Exode 15 : JE CHANTERAI A L’ETERNEL, IL A MONTRE SA GLOIRE (comp)

PSAUME DANS L’A.T.
LOUANGE
EGLISE
REFORME

               JE CHANTERAI A L’ETERNEL,
                  IL A MONTRE SA GLOIRE !

                  Cantique de Moïse et Myriam
                             Exode 15/1-21

  Mélodie :  Nun freut euch, lieben Christen gmein
                   (Thème musical du Maos Zur : Hanhukah,
                     victoire des Macchabées sur les Grecs))

I + II  1. Je chanterai à l’Eternel,             ANTIENNE
              Il a montré sa gloire !                             v. 1b = 21
              Il a fait tomber le cheval :
              A Dieu soit la victoire !

              Il fit que se noient dans la mer
              Chevaux et cavaliers et chars :
              A lui seul la louange !

    I     2. Ma force est en Dieu, l’Eternel,              v. 2
              A lui vont mes louanges.
              Il est mon Sauveur immortel,
              Il est Dieu d’âge en âge !
              IL fut le Dieu de mes parents,
              Le Dieu Sauveur en tous les temps :
              J’exalterai sa gloire !

   II     3. L’Eternel est vaillant guerrier,                v. 3-4
              « L’ETERNEL » il s’appelle !
              Il fit plonger les cavaliers
              Et les chars qu’on attelle.
              Pharaon perdit son armée
              Et l’élite en fut décimée,
              Dans l’eau de la mer Rouge !

I + II  4. Elle est engloutie dans la mer,             v. 5-6
              Cette armée forte et fière !
              Les flots les ont tous recouverts,
              Coulés comme une pierre !
              Tu as relevé le défi,
              Ta droite écrasa l’ennemi :
              Elle a montré sa force !


ANTIENNE

             Je chanterai à l’Eternel,                          v. 1b = 21
             Il a montré sa gloire !                        
             Il a fait tomber le cheval :
             A Dieu soit la victoire !


I + II  5. Par ta puissante majesté                      v. 7-8a
              Tu livres l’adversaire,
              Comme un vieux foin qu’on a jeté,
              Au feu de ta colère !
              Les flots se sont amoncelés
              Et les courants se sont dressés
              Au souffle de ta bouche !

    I     6. Les flots de la mer sont montés,             v. 8b-9a
              Droits comme une muraille !
              Les murs de l’eau, comme domptés,
              Formaient une tenaille !
              L’ennemi dit : « Je poursuivrai
              Le peuple juif, je l’atteindrai :
              J’en tirerai vengeance ! »

   II     7. « Je partagerai le butin !                         v. 9b-10
              Je tirerai mon sabre,
              Je les détruirai de ma main,
              Ils mourront, misérables ! »
              Ton souffle a parcouru la mer,
              Et l’eau les a tous recouverts
              Du fracas de ses vagues !               Du linceul de ses vagues !

I + II  8. Qui est dieu comme tu es Dieu,           v. 11

              Parmi les dieux des peuples ?
              Qui est saint partout en tout lieu ?
              Ta sainteté est seule !
              Seul digne es-tu d’être acclamé,
              Pour tes prodiges, Dieu, loué
              Pour ta magnificence !


ANTIENNE

             Je chanterai à l’Eternel,                          v. 1b = 21
             Il a montré sa gloire !                        
             Il a fait tomber le cheval :
             A Dieu soit la victoire !


I + II  9. Quand ta droite, ô Dieu, s’étendit,        v. 12-13
              Les ennemis tombèrent.
              La terre les a engloutis,
              Dans la mer ils sombrèrent !
              Ton peuple a été délivré,
              Par ta puissance, et dirigé
              Vers ta Terre promise !

    I   10. Les peuples l’ont su, ils tremblaient         v. 14-16
              D’inquiétude et de crainte,
              Et les Philistins s’effrayaient,
              Frappés de terreur sainte !
              Les habitants de Canaan
              Se taisaient tous, en les voyant
              Passer devant leurs villes !

   II   11. Tu les pris et les conduisis                       v. 17
              Sur ta montagne sainte,
              Au lieu que tu as établi,
              Ton Temple et son enceinte,
              Au mont, où tes mains ont fondé
              Le sanctuaire, où ta bonté
              Se montre et se révèle.

I + II 12. L’Eternel toujours régnera                   v 18-19
              Dans la gloire immortelle,
              Car son bras fort précipita
              Cavaliers, pêle-mêle,
              Chevaux et chars du Pharaon :
              La mer noya ces fanfarons.
              Tu sauvas, Dieu, ton peuple !


ANTIENNE


             Je chanterai à l’Eternel,                          v. 1b = 21
             Il a montré sa gloire !                        
             Il a fait tomber le cheval :
             A Dieu soit la victoire !


Gloria


I + II 13. Gloire au Père, au Fils, à l’Esprit,
              A tous trois toute gloire !
              Gloire à Dieu qui construit, détruit,
              Fait, défait sur la terre,
              Gloire au Fils, le puissant Sauveur,
              Gloire à l’Esprit saint, le vainqueur,
              Gloire au milieu des peuples !

ANTIENNE


             Je chanterai à l’Eternel,                          v. 1b = 21
             Il a montré sa gloire !                        
             Il a fait tomber le cheval :
             A Dieu soit la victoire !

             Texte            Je chanterai à l’Eternel, il a montré sa gloire !
                                  Yves Kéler, 28.5.2007
                                  d’après le Cantique de Moïse et Myriam
                                  Exode 15/1-21
                                    
            Mélodie:        Nun freut euch, lieben Christen gmein,
                                  Martin Luther, 1523,
                                  sur le thème du Maos Zur,
                                  chant juif de Hanouka ;
                                  RA 322, EG 341
                                  
                                   Célébrez l’Eternel Seigneur         Cantique de Déborah
                                   Je chanterai à l’Eternel,
                                       il a montré sa gloire                 Cantique de Moïse et Myriam

Le texte

        Le Cantique de Moïse et de Myriam est un hymne de style psalmique, introduit dans le texte de l’Exode, peut-être après l’Exil. Dieu est appelé « Iahvé », l’Eternel, ce qui ne prouve pas que le texte soit yahviste. En effet, dans les psaumes, on a continué d’employer le terme de Iahvé, même plus tard, en lui substituant « Adonaï ». On le classe plutôt dans les textes élohistes, repris par un rédacteur deutéronomiste.

        Ce texte est peut-être un psaume du Temple de Jérusalem, mais qui ne fut pas retenu lors de la fixation des 150 Psaumes du livre canonique. Certains pensent qu’il pourrait avoir été employé dans les fêtes de la Pâque, avant l’Exil déjà, pour célébrer la libération de l’Egypte. Sa théologie est deutéronomiste, et décrit l’œuvre de Dieu selon la théorie officielle du judaïsme naissant : le centre de l’Exode est le passage de la mer et le don de a Loi au Sinaï, suivis de l’entrée dans la Terre promise, jusqu’au Temple, source de la Loi. La montagne de Sion est le nouveau Sinaï.

        Plusieurs points montrent qu’on est dans le Royaume de Juda : Jérusalem et son Temple est le centre géographique et spirituel. Les Philistins et les Cananéens sont décrits au passé. Edom et Moab sont également cités au verset 15 (Je les ai laissés de côté dans mon texte, pour ne pas alourdir le chant)
       
        Un point montre qu’on est loin des évènements décrits : on parle de chevaux et chars, d’une part, de chevaux et de cavaliers d’autre part. L’antienne le dit nettement. Du temps de l’auteur, on employait les deux, quoique la cavalerie montée faisait de plus en plus reculer l’emploi des chars de combat. Mais à l’époque de l’Exode, vers 1300-1200, il n’y avait que des chars attelés, et pas de cavaliers montés sur le cheval. Cette deuxième manière est plus récente, et s’imposa après l’an mille avant J.C, sous l’influence des nomades du désert, qui, eux, montaient le cheval, pour être rapides et mobiles lors de leurs razzias.  


L’antienne et le Gloria

a.     Une antienne est clairement citée au verset 21 : « Marie répondait aux enfants d’Israël :
        
                                    « Chantez à l’Eternel, car il a fait éclater sa gloire,
                                       Il a précipité dans la mer le cheval et son cavalier ! »

        Cette antienne était donc chantée par des femmes, ce qui semble ici exclure qu’on ait chanté le chant dans le Temple. Mais cela n’est pas contradictoire. Le chant a pu servir dans le Temple, puisque le verset 20 précise que Myriam est « sœur d’Aaron » et non « de Moïse », c’est à dire des prêtres, et l’antienne a pu être chantée par les chantres masculins. Le début du texte dit : « Alors Moïse et les enfants d’Israël chantèrent ce cantique à l’Eternel. » Les enfants d’Israël peuvent être masculins et féminins : cela laisse donc ouvertes les deux possibilités d’emploi. Le chant a donc pu servir aussi dans un autre cadre, celui d’une fête, qui se tenait hors du Temple, et où les femmes chantaient l’antienne.

        D’ailleurs le verset 20, qui donne les indications techniques quant à la musique et à la danse, pousse dans ce sens : « Marie, la prophétesse, sœur d’Aaron, prit à la main un tambourin, et toutes les femmes vinrent après elle, avec des tambourins, et en dansant. » Il s’agit probablement d’un texte chanté par des hommes, avec une antienne chantée par des femmes, avec accompagnement de tambourins par les femmes. D’autres instruments ne sont pas signalés.

        Il se pourrait aussi que ce chant était accompagné de mimes, faits par les hommes, et décrivant les combats et les événements, comme cela se fait dans beaucoup de civilisations. Par exemple en Espagne, où l’on rejoue les combats contre les Maures, combats appelés « Matamoros = tue Maures», d’où l’on a tiré le sobriquet de « Matamore », pour désigner un soldat poltron mais vaniteux, qui n’est qu’un soldat de théâtre jouant les fiers-à-bras.  

b.     J’ai repris cette antienne et l’ai placée entre les groupes de 4 strophes qui se dégagent du texte. On peut ainsi chanter ces groupes de strophes séparément, en les encadrant de l’antienne. Celle-ci se chante sur les 4 premières lignes de ma mélodie.

        De même, je propose une répartition des strophes pour les faire chanter en alternance par deux moitiés de la paroisse, d’un choeur ou d’un groupe de jeunes ou d’enfants.

        De cette façon plusieurs manières de chanter ce texte sont possibles

c.   Le gloria est une autre proposition. Il permet d’achever le chant selon la tradition psalmique du Gloria, en restant dans la même mélodie, comme pour l’antienne. Selon le cas, on peut chanter l’antienne à la fin du chant et achever par le Gloria. On peut aussi reprendre l’antienne après le Gloria, donnant un caractère fort et festif au chant.


La mélodie

        J’ai choisi celle de Luther : « Nun freut euch, lieben Christen gmein », que j’ai aussi prise pour le cantique de Déborah, à cause de son caractère animé et combatif. L’antienne se chante sur les quatre premières lignes.

        L’intérêt de cette mélodie est qu’elle est aussi celle du célèbre chant « Maos zur = Puissante muraille », qui est le chant de Hanoukah par lequel les juifs célèbrent l’action de Dieu au temps des Macchabées et de la reconsécration du Temple. C’est une mélodie triomphale, tout à fait dans l’esprit du cantique de Moïse. Luther a repris cette mélodie, qui quoique employée dès le Moyen Age par les Juifs n’est peut-être pas juive d’origine, dans son cantique « Nun freut euch, lieben Christen gmein ».