2005. 04 : 4e dimanche de l’Avent

La joie imminente

Dimanche 18 décembre 2005

2 Corinthiens 1, 18-22

(Série de Prédication IV (Predigtreihe IV) : nouvelles épîtres )

Chers amis,

Les choses semblent se présenter bien mal concernant le choix d’un texte aussi abrupt pour le 4ème dimanche d’Avent ! Ne ménageons pas nos mots : il s’agit d’un passage indigeste…

Quant à moi, tout obnubilé que j’étais par la lecture, puis la relecture (…) aride et infructueuse de ce texte, j’en étais venu à oublier d’appliquer à ce texte la règle exégétique la plus fondamentale de toutes, à savoir, se calmer et replacer les choses dans leur contexte.

Lors d’un premier voyage, Paul avait fondé une Eglise, vraisemblablement autour d’un noyau déjà existant, et il avait promis de revenir la visiter « bientôt » ! Et comme cela tardait, l’une ou l’autre bouche autorisée faisait peser sur Paul le soupçon de parler et d’agir à la légère. En réalité, Paul venait à cette époque, de faire l’objet de très grandes tribulations ; en effet, fatigué et amoindri physiquement, c’est par amour pour les Corinthiens qu’il avait ajourné son voyage chez eux, pour les « ménager », écrit-il, en attendant d’être « top fit » pour les rencontrer…. En fait, vous paroissiens, je ne veux pas que vous me voyiez accablé, parce que si c’était le cas, vous deviendriez tristes et faibles vous-mêmes, et, surtout vous manqueriez à votre devoir envers moi de me réconforter et de me donner de la joie. Vous êtes, vous à Corinthe, en l’état actuel des choses, la seule paroisse sur laquelle je peux m’appuyer. Dans l’attente de vous revoir, soutenez-moi par votre prière. Moi, Paul, par la bouche duquel la Fils de Dieu a été prêché, est resté fidèle, et n’a pas été oui et non (il n’a pas formulé des paroles à la légère. Ce que Dieu a commencé à faire dans ce monde, depuis l’avènement du peuple, de la Loi et des prophètes, puis l’avènement de son Fils dans la chair, un enfant grandissant en sagesse, en stature et en grâces devant Dieu et devant les hommes, il l’a fait jusqu’à maintenant et il continue à le faire avec nous, chez nous, et ailleurs et il continuera à le faire chez nous et encore ailleurs.

Noël marque le début d’une ère nouvelle, mais qui se réalise, en droite ligne, en prolongement direct, avec ce qui précède, la torah, la Loi et les prophètes ainsi que toute la tradition orale d’Israël. La préparation de son ministère s’est faite de A à Z dans le giron de la foi juive, une foi juive qui était dans l’expectative de grandes choses, à savoir de choses nouvelles bien qu’anciennes, un trésor contenu dans les Ecritures.

Si Jésus inaugure effectivement une ère nouvelle, c’est pour donner une nouvelle illustration au monde de ce que représente le caractère insondable et invincible du Dieu d’amour. Dieu est Dieu, non pas parce qu’il règne en haut dans les cieux, cela, toutes les religions (ou presque) le disent de leurs dieux, mais parce qu’il s’est approché des humains en devenant lui-même homme en Jésus-Christ. Il a ainsi montré sa volonté inflexible de sauver tous les hommes. De cela les deux grands récits de la Nativité portent la semence, le germe. En effet, qui sont les premiers adorateurs de Dieu, sinon, pour Matthieu les mages et, selon Luc, les bergers, tous des gens rejetés vers la périphérie de la société « bien-pensante » d’alors. Celle-ci avait bien voulu que Dieu s’approche des hommes, mais à la condition toutefois qu’il épouse leurs points de vue et classe les individus selon leurs propres critères. Toutes les disputes avec les autorités religieuses, les pharisiens et les scribes et même leurs incidences respectives sur la vie de Jésus sont contenues en germe dans les récits de Noël. Il s’agit bien là aussi d’une promesse, à savoir que Dieu, en vue du salut pour beaucoup, n’hésitera jamais à « se servir » de son Fils pour détruire la force du mal à sa racine. A cet endroit, c’est notre confession de foi qui, de manière extraordinairement inspirée, nous indique le sens véritable à donner au mouvement qui va de la mort de Jésus à sa résurrection : il meurt, ce qui lui permet de descendre au plus bas, jusqu’aux tréfonds de la création et d’être à partir de là élevé jusqu’à s’asseoir à la droite du Père.

Si donc Dieu a « utilisé » Paul comme « instrument » de diffusion de son message, malgré le fait qu’il avait tué de nombreux juifs avant sa conversion, c’est parce que Dieu, qui lit au fond des cœurs, est absolument libre de choisir qui il veut, quand il le veut et ou il le veut. Pour les bergers et les mages c’était pareil, Dieu utilise les « mécréants ». Mais pourquoi est-ce que je parle toujours des autres ? Suis-je digne ? Suis-je  digne d’arborer ma foi et de tenir tête à ceux qui, par touches successives de sous-entendus et de regards interrogateurs, brossent un état « exact » de ma vie pécheresse ? Et pourtant Dieu m’a aussi choisi et me connaît mieux que ceux qui « savent » ce que j’ai fait. Eh bien, et c’est là que ce texte, qui au départ pouvait sembler quelque peu rébarbatif, pourrait être reçu comme un véritable cadeau de Noël, Dieu sait ce qu’il fait lorsqu’il appelle à l’engagement, même si le choisi aura été un pécheur notoire. QUI NE L’EST PAS AUX YEUX DE DIEU ? Amen

            Christian MATTER, pasteur

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
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Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).