2006. 02 : 2e dimanche de l’AVENT

Esaïe 35, 3-10 

          2e Dimanche de l’Avent

            Le Sauveur qui vient

      Dimanche 10 décembre 2006 

           Fredy LANGERMANN

 (Série de Prédication V (Predigtreihe V) : liste complémentaire I )

Frères et sœurs en Jésus-Christ,

A la différence du premier dimanche de l’Avent qui nous invitait à nous souvenir de l’entrée à la fois humble et royale de Jésus à Jérusalem, et à l’accueillir à notre tour comme celui qui vient à nous comme Sauveur et comme Roi, ce deuxième dimanche nous appelle à tourner nos regards en direction de l’accomplissement de toutes choses. En d’autres termes : vers le Seigneur qui vient pour son deuxième et dernier Avent. C’est ce à quoi nous invite très clairement le mot d’ordre de la semaine : « Redressez-vous et levez vos têtes, car votre délivrance est proche. »

Cette parole du Christ transmise par l’évangéliste Luc, est contenue dans l’évangile de ce dimanche. Il s’agit d’un texte à caractère apocalyptique annonçant la destruction de Jérusalem et de son temple, et surtout les tribulations et cataclysmes, les persécutions et les épreuves qui précèderont le retour du Seigneur dans la plénitude de sa gloire. Ses fidèles, haïs de tous, connaîtront l’angoisse et la terreur, mais en persévérant dans la foi ils gagneront la vie. C’est ce qui doit fonder leur espérance et consolider leur courage avant que les prophéties ne se réalisent et que les convulsions annoncées ne s’abattent sur le monde.

Les premiers destinataires des paroles prophétiques d’Esaïe que nous sommes invités à méditer à présent vivaient eux aussi dans l’angoisse et dans la peur de l’avenir. Là encore, il s’agit d’un texte apocalyptique : Nous sommes en présence d’une fresque destinée à consoler des gens qui n’en peuvent plus, qui risquent de sombrer dans le désespoir. Les images et les perspectives réjouissantes que nous trouvons ici sont celles qui caractériseront le message de la deuxième partie du livre d’Esaïe, à partir du chapitre 40.

Les Israélites exilés à Babylone sont impatients de voir s’achever leur captivité et de pouvoir retourner à Jérusalem et dans le pays que Dieu avait donné à leurs pères. Leur attente et leur espérance, longuement et durement mises à l’épreuve, sont en passe de céder la place à la résignation et au désespoir. C’est pourquoi ces déportés ont besoin de voir s’ouvrir devant eux la perspective d’un nouvel avenir. C’est l’annonce de ces temps nouveaux qu’introduisent, à l’intention des exilés, les premiers versets de notre texte : « Rendez fortes les mains fatiguées, rendez fermes les genoux chancelants ; dites à ceux qui s’affolent : Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : il vient lui-même vous sauver. »

N’avons-nous pas besoin, nous aussi, d’entendre ces paroles de réconfort ? Ne nous sentons-nous pas à certains moments, en certaines périodes de notre existence, impuissants et désemparés face aux menaces ou aux doutes qui nous assaillent, lorsque nous nous sentons abandonnés, inutiles ou mécontents de tout et de nous-mêmes ?

Esaïe tente de consoler son peuple en esquissant l’image ou plutôt une suite d’images d’un monde nouveau où la tristesse fera place à la joie et la misère au bonheur, où la liberté et la paix ne seront plus un beau rêve, mais une réalité que rien ne mettra plus en péril. Le tableau que brosse le prophète comporte trois volets.

Le premier nous montre des handicapés retrouvant l’usage de leurs membres et de leurs facultés sensorielles. Quoi de plus exaltant que de voir s’ouvrir les yeux des aveugles, les oreilles des sourds et la bouche du muet, et le boiteux bondir comme un cerf ? L’écho de cette prophétie, nous le trouvons dans l’évangile, dans le message de Jésus à Jean-Baptiste qui, du fond de sa prison, lui avait fait demander par ses disciples : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » « Allez raconter à Jean, répond Jésus, ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue, les sourds entendent, les infirmes marchent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. »
Le deuxième panneau représente le désert qui reprend vie grâce au jaillissement de sources nouvelles dans les terres arides et de torrents d’eau vive dans la steppe. Pour un habitant du Sud, aucune autre image ne saurait, mieux que celles-ci, évoquer la plénitude du bonheur et de la joie de vivre.

Le troisième volet du triptyque nous fait entrevoir une route, une voie sacrée qui va permettre aux élus du Seigneur de retourner à Jérusalem en toute sécurité : « Le Seigneur lui-même ouvrira la voie et les insensés ne viendront pas s’y égarer. On n’y rencontrera pas de lion, aucune bête féroce n’y accédera. Ceux que le Seigneur a libérés y marcheront. »
Et pour couronner le tout, les derniers versets du chapitre éclatent en une sorte d’apothéose : « Ils reviendront, ceux que le Seigneur a rachetés, ils arriveront à Sion avec des chants de triomphe. Allégresse et joie viendront à leur rencontre, tristesse et plainte s’enfuiront. »

Voici donc cette fresque prophétique du bonheur et de la joie à venir. A-t-elle atteint son but ? A-t-elle pu attiser la flamme de l’espérance dans le cœur des déportés de Babylone ? Nous n’en savons rien. Mais il est important que cette évocation nous ait été conservée : cela nous permet d’y confronter les images d’avenir de notre temps.
Nous connaissons les rêves utopiques d’une société humaine idéale développés à l’époque du socialisme naissant. Et nous savons ce qu’il en est advenu, notamment dans les « démocraties populaires ».

Nous avons entendu parler du rêve décrit par le pasteur Martin Luther King, peu de temps avant son assassinat : « I’ ve a dream » – Je rêve qu’un jour sur les collines rouges de Géorgie les fils d’anciens esclaves et les fils d’anciens esclavagistes puissent s’asseoir à la même table. Je rêve qu’en Alabama des enfants noirs puissent serrer la main à des enfants blancs comme à des frères et sœurs… »

Il est certain que les plus belles images, les plus beaux rêves d’avenir ne peuvent changer par eux-mêmes le monde. Alors, les qualifierons-nous « d’opium pour le peuple », de consolation trop facile pour être crédible et efficace ? L’Evangile de Jésus-Christ nous permet d’avoir une approche plus nuancée. Oui, une vision d’avenir comme celle que propose Esaïe ou le rêve de M.L. King peut être authentiquement réconfortant, mais à une condition : qu’elle ait son point d’ancrage dans la réalité du projet de Dieu pour l’humanité, dans son dessein de salut.

Or ce point d’ancrage, Esaïe nous l’indique lorsqu’il dit : « VOICI VOTRE DIEU » – « Dites à ceux dont le cœur est troublé : Fortifiez-vous, soyez sans crainte : Voici votre Dieu, il vient lui-même vous sauver ». Il se trouve que jamais et nulle part Dieu ne s’est manifesté plus clairement qu’en son Fils Jésus-Christ. En Jésus, il est venu habiter parmi nous, il est devenu l’un des nôtres, l’Emmanuel : Dieu avec nous ! Mais en Jésus, Dieu n’est pas seulement avec nous, il est pour nous, il est notre Sauveur, notre Rédempteur. Nous ne pouvons pas faire notre salut, nous ne pouvons que le recevoir comme un don de sa grâce, accordé à quiconque croit en lui, met en lui son entière confiance.

Dieu vient à nous en Jésus-Christ. En ce temps de l’Avent, nous pensons certes à sa première venue dans le monde, nous nous apprêtons à fêter la naissance de Jésus. Mais l’Avent, c’est aussi, cela devrait être en tout cas, un temps où nous nous souvenons de la promesse que le Christ a donnée à son Eglise : « Voici, je viens bientôt ! ». Sommes-nous de ceux qui l’attendent, de ceux qui lui répondent : « Amen ! Viens Seigneur Jésus ». Si tel est le cas, nous pourrons, d’un cœur rempli de reconnaissance et d’espérance entrer dans la louange des rachetés d’Israël en chantant avec le psalmiste : « Le Seigneur a fait pour nous de grandes choses, nous sommes dans la joie ! » Amen.

Fredy Langermann, pasteur

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).