A. 04. Liturgie réformée: LA CONFESSION DE FOI ou CREDO

Quels répons après le Credo ?

1. Le problème :

        La liturgie réformée récente, au 20e Siècle, ayant réintroduit le Crédo dans le culte, où il manquait auparavant, a essayé de le faire suivre d’un répons. Alors que cette tradition n’existe pas dans les Eglises romaines et luthériennes, puisque le Crédo est dit ou chanté par tous les fidèles, et que le Amen final est également dit ou chanté par tous. Or ce Amen se suffit à lui-même et ne suppose pas qu’un répons vienne compléter la confession de la foi.

        Cette habitude réformée d’un répons après le Crédo remonte probablement à l’époque où le pasteur seul disait la confession. Cette pratique a été conservée par de nombreux pasteurs et aggravée chez ceux qui imposent à la paroisse des confessions inconnues, qu’elle ne peut pas prononcer avec lui ni ensemble, et qui ne sont que monologue. Ce qui renforce cette tendance à un répons, en soi inutile, pour « faire participer » l’assemblée.

        Si on emploie un répons chanté après le Crédo prononcé par toute l’assemblée, comme il se doit, ou en alternance avec l’officiant, ce répons doit être chanté spontanément après le Amen final. Et sans introduction, sinon il perd son sens de confirmation de ce qui a été dit et d’extension du Amen, qu’il est en fait.

2. Quels répons employer ?

       Deux habitudes existent actuellement :

       a. l’emploi du « Gloria Patri » du Psaume :

       LP 518 Gloire soit au Père, Gloire au Fils, Gloire au Saint-Esprit, … :

       La fonction de cette pièce est de clore le Psaume de l’A.T., pour le faire entrer dans la nouvelle alliance, selon la décision antique des Conciles de Nicée-Constantinople et de Vaison-la-Romaine. Après chaque Psaume, quelque en soit le nombre dans un culte ( Il peut y en avoir jusqu’à trois), et dans chaque responsorium ( Un verset de Psaume + un demi-verset, repris en alternance + Gloria Patri simple), le Gloria Patri est dit ou chanté. Les réformés, ne connaissant pas le Psaume alterné mais le Psaume huguenot chanté sans Gloria, n’ont pas le Gloria Patri dans leur liturgie d’entrée. Ils l’ont donc réintroduit, à partir de la liturgie luthérienne qui est entrée partiellement dans le culte réformé, en le plaçant après le Crédo.

        Cette tradition n’est pas normative dans la chrétienté. Si on la pratique, il faut rester dans la logique de la tradition réformée : Le Psaume chanté au début, sans Gloria Patri et le Crédo avant les lectures, avec le Gloria Patri. Cela signifie qu’il n’y a pas d’autre chant que le Psaume biblique au début du culte. Et qu’on n’emploiera pas ce qu’on appelle dans les livres actuels : chant d’ouverture.

      b. l’emploi du chant de sortie trinitaire :

       Deux textes sont employés :

       1°   LP 519 « Gloire à Dieu, notre Créateur, Gloire à Christ, notre Rédempteur,
                                 Gloire à l’Esprit, Consolateur. Louange et gloire au Dieu Sauveur »
                                 (mél Ps 134 Vous saints ministres du Seigneur).

        Ces deux chants sont des louanges trinitaires destinées à former répons au Benedicamus, avant la bénédiction finale, elle aussi trinitaire. Après cette bénédiction se place le triple Amen, employé seulement à cet endroit. Tous les autres Amen dans le corps du culte sont uniques. L’anarchie actuelle dans le culte fait employer le triple Amen (appelé Trisamen) n’importe où, le plus souvent après la prière, ou encore après la confession de foi.

        Le plan correct est :      pasteur :   Bénedicamus = Bénissons le Seigneur
                                          assemblée :  Gloire à Dieu notre Créateur
                                          pasteur :   Bénédiction finale
                                          assemblée : Amen, Amen, Amen.

       Le premier chant : LP 519, est une louange trinitaire, écrite par Théodore Monod sur une mélodie psalmique, qui apparaît dans le Recueil des Eglises Réformées de 1895, et est bien destiné à la sortie du culte, selon l’indication formelle dans ce livre. Le texte d’origine dit à la fin : « Bénissons le nom du Seigneur ! ». Ces mots rappellent le Benedicamus Dominum: « Bénissons le Seigneur », qui est l’injonction de l’officiant pour le Deo gratias agimus: « Nous rendons grâces au Seigneur »  (Théodore Monod était un bon théologien, et avait une bonne connaissance des choses du culte classique. On peut le remarquer en étudiant ses textes.)

       C’est Louange et Prière 1938, sous le n° 519, qui fait de ce chant une louange après la Confession de foi, en en changeant la fin en « Louange et gloire au Dieu Sauveur ». Cette correction, qui élimine le Benedicamus et recentre le texte sur la Trinité, est en elle-même heureuse, car elle rend le texte plus fluide, en faisant tomber les accents justes. Même comme chant de sortie, il devient meilleur. NCTC et ARC ont malheureusement dénaturé, sans raison pertinente, ce bon texte par un plat : « En tous lieux, gloire au Dieu Sauveur ». La remarque « en tous lieux », qui provient probablement de l’influence du Gloria in excelsis : « Paix sur la terre, aux hommes » n’a aucun intérêt, la louange trinitaire visant l’être des personnes et pas leur ubiquité, qui est implicite.

        2°   LP 526 « Gloire à Dieu, notre Créateur, Gloire à Jésus, le Rédempteur,  
                           Gloire à l’Esprit, le Consolateur ! Alléluia, Alléluia, Alléluia !
                           (mél : Gelobt sei Gott, Vulpius):

        Ce texte est une variante du précédent, écrit sur une mélodie de choral luthérien de Pâques : « Gelobt sei Gott im höchsten Thron »,  qui a un triple Alléluia final, en rappel de la résurrection le troisième jour. Ici, ce triple Alléluia vise également la Trinité. Je n’en connais pas l’origine, mais il est probablement issu de la tradition luthérienne, car il apparaît dans le Recueil luthérien de 1923 de Paris-Montbéliard-Strasbourg, sans mention d’auteur. Ce recueil place également le chant à la fin du culte, sous le titre « Doxologie ». Il s’agit bien d’une louange trinitaire achevant le culte, et placée après la bénédiction, selon l’ordre du culte donné dans ce livre. Vu l’Alléluia final, à ne pas chanter dans le temps de la Passion.

        NCTC et ARC ont également dénaturé ce texte, en : « Louange à Dieu, le Créateur, A Jésus-Christ, notre Sauveur, Au Saint-Esprit, le Défenseur !  Alléluia, … » Le triple Gloria disparaît, remplacé par un unique « Louange ». Or ce mot n’a pas de fonction liturgique, sauf dans le Laus tibi, « Louange à toi, Seigneur Jésus-Christ » après l’Evangile. Pour le Christ, on a enlevé Rédempteur et mis Sauveur, ce qui chahute les accents sur une mélodie difficile. De même pour le Saint-Esprit, où le remplacement de Consolateur par Défenseur produit le même effet. Alléluia 2005 reprend ce texte, sans en corriger les défauts.

         Ces deux chants ont donc été transportés de la fin du culte à la Confession de la foi. Il est clair que leur fonction de fin générale du culte se trouve affaiblie par cet usage mal fondé. Il est probable que ce déplacement, ayant entraîné un oubli de cette fonction initiale, a contribué à l’affaiblissement de leur texte par des corrections inutiles.

2.     Quelle conclusion tirer ?
   
        Si l’on tient compte de la désorganisation actuelle du culte, on peut proposer plusieurs solutions pour retrouver de la cohérence :

         après le Credo

        1. rien :   et on remet le « Gloire à Dieu, notre Créateur »
                      LP 519.ou 526 à la fin comme chant de sortie

         2. si l’on prévoit d’utiliser un Psaume antiphoné à l’entrée du culte, la formule 
             suivante est la meilleure :

             Psaume   +  Gloria Patri                518                  
             Credo      + Amen                                                  
             Fin          + Chant de sortie           519

         3. si on n’emploie pas le Psaume antiphoné entre l’officiant et l’assemblée, mais le Psaume huguenot chanté par toute l’assemblée, on peut, vu l’habitude, garder le Gloria Patri 518 après le Crédo. Du moins, cette doxologie ne se perdra pas, en attendant qu’on lui redonne sa place.

                                                                          Yves Kéler 2005