Quand la licorne est capturée
Mélodie posible : strophes : Vater unser im Himmelreich
refrain : O Christe, Morgensterne
Lobt Gott, ihr Christen alle gleich
1. Quand la licorne est capturée,
A la cour elle est présentée,
Prise en le piège des chasseurs.
Elle s’étire, elle est dressée,
La plaie dont elle était blessée
Guérit d’un venin vipérin.
Refrain
Alléluia, venez, chantez
Le saint Agneau qui meurt,
Alléluia, tous acclamer
Alléluia, louez
Le grand lion vainqueur
Refrain
2. Le pélican était blessé :
Pour le péché il a laissé
Sa vie et nourrit ses enfants.
Le feu du phénix s’est éteint,
Les vieux péchés s’enfuient au loin,
Brûlés qu’ils sont entièrement.
Refrain
3. Au crocodile l’hydre entra
L’éviscéra et le tua,
De là il s’en revint vivant.
Trois jours le lion a dormi :
La voix de Dieu lui rend la vie,
Dieu roi puissant et rugissant
Refrain
1. Unicornis captivatur, *
Aulae regum praesentatur,
Venatorum laqueo
Paio serpens est levatus,
Medicatur sauciatus
Veneno vipereo.
Refrain
Alleluia canite
Agno morienti
Alleluia pangite
Alleluia promitte
Leoni vincenti
Refrain
2. Pelicano vulnerato
Vita redit pro peccato
Blece stratis misera,
Phos Phoenicis est exusta
Concernaturque vetula
Moeroeesmi scelera
Refrain
3. Hydrus entrat crocodilium,
Extirpavit, necat illum
Vivus inde rediens ;
Tres diebus dormitavit
Leo, qui ressuscitavit
Basileus rugiens.
Refrain
* texte incertain, contient des erreurs
Texte Unicornis captivatur
Manuscrit d’Engelberg, Suisse, 14e siècle
dans Analecta Hymnica Medii Aevi XXI, p.36
Lieder und Motetten des Mittelalters
Guido Maria Dreves, Leipzig, O.R. Reisland, 1895
Strophes :
Mélodie : Vater unser im Himmelreich VI 8.8, 8.8 / 8.8, 8.8
15e Siècle, frères moraves 1531
Martin Luther 1539
RA 211, EG 344
fr. : O Père qui es dans les cieux
NCTC 235, ARC 576, ALL 62/24
Refrain :
Mélodie Lobt Gott, ihr Christen alle gleich
Nikolaus Hermann 1560
RA 37, EG 27
fr. : Sur tout peuple assis dans la nuit
LP 113, NCTC 158, ARC 364
Alléluia 2005 32/10
Mélodie O Christe, Morgensterne
1536, 1585, bei Bartholomäus Gesius 1605
RA 258, EG 158
Le texte
Le texte est une hymne de Pâques qui célèbre le Christ ressuscité à travers les symboles médiévaux du Christ.
Strophe 1 : la licorne : unicornis, alld :Einhorn, qui a une seule corne, souvent torsadée dans les représentations. La licorne est le symbole de la pureté du mâle, c’est pourquoi elle apparaît dans le roman courtois du 12e siècle comme la représentation de l’amant idéal, qui va poser sa tête sur la femme aimée. C’est un amour platonique et littéraire, comme souvent dans le roman courtois et le Minnesang allemand. Vu sa rareté et son caractère exceptionnel, la licorne est chassée, et il arrive qu’elle soit blessée, mais elle sait se guérir elle-même grâce au poison de la vipère et à son caractère d’immortalité. C’est là qu’elle devient une image du Christ, chassé par ses ennemis, blessé à mort, mais qui ne peut mourir à cause de sa divinité. L’image de la vipère rappelle le verset de la Bible : »Tu lui écraseras la tête du talon : la vipère écrasée devient médicament de vie nouvelle.
Strophe 2 : le pélican : selon la légende, il s’ouvre la poitrine et nourrit ses petits de son sang, puis meurt semble-t-il. Mais cette image de la mort n’est pas accentuée. L’idée que le Christ donne son sang pour nous est dominante, en tant q’illustration de l’amour du Christ. Cette légende a sa source dans le fait que le pélican régurgite sa nourriture pour la donner à ses petits. Mais il ne perce pas son flanc, il ouvre sa poche de nourriture et les petits y puisent. La blessure au flanc du Christ a conduit à l’image du pélican qui perce sa poitrine pour nourrir les siens.
le phénix : cet animal ressuscite du feu qui le consume. Ici, le feu s’est éteint faute de nourriture, parce que tous les péchés ont été brûlés et le phénix est mort. Mais il renaîtra de ses cendres. Il semble que cette légende ait sa source dans l’observation de certains oiseaux qui s’approchent du feu et écartent leurs rémiges pour laisser passer la chaleur. Ce comportement est analogue à celui de l’ébrouement de certains oiseaux dans les flaques d’eau. Ce serait une forme de nettoyage des parasites qui habitent le plumage de l’oiseau.
Strophe 3 : l’hydre : cet animal fabuleux aux 7 têtes qu’il fallait couper d’un coup, était l’image du mal renaissant après chaque tentative de l’éradiquer. Dans la symbolique chrétienne, il devient le Christ, qui est le mal qui va tuer le mal par sa mort. Le Christ se glisse dans le crocodile, représentation fréquente du diable au Moyen Age, le dévore par l’intérieur et le fait ainsi mourir. Le Christ devient la mort de la mort. Cette image est issue du prophète Osée 13/14, selon la Vulgate : « Ero mors tua, o mors, Ero morsus tuus, infern » – Je serai ta mort, ô mort, Je serai ta morsure, enfer . » Martin Luther l’a reprise dans son célèbre cantique de Pâques « Christ lag in Todes Banden – Le Christ reposait dans la mort.» : « La vie dévore l’Ennemi, Une mort mange l’autre. Alléluia ! »
le lion : symbole de la force, il meurt et ressuscite comme un héros fabuleux. L’image a sa source dans le lion que Samsom déchire et dans le corps duquel un essaim d’abeilles s’est installé. Juges 14/18 en dit : « Quoi de plus doux que le miel et de plus fort que le lion. » Ici le force du lion mort est mise en évidence : du faible sort le fort. Le Christ est souvent représenté par Samson qui tue le lion dangereux, mais aussi identifié au lion dont le pouvoir de douceur donne la vie.
Le lion est un symbole ambivalent. Il est tantôt la représentation du diable qui rôde pour dévorer les fidèles, comme dans l’épître de Pierre, tantôt le héros triomphant, le lion de Juda, l’héritier des rois juifs. De ce fait, il ne peut rester dans la mort, il doit ressusciter. Celui qui le réveille est Dieu, appelé le Roi, qui rugit. A la voix du Père lion le Fils lion revient à la vie.
Ce chant est une remarquable composition pour Pâques faite avec ces différents symboles. Il est difficile à chanter par l’assemblée, à cause de ses deux mélodies, mais une chorale peut très bien l’exécuter.
Traduction française (Internet)
La licorne est capturée de Gjeilo, Ola
La licorne est capturée
On la présente à la cour royale dans le piège des chasseurs,
En rampant, elle se libère de la flèche;
Car elle est blessée, et elle se soigne elle-même
Avec le venin de la vipère
Chante Alleluia
A l’agneau mourant,
Chante Alleluia,
Pleure Alleluia
au Lion victorieux.
Le Pélican blessé ressuscite,
Après une mort horrible dans son nid pour les péchés du monde.
La lumière du Phoenix est éteinte, les anciens péchés du monde
Sont complètement consumés par la flamme.
L’Hydre pénètre dans le crocodile,
Lui arrache ses entrailles, le tue, et revient à la vie.
Le Lion a dormi durant trois jours jusqu’à ce que le Roi le réveille avec un rugissement.
Traduction de Leyla Ayadi
Traduction allemande (Internet)
Das Einhorn ist gefangen bei Gjeilo, Ola
Das Einhorn ist gefangen
wird dem königlichen Hof vorgeführt
in des Jägers Falle;
kriechend befreit es sich selbst von dem Pfahl;
da es verwundet ist, heilt es sich selbst
mit dem Gift der Viper.
Singt Alleluja
dem sterbenden Lamm;
singt Alleluja
ruft Alleluja
dem siegreichen Löwen.
Leben kehrt zurück in den verwundeten Pelikan
nach einem erbärmlichen Tod
in seinem Nest für die Sünden der Welt.
Das Licht des Phoenix ist erloschen,
die alten Sünden der Welt
vollständig in den Flammen vergangen.
Die Hydra dringt in das Krokodil,
beraubt es seiner Eingeweide, tötet es,
und kehrt lebend zurück.
Drei Tage lang
schläft der Löwe bis der König
ihn mit Gebrüll erweckt.
Übersetzung : Maren Lambrecht, EV Allegro de Strasbourg
Texte des Analecta Hymnica Medii Aevi
(contient des fautes dues au scannage non corrigé)
- Unicornis captivatur,
Aulae regum praesentatur
Venatorum laqueo,
Paio serpens est levatus,
Medicatur sancitus
Veneno vipereo.
R Allelnja canite
Agno morienti,
Alleluja pangite,
Alleluja promite
Leoni vincenti.
Pelicano Vulnerato
Vita redit pro peccato
blece stratis misera,
Phos phoenieis est exusta,
Concremanturque vetusta
Maeroeosmi scelera.
Alleluja canite
Agno morienti,
Alleluja pangite,
Alleluja promite
Leoni vincenti.
- Hydrus intrat crocodiilum,
Extirpavit, necat iilum,
vivus inde rediens;
Tris diebus dormitavit
Leo, quem resuscitavit
Basileus rugiens.
Cod. Engelbergen. 314. saec. 14.