A. 07. LE SANCTUS: Remarques sur LP 530 Steinau et LP 531 Bortnianski

LE SANCTUS       

                              REMARQUES QUANT AU TEXTE DE :

                   LP 530  Dieu saint, Dieu saint, Dieu très saint
                               deest NCTC, ARC 861, deest ALLéluia

                                                   et 

               LP 531  Saint, Saint, Saint est le Seigneur, notre Dieu
                              deest NCTC, ARC 862, deest ALLéluia

                        
1.  LP 530 Dieu saint, Dieu saint, Dieu très saint

        Ce texte est la traduction de l’allemand du Sanctus de Steinau sur Oder 1726. On l’a un temps attribué à Jean-Sébastien Bach, ce qui est un indice de la qualité reconnue à ce chant.
 
        Le texte se chante sur une mélodie qui commence par une belle courbe descendante puis montante, de la façon suivante : une note par syllabe. Le mot allemand « Hei-lig » a deux syllabes, qui portent chacune une note. Le troisième Heilig a un diolet sur Hei-, ce qui donne trois notes pour deux syllabes. Or le mot français « Saint » n’a qu’une syllabe. Transposer tel quel en français est impossible. Le traducteur, pas signalé, à choisi d’ajouter un mot pour placer une syllabe par note. Le tableau d’ensemble donne ceci :

  Original                                      Hei – lig,    Hei – lig,    Hei -ei –  lig 
  Position des notes                       sib     sol     fa      mi     sib   do    sib
  Transposition mécanique            Sai- aint,   Sain- aint,   Sain-ain-aint
  Transposition correcte                Dieu saint, Dieu saint, Dieu très saint

        Il est évident que la suite des « Sain-aint » serait fort mauvaise, d’autant plus que le son « ain » est laid si on le répète plus d’une fois : ici on l’aurait eu sept fois de suite !. La solution « Dieu saint, Dieu saint, Dieu très saint » est excellente. Elle conserve la gradation voulue par l’allemand qui fait une fleur par un diolet sur le troisième Heilig. Cette gradation correspond à la théologie du texte d’Esaïe 6, où le mot Kadosh, Saint, est dit trois fois, ce qui signifie : « Dieu est saint, Dieu est très saint, Dieu est le Saint des saints ». Le chiffre 3 est le symbole de la victoire incontestable : voyez : « ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures » du Credo de Nicée-Constantinople.

        La forme étendue du Sanctus LP 530 rappelle une autre forme d’extension : la trinitaire, qu’on trouve dans « Saint est Dieu, le Père, Saint est Dieu, le Fils, Saint est Dieu, le Saint-Esprit », (RA f rouge 12) traduit littéralement de l’allemand « Heilig ist Gott, der Vater,… » (RA all rouge 35). Cette forme du Sanctus a été reprise dans Alléluia 2005, au n° 63/31 (On a malheureusement remplacé « Il est l’Eternel des armées », conforme à Esaïe 6, par un plat « Il est Seigneur de l’univers », par réaction « antimilitariste » probablement). Il existe plusieurs autres formes, plus ou moins heureuses, de Sanctus étendus. L’important est qu’ils conservent la structure d’Esaïe 6.

       Le Sanctus de Steinau nécessite qu’on l’apprenne bien et qu’on se mette bien d’accord avec l’organiste pour un rythme correct. C’est de la musique baroque, qui doit garder de l’élégance, en même temps que de la fermeté. Le mieux est de faire dans une réunion paroissiale, ou au début d’un culte, des répétitions, comme en fait pour l’introduction de nouveaux cantiques.

2.  LP 531  Saint, Saint, Saint est le Seigneur notre Dieu

        Ce chant est de Bortniansky (1752-1825), musicien renommé à la cour de St Pétersbourg, et fait partie, sauf erreur de ma part, de la liturgie que ce dernier avait composée pour l’Eglise de Prusse, et qu’on appelle parfois « liturgie de l’armée prussienne », car elle était la liturgie officielle de l’aumônerie militaire de cet Etat. Le texte remonte à l’époque de l’Union prussienne- Preussische Union, qui a réuni les Eglises luthériennes et réformées dans l’Eglise Unie, Unierte Kirche, qui s’est faite après les guerres napoléoniennes.

        Ici le texte littéral d’Esaïe 6 est facile à maintenir. Bortnianski est parti de ce texte et a gardé chaque syllabe de « Hei-lig » sur la même note, une noire. Au dernier Hei-lig, se succèdent une noire pointée et une croche. Pour les deux premiers « Saint », il suffisait au traducteur français de lier les deux premières noires pour en faire une blanche : l’unique syllabe « Saint » du français tombe deux fois sur cette blanche. Au troisième « Saint », il a placé la noire pointée sur « Saint » et la croche sur « est », évitant une plate répétition du motif. Ainsi le problème se résout aisément.

  Original allemand                Hei – lig , Hei – lig, Hei –  lig
  Position des notes                 lab    lab   do     do   mib   mib
  Transposition correcte            Saint,       Saint,      Saint  est    

        Ce sanctus de Bortnianski est plus facile à chanter que celui de Steinau. Il faut veiller à éviter d’accentuer les temps forts, ce qui produit un effet pompier. Chanter fermement, mais avec retenue et quelque légèreté.

                                                                                         Kéler Yves 2005

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