A. 01.LE CHANT DE L’ANTIQUITE JUSQU’A LA REFORME

Le chant de l’Antiquité jusqu’à la Réforme
 
        Les premiers chrétiens chantaient les Psaumes, qu’ils avaient repris du Temple de Jérusalem et des synagogues, qu’eux mêmes fréquentaient au début. En Palestine, ils les chantaient en hébreu, dans le reste de l’Empire romain en grec, d’après la traduction dite des « Septante » faite à Alexandrie au 3e Siècle avant Jésus-Christ. Dans le Nouveau testament, les Psaumes sont souvent cités et dans cette traduction. Mais les chrétiens employaient aussi d’autres psaumes et chants, qui existaient à côté des 150 Psaumes de la Bible. Les Psaumes grecs étaient employés partout dans l’Empire au début, mais vers le 2e-3e Siècles, on commença de les traduire en latin. Il y eut deux versions : une traduite d’après le grec des « Septante », l’autre d’après l’hébreu, faite par St Jérôme. Les deux traductions ont pris place côte à côte dans la Bible latine appelée « Vulgate », phénomène unique dans les Bibles.

        Les mélodies de ces Psaumes dérivaient de celles du Temple. L’une d’entre elles est très connue, celle du « Magnificat anima mea Dominum – Mon âme magnifie le Seigneur RA rot 49 », le Cantique de Marie. Avec le temps, grâce à la musique grecque, se constitua un ensemble de 9 mélodies de base, qui, à partir de la réorganisation opérée par l’évêque de Rome Grégoire au 6e Siècle, ont été appelées « grégoriennes. » Celles-ci ont conduit à diverses formes de chant : hymnes, séquences, répons, qu’on a appelées « chant grégorien. »

        Dès le 3e Siècle, de grands textes chantés furent créés, en grec d’abord, puis traduits en latin. Ces chants figurent dans le recueil alsacien-lorrain appelé « RA. » Les deux plus connus sont le « Te deum laudamus – O Dieu, nous te louons RA rot 1 », composé par un évêque de l’actuelle Serbie, Niketas de Remesiana, et le « Gloria in excelsis / Laudamus te – Gloire à Dieu dans les lieux très hauts / Nous te louons RA rot 10. » La grande tradition des Hymnes latines, tirées de la poésie latine, se développa et fournit des milliers de chants. L’hymne est faite de 4 vers de 8 syllabes, comme le « Veni Redemptor genti-um – Viens, Rédempteur dé-és païens RA 12 » d’Ambroise de Milan, de 386. A côté de ce grand auteur figurent deux chantres illustres : Aurelius Prudentius Clemens, avec le chant d’enterrement « Nimm, Erde, was dir angehört – Prends, terre, ce qui te revient RA 315. » Et Caelius Sedulius, avec « Christum wir sollen loben schon – Il faut louer le Christ Seigneur RA 21 et 60. »  « Vom Himmel hoch da komm ich her » est une « hymne latine » en allemand.

        Au cours du Moyen Age, de grands auteurs de cantiques sont nés, tel Rhaban Maur, qui en 809 composa le puissant « Veni Creator Spiritus – Viens, créateur, Dieu Saint-Esprit », que Luther a magistralement traduit sous le nom de « Komm, Gott Schöpfer, Heiliger Geist RA 126. » Ou bien Saint Thomas d’Aquin, qui a écrit une série de chants pour la messe, tels le « Tantum ergo sacramentum » ou le « Verbum supernum prodiens – Verbe d’en haut qui s’avance », que nous avons dans le Livre alsacien RA 292. De même St Bernard et son disciple Arnulphe de Louvain, qui vers 1240 composa une série de 6 « Salve – je te salue » pour glorifier le corps du Christ sur la croix, dont Paul Gerhardt a tiré « O Haupt voll Blut und Wunden – O tête couverte de sang et de blessures RA 76. »

        Des chants allemands apparaissent au 12e Siècle, dont le célèbre « Christ ist erstanden Von der Marter alle –Christ est ressuscité De la mort qui l’a frappé RA 92. » ou encore les chants en une strophe que Martin Luther a repris pour les augmenter à 3 ou 4 strophes « Nun bitten wir den Heilgen Geist – Nous invoquons le Saint-Esprit RA 129. »

        Ce chant antique et médiéval grégorien va alimenter le chant des Réformateurs, à commencer par Luther, le créateur du chant protestant et du Livre de cantiques.  14.2.2013