2008. 03 : 3e dim de l’AVENT

Dimanche 14 décembre 2008

Le précurseur du Seigneur

Matthieu 11, 2 – 6

(Série de Prédication I (Predigtreihe I) : Anciens évangiles )

Les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent. Est-ce bien vrai ? Si le ciel était vide, Dieu absent, muet et impuissant, si notre foi n’était que rêve et illusion ? Tous les jours, des malades affluent dans les hôpitaux. Tous les jours, des hommes et des femmes meurent de manière injuste et prématurée. Et si nous nous étions trompés ?
C’est aussi la question de Jean. Jean, le dernier prophète qui a passé sa vie à insuffler l’espérance à ceux qu’il côtoyait, à les inviter à se tourner vers Dieu au lieu de lui tourner le dos, est assailli par le doute. Il se trouve en prison, enchaîné, tentant vainement de se dépêtrer des liens qui l’enserrent. Il a eu le courage de dénoncer les agissements inadmissibles du roi Hérode, qui, abusant de son pouvoir, n’a pas hésité à exploiter ceux qui le servaient et à prendre pour maîtresse la femme de son frère. Résultat : Jean, les menottes aux mains, est placé par les gardes d’Hérode dans le plus sombre cachot de la prison royale. Il n’a plus d’espace d’action, d’espace de liberté. Celui qui hier encore tonnait contre la société, condamnait le péché et était considéré comme un prophète à succès se trouve aujourd’hui accusé et réduit au silence, aux prises avec de graves questions, assailli par le doute.
Enfermé dans sa prison, il crie. C’est la seule liberté qui lui reste : s’interroger, exprimer son doute, faire sortir sa question de prison. Et si sa vie n’avait servi à rien, et s’il s’était trompé ? Jésus est-il bien le Messie annoncé ? Ou se serait-il trompé ? Si Jésus est le Sauveur, pourquoi ne constitue-t-il pas une armée pour combattre Hérode, et ne chasse-t-il pas les Romains de Palestine ? S’il est vraiment le Sauveur qu’on attend, pourquoi ne prend-il pas le pouvoir, pourquoi ne se manifeste-t-il pas de manière plus spectaculaire en faisant la part des choses et en balayant le mal de ce monde ?
Au terme d’une existence entièrement consacrée à Dieu vient le temps de la nuit, de la remise en question.
Les temps d’obscurité qu’a connus Jean Baptiste sont souvent les nôtres. Et cette période de l’Avent exacerbe aussi nos attentes et nos appréhensions. Les lumières qui scintillent de toutes parts dans les magasins rendent l’obscurité d’autant plus douloureuse et ne dispersent pas les idées noires. Allumer partout n’empêche pas que beaucoup de gens soient éteints. Et nous avons souvent l’impression que la moindre étincelle peut susciter des réactions irrationnelles et embraser une violence incontrôlable.
Jean ne reçoit pas de réponse à sa question. Il est emmené ailleurs. Au temps de l’épreuve, il est tellement tentant de se tourner vers quelqu’un qui viendrait régler tous nos problèmes, vers un Tout Puissant qui s’imposerait comme une évidence. Jésus ne répond pas à Jean : c’est moi, le Messie. Mais il l’invite à réfléchir.
Au fond, la réponse de Jésus à Jean Baptiste révèle que le message de l’Évangile ne va pas de soi, ne saute pas aux yeux.
Le Messie libérateur, le Messie spectaculaire, qui réalisera ce qu’il a imaginé, ce Messie là ne viendra pas. Car le Messie n’est pas le Fils du Dieu évident mais du Dieu vivant.
Et pourtant, la question du prophète reçoit une réponse, une réponse bouleversante, qui renverse toutes les idées reçues et défie l’imagination.
Regardez la réalité. Il se passe quelque chose. La Bonne nouvelle est en marche. Le Royaume de Dieu est proche. Des signes sont offerts à celui qui sait voir.
Les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent. Le Sauveur, Jean l’attend puissant, et il vient autrement. Il pourrait détrôner Hérode et prendre le pouvoir à sa place. Mais ce n’est pas ainsi qu’il agit. Il pourrait rétablir la paix dans son pays par la force, mais ce n’est pas ainsi qu’il agit. Il pourrait s’attirer respect et admiration en accomplissant des actes extraordinaires. Mais ce n’est pas ainsi qu’il agit. Il ne cherche pas à se faire valoir, à montrer sa puissance, à être reconnu pour son pouvoir. Mais il s’occupe de ceux qui en ont le plus besoin, des mal aimés, des gens de mauvaise réputation, des moins que rien. En lui, Dieu, qu’on ne pouvait voir de face, prend un visage. en lui Dieu se fait proche. La puissance du Messie attendu est une puissance d’amour : il est doux, humble de cœur, vient guérir et donner vie.
Deux mille ans après Jean-Baptiste, nous en sommes au même point. Nous sommes nous aussi, saisis par le doute, hésitants sur notre foi, habités par l’interrogation, troublés par des questions sans réponse, fatigués par la longue attente d’un monde plus juste qui tarde à se manifester. Comme Jean le Baptiste, nous devons nous contenter de cette promesse : toi qui es captif, toi qui doutes, sache que des aveugles retrouvent la vue, des lépreux sont guéris, des pauvres entendent la Bonne Nouvelle. Quand tu te sens abandonné, dis-toi que quelqu’un d’autre, au même moment, est retrouvé. Quand l’Évangile ne te parle pas, dis-toi qu’au même moment, il interpelle et relève beaucoup d’hommes et de femmes. Quand tu es dans la nuit, dis-toi que le jour se lève pour celui qui se débat dans l’obscurité.
Car il ne fait jamais nuit sur toute la terre. Jésus vit ! Il vit là où il nous arrive de pouvoir avancer là où nous étions paralysés, parce que nous pensions ne jamais aller plus loin. Il vit là où il nous arrive soudain d’entendre, d’accepter du neuf, là où nous n’entendions que d’une oreille ou même que nous ne voulions pas entendre. Il vit là où il nous arrive de revivre, alors que nous ressemblions à des morts vivants, sans envie, sans désir.
Il est présent chaque fois qu’un rayon de lumière transparaît pour celui qui n’ose plus se présenter à la lumière du jour. Chaque fois qu’est soulagé celui qui est dans le besoin. Chaque fois qu’est relevé celui qui est abattu. Chaque fois qu’est redonnée un peu d’espérance à celui qui doute. Chaque fois que le dialogue renaît dans les familles, alors l’Évangile est annoncé, l’Évangile qui transforme.
Même si rien n’est simple pour celui qui croit, le miracle s’opère encore aujourd’hui. De l’ancien peut naître du neuf. Du sombre peut jaillir la clarté. De l’impasse peut s’ouvrir un chemin. Ne restons pas là où nous sommes. Allons plus loin. Sortons de nos prisons intérieures et cherchons à discerner les signes de la présence de Dieu, toujours inattendue.
Édith Wild

¼ – Service des Lecteurs – SL – 52 – 14.12.2008 – Edith WILD

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).