E. 11. LE CONSEIL PRESBYTERAL

Le mot et la fonction
 
        Le mot « presbytéral » vient du grec « presbytos », qui veut dire « âgé », d’où « presbytie », vision d’une personne âgée. Les « presbytes » étaient donc d’abord les âgés, donc expérimentés, d’où les « anciens », qui dirigeaient par le moyen de conseils, déjà chez les Grecs païens et chez les Juifs. Le terme était technique et employé autant pour les conseils politiques des cités, des associations ou des communautés religieuses. Chez les Juifs, il désignait les responsables des synagogues.

        Les chrétiens ont très naturellement employé ce mot familier pour leurs conseils d’anciens. Le mot se trouve 22 fois dans les Actes des apôtres et les épîtres. Actes 14/23 dit que « Paul et Barnabas firent nommer des anciens dans chaque ville » où ils avait fondé une paroisse. « Firent nommer » : cela suppose des élections permettant aux paroissiens de désigner ces anciens.

        Il y avait plusieurs fonctions dans ce groupe d’anciens, décrites par Paul. Entre autres, celui qui présidait le collège des anciens qui dirigeait le culte et l’eucharistie. De ce « presbytre » est sorti le « prestre – prêtre », par contraction du mot. Une autre fonction était celle de « l’épiscope », le « superviseur ». Le mot a donné l’allemand « Piscop – Bischof » et le français « épvesque – évêque ». Dans le système catholique, à travers les siècles, le prêtre et l’évêque ont accaparé le pouvoir, détruisant la fonction du « conseil presbytéral ». De ce mot est aussi né le « presbytère », maison des anciens, « Pfarrrhaus » et pas « PfarrersHaus » : même si le pasteur y habite, il reste la maison de tous les paroissiens.  

La Réforme et le Concordat
 

        Les protestants sont revenus aux conseils d’anciens, distinguant le pasteur et le conseil. Le pasteur reprend la vielle fonction du prêtre, tout en étant aussi membre du Conseil des anciens. Là deux cas : il est le président de ce conseil, ou un laïc l’est. L’inspecteur ecclésiastique reprend la vieille fonction de l’évêque, entouré d’un conseil.

       Ce système très démocratique ne s’est pas imposé tout de suite chez tous les protestants, car dans certaines régions, comme l’Allemagne, les seigneurs étaient les chefs de l’Eglise. Mais ailleurs, comme en France, les conseils et les pasteurs dirigeaient. C’est une des causes de la Révocation de l’Edit de Nantes en 1685 : Louis XIV détestait les gens qui pouvaient se passer de son absolutisme !      

        Après la Révolution et avec le Concordat de 1802, on reconstitua les conseils, en vieille France comme en Alsace, mais sous la forme des Conseils des Consistoires, qui avaient le vrai pouvoir et qui possédaient les biens et l’argent. En 1851, une réforme réduisit le pouvoir des Consistoires et le transféra aux paroisses, avec administration des biens et de l’argent. Il est resté de l’ancien système que le budget des paroisses est sans vigueur s’il n’est pas accepté par le Consistoire.

Aujourd’hui
 
        Trois instances : la paroisse, le Consistoire, l’Inspection. Vous élirez, ou réélirez, des conseillers, qui seront d’abord presbytéraux, pour collaborer avec le pasteur. Parmi ceux-ci, certains seront délégués au Consistoire et le formeront avec les pasteurs, d’autres seront délégués à l’Inspection, dont ils formeront, avec les pasteur, l’Assemblée. Vos conseillers seront donc à ces trois niveaux.

Qu’attend-on d’un ancien ?

        Qu’il soit « intelligent » par le Saint-Esprit. Ce que St Paul appelle « avoir l’intelligence des choses du Christ », et « se laisser renouveler dans son intelligence par le Saint-Esprit », Eph 3/4 et 4/23. Cela signifie connaître la foi, agir selon et pour Dieu, le Christ et l’Esprit, dans l’Eglise de ces trois. Il lui faut donc apprendre, connaître la Bible, pratiquer la foi et veiller à ce que les paroissiens la pratiquent.

        Qu’il soit compétent « dans les petites comme les grandes choses ». Il y faut des connaissances techniques et pratiques, concernant l’argent, les biens, les bâtiments, les groupes, la chorale, les enfants. Il faut bien sûr se spécialiser selon ses dons, mais il est nécessaire d’apprendre. C’est le but des stages de formation.

        Qu’il soit fraternel. La « communion fraternelle » et la diaconie sont deux autres piliers de la communauté. Celle-ci est à la fois priante et adorante, et un milieu vivant, avec ses relations humaines, ses joies et ses peines, ses riches et ses pauvres, ses forts, ses faibles. Il y faut du cœur et de la compassion.

        Qu’il soit capable de travailler en équipe, avec ses co-anciens et le pasteur. Cela n’est pas évident : il y a des conseillers incapables de collaboration, de même que des pasteurs. Il faut aussi l’apprendre, car c’est un problème de méthode, qui n’est pas inné. Le système du Conseil presbytéral est très exigeant pour tous : foi, courage, capacité technique, sens des autres. Il ne faut pas craindre d’être exigeant, car cela stimule.

        Votez !
 
        L’exigence vous concerne aussi, chers paroissiens. La paroisse, c’est vous. Vos responsables viennent de vous.  Alors, le 1er février, allez au culte, priez pour votre conseil et votre pasteur, et déposez votre bulletin. 

                    (destiné au Bulletin Paroissial de 68140 Stosswihr,
                     Haut-Rhin, janvier 2009)                                   

                                             Yves Kéler