2009. 04 : 4e dimanche de l’AVENT

20 décembre 2009

                                         La joie imminente

                                          Philippiens 4, 4-7


 (Série de Prédication II (Predigtreihe II) : Anciennes épîtres )

Helmut Gollwitzer, auteur du livre : « La joie de Dieu » a écrit que dans le camp de prisonniers où il a fait une halte sur le chemin vers la captivité en Russie en 1945, il s’est arrangé pour pouvoir lire la Bible. Puisque personne n’osait penser au passé, aux siens et au retour, il lui fallait lire la lettre de captivité de l’apôtre Paul qui se réjouissait d’avance pour le retour du Christ. Cette épître de l’espérance l’a réconforté et a attisé sa joie et sa sérénité, malgré la menace de mort et des conditions carcérales humiliantes. Il s’est senti proche de Paul et gagné par l’amour de proximité du Christ vivant qui enlevait tout caractère menaçant à l’incarcération prochaine. Merci à Jésus Christ d’avoir inspiré également au condamné à mort Dietrich Bonhoeffer le cantique de Noël de 1944 : « Préservés par tant de bonnes puissances, nous attendons avec confiance ce qui va arriver. Car Dieu est avec nous le matin et le soir, et certainement chaque jour ».

À nous aussi de nous laisser gagner par l’optimisme de Paul et de nous réjouir de l’arrivée du Christ qui est à notre porte et qui frappe. C’est aujourd’hui le dernier avent qui précède la fête de la venue de Dieu sur terre. Faisons fi de toutes les préoccupations personnelles, familiales et mondiales qui nous assaillent de toute part. Laissons nous gagner par la confiance directe et immédiate dans notre Seigneur. Que la joie des enfants qui vont découvrir leurs cadeaux de Noël nous rappelle les grands dons de l’amour et de la grâce de Dieu qui ont été révélés en Jésus Christ dont aucune force de destruction ne peut nous séparer. Merci à Jésus Christ d’être avec nous face aux menaces et de nous rassurer afin que nous puissions surmonter nos inquiétudes.

Que dans la joie et le bonheur de recevoir du Christ grâce sur grâce et d’être devenus par lui des enfants nés de Dieu, le Saint-Esprit transforme notre insatisfaction et notre impatience en cette sérénité et cette douceur qui méritent selon l’apôtre d’être connues de tous les hommes. Non pas la douceur qui se laisse faire, non pas la douceur de l’agneau qui est impuissant devant ceux qui le mènent à la boucherie, mais cette force tranquille qui vient, comme dit le prophète Esaïe, du calme et de la confiance en Dieu. Mettons un adoucissant dans notre langage, dans notre conduite au volant, dans notre consommation d’alcool aux fêtes de fin d’année, dans notre cœur pour qu’il ne soit pas endurci, mais ouvert à la solidarité.
   
Comme cela est arrivé à nombre de gens angoissés par leur passé ou inquiets face à leur avenir incertain, à nous aussi de nous laisser apaiser par tous ces versets bibliques rassurants qui invitent « à ne pas s’inquiéter du lendemain puisqu’à chaque jour suffit sa peine, à jeter tous les soucis sur Jésus qui prend soin de nous, à croire que Dieu n’éprouve pas au-delà de nos forces à supporter, à expérimenter que la miséricorde de l’Éternel se renouvelle tous les matins, à prier en toutes circonstances pour que la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence garde nos cœurs et nos pensées ».

 La prière arrive à mettre un trait sur le passé, car, par essence, elle est résolument tournée vers l’avenir. Quand l’apôtre Paul invite dans Romains 12, 12 : « Réjouissez-vous en espérance. Soyez patients dans l’affliction. Persévérez dans la prière », il demande au croyant de vivre son présent dans le mouvement du Dieu qui vient à sa rencontre et qui l’entraîne vers un accomplissement. « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées, voici toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Corinthiens 5,17). La prière se dit dans cette joie imminente que le Seigneur est proche et peut changer le mal en bien. Dans son attente que Dieu exauce les supplications, la prière réalise une catharsis inversée. Ce n’est pas cette catharsis que produit le spectacle dramatique ou le film passionnel, qui permettrait une purge de nos affects, de nos pulsions et de nos emportements et qui nous libèrerait du danger de revanche ou de vengeance. Ce n’est pas non plus cette catharsis recherchée par la cure psychanalytique qui permet au patient de se libérer de ses affects longtemps et profondément refoulés dans son subconscient pour qu’il arrive enfin à se réorienter et à mettre au service des autres ses dons personnels qui étaient jusqu’alors freinés.

La prière peut remettre à Dieu le passé globalement, sans l’analyser, sans l’ordonner, sans y chercher un tremplin pour un nouveau départ. Le « fardeau » du passé maladif, maladroit ou mauvais peut être empaqueté en un seul colis pour en bâter symboliquement l’ânon qui accompagnait Jésus lors de son entrée à Jérusalem. La prière permet ainsi, dans la délibération intime avec Dieu, de déposer sa pierre de Sisyphe, son fardeau, sous le pouvoir du pardon et de la grâce acquis par son fils Jésus Christ qui a roulé la « grande » pierre qui obstruait son tombeau.
Les actions de grâce comptent les bienfaits de Dieu et les mettent tous devant nos yeux. Notre louange distingue dans le passé toutes les bénédictions que Dieu nous a accordées. Nos supplications, par contre, permettent une catharsis inversée et eschatologique. Elles font connaître à Dieu nos besoins et lui demandent de nous faire discerner ses réponses. Elle attend patiemment les changements bénéfiques. Elle fait l’expérience que Dieu écoute, qu’il est proche de nous et qu’il va venir nous apporter son soutien et ses éclaircissements. La prière est joie imminente. Elle transcende les ruminations sur l’inaccomplissement de notre passé. Amen.

                            Georges Bronnenkant

Proposition de cantiques :

Arc en Ciel : 33, 178, 212, 255, 316, 318, 713, 718 ;
cantique de Dietrich Bonhoeffer : « Von guten Mächten wunderbar geborgen » dans EG 65.

¼ – Service des Lecteurs – SL – 53 – 20.12.2009 – Georges BRONNENKANT

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).