VIENS, REDEMPTEUR DES PAÏENS (trad) Nun komm, der Heiden Heiland, Avent to

AVENT

                                VIENS, REDEMPTEUR DES PAÏENS
                                      Veni, Redemptor gentium
                                  Nun komm, der Heiden Heiland


          Mélodie : Nun komm, der Heiden Heiland

                      Viens, Rédempteur des païens

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1. Viens, Rédempteur des païens,           Esaïe 11/12, 53/11, 62/2
    Montre-toi, enfant divin,
    Que s’étonne l’univers                        Esaïe 52/15
    De ta venue dans la chair !

2. Tu n’es pas fils d’un humain,               Matthieu 1/18-25
    Ton Père est l’Esprit divin.
    Verbe, à nous tu es venu                    Jean 1/14
    D’humanité revêtu.

3. Le sein de la Vierge enfla,                   Matthireu 1/22-23
    Chaste et pure elle resta.
    S’agite en elle un Sauveur :                Luc 1/39-45
    Dans son temple est le Seigneur !       Psaume 11/4

4. Sortant de ce saint palais,                   Psaume 19/6-7
    En héros tu appparais.
    Deux natures sont en toi :                   Nicaenum, Chalcédoine
    Elance-toi comme un Roi !                   Psaume 19/6-7

5. Venu du Père et des cieux,                  Jean 6/33, 41, 53
    Tu remonteras vers Dieu.                    Matthieu 28/20
    Tu descendras chez les morts,             Hébreux 13/20
    Tu règneras en Dieu fort.                    Apocalypse 5/12-13

6. Egal au Père éternel,                          Nicaenum
    En vainqueur tu viens du ciel,              Ps 19/6-7
    Pour enlever de nos corps                   I Corinthiens 15/53-57
    L’infirmité de la mort.

7. Ta crèche luit comme un feu               Pères de l’Eglise
    Dans la nuit, clair, lumineux.               Luc 2/8
    Que la nuit n’y entre pas,
    Mais qu’il en sorte la foi !                    Luc 2/20

8. Louange au Père et au Fils,                 Concile de Nicée
    Louange au très saint Esprit,
    Un Dieu, au commencement,              Concile de Vaison
    Demain, éternellement.

             Texte :             Veni, Redemptor gentium
                                    St Ambroise de Milan, 386  (333-397)
                                    Nun komm, der Heiden Heiland
                                    Martin Luther 1524
                                    RA 12, EG 4
                                    fr. : Yves Kéler, 17.12.2005
                                    
             Mélodie:           Veni, Redemptor gentium
                                    peut-être antique et d’Ambroise ?   
                                    dans sa forme allemande:
                                    Nun komm, der Heiden Heiland
                                    Einsiedeln 12e Siècle, Luther 1524
                                    RA 12, EG 4
                                    fr. : Viens, ô Sauveur des païens
                                          NCTC 163, ARC 304, ALLéluia 31/03

                                Voir sur ce site,   rubrique  » Etudes  » : 
                                    »  Les chants de Martin Luther  « 

             Remarque: 

     Une grande partie des renseignements fournis par cette notice provient des « Handbücher zum Evangelischen Gesangbuch », qui est le EKG 1951, Band I/2: Die biblischen Quellen der Lieder – Les souces bibliques des chants, et Band 3/1 Liederkunde – Renseignements sur les chants, sous « Nun komm, der Heiden Heiland ».

A.  Le texte

Ambroise de Milan

        Cette hymne est d’Ambroise de Milan, appelé communément St Ambroise, qui fut un des grands Pères latins de l’Eglise. Fils s’un préfet d’empire, il naquit à Trèves, en 333, où son père était en poste. Lui-même entra dans les mêmes fonctions, à Milan. C’est là, après, des résistances de sa part et des démèlés avec ses partisans qui voulaient le faire élire contre sa volonté, qu’il devint évêque en 374, jusquà sa mort en 397. Grand orateur, d’une spiritualité profonde, excellent théologien et écrivain, il combattit avec succès l’arianisme. Son disciple le plus connu est St Augustin, qui se convertit du manichéisme dualiste et de l’arianisme grâce à son influence.

        Ambroise était un trinitaire nicéen convaincu. Le concile de Nicée s’était tenu en 321. Celui de Constantinople, qui reprend les thèses de Nicée en les affermissant, se tiendra en 381, mais Ambroise n’y participera pas. Ce concile fut en réalité surtout grec et oriental, mais ses thèses furent approuvées en Occident, sauf par les ariens. Ceux-ci étaient très puissants dans le Nord de l’Italie. Les splendides églises et monuments ariens et catholiques juxtaposés de Ravenne en sont un remarquable témoignage.

        Ambroise a composé huit hymnes, avec certitude. Quelques autres textes lui sont attribués. On a longtemps dit qu’il était l’auteur, puis plus tard le traducteur, du Te Deum de Nikétas de Rémésiana (Serbie actuelle). Que la traduction soit de lui n’est pas certain. Mais cette attribution montre à la fois le génie théologique et hymnologique qu’on lui reconnaît dès le début, et que le combat contre l’hérésie arienne et les divers monophysismes se faisait par les chants du culte. Les chants sont en effet un vecteur puissant de la théologie dans le peuple et ses dirigeants, à travers la célébration commune de Dieu, du Christ et de l’Esprit.

         On place l’hymne  » Veni, Redemptor gentium  » après 374, mais avant 381, pour diverses raisons techniques(Quoique certains la situent en 386, cf EG 4), c’est-à-dire entre les deux conciles. Elle a la structure dèjà classique de l’hymne latine : des vers de 8 pieds, en 7 strophes. A ces hymnes, on a ajouté très tôt une doxologie trinitaire, pour affirmer l’enracinement nicéen. Cette tradition est née à Milan justement, au cours du 4e Siècle, après la mort d’Ambroise. Elle fut confirmée et appliquée aux Psaumes par le Concile de Vaison-la- Romaine, au début du 6e Siècle. Chaque vers développe une idée indépendante: la syntaxe est essentiellement la succession juxtaposée de quatre phrases de huit pieds, séparées par une virgule et terminées par un point. Les autres grandes hymnes d’Ambroise ont huit strophes. Cette taille était habituelle (on trouve des hymnes de 5, de 3 et même de deux strophes. La longueur des textes dépend de la fonction du chant dans le culte).

Les sources et la composition du chant

a. Nicée-Constantinople, l’AT et le NT

        La source principale est la formulation de Nicée-Constantinople, que nous trouvons résumée dans le Crédo de ce nom. Le centre du chant est :  » Qui, propter nos et nostram salutem, descendit de coelis. Et incarnatus est de Spiritu sancto ex Maria Virgine – Qui, pour nous et notre salut, est descendu des cieux. Il s’est incarné du Saint-Esprit par Marie, la Vierge « . A partir de là, Ambroise illustre le mouvement du Fils :  » descendit – il descendit », en le traduisant par  » veni – viens « , repris des prophètes et de Luc, et en le transformant en invocation de prière.

        Deux références vétérotestamentaires centrales : le prophète EsaÏe, dans 11/10 et 7/14, puis IIème Esaïe : 53/11 et 62/2 ; et le Psaume 19, avec sa belle image de l’époux-héros qui s’élance comme le soleil de son palais céleste. Les deux références centrales du nouveau Textament sont Luc2/18ss et Jean 1/5-7. Quatre textes bibliques fondamentaux forment l’illustration des thèses nicéennes.

b. la naissance virginale du Christ

        Un problème intéressant est le sort des strophes 2 et 3 d’Ambroise dans le protestantisme. En voici le texte et la traduction littérale :

        2.  Non ex virili semine,              Non d’une semence d’homme,
             Sed mystico speramine,         Mais d’un mystique sperme,
             Verbum Dei factum caro,        Le Verbe est fait chair,
             Fructus ventris floruit.             Le fruit du ventre s’épanouit.

        3. Alvus tumescit Virginis,           Le sein de la vierge enfle,
            Claustrum pudoris permanet,   La barrière de la pudeur demeure,
            Vexilla virutum micant,            Les étendards de la vertu flottent,
            Versatur in templo Deus.         Dieu est dans son temple.

        Ces deux strophes parlent de la conception virginale du Christ, conformément à Matthieu 1/18-25 :  » Non ex virili semini, Sed mystico speramine – Non d’une semence humaine, mais d’un sperme mystique « . La thèse de  » Maria semper virgo – Marie toujours vierge  » est traduite par :  » Claustrum pudoris permanet – la barrière dela pudeur demeure  » et  » Vexilla vitutum micant – les étendards de la vertu flottent « . Ambroise ne suit pas Luc 2/7 :  » elle enfanta son fils premier-né – prôtotokos – primogenitus « , qui suppose que Marie a eu d’autres enfants, dont Luc parle en 8/19-20 et Matthieu en 13/55. C’était déjà la tendance dans l’Antiquité, due à l’ascétisme et à la glorification de la virginité, de nier les autres enfants de Marie.

       Mais on peut constater qu’Ambroise ne dépasse en rien le texte biblique. On n’est pas encore dans le catholicisme ancien et les débuts de la vénération de la Vierge . Celle-ci se montrera, peu de temps après il est vrai, avec le Concile d’Ephèse de 431 (4e Concile œcuménique),  définissant Marie comme  » théotokos – mère de Dieu « , en ce sens que la nature divine du Christ, en même temps que sa nature humaine, est née de Marie. Le Concile de Chalcédoine, en 451 (5e Concile œcuménique), confirmera Nicée-Constantinople et Ephèse en affirmant les deux natures en Christ, l’humaine et la divine, éliminant ainsi l’arianisme et les divers monophysismes. Les formulations de ces 4e et 5e Conciles oecuméliques sont acceptées par les protestants, donc aussi  » Maria théotokos – Marie, mère de Dieu « . Les définitions des conciles ultérieurs ne sont plus routes acceptées par les protestants, qui reconnaissent unaniment les cinq premiers Conciles, dits de ce fait œcuméniques et qui sont. Jérusalem 52 ; Nicée 321 ; Constantinople 381 ; Ephèse 431 ; Chalcédoine, 451.

        Luther, conformément à cettre tradition conciliaire, a traduit sans problème ces deux strophes. Plus tard, on a eu des scrupules, à cause des abus mariologiques de l’Eglise romaine, et on a enlevé ces deux strophes. En particulier à cause de prière de l’Ave Maria : celle-ci introduit  » Marie  » dans le texte biblique de la salutation d’Elisabeth :  » Je te salue (Marie) pleine de grâce « , et ajoute une demande :  » Sainte Marie, mère de Dieu, prie(z) pour nous, pauvres pécheurs… « , dans laquelle cette formulation théologique devient une invocation de prière à une personne non divine. Richard Paquier, qui a fait une traduction de ce texte en 4 strophes, omet également les strophes 2 et 3 d’Ambroise.
       
c. les Psaumes

        Une source essentielle est celle des Psaumes, qui apparaissent deux fois :

         Nous avons déjà signalé le Psaume 19, cité à la strophe 4. Ici est décrite la splendeur de la création, révélée dans les mouvements du ciel, des étoiles, la nuit, et du soleil, le jour . Les images cosmologiques du temps sont magnifiquement employées : l’étendue = le ciel couvre la terre plate, et les étoiles qui y sont fixées, immobles sur la voute mobile, émettent un chant silencieux. Et le soleil, qui a passé la nuit dans une tente, de l’autre côté de la terre, en ressort le matin, comme un époux qu’on a chamarré en secret, et court à la rencontre de l’épouse:   » …aux extrémités du monde, où il a dressé une tente pour le soleil. Et le soleil, semblable à un époux qui sort de sa chambre, s élance dans la carrière (=sur la piste sablée du stade) avec la joie d’un héros. Il se lève à une extrémité des cieux, et il achève sa course à l’auttre extrémité : Rien ne se se dérobe à sa chaleur « . La strophe 4 dit :

        Geminae Gigas substantiae,       Le géant (=héros) de double substance 
        Alacris ut currat viam.                Joyeux de courir sa route.

        L’autre Psaume est le 11, verset 4 :  » L’Eternel (=Yhavé) est dans son saint temple, L’Eternel a son trône dans les cieux « . S’agit-il du temple céleste ou du terrestre? des deux probablement. Cette parole a une forme liturgique, et servait peut-être comme proclamation dans le culte. Ici elle semble employée pour encourager un croyant en difficulté :  » Dieu, qui règne au ciel, est aussi dans son temple terrestre – rappelle-toi la proclamation – c’est pourquoi il est digne de confiance.  » Cette formule est reprise dans Habacuc 2/20 avec une connotation nettement liturgique: « L’Eternel est dans son saint temple. Que toute chair fasse silence devant lui ». Une attitude à adopter est demandée: le silence sur la terre et dans le temple au moment du sacrifice, lorsque Dieu vient en humer « la bonne odeur » Dans Sophonie 1/7, pour le premier temple, et Zacharie 2/13, pour le second temple, la même affirmation sur Dieu et le même appel au silence figurent, en rapport avec le sacrifice. Pour cette raison, cette dernière phrase apparaît dans la liturgie de la Cène, pour signifier la présence réelle du Christ, qui a sacrifié sa vie pour le peuple.

        Ambroise reprend la formule du Psaume et d’Habacuc :  » Dominus est in templo sancto suo (Vulg) « ,  et l’applique au Christ :  » Versatur in templo Deus « .  » Dominus « , traduction habituelle de Iahvé dans la Bible latine (Kyrios en grec), est remplacé par  » Deus « , appliqué ici au Christ, en vertu de sa double nature divine et humaine. Le  » templum sanctum  » est le sein de Marie. Ambroise l’appelle aussi  » Aula regia  » : salle royale de réception des souverains (str 4). Les Romains appelaient ainsi la salle dans laquelle l’Empereur recevait ses visiteurs officiels. Le sein de Marie est donc la salle qui accueille le Christ, empereur du monde, qui à son tour accueille les représentants de son peuple : les bergers, et ceux des nations : les mages. Ambroise connaissait bien l’aula regia de Trèves, dans laquelle officiait son père. Ce bâtiment existe toujours et est devenu l’église protestante de Trèves.

B.  La mélodie

        Elle est une mélodie grégorienne ancienne, attestée dans sa forme d’avant Luther au 11e Siècle, au monastère d’Einsiedeln, en Suisse, lequel a joué un rôle musical important à l’époque romane. Il semble qu’elle soit très ancienne. Luther a simplifié la mélodie, comme il l’a d’ailleurs fait dans d’autres cas, comme  » Christum will sollen loben schon « , pour rendre le chant accessible au peuple. Ces mélodies étaient surtout chantées par les moines dans les couvents, au cours des offices des heures, et peu dans la messe, à l’église séculière. Luther les a fait entrer dans le peuple de l’Eglise.

       La mélodie se caractérise par une grande courbe qui englobe tout le chant, et courbe composée de quatre courbes successives, qui couvrent chaque fois un vers. La note de départ, la podale  (celle du  » pied  » sur lequel on retombe toujours), est le sol. Sur ce ton, le chant commence et finit. Le premier et le dernier vers commencent et s’achèvent par le sol. Le deuxième commence et le troisième finit par ce ton. Entre les deux, la courbe monte vers son sommet, à la fin du vers 2 et au début du vers 3. La coube fait comme une colline à deux flancs montants, avec une double bosse au milieu. La mélodie très serrée en six tons produit un effet de répétition insistant, et suggère la marche du Messie qui vient, accomplit son œuvre, et repart.
 

C.  L’emploi du chant

        Ce chant est caractéristique de l’Avent. Il introduit à la fois à Noël, et à la suite de l’année de l’Eglise , jusqu’à l’Ascension. A cause de cela, on l’emploie d’abord au premier de l’Avent, sous le thème : le Seigneur qui vient. Il se place bien aussi au 2e, sous le thème : le Sauveur qui vient. Le 4e de l’Avent, juste avant Noël, est aussi possible.

        On peut le diviser en deux, et placer la première partie : str 1-3, comme graduel entre les lectures, et la deuxième, str 4-8, avant la prédication.

        Si on est gêné par l’emploi des strophes 2 et 3, on peut les laisser, et découper ainsi : str 1+4, puis 5-8

D.  Textes originaux latin et allemand

1. Texte latin et sa traduction littérale

1. Veni Redemptor gen-ti-um,       (8 pieds)                              
         Viens, Rédempteur des païens
    Ostende partum Virginis,
         Montre (toi) l’enfant de la Vierge,
    Miretur omne saeculum :
         Que s’étonne le monde entier :
    Talis decet partus Deum.
         Une telle naissance convient à Dieu.

2. Non ex virili semine,     
         Non d’une semence d’homme,
    Sed mystico speramine,  
         Mais d’un mystique sperme,
    Verbum Dei factum caro,  
         Le Verbe est fait chair,
    Fructus ventris floruit.  
         Le fruit du ventre s’épanouit.

3. Alvus tumescit Virginis,
         Le sein de la vierge enfle,
    Claustrum pudoris permanet, 
         La barrière de la pudeur demeure,
    Vexilla virtutum micant,   
         Les étendards de la vertu flottent,
    Versatur in templo Deus.    
         Dieu est dans son temple.

4. Procedens de thalamo suo,
         Sortant de sa chambre nuptiale,
    Pudoris aula regia,
         De la salle d’audience royale,
    Geminae Gigas substantiae,
         Héros de double substance,
    Alacris ut currat viam,
         Joyeux de courir sa route,

5. Egressus ejus a Patre,
         Son départ est du Père,
    Regressus ejus ad Patrem,
         Son retour est vers le Père,
    Excursus usque ad infernos,
         Son détour est vers les enfers,
    Recursus ad sedem Dei.
         Sa rentrée est vers le siège de Dieu.

6. Aequalis aeterno Patri,
         Egal au Père éternel,
    Carnis tropaeo accingere,
         Pour remporter le trophée de la chair,
    Infirma nostri corporis
         Faible, de notre corps*
    Virtute firmans perpeti.       
           Affermissant, pour soutenir, par la force*
  
        * Pour soutenir, en la fortifiant,la faible force de notre corps

7. Praesepe jam fulget tuum,    
           Dès maintenant ta crèche brille,
    Lumenque nox spirat novum,
           Et la nuit souffle une lumière nouvelle,
    Quod nulla nox interpolet,
            Qu’aucune nuit ne doit altérer,
    Fideque jugi luceat.
            Et qui doit luire d’une foi inépuisable.

2.  Traduction de Luther et sa traduction littérale (RA 12, EG 4)

1. Nun komm, der Heiden Heiland,
           Maintenant, viens, Sauveur des païens,
    Der Jungfrauen Kind erkannt,
           Fils de la Vierge reconnu,
     Dass sich wunder alle Welt,   
           Que le monde entier s’étonne
     Gott  solch Geburt ihm bestellt.
           Que Dieu (lui) te donne une telle naissance.

2. Nicht von Manns Blut noch von Fleisch,       Ici Luther prend quelques
           Non de sang ou chair d’un homme,         libertés avec la rime ! Il se
    Allein von dem Heilgen Geist                    contente d’assonances.
           Seulement du Saint-Esprit
    Ist Gotts Wort worden ein Mensch
           Est devenu homme le Verbe de Dieu
    Und blühet ein Frucht Weibs Fleisch.
           Et fleurit une chair fruit de femme.
 
3. Der Jungfrau Leib schwanger ward,
           Le corps de la Vierge devint enceint,
    Doch blieb Keuscheit rein berwahrt,
           Pourtant la chasteté resta pure,
    Leucht’ herfür manch Tugend schon:
           (Ses) nombreuses vertus brillèrent,
    Gott da war in seinem Thron.
            Dieu était là en son trône.

4. Er ging aus der Kammer sein,
            Il sortit de sa chanbre,
    Dem königlichen Saal so rein,
            De la salle royale si pure,
    Gott von Art und Mensch, ein Held;
            Dieu de nature et homme, un héros,
    Sein Weg er zu laufen er eilt.
            Il se hâte de courir sa route.

5. Sein Lauf kam vom Vater her
            Sa course vint du Père,
    Und kehrt wieder zum Vater,
            Et retoura au Père,
    Fuhr hinunter in die Höll
            Descendit dans l’enfer
    Und wieder zu Gottes Stuhl.
            Et ramèna au siège de Dieu.

6. Der du bist dem Vater gleich,
            Toi qui es égal au Père,
    Führ hinaus den Sieg im Fleisch,
            Mène la victoire dans la chair,
    Dass dein ewig Gottsgewalt
            Afin que ton éternelle puissance divine
    In uns das krank Fleisch erhalt.
            En nous soutienne la faible chair.

7. Dein Krippen gläntzt hell und klar,
            Ta crèche luit lumineuse et claire,
    Die Nacht gibt ein neu Licht dar.
            La nuit donne une lumière nouvelle,
    Dunkel muss nicht kommen drein,
            L’obscurité ne doit pas y pénétrer,
    Der Glaub bleibt immer im Schein.
            La foi reste toujours dans l’éclat lumineux.

    Doxologie

8. Lob sei Gott dem Vater g’tan,
            Louange soit rendue à Dieu, le Père,
    Lob sei Gott, dem ein’gen Sohn,
            Louange soit à Dieu, le Fils unique,,
    Lob sei Gott, dem Heilgen Geist,
            Louange soit à Dieu, le Saint-Esprit,
    Immer und in Ewigkeit. (Amen)
            Toujours et pour l’éternité. (Amen)

        On remarque, si on compare avec le latin et sa traduction littérale, que Luther traduit très précisément le texte d’Ambroise. La volonté des Réformateurs, allemands comme français et autres, était de traduire exactement, afin que le texte, qui se chantait jusque là en latin, se chante désormais en allemand ou en français, ou en quelque langue du peuple que ce soit, et si possible sur la même mélodie. C’est pourquoi un grand soin a été accordé à l’héritage de l’Eglise antérieure à la Réforme et à sa traduction, pour les cantiques chez les Luthériens, pour les Psaumes chez les réformés.

E.                  Pour la traduction de Richard Paquier, je renvoie à son chant
           
                                              » Rédempteur du genre humain  » , 

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