2009. 02 : 2e dimanche de l’AVENT

Dimanche 6 décembre 2009

                                 Le Rédempteur vient

                                       Jacques 5, 7-8


 (Série de Prédication II (Predigtreihe II) : Anciennes épîtres )

« Prenez patience, affermissez vos cœurs ! » Autrement dit : ayez de la persévérance, de la ténacité, de l’endurance ! Ayez de l’endurance, comme par exemple le coureur de fond, celui qui court sur une longue distance, et qui pour cela doit calculer, doser son effort, gérer son capital de forces de manière à ne pas manquer de souffle avant la ligne d’arrivée.

Comment cette patience est-elle possible ? – Elle est possible grâce à la certitude que l’avenir appartient au Seigneur, que la « venue du Seigneur est proche ». La proximité du Seigneur illumine le temps d’attente et de patience.

Et l’apôtre reprend une parabole déjà utilisée par Jésus : le cultivateur qui a mis de la semence en terre et qui attend avec confiance le temps de la récolte. Il sait que pour le moment il ne peut rien faire, que toute impatience ne sert à rien. Car la croissance, la pluie et le beau temps ne sont pas de son ressort. Le cultivateur attend avec patience, avec espérance ; la moisson donnée par Dieu le récompensera largement.

Attendre, être patient, cela ne signifie pas forcément être inactif ! Il a déjà préparé la terre, il a semé ; et maintenant, en hiver, il va se consacrer à l’entretien de ses outils, de ses installations, pour que tout soit prêt lorsqu’il s’agira de récolter…

« Affermissez vos cœurs ». Reprenons l’exemple du coureur de fond. Il lui faut des poumons développés, il lui faut un cœur solide ; sinon, il ne tiendra pas le coup. Un long entrainement est nécessaire, ainsi qu’une bonne alimentation et une vie saine. Peu à peu son cœur deviendra fort.

« Affermissez vos cœurs ». Pour ceux qui ont le cœur faible, il existe des fortifiants qui peuvent être prescrits par le médecin et achetés à la pharmacie. Chacun de nous sait cela. Mais savons-nous qu’il y a aussi des fortifiants, tout comme un entrainement pour le cœur dans le sens de la vie intérieure, pour la foi ?

Martin Luther énumérait les manières de recevoir les fortifiants pour la foi : par la prédication de la Parole de Dieu ; par les sacrements, baptême et sainte cène ; par l’absolution, c’est-à-dire l’assurance du pardon au cours du culte ou lors de la confession personnelle ; par la communion entre frères qui s’entraident et se fortifient mutuellement.

Ce que Luther cite ici, ce sont les moments forts de la vie de l’Église, les moments où le Seigneur est présent d’une manière particulière parmi les siens. Les moments où il nous est donné de ressentir quelque chose de la réalité, de la réalisation de sa promesse aux disciples : « Voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ».

En fait, tout se tient ! Nous pouvons être patients parce que nous croyons que le Seigneur va revenir, que sa venue est proche et qu’elle signifiera pour nous délivrance, salut. Mais ce message de la venue du Seigneur, qu’est-ce qui le rend digne de foi ? – Réponse : celui que nous attendons, c’est celui qui est déjà venu ! Celui qui est
venu vivre parmi les hommes pour leur montrer que Dieu les aime et qu’il est patient avec eux.

L’Évangile (Luc 17) raconte comment les auditeurs de Jésus ont posé la question de la venue du Royaume de Dieu. Les Juifs attendaient une intervention décisive de Dieu, le renouvellement du monde et des hommes, l’accomplissement des promesses de Dieu qui mettra de l’ordre dans les relations humaines, un temps de paix béni où la bonne volonté de Dieu s’imposera à tous. Ils sont convaincus que cela viendra ; ils aimeraient en savoir plus. Leur espérance, peut-être leur impatience, les amène à s’adresser au rabbi Jésus de Nazareth : quand viendra le Royaume de Dieu ? Et Jésus leur répond : « Le Royaume de Dieu est parmi vous » ; on peut aussi traduire : « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous ».

Déjà aujourd’hui, ici et maintenant, dit Jésus, Dieu installe son Règne au milieu de vous. Et vous pouvez y participer, tout simplement en venant à ma suite. Laissons toutes spéculations sur le moment du retour du Seigneur et vivons avec la certitude que Dieu n’abandonne pas sa création, mais qu’il lui réserve un avenir digne du Créateur.  Les signes du Royaume que Jésus a donnés lors de sa vie terrestre et dont témoigne l’Évangile nous ouvrent les yeux sur les signes de ce Royaume parmi nous et nous invitent à en donner à notre tour. Le Royaume de Dieu est présent à l’état de semence. En même temps, sa venue définitive est l’objet de notre espérance. C’est-à-dire il s’agit d’une réalité future que nous espérons, mais aussi, et surtout une réalité à construire dès à présent. L’espérance du Royaume futur nous encourage à placer des jalons, à rendre ce Royaume un peu plus présent parmi nous.

C’est là un travail de longue haleine, un combat de tous les jours, qui exige la patience dont parle l’apôtre Jacques. Une vie de patience sereine, un cœur affermi et confiant, un rayonnement discret et généreux. Ce qui est un bienfait pour une communauté chrétienne digne de ce nom devient une nécessité lorsqu’il s’agit d’apporter un témoignage vers l’extérieur.

Dans le conte d’Antoine de Saint-Exupéry « Le Petit Prince », un renard explique au Petit Prince comment nait l’amitié : « Si tu veux un ami, apprivoise-moi. » – « Que faut-il faire ? » dit le Petit Prince. – « Il faut être très patient, répondit le renard, tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien… Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près… »

« Il faut être très patient. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi… » Le renard conseille de ne pas précipiter les choses ; avec le temps, la distance pourra être réduite, la méfiance vaincue, et l’amitié pourra se développer…

La vie de nos paroisses a tout à gagner des coups d’œil que l’on accepte de jeter par la fenêtre. Ainsi, les expériences des missionnaires, leurs récits sont toujours très enrichissants. Beaucoup d’épisodes de l’histoire de la mission confirment la nécessité de la patience et de la persévérance dans l’approche, la prise de contact avec ceux que l’on veut évangéliser. Bien des missionnaires ont d’abord vécu à côté des indigènes, avant de pouvoir vivre avec eux et partager avec eux leur foi.

Exemples : Au Groenland, le premier baptême eut lieu 17 ans après l’arrivée des missionnaires ; sur l’île de Java, 30 ans après. Au début du vingtième siècle, beaucoup de missionnaires partis au Cameroun sont morts sans voir le fruit de leur travail… Un missionnaire parlait à des Européens d’un important réveil religieux sur une île éloignée ; lorsqu’on lui demanda ce qu’ils avaient fait pour obtenir ce résultat, il répondit : « Nous n’avons rien fait de spécial, nous avons seulement prié pendant 25 ans. »

Des témoignages entre d’autres qui nous encouragent à recevoir l’exhortation de l’apôtre : « Prenez patience, affermissez vos cœurs, car la venue du Seigneur est proche ». Amen.

Suggestion : ceux qui célèbrent la « Journée de la Règle d’or » peuvent s’inspirer des nouvelles de l’Action Chrétienne en Orient qui illustrent régulièrement le thème de la patience (exemple des chrétiens du Liban ou de Palestine). 

Denis Klein
pasteur à Offwiller

¼ – Service des Lecteurs – SL – 51 – 06.12.2009 – Denis KLEIN

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).