K. 10. JE CROIS AVEC UNE FOI PARFAITE Maïmonide (12e siècle)

CONFESSION DE LA FOI (JUIVE)

               Maïmonide, 12e s.

1. I. Je crois avec une foi parfaite
       que Dieu est le Créateur
       et le Souverain de toutes créatures,
   II. qu’Il a fait et qu’Il fait et qu’Il fera seul toutes choses.

2. I. Je crois avec une foi parfaite que Dieu est Un
       et que Son unicité n’a pas de pareille;
   II. que Lui seul a été et sera notre Dieu.

3. I. Je crois avec une foi parfaite que Dieu
       n’est pas un être corporel
       et que les sens ne peuvent Le concevoir.
   II. Il n’est rien à qui l’on puisse Le comparer.

4. I. Je crois avec une foi parfaite
   II. que Dieu est le premier et le dernier.

5. I. Je crois avec une foi parfaite
   II. qu’il faut adresser à Dieu nos prières.

6. I. Je crois avec une foi parfaite
   II. que toutes les paroles des prophètes sont la vérité.

7. I. Je crois avec une foi parfaite que la prophétie
       donnée par Dieu à Moïse est vraie
   II. et qu’il a été le père des prophètes avant et après lui.

8. I. Je crois avec une foi parfaite que toute la Révélation
       que nous avons entre les mains
   II. est celle qui a été transmise à notre maître Moïse
       et aux autres prophètes.

9. I. Je crois avec une foi parfaite que cette révélation
       ne sera pas modifiée
   II. et qu’elle ne sera pas remplacée
       par une autre révélation de Dieu.

10. I. Je crois avec une foi parfaite que Dieu connaît
         toutes les œuvres des hommes
     II. et qu’il pénètre leurs pensées, comme il est dit :
         « Qui a créé tous les cœurs
         et qui pénètre toutes leurs action. »

11. I.  Je crois avec une foi parfaite que Dieu récompense
         ceux qui observent Ses commandements
     II. et qu’Il punit ceux qui les transgressent.


12. I.  Je crois avec une foi parfaite en la venue du Messie
     II.  et bien qu’il retarde son arrivée,
         J’attends tous les jours qu’il vienne.

13. I.  Je crois avec une foi parfaite en la résurrection des morts,
     II.  à l’heure où il plaira à Dieu
          et où son Souvenir sera exalté à tout jamais.

I + II. Amen.


Texte

Manuel d’instruction religieuse israélite
par A.Deutsch, grand rabbin, 3e édition,
Fondation Sefer, Paris 1961, page 129

Le texte

Cette confession est de Maïmonide (1135 Cordoue – Le Caire 1204), auteur d’ouvrages de médecine, de commentaires sur la Mischna et de vastes compilations du Talmud, plus divers livres philosophiques.

Les propositions anti-chrétiennes et anti-islamiques

Cette confession en 13 points contient quelques points anti-chrétiens et anti-islamiques. Il faut en effet considérer que pour les juifs, il y a un seul Dieu, indivisible et que la notion de Trinité, attribuant une nature divine au Christ, ainsi qu’indépendante au Saint-Esprit, est une notion étrangère. La divinité de Dieu seul est affirmée, celle de Jésus rejetée. D’où l’affirmation de l’article 2 que Dieu est Un. Elle contient aussi une thèse précise contre l’Islam à l’article 9.

Dans l’article 5, le texte dit pour la prière : « et non à un autre à côté de lui », ce qui désigne le Christ et le Saint-Esprit. L’article 6 insiste sur le fait que la Révélation de Dieu est dans la Torah du Pentateuque donnée à Moïse, et que les prophètes qui forment le second canon dépendent de la Torah. La précision que Moïse a été « le père des prophètes avant lui et après lui a cette signification dogmatique, parce que cette proposition est historiquement erronée. De là découle l’article 8 sur le fondement scripturaire : toute la Tora de Dieu a été transmise à Moïse et c’est celle-là que nous avons : il y a identité entre la parole de Dieu donnée et celle reçue par Moïse et reçue par nous de ce dernier. De même pour l’article 9. aucune révélation nouvelle ne peut-être donnée, telle celle du Christ et celle de l’islam.

La foi en la venue du Messie est explicitement formulée. Une critique des juifs envers les chrétiens est : »Où voyez les signe de la venue du Messie : la transformation du monde par la paix et la restitution du paradis originel ? Regardez, rien n’a bougé. Le Messie est encore à venir, nous ne connaissons pas la date de sa venue, nous devons accepter qu’elle est reculée de jour en jour. La foi en la résurrection est aussi énoncée, ainsi que l’impossibilité pour l’homme d’en connaître la date.

Les propositions positives

Les propositions sont formulées de manière positive, ce qui est le propre d’une confession. Les restrictions n’apparaissent qu’en seconde ligne. J’ai enlevé telle restriction, dans l’article 5 sur la prière. La restriction de l’article 9 sur la nouvelle révélation n’est pas gênante pour les chrétiens, qui estiment que la révélation aux juifs est authentique et légitimement reprise par le Nouveau Testament, et que ce dernier, tout en fondant la révélation du Christ, est le prolongement de celle de l’A.T, laquelle garde sa valeur (Romains 1). La proposition est donc acceptable par les chrétiens.

 Claude Conedera et Yves Kéler 2014