2009. 03 : 3e dimanche de l’AVENT

Dimanche 13 décembre 2009

                               Le précurseur de Seigneur

                                     1 Corinthiens 4,1 -5

 (Série de Prédication II (Predigtreihe II) : Anciennes épîtres )

Chers amis,
En ce troisième dimanche de l’Avent, nous sommes invités à nous souvenir de Jean-Baptiste, présenté comme précurseur du Seigneur. L’épître entendue oriente nos pensées vers l’apôtre Paul. Il a consacré sa vie et ses forces à proclamer l’Évangile du Christ ressuscité au milieu du bouillonnement religieux de son temps. L’évangile entendu tout à l’heure révèle les questions de Jean-Baptiste emprisonné. Paul a été l’objet d’un certain nombre de contestations de la part des Corinthiens, regardons cela de plus près, pour voir ce qu’est ce « mystère » proclamé par l’apôtre et de quelle façon il assume son ministère.

1.Contestations

L’apôtre Paul avait passé pas mal de temps à Corinthe, port animé de Grèce et y avait proclamé l’Évangile. La lettre aux Co-rinthiens nous apprend que la communauté chrétienne de cette ville était composée de chrétiens d’origines sociales, ethniques et religieuses très diverses. Certains étaient très favorables à Paul. D’autres étaient mécontents de sa façon de parler ou d’être. La ville était un lieu de passage ; on pouvait y comparer les divers apôtres et prédicateurs qui visitaient cette église, en particulier Apollos, qui avait une réputation d’orateur brillant. Les préférences des uns ou des autres semblent avoir énervé Paul qui met ici les choses au point.
Il rappelle qu‘Apollos, Pierre, Paul et les autres apôtres sont tous au service du même Christ. Il n’y a pas lieu de les opposer, même si leur façon de faire n’était pas identique. En fait, et il y insiste, ils sont des serviteurs, des gérants du mystère du Christ. Dans l’Église, comme d’ailleurs dans la politique, on donne à ces serviteurs le nom de “ministres”. Ce mot comporte le préfixe “mini”. Le ministre dépend toujours de quelqu’un. En politique, le ministre dépend du roi, du président ou du Parlement qui le nomme ou le renvoie. Le “ministre de la parole”, lui, reçoit sa légitimité d’un maître. Il n’a aucun “magistère” qui lui permettrait d’être le maître de ce qu’il proclame. Ce qu’on lui demande, af-firme l’apôtre, c’est d’être fidèle à ce qui lui est demandé par son maître, le Christ.
Il a une certaine distance par rapport à ceux qui le critiquent. Si les critiques portent sur son style, sa façon de présenter les choses, il trouve que cela n’est pas important. Ce qui serait gra-ve, c’est qu’on trouve qu’il trahit le message. Le ministre qui tra-hit la confiance de celui qui l’a appelé ne peut être que démis de sa fonction. Le ministre de la parole qui trahit la parole et en-seigne autre chose que l’évangile du Christ mort et ressuscité devient illégitime. Tant qu’il lui est fidèle, il reste à son service.

2. Le mystère

Paul utilise ici une expression qu’il faut expliquer. La traduction mot à mot dit : “qu’on nous regarde comme des ouvriers de Christ, gérants des mystères de Dieu”. Le premier sens du mot traduit par “ouvriers”, c’est “rameur, matelot”, donc membres d’une équipe. Ensuite vient “gérants” ou “économes”, les apôtres ne sont pas propriétaires de ce qu’ils annoncent, la Parole est un bien qui leur a été confié et qu’ils doivent faire fructifier.

Le mot traduit par “mystère” est l’écho d’un mot grec (myste-rion). La traduction “vérités secrètes de Dieu” utilisée par la Bible en français courant n’est pas très heureuse, car elle en appau-vrit le sens.
Dans le monde où vivait Paul, il y avait des “religions à mystè-res”, où les croyants étaient initiés peu à peu, par des ensei-gnements et des rites à des secrets, qui leur faisaient gravir peu à peu la hiérarchie religieuse. Paul fait allusion à ces “religions initiatiques”, qui rencontrent d’ailleurs un certain intérêt en ce moment.

Le christianisme n’a pas suivi cette voie de l’initiation secrète. Il a certes été appelé un “chemin”, parce que le croyant, par le catéchuménat qui menait vers le baptême, voyait s’ouvrir devant lui la participation à la communion. Mais l’Église a refusé un “en-seignement caché”, malgré les insinuations de ceux qui affir-ment que les théologiens ne disent pas aux croyants tout ce qu’ils savent. Jésus dit “il n’y a rien de caché qui ne doive être révélé”. Nous devons rester transparents dans l’enseignement de la foi et ne rien cacher.

Cependant, l’utilisation du mot “mystère” n’est pas à refuser. Dans la liturgie de la messe catholique, le prêtre dit, juste avant la consécration des espèces : “Il est grand, le mystère de la foi”. Il se rappelle donc, avant de faire ce geste central de la liturgie de son église, que l’eucharistie est quelque chose qui le dé-passe.

Nous, les protestants, devrions davantage en tenir compte. En effet, les serviteurs du Christ sont les gérants de quelque chose de plus grand qu’eux, qu’ils doivent respecter et dont ils ne sont jamais les maîtres.

Le risque de notre temps, qui a tout profané, est d’oublier cela et de prendre la parole, les sacrements, la vie communautaire, la prière pour des activités banales, alors que par elles nous som-mes mis en relation avec une réalité beaucoup plus grande et merveilleuse que nous ne l’imaginons.

3. Un certain détachement

Cela permet de comprendre que Paul ne s’en fasse pas trop si on l’accuse, car l’Évangile qu’il annonce a sa dynamique propre. Quand il y a du succès, quand des personnes trouvent grâce à lui la vie et la lumière dans cet évangile, il ne peut pas triompher, car c’est le Christ qui agit par son Esprit. Quand il y a des échecs, il déprime comme s’il avait failli.

Mais attention, cela ne veut pas dire que tout est indifférent : il interroge sa conscience pour savoir s’il a commis quelque infidé-lité, dont il faudrait se repentir. Ce n’est qu’après avoir constaté que sa conscience ne l’accuse pas, qu’il peut continuer son mi-nistère.

Mais il sait aussi que nous pouvons habituer notre conscience au mensonge et à la tricherie. C’est pourquoi il écrit que la bon-ne conscience n’est pas la garantie de l’innocence et qu’il est obligé de s’en remettre au jugement du Christ.

Ce qui est important dans ce comportement et qui peut inspirer tous ceux qui veulent faire partager à d’autres les merveilles des mystères de Dieu, c’est d’abandonner l’esprit de jugement. Ne jugeons pas les autres, ne nous jugeons pas nous-mêmes, essayons d’être vrais et fidèles, humbles et efficaces, sans nous remplir de vanité pour nos succès et sans nous effondrer lors de nos échecs.

Conclusion :

Aucun chrétien n’est maître de l’évangile, ni n’a le pouvoir sur le mystère de Dieu, tous ne sont que des rameurs dans la barque Église, que le Christ a lancée sur les flots de l’histoire, depuis Jean-Baptiste jusqu’au moniteur d’école du dimanche actuel qui essaie de témoigner de sa foi auprès des enfants. En ramant fidèlement sous les ordres du capitaine divin, il est possible de découvrir la grandeur de l’œuvre de Dieu qui veut mener des hommes pécheurs et maladroits, au-delà des petitesses et des jugements humains vers la révélation finale : que tout peut servir à la gloire de Dieu, même nos faibles coups de rame, parfois hésitants, parfois courageux, que le Seigneur peut remplir d’espérance. Amen

Lecture complémentaire : On pourrait lire à l’autel I Corinthiens 3,9 -16 pour annoncer le texte de prédication

Cantiques possibles :

427   Tu me veux à ton service
303   Seigneur que tous s’unissent
311   Comment te reconnaître
313   O Dieu des grâces éternelles
361   Le Fils de Dieu, le roi de gloire
Pierre Kempf
¼ – Service des Lecteurs – SL – 52 – 13.12.2009 – Pierre KEMPF

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).