyon. Les musiciens les plus connus sont les frères Luppi. Cette mélodie fut reprise à Erfurt en 1572 pour le texte de Ludwig Helmbold (1532-1598), du même nom. La dernière strophe 9 de ce chant « Das ist des Vaters Wille – C’est la volonté du Père » a peut-être inspiré l’auteur de la strophe 4 « Das ist Johannis Stimme – C’est la voix de Jean », de « Mit Ernst, o Menschenkinder. »

Elle exprime la confiance en Dieu, qui ne nous abandonne pas. En même temps que l’humilité du fidèle, qui attend tout de Dieu. Cette notion d’attente et d’humilité a fait prendre pat Thilo cette mélodie pour son chant.