VIENS HABITER DANS NOS ÂMES (rév) Pentecôte to

PENTECÔTE




                VIENS HABITER DANS NOS ÂMES
               Komm, o komm, du Geist des Lebens

          d’après  « Komm, Heiliger Geist, Herre Gott –
                           Viens Saint-Esprit Seigneur Dieu »,
                           de Martin Luther 1524

            Mélodie : Gott des Himmels und der Erden




1. Viens habiter dans nos âmes,                CSp 93/1
    Dieu de lumière et de foi.                      PsMor 81/1     lumière 1
    Viens, embrase de tes flammes             Wü 1, RA 1, EKG 1, EG 1
    Ceux, Esprit, qui croient en toi.             LP 170/1
    Fais sentir à notre coeur            
    Ta présence et ta chaleur.                                         foi 6, amour 7

2. Emplis-nous d’intelligence                    CSp 93/2        intelligence  2
    De bon sens et d’attention,                   PsMor 81/2
    De sagesse et de prudence,                  Wü 2, RA 2,  EKG 2, EG 2
    Et fais qu’en toute occasion
    Nous n’écoutions que ta voix,                                   direction  3
    Prêts à accomplir ta loi.

3. Viens répandre ta lumière                     CSp 93/3        lumière  1
    Sur l’esprit de tes enfants.                   PsMor 81/3
    Que ta grâce salutaire                         deest Wü, RA 3, EKG 3, EG 3
    Veille sur nous en tout temps.              LP 170/2
    Garde vigilants leurs coeurs,
    Pour résister à l’erreur                                              connaisance  5

4. Remplis-nous dans la détresse              CSp 93/4
    De force et de conviction.                    deeest PsMor    force  4
    Soutiens-nous dans la faiblesse,           Wü 7, RA 4, EKG 6, EG 6
    Dans les grandes tentations.                 LP 170/4
    Délivrés par ton amour,
    Nous triompherons toujours !

5. Forme-nous à la prière,                       CSp 93/5          piété foi  6
    Apprends-nous à t’invoquer.                PsMor 81/
    Par toi notre cœur espère                    Wü 5, deest RA, EKG, EG
    Que Dieu va nous écouter.                
    Oui, le Père exaucera,                        
    Quand l’Esprit soupirera !

6. Si tu veux, par la souffrance,               CSp 93/6
    Parle feu, nous épurer,                        deest PsMor
    Donne-nous de la patience                  Wü 6, deest RA, EKG 5, EG 5
    Pour souffrir sans murmurer.
    Quand le mal est le plus grand,
    Rends-nous fermes, forts, constants.                            force   4

8 (7). Saint-Esprit, guide insondable,            CSp 93/8      direction  3
    Toi qui crées en moi la foi,                      PsMor 81/6     foi  6
    Rends mon cœur au Christ semblable,      Wü 7 ? deest RA, EKG, EG
    Fidèle et soumis à toi.                                                   amour  7
    Ton appel est ferme et clair :
    Dompte l’élan de la chair.

7 (8). Quand nous pousse à la dérive       CSp 93/7
    Le Satan par ses efforts,                     deest PsMor
    Oppose à ses tentatives                      Wu 8, RA 5, EKG7, EG 7
    Ton secours puissant et fort.                                         force  4
    Fais que tous ses coups soient vains,
    Qu’il échoue dans ses desseins.

9. Toi qui sais mon impuissance,              CSp 93/9    
    Sois mon aide et ma défense                PsMor 81/7
    Au dernier de mes combats.                 Wü 9, RA 6, EKG 8, EG 8
    Et fais que, victorieux,
    Je voie Jésus-Christ aux cieux.
   

Strophe supplémentaire de LP 170/3, d’origine inconnue

10. Nous n’avons rien en nous-mêmes      deest CSp
      Pour mériter ton pardon,                    deest PsMor 
      Mais en Jésus tu nous aimes :             deest Wü, RA, EKG, EG
      Entends notre intercession !                LP 170/3
      Par le sang de Jésus-Christ
      Renouvelle notre esprit.
   
   
   
         Texte :       Komm, o komm du Geist des Lebens, 9str.
                           Heinrich Held 1658 (1620-1659)
                           RA 128, 6 str. ,
                           EKG, 106, 8 str. ,  EG 134, 8 str. : mêmes strophes
                           Würtenberg 1857, n° 197, 9 str, dont 2 différentes
                           Knapp 1835 donne le même texte que Würtenberg 1857

                           fr. : Viens habiter dans nos âmes, 9 str
                                  Cantiques Spirituels Strasbourg, 1758, N°45
                                  Recueil luthérien de 1850 : même texte
                                  Supplément à la Psalmodie de l’Église des
                                  Frères  = Psalmodie morave 1846, N° 81, en 7 str.
                                  LP 170
                                  révision : Yves Kéler 14.5.2005, 14.8.2011

        Mélodie :      Gott des Himmels und der Erden
                           Heinrich Albert(i) 1642 (1604-1651)
                           RA 233, EG 445
                           Viens habiter dans nos âmes
                           fr. : LP 170
                                 ALL 45/04 Viens habiter dans nos âmes


Le texte

        Le texte allemand donné par les livres récents a connu des raccourcissements et quelques modifications dans les phrases. Il semble que le texte intégral correct est celui de Knapp 1835, qui se retrouve dans Würtenberg 1857, en 9 strophes.

        La traduction française des Cantiques Spirituels de Strasbourg de 1758 suit cette forme en 9 strophes, selon l’habitude de l’époque de traduire toutes les strophes. Elle est la base de toutes les reprises ultérieures du chant. La qualité de la traduction est médiocre, ne serrant pas suffisamment le texte allemand. Mais il faut reconnaître que le texte allemand de Held a une formulation baroque, avec des phrases longues (3 par strophe en moyenne) et moins directe que celle de l’époque de la Réforme, ce qui nécessite du traducteur un travail ardu et précis, chose qui n’a pas été faite ici. De plus, le traducteur n’a pas partout suivi exactement le texte, se laissant aller à sa fantaisie en quelques endroits. C’est ainsi que le don de l’amour, déjà formulé par périphrase dans l’allemand à la strophe 7, n’apparaît pas dans la 7e française.

inversion de deux strophes ?

        Il semble que dans la traduction, les strophes 7 et 8 aient été inversées. En effet la strophe allemande 8 parle du « Teufel, Tod und Spott – Diable, mort et mépris », qui se retrouvent à la 7e française sous « Satan par ses efforts. » De même, dans la strophe allemande 7, « O du Geist der Kraft und Stärke, Der allein das Gute schafft – O Esprit de puissance et de force, Qui seul produis le bien », semble viser l’amour et correspondrait mieux avec la strophe 8 française qui parle de « Rends mon cœur semblable, Fidèle et soumis à toi .»  J’ai donc interverti ces deux strophes, en laissant entre parenthèse leur numéro primitif.

passage du « nous » au « moi »

        Toutes les strophes allemandes tutoient le Saint-Esprit, et parlent des fidèles à la 1e personne du pluriel « nous ». Mais curieusement la traduction des Cantiques Spirituels met les 2 dernières strophes au singulier « mon » au lieu du « nous » qui figurait des strophes 1 à 7. Ce passage du « nous » au « mon » a été conservé dans les reprises ultérieures du texte

les recueils suivants des XVIIIe au XXIe Siècles

        Le Recueil luthérien de 1850 reproduit exactement le texte des Cantiques spirituels, sans indication de source. Dans le Recueil de 1923, qui se réfère nommément aux Cantiques Spirituels, mais sans date, le chant a été amputé de 4 strophes. Nous retrouvons cette traduction dans les Psalmodies moraves de 1846, amputée de 2 strophes. Le texte des Cantiques Spirituels n’a pas été modifié. 

        Les Recueils réformés de 1859 et 1895 ne donnent pas ce chant. Ce qui montre qu’il a passé dans le « Louange et Prière » en 1938 à partir du Recueil luthérien de 1923, en lui enlevant deux strophes encore, ce qui ramène les strophes reprises des 9 de Cantiques spirituels à 3. Alléluia donne une révision-réécriture sans grand intérêt, reprenant les poncifs français actuels, et provenant du recueil suisse Psaumes et Cantiques de 1976, qui montre que son auteur ne s’est pas du tout intéressé à la traduction originale des Cantiques spirituels, pourtant signalée.

        Mais LP 170 a 4 strophes, vu l’ajout d’une strophe étrangère à la traduction des Cantiques spirituels, en l’occurrence la strophe 3 : « Nous n’avons rien en nous-mêmes », placée sous le N°10 plus haut, après le chant en 9 strophes. Cette strophe, probablement tirée d’un autre chant, parle de pardon des péchés, thème étranger à ce chant, autant dans son orignal allemand que dans sa traduction. Car il est basé sur l’invocation positive du Saint-Esprit, et sur la méditation des 7 dons du Saint-Esprit, provenant du Veni Creator de Rhaban Maur.

la source du chant allemand : le cantique de Luther « Komm, Heiliger Geist, Herre Gott », issu du « Veni Creator »,  et les 7 dons du Saint-Esprit

        L’auteur allemand, Heinrich Held, développe les 7 dons du Saint-Esprit du cantique « Veni Creator Spiritus », de Hraban Maurus 809, plus exactement du « Veni Sancte Spitritus, reple tuorum corda fidelium –Viens, Saint- Esprit, remplis les cœurs de tes fidèles. Martin Luther avait traduit le Veni Creator, sous le titre « Komm, Gott Schöpfer, Heiliger Geist » (1524), et le « Veni, Sancte Spritus, reple » sous le titre : « Komm, Heiliger Geist, Herre Gott – Viens, Saint-Esprit, Seigneur Dieu » (1524).

        Ces deux chants reprennent et développent les « 7 dons du Saint-Esprit », comme Harban Maur les avait ordonnés en prenant les 6 premiers d’Esaïe 11/2, qui indique les 6 dons du Messie : « L’Esprit de l’Eternel reposera sur lui, Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l’Eternel. » La sagesse est le bon sens qui permet de mener sa vie convenablement, l’intelligence la capacité de comprendre. L’Esprit de conseil, « consilium », permet de diriger avec d’autres. La connaissance vise la connaissance de la foi, la vraie foi qui sauve. Luther parle de « recht erkennen –connaître avec justesse. » et d’éviter l’erreur. La crainte de l’Eternel est la piété, étendue dans le chant de Held à la prière. Le 7e don est celui de l’amour, selon I Corinthiens 13/13 : « …la foi, l’espérance et l’amour, mais la plus grande des trois est l’amour. »

        Les dons de l’Esprit sont numérotés selon l’ordre d’Esaïe11/2 et « Veni Creator », et signalés dans les diverses strophes en caratères gras :

      1.    lumen : lumière, sapientia : sagesse,
      2.    intellectus : intelligence
      3.    consilium : conseil, director : directeur
      4.    fortitudo : force, virtus : force
      5.    scientia : connaissance
      6.    pietas : crainte de l’Eternel
      7.    amor : amour

        De fait, quand on compare les 2 chants de Luther et celui de Held, on voit que ce dernier s’est inspiré des deux premiers, que tous connaissaient dans l’Église luthérienne allemande et aussi réformée au XVIIe Siècle. Il a suivi plus particulièrement le 2e. tous les mots qui signalent un des dons s’y retrouvent. Le chant de Held est un des nombreux descendants du Veni Creator de Hraban Maur.

        La 9e strophe de Held, qui parle de la mort, s’inspire certainement de la fin du chant de Luther « Komm, Heiliger Geist, Herre Gott. » En effet, Le Veni Creator de Hraban de 809 ne parle pas de la mort du fidèle. De même, la strophe latine du XIe Siècle « Veni Sancte Spritus reple » et sa traduction allemande de 1480 ne font pas allusion à la mort, mais aux seuls dons du Saint-Esprit pour la vie actuelle. En revanche Luther le fait dans son chant cité, dans sa 3e strophe, qui est de lui. Held suit donc le chant de Luther

La mélodie

        Elle est de Heinrich Alberti (1604-1651), destinée à son chant éponyme de 1647. Né le 8.7.1604 à Lobenstein en Thuring, décédé le 6.10.1651 à Königsberg, Prusse orientale. En 1622, disciple de son parrain Heinrich Schütz à Dresde, 1626, étudiant à Königsberg, en 1630 organiste de la cathédrale de cette ville, musicien de la « Kürbisshütte – la hutte de la citrouille », ami de Simon Dach. Créateur du cantique-solo dans l’Église. (Nptice biographique de EKG 1951)

        Cette mélodie a effectivement des caractères du cantique-solo, c’est-à-dire d’un chant qui nécessite une certaine formation. Les paroissiens de l’époque hantaient souvent très bien, et certains compositeurs poussaient dans cette guérison . Johann Schop (1595-1667), un contemporain de Held et de Paul Gerhardt, a composé des mélodies de type, très belles tout en restant accessibles au peuple.

        La mélodie de ce chant doit être chantée dans cet esprit : laisser se développer la ligne mélodique, et chanter rapidement. Les deux premières phrases sont écrites en noires, jusqu’au fein final formé d’une blanche. Les deux lignes finales sont également en noires et s’achèvent chacune par une blanche. Il n’y a donc, sur 6 lignes musicales écrites en noires, que 4 blanches finales. Cette écriture donne de l’allant. Cette forme est celle de EG.

        RA donne malheureusement une forme en 3 / 4 de la mélodie, qui alourdit celle-ci en la faisant traîner. Alléluia a repris cette forme. En sorte que le chant, de légère mélodie « soloartig –de type solo » devient une lourde marche en 3 / 4. Il faut donc impérativement remonter à l’original écrit en noires.