A. 09. SAINTE CENE : HOSTIE et PAIN LEVE, PRESENCE REELLE

Yves Kéler                                                                          Bischwiller, le 23.8.2010

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        objet : Article:: Hostie

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                  La réponse concerne le paragraphe
                  ci-dessous du texte :

« Protestantisme »

      Monsieur,

votre article est intéressant et bien documenté, sauf pour la partie concernant les protestants, à la page 5 sur 9.   

              
1.  Pain levé et azymes

      Dans les églises protestantes, il existe une grande variété de pratiques quant au type de pain utilisé. Certains, comme les luthériens, utilisent des pains au levain ; d’autres continuent d’utiliser du pain azyme, et d’autres encore choisissent la matza juive. Les hosties sans levain sont variées : elles peuvent être carrées, triangulaires et rondes, et certaines peuvent même être faites de farine de blé entier.

      Les catholiques et orthodoxes, qui croient à la présence réelle du Christ dans l’hostie de l’Eucharistie, regroupent les deux discours de Jean VI sur le pain de vie et sur la Sainte-Cène, alors que les protestants considèrent la Sainte-Cène comme un devoir de mémoire.
Les protestants ne croient pas à la présence réelle du Christ dans le pain puisque Jésus-Christ conclut son discours sur le pain de vie par cette phrase : « Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie ».

 
        Les luthériens : en principe, utilisent des hosties. La matza juive est parfois employée, dans quelques cultes particuliers, pour marquer la filiation de la Pâque juive et de la Cène. Mais Luther n’a rien changé à la tradition, et personne dans la Réforme allemande n’a soulevé ce point. En sorte que la liturgie luthérienne de base prévoit l’hostie traditionnelle. Mais n’interdit pas le pain levé.

        Les réformés :  Chez ceux-ci en revanche, le problème a été rapidement posé. Les premiers réformés utilisaient des hosties jusqu’en 1617, et à Zurich, jusqu’à la 2e Guerre Mondiale. Calvin a employé toute sa vie des hosties à Genève.

        Mais en France est né un courant hostile aux hosties, à cause de la vénération exagérée et parfois fanatique des catholiques après 1415 (Concile de Constance – Fête Dieu et Adoration du Saint Sacrement) pour l’hostie divinisée (p.ex. condamnation à mort des Juifs qui n’enlevaient pas leur chapeau au passage de l’hostie en procession). Ce courant a fini par l’emporter chez les réformés. D’abord dans le Palatinat dès le XVIe siècle, puis en Suisse au XVIIe, en 1617 à Genève, d’où il s’est étendu aux autres régions réformées dans le monde..

        En sorte que les réformés emploient couramment le pain levé, conformément à l’ordonnance du Concile de Florence de 14439-1445 entre orthodoxes byzantins et catholiques romains, qui considéra que la communion avec le pain levé ou le pain azyme avait la même valeur. Calvin disait qu’il faut sortir de l’obligation de l’hostie, et remonter avant l’ordonnance du pape Alexandre ( II (1061-1073, ou III (1159-1181), qui avait imposé l’hostie contre le pain levé. Mais Calvin n’était pas hostile à l’emploi de l’hostie.  

Situation actuelle

       Ce qui induit le chercheur français en erreur, c’est le désordre actuel en France chez les protestants, où le n’importe quoi est devenu une règle. Désordre dans la liturgie, dans les espèces employées : hosties, pain, brioche, et vin ou jus de raisin, ou mélange des deux, ou autre jus : pomme, etc !!! On ne sait jamais ce qu’on va trouver d’un lieu à l’autre, et de fait, la communion interparoissiale dans l’Eglise est rompue Dans d’autres pays à travers le monde, autant chez les luthériens que les réformés, un ordre précis et cohérent est resté.

2.  Présence réelle :

 
        Les luthériens : ils affirment la présence réelle du corps et du sang du Christ dans les éléments. La base doctrinale est la consubstantiation : le pain reste du pain, le vin reste du vin, mais à la substance de chacun s’ajoute le corps et le sang du Christ, spirituellement et réellement, de façon invisible. C’est ce qu’on appelle la « Présentation » du Christ présent dans les paroles d’institution et l’élévation. D’où l’expression de l’Apologie de la Confession d’Augsbourg : « Manducamus corpus et sanguinem Christi per orem : Nous mangeons le corps et le sang du Christ par la bouche. »

 
        Les réformés : ils affirment la « représentation » de la présence du Christ par les espèces. Les réformés ne prennent souvent pas les espèces en main, ni ne les présentent dans une élévation. Celles-ci montrent que le Christ est présent, elles « représentent sa présence », mais le Christ n’est pas lié aux espèces. La présence du Christ est donc réelle et spirituelle, mais pas prise dans la matière des espèces. Le Christ est pris dans la matière humaine et spirituelle de la communauté. C’est pourquoi une Cène réformée menée exactement selon le rite classique est très solennelle.

       Cette compréhension de la présence du Christ dans la Cène est indépendante de la matière du pain : il peut être levé ou azyme.
 
          Quant à l’affirmation : « Les protestants ne croient pas à la présence réelle du Christ dans le pain » (vous oubliez le vin : la Cène protestante se fait sous les deux espèces), elle est fausse, en tout cas pour les luthériens. Vous trouverez des protestants qui disent le contraire, mais il y deux sortes de théologiens : ceux qui connaissent les sujets et les autres qui le connaissent mal. On a aussi au niveau doctrinal en France protestante beaucoup de désordre et d’ignorance, ces matières n’étant pas enseignées dans les facultés de théologie en France actuellement. Contrairement aux facultés allemandes ou américaines. Il faut donc veiller avec soin à quelle source on prend ses renseignements.

         Attention aux formulations : les catholiques aussi croient que la Cène est un devoir de mémoire, puisque après les paroles d’institution ils prononcent l’anamnèse-mémorial.

 
                                 Recevez mes respectueuses salutations.         Kéler