F.06c. LE DIMANCHE JUBILATE (3e après Pâques)

Thème : la nouvelle création

Le nom

        Le nom provient de l’introït et de l’antienne du 3e dimanche après Pâques : Ps 66/1 : « Jubilate Deo omnis terra, Alleluia, Cantate gloriam nomini ejus, Alleluia  = Réjouissez-vous, terre entière, Alléluia, Chantez gloire à son nom, Alléluia. »

Le Psaume 66

        Le chant de ce Psaume, ou son emploi antiphoné, ne devrait pas manquer dans le culte de ce dimanche. Car ce Psaume est la célébration de l’œuvre de Dieu, qui sauve son peuple en lui faisant traverser la mer et le Jourdain : v.6  « Il changea la mer en terre sèche, on traversa le fleuve à pied. »

        Le thème du dimanche, la nouvelle création, pourrait faire croire que le Psaume parle de la création du monde, de l’ancienne création : il n’en est rien. La nouvelle création, c’est le salut après l’épreuve, la résurrection qui nous extrait du monde ancien pour faire de nous des créatures nouvelles : v.10-12 «  Car tu nous as éprouvés, ô Dieu, …, tu nous en as tirés pour nous donner l’abondance. »

        Le groupe élohiste des Psaumes

        Le Psaume 66 fait partie du groupe élohiste des Psaumes, qui forme tout le Second livre et comprend les Psaumes 42 à 72 : « fin des prières de David ». Ce groupe se prolonge dans le Troisième livre, des Psaumes 73 à 83.

        Ce groupe élohiste se divise en deux sous-groupements de textes :

a. les chants de Koré et d’Asaph. Au livre II, les Psaumes 42-49 de Koré et 50 d’Asaph, au livre III, les Psaumes 73-83 d’Asaph.

b. une série de « prières de David », des Psaumes 51 à 72 du Livre II. Dans cette série se place le Ps 66 et son parallèle le Ps 67, sans nom d’auteur ou de recueil. L’époque de sa composition est difficile à établir.

        « Psaume liturgique célébrant une délivrance », dit la Bible du Centenaire 1947. Il s’agirait d’une sorte de « Te Deum laudamus », chanté après des batailles ou des guerres victorieuses, ou lors de commémorations de telles victoires. Cet aspect commémoratif de la victoire de Dieu correspond bien à l’emploi du Psaume à Jubilate : Réjouissez-vous pour la victoire de Dieu à travers le Christ sur ses ennemis, la mort, le péché, le mal, Satan et le « Royaume des morts », rappelé dans le Credo. 

        La théologie de l’Elohiste, plus universaliste que celle nationale du Yahviste, fait entrer ce Psaume dans l’universalité des nations : « omnis terra » et non « Israël ». Le Psaume  de Jubilate veut faire entrer la victoire du Christ dans le monde et pour tous les hommes, en même temps que celle-ci concerne en premier lieu les disciples et l’Eglise naissante et l’actuelle.


Les lectures bibliques

Le mot d’ordre :  II Corinthiens 5/17

        « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées, voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » La phrase est issue du célèbre texte de Paul : »Le Christ est mort pour tous, afin que les vivants vivent pour lui ». Ce thème du « Christ en nous – Nous en Christ » annonce l’évangile du Cep et des Sarments de Jean 15.

L’Ancien Testament :   Genèse 1/1-2/4a

        De fait, l’ancienne création est rappelée dans la lecture du récit de la Création selon Genèse 1-2/4a. Le texte est réduit à Gen 1/1-4a + 26-31 : l’homme au 6e jour + 2/4a : le sabbat au 7e jour, par l’élimination de 1/5-25, qui donne le détail des six jours de création. Mais si on se prend le temps, et qu’on veut développer une glorification du Dieu Créateur, on peut très bien prendre l’intégralité du texte, et le structurer pour une lecture liturgique à plusieurs voix d’individus et de la communauté.

L’épître :   I Jean 5/1-4

        L’épître parle de l’amour de Dieu, qui caractérise la nouvelle créature, née de Dieu. Cet amour s’exprime à travers les Commandements, qui démontrent cet amour de Dieu et conduisent aussi à l’amour du prochain.

L’évangile :   Jean 15/1-8

        « Le Cep et les sarments », c’est la première des trois lectures extraites des discours d’adieu, placées sur Jubilate, Cantate et Rogate. Ces discours, qui vont des chapitres 14 à 17 et forment le testament spirituel du Christ avant sa mort, sont placés ici avant son départ à l’Ascension. Au Jeudi saint, l’évangile ne donne que le Lavement des pieds , Jean 13/1-5, complété de 34-35 : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres ». L’Epître et l’évangile de Jubilate reprennent où le Jeudi saint s’était arrêté.

        Dans cette image du Cep et des sarments, il y une dimension mystique : la nouvelle créature ne peut vivre que fixée sur le Christ ? On retrouve les images de Paul du greffon sur l’olivier, et celles du Cantique des Cantiques 6/3: « Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi », suivi de « Il fait paître son troupeau parmi les lis », rappel du bon berger de Misericordias Domini

La prédication

        Elle pourra aller dans plusieurs directions :

– rappel de la création , Genèse 1-24a, (texte pour 2008), que les chrétiens doivent aider à sauvegarder. L’ancienne création est le fondement biologique de la nouvelle vie, spirituelle.

– rappel de la victoire de Dieu : Ps 66, toujours nouvelle, sur le mal et toutes ses formes.

– rappel que l’amour est un commandement de Dieu, à accomplir pour celui qui est né de nouveau.

– rappel que le fidèle et l’Eglise toute entière ne peuvent rien sans demeurer sur le Cep. 

Quelques indications de chants

Psaume 66 :  Peuples, venez, et qu’on entende

Forme intégrale de Valentin Conrart, révisée avec Gloria,
      en 10 strophes, dont les strophes 8-10 pour Jubilate,
      « Peuples, venez, et qu’on entende »

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Forme LP n° 27 = Ps 66 :  Peuples, venez, et qu’on entende »

Forme Chapal, en 4 strophes, dans NCTC 66, ARC 66, ALL 66,
                                           et dans EG 279 :
       « Vous, tous les peuples de la terre »

Wochenlied = Chant de semaine

        « Poussez vers Dieu des cris de joie »,
             
 traduction Yvers Kéler 1985, de
        Nun Jauchzt dem Herren, alle Welt, Ps 100,
           dans RA 333 et EG 288 
           de Cornelius Becker 1602, mélodie propre Hanovre 1646 ,
           RA 333, EG 288

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Autres chants :

        « La terre est à Dieu »,  traduction Yves Kéler, de
        Gott liebt diese Welt,  T et M de Walter Schulz 1970, EG 409
        Mélodie dans ALL 41/34,
        (le texte de ALL 41/34 comporte des modifications par rapport
         à l’original, faites par la commission de Alléluia 2005)

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