2005. 01 : 1er dimanche de l’AVENT

Le Seigneur vient

Dimanche 27 novembre 2005

Apocalypse 5, 1-5 (6-14)


( Série de Prédication IV (Predigtreihe IV) : nouvelles  épîtres )

I
L’attente de « lendemains meilleurs » est un des fils rouges qui tissent la trame de l’histoire de l’humanité. Depuis la nuit des temps, les hommes attendent, souhaitent, espèrent un avenir plus beau qu’avant. Depuis toujours ils prient pour la venue du Royaume, pour la réalisation du Paradis sur terre. Plus souvent encore qu’un avenir meilleur, c’est tout simplement un « sauveur » qui est attendu et espéré ! Un Sauveur : l’homme providentiel qui viendrait tout changer comme d’un coup de baguette magique et apporter le bonheur dans ce monde.

Dans l’histoire du monde, la question  « qui viendra et quand ? » a souvent supplanté  la question « que va-t-il nous apporter ? »  Pourvu que le sauveur délivre le peuple de la situation de détresse où il se trouve. Souvent, des peuples affamés et assoiffés de « lendemains meilleurs » ont acclamé et accueilli des sauveurs qui, à l’usage, n’en ont pas été. Et plus d’une fois, le mieux espéré a fini en désastre total.

Faut-il en conclure qu’il n’y a pas de sauveur et que tous ceux qui prétendent guérir le monde ne font qu’augmenter les maux de l’humanité ? Même les religions sont en désaccord sur le sens de la vie et l’avenir du monde. Même les chrétiens n’arrivent pas à s’unir. Comment espérer et attendre encore un avenir plus beau, un avenir de fraternité et de paix ? Il y a vraiment de quoi pleurer ! Et nous voilà à nouveau au 1°dimanche de l’Avent, au début du temps de préparation de la fête de Noël, au début du temps où nous sommes invités à nous réjouir et à sentir monter en nous la joie et l’espérance !

De plus, ce matin, c’est avec un homme qui pleure que nous entrons dans l’Avent ! Jean, comme on appelle couramment celui qui a écrit le livre de l’Apocalypse, Jean donc, pleure ! Il pleure parce qu’il est plongé dans un profond désarroi : ni sur terre, ni sous terre, ni même au ciel il n’y aurait donc pas de sauveur ! Ni sur terre, ni sous terre, ni même au ciel, nulle part quiconque qui serait digne d’ouvrir le livre de Dieu ? Ce livre, que, dans sa vision, Dieu lui-même tient dans sa main,  resterait donc clos, le sens de la vie et des événements du monde resterait à jamais caché ! Pour Jean, la vision céleste qui devait être ressourcement et fortification de sa foi vire à la désolation spirituelle. Alors il pleure. Il pleure sur le monde, sur son espérance déçue, sur lui-même.

II
Mais voici que dans la cour céleste, un des anciens s’approche de Jean et le rassure : le sauveur tant espéré dont il attend la venue est en fait déjà là ! Il est venu, il est là, endurant comme un rejeton d’arbre, fort comme un lion ! Oui, fort ! Un sauveur doit être fort et puissant pour réussir, pour avoir une chance de réussir dans le monde de ce temps-là, pour s’imposer face à la puissance impériale de Rome et au projet de la « paix romaine » construite sur la violence. Et aujourd’hui chez nous, un sauveur devrait être encore plus puissant pour pouvoir tenir tête aux multiples pouvoirs politiques et économiques et résister à toutes les formes du mal qui ravagent l’humanité et le monde. Heureux ceux qui ont pour eux un puissant sauveur !

En fait de puissant sauveur, Jean voit… un agneau… un agneau ! L’agneau : symbole du frêle, du sans défense, de la douceur, de l’innocence. D’où va-t-il tirer la force nécessaire ? Avec quoi va-t-il lutter ? D’où lui vient la dignité d’ouvrir le livre de Dieu ? La vision de cet agneau renvoie Jean à l’image de sa communauté : faible, menacée, rejetée. La fragilité, l’Eglise et les croyants la vivent, en souffrent peut-être parce que la fragilité fait entrevoir la mort. Et Jean voit que l’agneau est déjà immolé, sacrifié : il a déjà subi la mort, il a déjà vécu ce point tant redouté. Jean voit le sauveur déjà brisé : vision paradoxale qui choque et ouvre sur le non-sens ! Quand les puissances de mort étendent leur règne jusqu’au ciel, est-il encore possible d’espérer ?  C’est aussi la question qui nous assaille chaque année quand nous marchons vers Noël : célébrer la fête de l’espérance dans un monde où il y a plus de ténèbres que de lumière…

Aux yeux de Jean, l’agneau se révèle être en fait le vainqueur : il a sept cornes et sept yeux, symboles de puissance et de sagesse divines. La victoire du Christ en croix est déjà là dans l’enfant de la crèche dont nous faisons mémoire à Noël et tout au long de l’Avent. Et voici que l’agneau vainqueur reçoit le livre et l’ouvre… et d’un coup tout se met à chanter dans le ciel. Par cercles concentriques, la joie et l’acclamation s’étendent à tous les êtres, à toute la création : un Sauveur nous est donné, Il est là !  Pleurs et désespoir sont transformés en joie et louange !

III
C’est la remise du livre à l’agneau sauveur qui fait éclater cette joie et toute cette louange ! Alors tous les regards fixent à nouveau ce livre au cœur de la vision. Quel est donc ce livre si précieux et si extraordinaire en apparence ? Il contient un message, une parole de Dieu lui-même, qui le tient dans sa main, une parole destinée aux hommes. Comme il est écrit sur les deux faces, il est possible d’en lire une partie sans que les sceaux qui le scellent ne soient brisés, mais ce n’est qu’après l’ouverture de ces sceaux que la vraie signification et la pleine portée du message seront révélées. Et cette révélation pleine et entière sera l’œuvre du Christ qui seul est habilité à en briser les sceaux. Quel est donc ce livre ?

Serait-ce le livre des destinées du monde et de toute la création, le livre du plan de Dieu, le recueil de ses décisions pour l’avenir, le livre des prophéties annonçant « ce qui doit arriver bientôt » ? Dans la suite de la vision le livre est ouvert… mais rien ne nous est révélé de son contenu ! L’ouverture de chaque sceau suscite une nouvelle vision… mais rien de nouveau ne nous est révélé !

Le Christ seul est habilité à nous ouvrir ce livre… Ne serait-ce pas plutôt les Ecritures de la Première Alliance, les Ecritures du peuple d’Israël qui sont aussi les Ecritures saintes pour les premiers chrétiens ? Ces Ecritures racontent l’histoire de Dieu avec les hommes et son peuple élu. Elles racontent tous ces cheminements de foi des uns et des autres pour vivre cette Alliance et marcher avec Dieu. Cette Alliance et la Loi qui la scelle, le Christ est venu les accomplir pleinement ! Ces Ecritures, le Christ est venu les révéler à la pleine lumière. Voilà le livre qui ne devient clair et significatif qu’avec l’apparition du Messie qu’il annonce : le lion de Juda, le rejeton de la souche de David et Jessé. Le Chris, dont la mort est révélée comme victoire, accomplit toutes les promesses de Dieu. Alors, tout est dit, le Premier Testament s’illumine car il touche à son accomplissement.

Le Christ nous ouvre les Ecritures et nous donne ainsi à voir un chemin, un chemin de vie, un chemin sur lequel il nous appelle à sa suite. Ce n’est pas le Royaume qui nous est offert en cadeau de Noël, c’est le chemin à suivre qui nous est donné.

 Et par ce chemin, nous avancerons dans ce monde-ci en croisant et rejoignant les chemins des uns et des autres, en route vers le même Royaume… et vers Noël.  Amen.

                    Marc WEISS Pasteur CHU Strasbourg-Hautepierre

Propositions de chants.
ARC 24, 1-5 = NCTC 24 : « La terre au Seigneur appartient… » ;
ARC 606 : « En toi Seigneur est notre espoir… » (après la prédication) ;
ARC 303 = NCTC 223 : « Seigneur que tous s’unissent… » ;
ARC 311 = NCTC 161 : « Comment te reconnaître… » ;
ARC 310 = NCTC 162 : « O viens Seigneur ne tarde pas…. ».

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).