E. 06c MARIAGE POUR TOUS, de Bernard Laiblé, Pâques 2013

« Mariage pour tous » :
                                  ce qu’on ne nous dit pas !

                                          Par Bernard Laiblé,
                                                 pasteur,
                                 ancien inspecteur ecclésiastique
                   de l’Eglise Protestante de la Confession d’Augsbourg
                                        d’Alsace et de Lorraine

Le fascisme existe, je l’ai rencontré ! Naïvement, je croyais cette idéologie reléguée aux oubliettes, mais le débat autour du « mariage pour tous »  –  dans la mesure où il a eu lieu ! –  m’a convaincu du contraire. Il vous suffit d’ouvrir la bouche dans une conférence-débat dont une partie de l’assistance est favorable au « mariage pour tous » et de dire que vous ne l’êtes pas, pour qu’on vous fasse comprendre immédiatement que vous êtes un être abject qui ne mérite pas de vivre ! Cela me fait dire aujourd’hui qu’il n’y a pas plus fascistes que les soi-disant milieux libéraux et progressistes !

Face à cette réalité, j’ai pris la décision de démasquer les idéologies loufoques qui se cachent derrière le « mariage pour tous » et de dénoncer avec force toutes les couleuvres que l’on tente de nous faire avaler à ce sujet.

On me permettra de dire aussi que j’en ai par-dessus la tête des lobbies pro gays qui ne cessent de nous enquiquiner avec leurs faux problèmes et d’exercer des pressions insupportables sur tous ceux qui ne sont pas de leur bord.

J’en ai marre également de voir à quel point les hommes et les femmes politiques de ce pays se laissent jeter de la poudre aux yeux par quelques « penseurs de travers » (et ceci n’est pas un alsacianisme !).

J’en ai marre de voir des chrétiens et bon nombre de collègues pasteurs marcher à fond la caisse dans les élucubrations de la « théorie du genre » et foncer tête baissée dans les pièges de l’ennemi !

J’en ai marre, enfin, de voir mon Eglise être, une fois de plus, à la traîne de la société au lieu d’être à la pointe du combat pour la vérité ! Au lieu de combattre le mariage pour tous, elle est en train de se demander si elle ne devrait pas bénir les mariages homos ! Quel aveuglement spirituel !! C’est à se demander si le jugement de l’apôtre Paul sur les incrédules n’est pas en train de s’appliquer à bon nombre de baptisés : « le dieu de ce siècle a aveuglé leurs pensées »  (II Corinthiens 4/3).

Le « mariage pour tous » n’est que la partie apparente d’un énorme iceberg. Car ce sont des légions de puissances occultes qui se manifestent actuellement sous forme de théories plus ou moins fumeuses et sulfureuses telles que la « théorie du genre » et, plus encore, la « queer theory », toutes deux sujets à controverse.


I     Les théories qui sous tendent le « mariage pour tous »

1.    La « théorie du genre »

Les théoriciens du genre n’aiment guère le terme « théorie » qui, pourrait laisser croire qu’il ne s’agit effectivement que d’une théorie, c’est-à-dire d’un « Ensemble systématisé d’opinions », selon le troisième sens que le Larousse donne à ce terme ! Ils préfèrent parler de « gender studies » (études du genre) plutôt que de « théorie du genre ». Cela fait plus sérieux, mais je ne leur ferai pas le plaisir de les suivre sur cette voie !

A l’origine de cette théorie : le féminisme dans son combat pour l’égalité des sexes. Dans les années 1960/70, les mouvements féministes anglo-saxons dénonçaient les différences sociales qui perduraient entre hommes et femmes du seul fait de leur différence de sexe. Jusque là, rien à redire ! Mais, considérant la sexuation des individus comme une construction sociale et culturelle – donc artificielle – les mouvements féministes se sont mis à revendiquer une culture protégeant les femmes, protection qui passerait par le renoncement à l’hétérosexualité !!!

La « théorie du genre » est née de l’évolution des études féministes dans les années 1980/90. Le mot « gender » vient du latin « genus » (origine, espèce, genre). Le « genre » peut être défini comme « le rôle social attribué à chaque sexe » (par ex : l’homme au travail, la femme au foyer !). C’est lui qui aurait systématiquement maintenu la femme en position de dominée ! Ainsi, le sexe fait référence aux différences biologiques entre l’homme et la femme, tandis que le genre fait référence aux différences sociales dues à la différence des sexes.

L’une des figures historiques des « gender studies » est française. Il s’agit de Monique Wittig, figure de proue du mouvement lesbien en France. En 1976, elle part enseigner à l’université de Berkeley, en Californie et influence fortement le mouvement que l’on appelle la « Queer theory ». Pour Monique Wittig, l’oeuvre littéraire peut transformer le monde en devenant « une machine de guerre » qui va modifier notre vision du monde. Selon elle, toute œuvre littéraire importante est un « cheval de Troie » qui a pour but de démolir les vieilles formes et les règles conventionnelles de la société !! Ainsi, le but à atteindre est clairement défini comme une volonté de déstabiliser « le phallogocentrisme et l’hétérosexualité obligatoire » (Selon l’introduction à l’édition française de « Gender trouble » de Judith Butler). Il s’agit aussi de repenser l’organisation sociale selon des modèles homosexuels ou transsexuels.

Dans l’un de ses derniers ouvrages, « Le pouvoir des mots », Judith Butler veut montrer comment la violence verbale qui s’exerce contre les minorités (sexuelles ou raciales) constitue un discours profondément ambivalent. Ces discours peuvent être analysés et, du même coup, retournés contre ceux qui les emploient. Ceci explique en partie la violence du discours actuel des militants LGBT.

Selon les théoriciennes du genre, on naît « neutre » et c’est la société qui imposerait à chaque homme d’être un homme parce qu’il a un sexe masculin et à chaque femme d’être une femme parce qu’elle a un sexe féminin, avec toutes les inégalités que cela implique. Elles ne définissent pas l’individu par son sexe (homme ou femme), mais par sa sexualité (homo, hétéro etc …). Elles effacent donc la dimension biologique et anatomique séparant les deux sexes pour ne voir que des genres multiples, dictés par la culture et par l’histoire.

Le comble est que la « théorie du genre » figure depuis septembre 2011 au programme SVT dans les lycées français des filières générales ! C’est vous dire jusqu’où s’exerce la pression des lobbies LGBT ! Un tel enseignement a-t-il sa place dans les programmes scolaires des Sciences et Vie de la Terre ? Aucune explication rigoureuse ne le confirme. Au contraire, les observations scientifiques tendent à montrer que l’être humain est identifié comme fille ou garçon dès la conception et que cette différenciation reste inscrite dans chacune de nos cellules tout au long de notre vie. Selon la neurobiologiste américaine Lise Eliot : « Garçons et filles sont différents. Ils ont des centres d’intérêts différents, des niveaux d’activité différents, des seuils sensoriels différents, des forces physiques différentes, des styles relationnels différents, des capacités de concentration différentes et des aptitudes intellectuelles différentes » ! La théorie du « gender » relève donc davantage d’une théorie extra scientifique qui n’a pas sa place dans un programme d’enseignement scientifique.

2.    La « Queer theory »

« Queer » est à la base un mot anglais signifiant « de travers, pervers, anormal » (tout comme l’allemand « Querdenker », litt. « penseur de travers »), souvent utilisé comme insulte envers les individus homosexuels. Par ironie et provocation, il fut récupéré et revendiqué par des militants et intellectuels gays, transsexuels, bisexuels, adeptes du BDSM, fétichistes, travestis et transgenres. Bref, c’est tout ce qui s’oppose au « straight » (droit), tout ce qui s’oppose à l’hétérosexualité. La « queer theory » pousse la « théorie du genre » à son extrême. Depuis les années 2000, les mots « allosexuels » et « altersexuels » constituent des tentatives de traduction en français.

Comme les théoriciennes du « gender », celles du « queer » pensent que l’individu serait mieux caractérisé par son orientation sexuelle que par son identité sexuelle, fondée sur une donnée biologique non choisie. Elles estiment que se considérer comme homme ou femme en se fondant sur une réalité biologique, c’est refuser de se construire soi-même.

C’est en vain que l’on cherche une définition du « queer ». S’il n’y en a pas, c’est précisément en raison du caractère subversif de cette théorie, comme l’affirment ses promoteurs. Donner une définition, c’est fixer une idée ou un objectif. Dans ce concept, rien n’est fixé. On peut dire qu’il s’agit d’un mouvement subversif dont l’objectif est de reformuler les rapports homme/femme dans la société, non plus en fonction de leur identité masculine ou féminine, mais en fonction de leur volonté et de leurs désirs souverains.
En second lieu, il faut déconstruire la famille, parce que la femme y est maintenue en esclavage et qu’elle conditionne les enfants à accepter le mariage et la féminité comme naturels. La nouvelle famille doit être polymorphe (recomposée, monoparentale, homoparentale, bref : choisie.

Enfin, après le genre et la famille, la reproduction doit également être déconstruite pour être choisie : l’enfant ne se reçoit pas, il se désire, il se programme, il se contractualise. Pour sortir des contraintes, la femme doit recourir à la technique : « Les mères porteuses, l’utérus artificiel ont pour objectif la libération des femmes des contraintes corporelles. C’est le fantasme de la désincarnation, se détacher de sa part naturelle. »  
Homoparentalité, adoption d’enfants par des couples de même sexe, adoption de nouvelles normes fondées sur une sexualité choisie, les théories du gender et du « queer » permettent de mieux comprendre les revendications du lobby gay car elles viennent appuyer la reconnaissance normative de l’homosexualité  pour imposer de nouveaux modèles de couple et de filiation.

a)     Le « droit au mariage »

Le droit devrait reconnaître toute forme d’union : homo-, hétéro-,  bi-, pluri-, etc… Il serait ouvert un seul type de contrat fondé sur le « droit au mariage » destiné à tous les individus, quelles que soient les circonstances. Or, rappelons d’une part, que le choix individuel d’une forme de vie relève de la vie privée et d’autre part, que l’universalité de la loi a pour but de garantir le bien commun. L’État ne peut reconnaître qu’une union qui assure la stabilité et la durée du point de vue social et personnel. Le socle de la société repose sur l’universalité de la différence sexuelle de l’homme et de la femme et non sur des tendances ou des orientations. Enfin le mariage n’est pas un droit, mais un engagement entre deux personnes et une institution vis-à-vis de la société. Il est d’ailleurs paradoxal de revendiquer le mariage sauf à vouloir l’utiliser comme norme universelle pour toutes sortes d’unions…  
 b)     Le « droit à l’enfant »
Le désir d’enfants, considéré comme un droit par certains, conduit à remplacer la parenté par la parentalité. Or, la parenté unit les trois composantes de la filiation : biologique, juridique et sociale alors que la parentalité ne garde que la composante sociale, la fonction d’éduquer. En remplaçant progressivement le terme de parenté par parentalité, on déconnecte les réalités biologiques des comportements en société. Les homosexuels voient, à travers cette dialectique, un moyen de se voir reconnaître un « statut social » sur l’enfant concrétisant ainsi le «droit à l’enfant ». Ainsi le déclare l’APGL-Association des parents gays et lesbiens : « Nous souhaitons baser le droit de la filiation sur l’éthique de la responsabilité, en valorisant l’établissement volontaire de la filiation et en fondant celle-ci sur un engagement irrévocable. » « Un parent n’est pas nécessairement celui qui donne la vie, il est celui qui s’engage par un acte volontaire et irrévocable à être le parent. »  
 c)     Adoption, AMP et mères porteuses : « l’enfant-objet »
La reconnaissance sociale est insuffisante pour ces lobbys : si les couples de même sexe sont capables d’éduquer des enfants, pourquoi ne pourraient-ils être parent biologique (gestation pour autrui, insémination artificielle, fécondation in vitro) alors que les techniques médicales le permettent ? D’où leur demande de recourir à l’AMP (Assistance médicale à la procréation), avec donneur, actuellement réservée aux couples de sexe différent. Et qu’importe le nom du donneur d’ovule ou de spermatozoïde puisque, si l’on suit la théorie du genre, la réalité biologique n’est que secondaire. La demande de légalisation de la GPA (gestation pour autrui) ou mères porteuses  soutenu par Élisabeth Badinter, membre du Conseil scientifique du Gender studies  de Sciences-Po suit le même raisonnement. Tous les moyens sont bons pour garantir le « droit à l’enfant » au mépris de l’enfant lui-même, de son identité et de sa croissance dans un cadre stable avec son père et sa mère !!

La philosophe Sylviane Agacinski nous éclaire : « On ne semble pas remarquer que la revendication du « mariage homosexuel »  ou de l’ « homoparentalité » n’a pu se formuler qu’à partir de la construction ou de la fiction de sujets de droit qui n’ont jamais existé : les « hétérosexuels ». C’est en posant comme une donnée réelle cette classe illusoire de sujets que la question de l’égalité des droits entre « homosexuels » et « hétérosexuels » a pu se poser. Il s’agit cependant d’une fiction, car ce n’est pas la sexualité des individus qui a jamais fondé le mariage, ni la parenté, mais d’abord le sexe, c’est-à-dire la distinction anthropologique des hommes et des femmes ».
Un des premiers buts du mouvement a été la suppression de l’homosexualité, de la bisexualité et de la transsexualité en tant que maladies du « Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux » de l’association américaine des psychiatres (APA). Avec l’élimination de la classification officielle de perversion par l’APA, le « coming out », qui consiste à révéler sa propre homosexualité (à ne pas confondre avec le « outing » qui consiste à révéler l’homosexualité d’une autre personne !) est devenu l’un des traits caractéristiques de la nouvelle homosexualité.

A partir du moment où l’hétérosexualité n’est plus la norme, toutes les formes de sexuation sont envisageables : l’homosexualité, la transsexualité et (pourquoi pas ?!) l’inceste, la pédophilie, la zoophilie…  Ainsi, la « queer theory » revendique une nouvelle anthropologie, contraire à l’anthropologie biblique qui est à la base de la société occidentale. Elle veut en finir avec la perception « genrée » de l’individu, y compris l’utilisation « genrée » des mots. Selon elle, l’identité sexuelle n’est en aucun cas déterminante quant au psychique de l’individu. Il n’y a donc plus lieu d’en tenir compte.

C’est au nom de la tolérance que les théoriciens de la « queer » réclament la reconnaissance sociale de toutes les formes d’orientations sexuelles. Mais la tolérance ne joue ici que le rôle du cheval de Troie dans leur combat contre l’hétérosexualité, qu’ils jugent dépassée. A l’évidence, leur combat vise la destruction pure et simple du mariage et de la famille tels qu’ils sont traditionnellement conçus. Dans cet objectif, le « mariage pour tous » et le droit à l’adoption pour les couples de même sexe ne seraient qu’un moyen de mieux faire exploser les fondements de la société, de rendre possible toute forme d’union, enfin libérés d’une morale ancestrale, et de faire ainsi disparaître définitivement la notion de différence sexuelle. Puisque c’est la volonté de l’individu et non plus la nature qui détermine son sexe, pourquoi ne pas institutionnaliser l’union de deux personnes, quelles qu’elles soient ? Et surtout au nom de quoi refuser de leur confier des enfants, puisque les différents modèles sont considérés comme équivalents ?


II    La vision judéo-chrétienne du couple humain

Avant d’aller plus loin, permettez-moi de me situer personnellement. Si je prends la parole dans ce débat, c’est d’abord en tant que chrétien ayant fondé et enraciné sa vie dans la Bible qui est, pour moi, la Parole de Dieu dans la mesure où l’Esprit me l’adresse aujourd’hui (« Mes paroles sont Esprit et vie » dit Jésus et l’apôtre Paul ajoute : «  La lettre tue, mais l’Esprit vivifie »). Ma position n’est donc, en aucun cas, fondamentaliste ! Néanmoins, la Bible est, pour moi, la norme de toutes choses, y compris de la sexualité et  de la vie en couple. Et j’ose espérer qu’il en est de même pour toute personne qui se dit « chrétienne », sinon je lui conseille de se remettre sérieusement en question !

1.     Un peu d’anthropologie biblique

La Bible ne nous donne aucune définition de l’être humain. Nous y trouvons, au contraire, des approches très différentes de l’homme. Tout en accentuant l’un ou l’autre aspect de la personne humaine, ces approches désignent toujours l’être humain dans sa totalité – et non, comme nous le faisons, une partie de sa personne seulement.

Je ne m’étendrai pas ici sur l’anthropologie biblique, sinon pour dire que l’être humain occupe une place privilégiée entre toutes les créatures de Dieu. Cela apparaît dès le premier chapitre de la Genèse, où il nous est dit que l’être humain (Adam, littéralement : le « terreux ») est créé « à l’image et à la ressemblance de Dieu », mais aussi qu’il est créé « Isch et ischa », mâle et femelle (Genèse 1/27).

Laissant de côté les deux premières affirmations, je rappelerai simplement ici que l’aspect central de la ressemblance de l’homme avec Dieu consiste en sa capacité à communiquer avec son Créateur. Et c’est par l’esprit qu’il communique avec lui.

2.    La complémentarité homme-femme

Dans la tradition Judéo-chrétienne, on a toujours compris le « Isch et ischa » comme excluant toute forme de sexualité autre que l’hétérosexualité. « L’Adam originel est décrit comme étant à la fois mâle et femelle… C’est l’homme et la femme ensemble qui constituent le véritable être humain. Les commentaires (Midrashim) disent: un homme qui n’a pas connu de femme ne peut-être appelé « Adam »…  L’hétérosexualité est le terrain sur lequel s’exprime et s’affirme l’être humain ». (A Bible ouverte, J. Eisenberg et A. Abécassis p. 120 à 125, Albin Michel, Paris 1978).

A partir de là on peut donc dire que seule l’hétérosexualité est dans le projet de Dieu. Toute autre forme de sexualité est « a topon », littéralement  « déplacée », c’est-à-dire « péché » (le terme hébreu, « Hattah » traduit par « péché » signifie: rater son but, s’écarter, ne pas être à sa place).

Cela est confirmé par le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, dans un document diffusé récemment sur Internet intitulé « Mariage homosexuel, homoparentalité et adoption ». En voici un extrait.

« Le récit biblique fonde la différence sexuelle dans l’acte créateur… La dualité des sexes appartient à la constitution anthropologique de l’humanité. Ainsi, chaque personne est-elle amenée à reconnaître tôt ou tard qu’elle ne possède qu’une seule des deux variantes fondamentales de l’humanité et que l’autre lui reste à jamais inaccessible. La différence sexuelle est une marque de notre finitude : je ne suis pas tout l’humain. Un être sexué  n’est pas la totalité de son espèce, il a besoin d’un être de l’autre sexe pour produire son semblable.

La Genèse ne voit la ressemblance de l’être humain avec Dieu que dans l’association « isch + ischa » et non dans chacun d’eux pris séparément. Ce qui suggère que la définition de l’être humain n’est perceptible que dans la conjonction des deux sexes. Car chaque personne, au-delà de son identité sexuelle, est renvoyée au-delà d’elle-même. Dès qu’elle est consciente de son identité sexuelle, toute personne humaine se voit ainsi confrontée à une sorte de transcendance. Elle est obligée de penser au-delà d’elle-même et de reconnaître comme tel un autre inaccessible, qui lui est essentiellement apparenté, désirable et jamais totalement compréhensible (dans le sens de « cum-prehendere » = prendre avec soi)… On peut comprendre à partir de là pourquoi la Bible use volontiers de la relation entre homme et femme comme métaphore de la relation entre Dieu et l’homme : non parce que Dieu serait masculin et l’homme féminin, mais parce que la dualité sexuelle de l’homme est ce qui manifeste le plus clairement une altérité indépassable dans la relation la plus étroite ».

Le rabbin Bernstein fait remarquer également que, dans le premier récit de la création (Genèse 1-2/4), la sexuation n’est mentionnée que pour l’être humain, car c’est précisément dans la relation d’amour, qui inclut l’acte sexuel, par lequel l’homme et la femme « deviennent une seule chair », que tous deux réalisent leur finalité propre : être à l’image de Dieu. Le sexe n’est donc pas un attribut accidentel de la personne. La génitalité est l’expression somatique d’une sexualité qui affecte tout l’être de la personne : corps, âme et esprit. C’est parce que l’homme et la femme se perçoivent différents dans tout leur être, qu’il peut y avoir complémentarité et communion.

En présentant l’acte de création de la femme sous forme d’opération chirurgicale par laquelle Dieu extrait du côté de l’homme celle qui deviendra sa compagne, le second récit de la création (Genèse 2/4-24) approfondit cet enseignement. Désormais, ni l’homme, ni la femme ne seront le tout de l’humain et aucun d’eux ne saura tout de l’humain. Ainsi est exprimée une double finitude :
–    je ne suis pas tout, je ne suis même pas tout l’humain !
–    je ne sais pas tout sur l’humain : l’autre sexe demeure toujours un mystère, tout comme Dieu !

Cela a pour conséquence l’impossible autosuffisance de l’être humain. Ce qui ne constitue pas une privation, mais un don qui doit permettre la découverte de l’amour qui naît de l’émerveillement devant la différence. « Le désir fait découvrir à l’homme l’altérité sexuée au sein de la même nature », dit encore le rabbin Bernstein (Genèse 2/23).

« L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un » (« une chair unique », dit l’hébreu – Genèse 2/24). Une chair unique renvoie à « l’Unique » (Ehad), le nom divin par excellence, selon le « Shema Israël » (Deutéronome 6/4). C’est dans leur union à la fois charnelle et spirituelle, rendue possible précisément par leur différence et leur orientation sexuelle complémentaire que l’homme et la femme reproduisent, dans l’ordre créé, l’image de Dieu.

En contre point, le chapitre 3 de la Genèse présente le péché comme le refus de la limite et, par là, de la différence. La seule chose que Dieu ait jamais interdite aux humains, c’est de se prendre eux-mêmes pour des dieux. Or, c’est très exactement ce que prônent les théoriciens du gender !

L’arbre de « la connaissance du bien et du mal » symbolise les deux manières d’appréhender la limite que le Créateur a placée. Le « bien connaître » respecte l’altérité, accepte de ne pas tout savoir et consent à ne pas être le tout. Cette manière d’être ouvre à l’amour, c’est-à-dire à l’arbre de vie planté au milieu de jardin !

Le « mal connaître » refuse la limite et la différence : il « mange » l’autre dans l’espoir de reconnaître en soi « le tout » et d’acquérir l’omniscience. Ce refus de la relation d’altérité conduit à la convoitise, à la violence et à la mort.

Or, c’est là très exactement ce que visent les théories du gender et du queer : le refus de l’altérité, de la différence et la revendication d’adopter tous les comportements sexuels choisis, indépendamment de la sexuation, du don premier de la nature, ainsi que la prétention de devenir « le tout » de l’humain, de s’affranchir de tous les conditionnements naturels, bref « d’être comme des dieux » !

Ceci dit, prenons sous la loupe les arguments en faveur du « mariage pour tous ».


III    Les arguments sous la loupe

1°    « Les homosexuels sont victimes de discriminations. Ils doivent     avoir, comme les autres, le droit de se marier »

    Ce qu’on ne dit pas :
    Ce n’est pas parce que des gens s’aiment qu’ils ont systématiquement le droit de se marier, qu’ils soient hétérosexuels ou homosexuels. Par exemple : un homme ne peut pas se marier avec une femme déjà mariée et vice-versa, même s’ils s’aiment. De même une femme ne peut se marier avec deux hommes sous prétexte qu’elle les aime tous les deux ! La sincérité de leur amour n’est pas en cause. Ce sont des règles strictes qui délimitent les alliances autorisées et les alliances interdites au mariage. Le « mariage pour tous » n’est donc qu’un slogan, car le mariage homosexuel maintiendrait des inégalités et des discriminations à l’encontre de tous ceux qui s’aiment, mais dont le mariage continuerait à être interdit… A moins qu’on n’envisage de lever tous les interdits de la société ?!! – ce qui mènerait droit à l’anarchie la plus totale !

    Le mariage n’est pas uniquement la reconnaissance d’un amour. C’est l’institution qui articule l’alliance de l’homme et de la femme avec la succession des générations. Au-delà de la vie commune de deux personnes, il organise la vie d’une communauté composée de descendants et d’ascendants. En ce sens, c’est un acte fondamental dans la construction et la stabilité des individus et de la société.

    Dans la vision du monde « gender » et « queer », le mariage est jugé comme une institution dépassée, comme l’héritage absurde d’une société traditionnelle et aliénante. N’est-il pas paradoxal d’entendre les tenants de cette vision élever leurs voix en faveur du mariage homosexuel ?

    On voit bien ce qui se joue derrière le « mariage pour tous » : c’est une substitution. Une institution chargée juridiquement, culturellement et symboliquement doit être remplacée par un objet juridique asexué, sapant les fondements des personnes, de la famille et de la société.

2°    « Des personnes homosexuelles se retrouvent sans droit et en grande précarité après un décès ou une séparation. Le mariage homosexuel permettrait d’y remédier »

    Ce qu’on ne dit pas :
    Les décès et les séparations peuvent être à l’origine de situations sociales très difficiles. Ceci vaut pour tous les couples, qu’ils soient hétérosexuels ou homosexuels, mariés ou pacsés ou en union libre. Face aux problèmes concrets et matériels du domicile, du train de vie, des dettes, de la fiscalité, de l’héritage etc… on ne peut qu’être favorable à la protection du partenaire.

    Le mariage et le PACS ne sont générateurs de droits et d’obligations que dans la mesure où ils ont été contractés. Cela semble une évidence, mais la même évidence vaut pour les couples hétérosexuels vivant en union libre. S’ils sont de plus en plus nombreux à choisir le PACS, ils doivent bien trouver un intérêt à cette forme d’union, en particulier au niveau des paramètres économiques et juridiques qui en fixent le cadre matériel.

    Une analyse, ligne par ligne, des tableaux comparatifs entre le mariage et le PACS (Cf INSEE § 1.8) montre que l’écart entre les deux formules est limité. Si certaines dispositions ne sont pas automatiques dans le cadre du PACS, elles sont néanmoins possible. Prenons l’exemple de la succession. Un conjoint pacsé peut hériter dans les mêmes réserves et limites que dans le cas d’un couple marié, mais il faut que le partenaire ai rédigé un testament et qu’il l’ait désigné comme héritier. Dans l’un comme l’autre cas, l’héritage est exonéré des droits de succession.
    Reste posée la question de la prestation compensatoire en cas de séparation entraînant une perte significative de niveau de vie pour l’un des partenaires, même si celui-ci peut, dans le cas d’un PACS, saisir le juge des affaires familiales pour statuer sur les conséquences patrimoniales et la réparation des préjudices.

    S’il est souhaitable que des solutions techniques soient trouvées pour mettre au même niveau la protection du conjoint marié et celle du partenaire pacsé en cas de décès ou de séparation, la protection juridique du conjoint ne peut suffire à remettre en cause l’institution du mariage de façon aussi radicale que le ferait l’autorisation du mariage homosexuel.

3°    « Le plus important, c’est l’amour. Un couple homosexuel peut donner beaucoup d’amour à un  enfant, parfois même plus qu’un couple hétérosexuel »

    Ce qu’on ne dit pas :
    L’amour ne suffit pas, même si la capacité des homosexuels à aimer n’est pas en cause. Aimer un enfant est une chose. Aimer un enfant d’un amour structurant en est une autre. Résumer le lien parental aux facettes affectives et éducatives, c’est méconnaître que le lien de la filiation est un vecteur psychique et qu’il est fondateur pour le sentiment d’identité de l’enfant. Toute l’affection du monde ne suffit pas à produire les structures psychiques de base qui répondent aux besoins de l’enfant de savoir d’où il vient. L’enfant ne se construit qu’en se différenciant, ce qui suppose qu’il sache à qui il ressemble. Il a besoin de savoir qu’il est issu de l’amour et de l’union entre un homme, son père, et une femme, sa mère, grâce à la différence sexuelle de ses parents. Les enfants adoptés eux aussi se savent issus de l’amour et du désir de leurs parents, bien que ceux-ci ne soient pas leurs géniteurs.

    Le père et la mère indiquent à l’enfant sa généalogie. L’enfant a besoin d’une généalogie claire et cohérente pour se positionner en tant qu’individu. Ce qui fait l’humain depuis toujours et pour toujours, c’est une parole dans un corps sexué et dans une généalogie. Nommer la filiation, c’est surtout permettre à l’enfant de se situer dans la chaîne des générations. Depuis des millénaires, le système sur lequel est fondé notre société est une généalogie à double lignée : celle du père et celle de la mère. La pérennité de ce système garantit à chaque individu de trouver sa place dans le monde, car il sait d’où il vient.

Aujourd’hui, le risque de brouiller la chaîne des générations est immense et irréversible. De même que l’on ne peut détruire les fondations d’une maison sans que celle-ci ne s’effondre, on ne peut renoncer aux fondements de notre société sans mettre celle-ci en danger.

    L’homoparentalité n’est pas la parenté. Le terme a été inventé pour pallier à l’impossibilité pour des personnes homosexuelles d’être parents. Ce mot nouveau, forgé pour instaurer le principe d’un couple parental homosexuel et promouvoir la possibilité juridique de donner à un enfant deux « parents » du même sexe, relève de la fiction. Ce n’est pas la sexualité des individus qui a jamais fondé le mariage ni la parenté, mais d’abord le sexe, c’est-à-dire la distinction anthropologique des hommes et des femmes.

    Les personnes homosexuelles revendiquent non pas la parenté (la paternité ou la maternité), qui implique un lien biologique unissant l’enfant (engendré) à ses deux parents (géniteurs), mais la parentalité, qui réduit le rôle du « parent » à l’exercice de ses fonctions éducatives. Or, même dans le cas d’enfants adoptés, il ne s’agit pas seulement d’éduquer, mais de recréer une filiation. Il faut donc réaffirmer avec force qu’être père ou mère n’est pas seulement une référence affective, culturelle ou sociale. Le terme « parent » n’est pas neutre ; il est sexué. Accepter le terme « homoparentalité », c’est ôter au mot « parent » la notion corporelle, biologique, charnelle qui lui est intrinsèque.

    L’Association des Parents et futurs parents Gays et lesbiens (APGL) propose plusieurs substituts au mot « parent » : « beau-parent », « coparent », « homoparent », « mère pour autrui » « parent biologique », « parent légal », « parent social », « second parent »… Il est peu probable que l’enfant arrive naturellement et de façon structurante à se situer par rapport à toutes ces terminologies !

4°    « L’homoparentalité existe de fait : des centaines de milliers d’enfants sont élevés par des couples homosexuels. Il faut créer un cadre juridique pour protéger ces enfants »

    Ce qu’on ne dit pas :
    La loi permet déjà d’organiser la vie quotidienne des familles recomposées. L’article 372 du Code civil indique que l’exercice de l’autorité parentale revient au père et à la mère de l’enfant et que les parents n’ont pas la possibilité de céder, à leur convenance, leur autorité à un tiers. En revanche, le Code civil envisage la possibilité de déléguer l’exercice de l’autorité parentale à un tiers sur décision du juge des affaires familiales (Articles 377 et suivants du Code civil). La délégation peut être totale ou partielle. Toutefois, le mécanisme de la délégation présente l’inconvénient de déposséder les parents de ce qui est délégué à un tiers. C’est pourquoi le mécanisme a été assoupli en 2002 (Loi N° 2002-305 du 4 Mars 2002) et donne désormais au juge des affaires familiales la possibilité d’organiser, pour les besoins de l’éducation de l’enfant et avec l’accord des parents, le partage de l’exercice de l’autorité parentale (art. 377-1 du Code civil).

    La compagne homosexuelle peut donc déjà partager l’exercice de l’autorité parentale avec la mère. Le droit français est suffisamment riche pour répondre aux situations des familles recomposées actuelles, y compris les « familles » homoparentales. Il n’est donc pas nécessaire d’ajouter encore une loi.

5°    « Les homosexuels sont victimes de discriminations. Ils doivent avoir, comme les hétérosexuels, le droit d’avoir des enfants »

    Ce qu’on ne dit pas :
    Le droit à l’enfant n’existe pas, pas plus chez les homosexuels que chez les hétérosexuels. Personne n’a droit à un enfant sous prétexte qu’il désire un enfant. Un couple désireux d’avoir un enfant peut décider de s’unir pour le concevoir. Un couple désireux d’adopter un enfant peut faire les démarches nécessaires. Mais aucun de ces couples n’a droit à l’enfant qu’il désire au seul motif qu’il le désire. On peut refuser un agrément à un couple hétérosexuel si l’on considère que les conditions optimales pour la construction de l’enfant ne sont pas réunies. Dans l’éventualité d’un droit à l’enfant pour les couples homosexuels, tous les couples hétérosexuels auxquels on refuse l’agrément pourraient se sentir discriminés et seraient fondés de réclamer pour eux le même droit.

    Aussi douloureuse soit-elle, la stérilité ne donne pas pour autant droit à l’enfant. On ne saurait nier la souffrance qu’éprouvent les couples – hétérosexuels comme homosexuels – qui ne peuvent pas procréer. Les couples homosexuels demandent à ce que leur douleur soit reconnue et soulagée. Mais personne n’a le droit de se soulager de ses fardeaux aux dépens des autres, et encore moins sur le dos d’innocents et de faibles. La souffrance du couple infertile n’est pas une raison suffisante pour que ce couple obtienne le droit d’adopter.

    L’enfant n’est pas un objet de droit, mais un sujet de droit. Parler du « droit à l’enfant » relève d’une instrumentalisation inacceptable. Si quiconque veut un enfant a droit à l’enfant, alors l’enfant devient un enfant-objet. Dans le débat actuel, l’enfant en tant que sujet est absent des propos de ceux qui réclament l’adoption par les couples homosexuels. Et cette absence leur permet d’éviter de se demander à quoi l’enfant pourrait avoir droit, de quoi il pourrait avoir besoin, s’il préfère avoir un père et une mère ou deux parents de même sexe.

    Le droit à l’enfant est radicalement différent du droit de l’enfant. Or, ce droit est fondamental. Il consiste en particulier à donner à l’enfant une famille où il aura le maximum de chances de se construire au mieux.

6°    « Plusieurs milliers d’enfants sont en attente d’adoption et mieux vaut pour eux être adoptés par un couple homosexuel que de rester dans un orphelinat »

    Ce qu’on ne dit ps :
    Plus qu’un autre, l’enfant adopté a besoin d’un père et d’une mère. L’abandon est vécu par lui comme une déchirure profonde. Il cherche des repères et aspire à retrouver ce qu’il a perdu. L’enfant adopté doit assumer les traumatismes simultanés de l’abandon et de la double identité familiale. Plus qu’un autre, il a besoin d’une filiation évidente. Il importe donc qu’il puisse s’identifier à deux parents de sexes différents : à sa mère, car il besoin de se réconcilier avec la femme ; à son père, pour connaître la présence d’un homme sans qui sa mère n’aurait pas pu avoir d’enfant.

    L’adoption par un couple homosexuel risque d’aggraver le traumatisme de l’enfant abandonné car la chaîne de filiation serait doublement rompue : dans la réalité du fait de son abandon, dans la symbolique du fait de l’homosexualité de ses parents adoptifs. A-t-on le droit d’imposer à un enfant déjà blessé de s’adapter à la situation affective de ses parents ?
        
    L’adoption est là pour donner une famille à un enfant, et non l’inverse ! Il est donc indispensable de bien discerner la vraie motivation d’un couple qui dépose une demande d’adoption : l’enfant est-il adopté pour lui-même ou pour satisfaire un besoin du couple ? Le couple veut-il remédier à la situation de détresse de l’enfant où est-ce qu’il désire remédier à sa propre situation qui consiste à ne pas pouvoir avoir d’enfant ? Bien entendu, un couple n’adopte pas d’enfant s’il n’en ressent pas le besoin. Cependant, il faut veiller à ce que l’intérêt de l’enfant soit premier, comme le résume notre droit de la famille : « tout enfant a droit à une famille, au premier rang la sienne, et, à défaut, celle qui a vocation à devenir la sienne par l’adoption, si tel est son intérêt ».

7°    « La parentalité évolue dans les faits, en particulier grâce à la procréation assistée. Il faut en tenir compte dans le droit »

    Ce qu’on ne dit pas :
    L’association lesbienne et féministe « les bien nées » indique sur son site internet quatre cas de figures de l’homoparentalité :
–    une recomposition familiale avec un partenaire de même sexe après une union hétérosexuelle
–    un système de coparentalité dans lequel des gays et des lesbiennes s’accordent pour avoir un enfant qui évoluera entre leurs deux foyers
–    l’adoption par un couple homosexuel ou lesbien
–    une insémination artisanale ou un recours à l’aide médicale à la procréation.
    Ces quelques lignes ne sont ni un cadre conceptuel, ni un guide pratique mais une véritable plate-forme de revendications politiques pour l’inscription de nouveaux droit au profit des personnes homosexuelles.

    Les militants LGBT cherchent à instiller l’idée qu’il y aurait une incohérence au principe d’égalité, donc une injustice, si l’inscription des nouveaux droits concernant le mariage ne s’appliquait pas aussi à la parentalité.

    Or, les nouvelles formes d’homoparentalité ouvrent la voie à d’affolantes combinaisons : une lesbienne, par exemple, peut faire don d’un ovocyte à sa compagne, qui se fera inséminer et portera ainsi l’enfant du « couple ». Le sperme peut être apporté par un couple d’homosexuels qui exercera ensuite une « coparentalité » sur l’enfant, celui-ci étant alors reconnus par quatre « parents ». Ou encore, un couple homosexuel peut recourir à un « service de gestation pour autrui » dans quelques pays étrangers, ce qui pose la question de la reconnaissance et des droits de l’enfant au moment du retour en France.

    Sous prétexte que ces combinaisons sont aujourd’hui une réalité – même si elles ne doivent pas représenter grand’chose par rapport aux quelques 800.000 naissances par an en France – elles font l’objet de deux revendications :
–    autoriser les nouvelles formes l’homoparentalité, sous prétexte qu’elles existent
–    créer un droit permettant à chacun d’y recourir, sous prétexte que les pratiques actuelles à l’étranger coûtent cher et sont sources d’inégalité !

Or, chacun sait que, dans tous les domaines de la vie, une infraction, c’est à dire le non respect d’un interdit, ne peut pas être un motif suffisant pour lever l’interdit qui n’a pas été respecté. Dans aucune société humaine, par exemple, le vol ou le meurtre n’est autorisé sous prétexte que tant et tant de gens le pratiquent !! La réalité des faits ne suffit pas pour créer une réalité de droit. Ceci vaut donc aussi pour les nouvelles formes d’homoparentalité.
    
    Chacun comprend également que les enjeux soulevés par la « procréation médicalement assistée » et par la « gestation pour autrui » sont bien plus larges que les seuls enjeux de l’homoparentalité et qu’ils vont largement au-delà du Code de la famille. Il est donc essentiel que ces sujets continuent à être traités dans le seul cadre des lois sur la bioéthique.

8°    « Des centaines de milliers d’adultes et d’enfants sont concernés. Une majorité des Français est favorable au mariage homosexuel. D’autres pays l’ont déjà autorisé. Pourquoi rester à la traîne ? »

    Ce qu’on ne dit pas :
    En 1999 déjà, les chiffres invoqués concernant le PACS étaient largement surestimés. En 1999, on nous a dit que 5 millions de personnes voulaient se « pacser ». Selon une analyse de l’INSEE, il y en a eu 63. 609 en 11 ans !

    Ils le sont davantage encore lorsqu’il s’agit du mariage homosexuel. La proposition de loi concernant « le mariage pour tous » indique que les gays et lesbiennes sont 3,5 millions en France et l’APGL annonce que 45% des lesbiennes et 36% des gays ont le désir d’avoir des enfants. Lorsque l’on croise ces chiffres, on aboutit à environ 700.000 mariages homosexuels, chiffre lui aussi largement gonflé, si l’on se réfère, par exemple, à l’Espagne, pays de 46 millions d’habitants qui a institué le mariage homosexuel en 2006 et qui, depuis, compte 3.100 mariage homosexuels par an !

    Même constat concernant les enfants. Selon l’APGL, 300.000 enfants seraient élevés par des couples homosexuels en France. L’INED les estime entre 24.000 et 40.000. Il est, par ailleurs, un chiffre facile à vérifier, c’est le nombre d’adhérents à l’APGL : 1.800 sur l’ensemble de la France !! Et cette minorité microscopique cherche à imposer ses points de vue à 65 millions d’habitants ! Ce serait de l’ordre du ridicule, si ce n’était pas aussi grave !

    Il y a bien plus grave encore. On nous dit que la France serait en retard par rapport à d’autres pays qui ont autorisé le mariage homosexuel. Cette notion de retard mérite d’être interrogée. Depuis quand l’autorisation de choses interdites dans d’autres pays est-elle un marqueur de progrès ou d’avancée sociale dans une nation ? Quand on se soucie de justice sociale, n’y a-t-il pas d’autres classements internationaux à faire, au risque de constater que l’on a du retard et de fortes marges de progression ? Au-delà du social, de l’économie, de l’éducation et de la recherche, le bien-être de la population et sa confiance dans l’avenir ne devraient ils pas être le premier soucis des politiciens ? On peut, certes, se faire plaisir en se classant en tête dans le domaine du mariage homosexuel – d’autant plus que ça ne coûte rien ! – encore faudrait-il démontrer qu’il est de l’intérêt général de la nation d’être dans le peloton de tête  dans ce domaine-là !
    
    Les sondages (IFOP – Août 2012) nous disent que 65% des Français de plus de 18 ans sont favorables au « mariage pour tous » et 53% pour le droit à l’adoption par des couples homosexuels – encore que ce dernier chiffre ait diminué de 5 points en un an ! Or, chacun peut constater dans de nombreux domaines combien l’opinion est malléable et volatile (je n’en dirais pas plus !). Mais je dis que des résultats de sondages supérieurs à 50% ne peuvent pas suffire à légitimer une loi ou à décréter qu’un débat n’a pas lieu d’être ! Si la vision politique actuelle consiste à inscrire des faits dans le droit uniquement parce que des sondages auraient constaté une opinion majoritaire favorable, il serait grand temps de lancer un débat national sur cette question et il dépasserait largement la question du mariage homosexuel et de l’homoparentalité !

    D’autre part, si l’on accepte de prendre les sondages comme boussole sociétale, ne conviendrait-il pas d’interroger tous les Français sur les revendications des militants LGBT au titre de l’égalité et de la lutte contre les discriminations ? Ne conviendrait-il pas de leur poser des questions sur le bien-être et le devenir des enfants adoptés par un couple homosexuel ? Plus encore, ne conviendrait-il pas de les rendre attentifs aux conséquences concrètes dans leur vie quotidienne de l’effacement des différences sexuelles ? Lorsqu’un sondage aborde ces questions sous un autre angle en demandant aux personnes interrogées un choix exclusif et la définition de priorités, les réponses sont sensiblement différentes. J’en voudrais pour preuve le sondage réalisé par l’IFOP les 27 et 28 Septembre 2012. Lorsqu’on demande, parmi deux principes, lequel il faut garantir prioritairement, 63% des Français (48% des sympathisants de gauche et 70% des sympathisants de droite) pensent qu’il faut que les enfants adoptés puissent avoir un père et une mère, tandis que 34% seulement (49% des sympathisants de gauche et 17% des sympathisants de droite) pensent qu’il faut que les couples homosexuels puissent adopter des enfants. Alors ? Alors j’en conclus ce qui suit.

Conclusion

Un grand nombre de nos concitoyens perçoit la revendication du « mariage pour tous » comme une étape supplémentaire de la lutte démocratique contre les injustices et les discriminations. C’est au nom de l’égalité, de l’ouverture d’esprit, de la modernité et de la pensée dominante qu’il nous est demandé d’accepter la mise en cause de l’un des fondements essentiels de notre société. Et cela, la plupart des gens n’en sont pas conscients, parce qu’on ne le leur dit pas !

J’ai essayé de décrypter le discours des partisans de la loi en faveur du « mariage pour tous » et d’en expliquer les véritables enjeux : la négation de la différence sexuelle, la déconstruction de la famille et la remise en cause des fondements de notre société.

Ce faisant, je suis parfaitement conscient du fait que j’ai donné à beaucoup de gens, notamment à certains de mes collègues, des bâtons pour me faire battre, car je sais trop que les attaques « ad hominem » permettent de décrédibiliser un participant au débat et de faire l’économie d’une analyse sérieuse de ses propos, donc d’esquiver le débat. Mais tous ceux qui me connaissent savent que j’ai le dos large, très large !! Aussi je ne crains pas la confrontation.
 
Mon objectif est de contribuer à l’émergence d’un véritable débat dans l’Eglise et sur la place publique, même s’il ne peut plus empêcher le vote d’une loi dont les partisans font tout, à coup de caricatures disqualifiantes, pour faire taire ceux qui cherchent à les questionner sur leurs motivations véritables. Les caricatures ont la vie dure et certains pourraient penser qu’un pasteur ne devrait pas sortir de sa sphère religieuse. Je pense, au contraire, qu’en tant que chrétien et plus encore en tant que pasteur, il est de mon devoir de m’engager dans les grands choix de l’histoire de mon pays. A ce titre, le projet d’autoriser le mariage homosexuel et de donner une réalité juridique à l’homoparentalité me concerne. C’est pourquoi je récuse la position d’une minorité de responsables religieux qui consiste à se mettre hors-jeu et à s’exclure du débat. Le hors-jeu est une faute quand il pratique l’autopromotion.

Ma vision du monde est enracinée dans la Bible, celle-là même qui a donné naissance aux principes universels sur lesquels la République est fondée et sans lesquels elle ne saurait subsister.  Concernant les sujets-clé de la sexualité et de la filiation, fondés sur la complémentarité de l’homme et de la femme, j’ai considéré que l’enjeu n’est pas l’homosexualité, qui est un fait, mais le risque irréversible de brouillage des générations, des statuts et des identités, brouillage préjudiciable à l’ensemble de la société et perdant de vue l’intérêt général au profit de celui d’une infime minorité.

A ceux qui voudraient en savoir plus à ce sujet, je signale que j’ai fait, déjà en 2007, une étude approfondie de tous les textes bibliques qui parlent d’homosexualité – ou que certains soupçonnent d’en parler ! – pour en tirer la conclusion qu’il est vraiment impossible de justifier la pratique homosexuelle à partir des textes fondateurs de notre civilisation.

Dans la même année, j’ai fait un autre exposé sur l’éthique chrétienne face à l’homosexualité dans lequel je montre amplement que je vois dans les personnes homosexuelles des frères et des soeurs en Christ, mais aussi des pécheurs qui ont les moyens d’en sortir, par la grâce de Dieu. Les deux études sont à la disposition de quiconque m’en fera la demande.

                                                 Wolfisheim,  à Pâques 2013