Dimanche 2 Décembre 2007
Hébreux 10,19-25
Sœurs et frères en Christ.
Ce premier dimanche de l’Avent nous invite à l’espérance et à l’engagement. Il le fait par l’Evangile qui nous encourage à accom-pagner le Christ qui vient parmi nous, par l’épître aux Romains qui affirme que la proximité de la venue du Christ doit raviver la flamme de l’amour. Enfin ce passage de la lettre aux Hébreux pousse les chrétiens, libérés par le Christ, à avancer en pleine confiance vers le trône de Dieu. Ces affirmations se fondent sur la conviction que le « jour » est proche. Nous allons nous demander d’abord de quel jour il s’agit, ensuite nous examinerons ce chemin frayé par le Christ et dont parle l’auteur aux Hébreux. Cela nous ouvrira aux exhortations qu’il nous adresse à travers les conseils qu’il donne aux chrétiens de son temps.
1. Le jour
Dans le texte original des Hébreux, notre passage se termine par l’expression : faites tous cela, « d’autant plus que vous voyez ap-procher le jour ». Les traductions, qui veulent faciliter la compré-hension, précisent souvent « le jour du Seigneur » , ou « le jour du jugement » , ce qui n’est sans doute pas faux, mais risque de ré-duire la portée de cet événement qui vient vers nous, en le rédui-sant au retour glorieux du Christ.
Quand, au début du mois de décembre, les gens parlent du « jour » qui vient, ils pensent plutôt à Noël, à la fête, et à toute la série de manifestations qui l’entourent. Les enfants pensent aux vacances et aux cadeaux, les commerçants se demandent comment organiser le travail supplémentaire, les mères et pères de famille réfléchissent souvent au budget. Nous pouvons nous demander : vers quelles attitudes de partage et de solidarité la venue du jour de Noël nous pousse-t-elle ? Est-ce une rencontre avec le Christ ? Est-ce que nous pensons aux autres ou n’est-ce qu’une fête où la fa-mille se recroqueville sur soi ?
L’horizon peut aussi s’élargir au monde entier : vers quels jours allons-nous ? Devant nous y a-t-il des jours de rigueur et de dé-tresse ou des jours de progrès ? Nombreux sont ceux qui pensent que nous allons dans le mur, que notre civilisation est finie, que l’avenir appartient aux mafias et aux terroristes, ou que la pollu-tion prépare à l’humanité un avenir sombre. Beaucoup ne croient pas aux promesses de ceux qui disent que notre sort va s’améliorer. En fait, le pessimisme nous guette tous.
C’est peut-être une forme moderne et laïque de comprendre le « jour du Seigneur » , traditionnellement jour de jugement et co-lère. Mais que signifie le « jour » pour nous ? Attente ? Encoura-gement ? Menace ?
2. Un chemin de confiance
C’est exactement à cet endroit là que la lettre aux Hébreux formule un message positif. Elle parle d’abord de « ferme assurance » , ou « entière confiance » et explique que les chrétiens ne sont pas des gens désespérés et craintifs. Ils n’ont pas constamment peur que le mal et le péché les séparent de Dieu et de la vie.
En fait, toute la lettre aux Hébreux lutte contre ce sentiment de peur en expliquant que le Christ, en devenant homme, a ouvert vers Dieu un chemin nouveau et vivant, qui n’existait pas aupara-vant.
Avant lui, et c’est un fait dans la plupart des religions, les hommes ont eu l’impression qu’entre eux et Dieu la distance était insur-montable. Pour s’approcher de la sainteté de Dieu il fallait appor-ter des sacrifices et une sorte de renoncement à soi-même. La lettre aux Hébreux illustre cette difficulté pour l’humain de se présenter devant Dieu par l’architecture du temple de Jérusalem et de sa li-turgie. Là-bas, Dieu était censé habiter le lieu très saint, mais sépa-ré des fidèles par un rideau qui ne s’ouvrait jamais et que seul le grand prêtre pouvait franchir, non sans avoir accompli aupara-vant toute une série de purifications.
L’œuvre du Christ a justement été de franchir ce rideau pour que le chemin vers Dieu soit largement ouvert. C’est en devenant un être humain dans lequel la divinité et l’humanité se sont réconci-liées qu’il a inauguré cette aventure du libre accès à Dieu. Son sa-crifice sur la croix a scellé l’ouverture de ce chemin de vie, de sorte qu’aucun sacrifice n’est plus nécessaire. C’est pour cette raison que les chrétiens ont abandonné les sacrifices d’animaux. Pour cette raison aussi les protestants refusent l’aspect sacrificiel de la Sainte Cène, car le sacrifice du Christ, offert une fois pour toutes n’a pas besoin d’être répété dans le sacrement.
Pour nous résumer, l’auteur aux Hébreux explique à ses lecteurs que le Christ les a vraiment restaurés dans leur dignité d’enfants de Dieu, qui peuvent s’approcher de leur Seigneur en toute confiance, avec un cœur pur et une bonne conscience parce que dans le baptême, ils ont reçu le signe de la purification.
3. Un comportement
Cette nouvelle situation doit inspirer aux croyants un comporte-ment enraciné dans cette libération de la peur. Cela s’articule au-tour des trois termes classiques de la foi, de l’espérance et de l’amour.
La foi, fondée sur l’œuvre du Christ, est cette conviction que rien ne peut désormais nous séparer de l’amour de Dieu, aucun obsta-cle n’empêchera le croyant de toujours retrouver son Dieu, même s’il commet des erreurs : Dieu reste accessible et nous ne sommes pas voués à la destruction, mais promis à la vie.
Cette certitude engendre l’espérance : le jour du Seigneur qui vient est un stimulant. Une fête comme Noël, un événement imprévu, une difficulté qui veut nous faire tomber pour révéler que la foi est une illusion, rien ne peut nous vaincre. Les destinataires de notre lettre étaient en butte aux sarcasmes de leurs contemporains pour lesquels le christianisme était une imposture. Les attaques dont la foi chrétienne est actuellement l’objet dans le monde ne sont pas nouvelles. A nous de nous confier dans le Seigneur pour ne pas nous laisser écarter du chemin de la vie.
D’autant que nous ne sommes pas seuls : l’auteur invite ses lec-teurs et nous invite à cultiver l’amour fraternel. Il met l’accent sur la vie communautaire dans deux domaines : d’abord la fréquenta-tion des assemblées, des cultes et autres réunions, où le partage, la louange, la prière et l’exhortation alimentent le courage. Ensuite il invite à la solidarité, où les uns ont l’œil sur les autres, non pour les juger ou les critiquer, mais pour mieux les aimer et les soutenir quand ils en ont besoin.
Cl : C’est là l’une des pointes de ce passage :
l’auteur de la lettre aux Hébreux nous invite à ne pas être des petits esprits, enfermés dans nos préjugés, nos peurs et nos hésitations. Il nous appelle à être des croyants libres, qui savent que le Christ a ouvert devant eux un chemin qui mène vers la vie. Il est parfois difficile à trouver ou à parcourir, mais il est tracé, là, devant nous, ouvert par le Christ vainqueur que nous pouvons accompagner de notre ado-ration et de notre obéissance joyeuse dans l’espérance du jour de la grande rencontre, amorcé par ce temps de l’avent qui commence aujourd’hui. Amen
Textes lectures :
Romains 13,8-12
Matthieu 21,1-9
Cantiques possibles :
309 Viens ô Jésus régner sur cette terre
310 Oh ! viens, Seigneur, ne tarde pas
301 Aube nouvelle
303 Seigneur, que tous s’unissent pour chanter ton amour
313 O Dieu des grâces éternelles
¼ – Service des Lecteurs – 50 – 02.12.2007 – Pierre KEMPF