2005. 03 : dim OCULI, 3ème dans le Carême

Suivre Jésus-Christ

dimanche 27 février 2005

Marc 12 / 41-44

(Série de Prédication III (Predigtreihe III) : nouveaux évangiles)

Plan de la prédication :

–    Un élan de solidarité et de dons sans précédents au moment de la catastrophe du Tsunami en Asie.
–    Le récit de la pauvre veuve est un trait d’union entre l’enseignement du Christ et sa Passion.
–    L’offrande, un culte rendu à Dieu, une façon de s’approcher de Dieu.
–    La pauvre veuve donne tout ce qu’elle possède, elle se donne elle-même.
–    Quelle est la valeur de l’argent donné ?
–    Quelle est la valeur de l’être humain ?
–    Quelle que soit notre richesse matérielle et spirituelle, ce qui compte c’est savoir s’offrir totalement, consacrer sa vie à suivre Jésus-Christ.

    Fin décembre, le monde entier a été bouleversé par le drame du terrible séisme marin, la vague du Tsunami qui a si fortement endeuillé l’Asie et ses nombreux pays. Un élan de solidarité sans précédent a parcouru la planète, toutes classes confondues. Dans les premiers jours qui ont suivi le drame, la télévision a filmé et interviewé une dame âgée qui venait de glisser un billet de 20 euros dans une urne à l’intention des sinistrés. Elle déclara : « J’avais l’intention de m’acheter un cadeau avec ces 20 euros mais je préfère les donner à ceux qui n’ont plus rien ». 20 euros ! Qu’est-ce que c’est en comparaison avec les dons de 150, 200, 300 euros et plus ? C’est peu, mais ils faisaient partie de son budget et de ses projets, pour les donner, elle a dû renoncer à quelque chose qui lui était précieux, elle a donné de son nécessaire comme « la pauvre veuve de l’Evangile ».

C’est précisément ce récit biblique bien connu que nous méditons aujourd’hui, et qui se trouve à la fin du long chapitre 12 de l’évangile de Marc. Nous constatons dans ce chapitre 12 que Jésus est à Jérusalem quelques jours avant la pâque juive et peu de temps avant sa mort annoncée, il enseigne et dialogue au sujet de grandes questions que se posent les théologiens de l’époque. Est-il légitime de payer un impôt à César ? Faut-il croire à la résurrection des morts ? Quel est le plus grand commandement ? Les scribes et les docteurs de la Loi interpellent Jésus et cherchent à le mettre en difficulté, des discussions animées en découlent, mais Jésus étonne son public par la pertinence et la profondeur de ses réponses. L’Evangile nous dit que la foule à laquelle les disciples se sont mêlés « l’écoutait avec plaisir »(12/37). Notre récit de « la pauvre veuve » vient en conclusion de ce chapitre après une critique acerbe à l’endroit des scribes dont les manifestations de piété semblent servir leur notoriété et leur rang social. Cette courte narration qui est la dernière avant le récit de la Passion semble a priori un épisode humble et sans importance.    

Ecoutons-le : lire Marc 12 / 41-44

    Jésus est assis dans le Temple et observe la foule dont de nombreux pèlerins qui défilent devant le tronc pour y déposer leurs offrandes. Si le texte nous dit que plusieurs riches donnent beaucoup c’est que ces hauts personnages ne se sont pas privés de montrer l’importance de leur offrande et de faire apparaître ostensiblement leur classe sociale. Comme ce défilé devait être monotone ! Mais surprise ! Une pauvre femme dont l’habillement révèle sa condition de veuve apparaît ! Elle jette deux petites pièces, les plus petites qui existaient à l’époque, l’équivalent de moins de deux centimes d’euros aujourd’hui. Jésus ne dit rien mais il appelle ses disciples. Ce petit événement qui aurait pu passer inaperçu vient en fait illustrer à point tout son enseignement : à quoi servent les belles théories si notre vie ne devient pas elle-même don de soi ? « En vérité, je vous le dis, cette pauvre veuve a mis plus qu’aucun des autres donateurs, car tous ont mis de leur superflu, mais elle a mis de son nécessaire, tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre »(v.44).

    Ce récit est probablement trop connu pour que nous puissions encore être choqués et nous poser des questions et pourtant, si nous nous arrêtons sur cet événement, il n’est pas simple de comprendre pourquoi cet épisode revêt pour Jésus une telle importance. Nous pourrions être choqués que Jésus ne soit pas intervenu pour défendre la veuve. Au verset 40 du même chapitre il critique ouvertement les scribes qui « dévorent les maisons des veuves ». N’est-ce pas l’occasion de mettre en public, le doigt sur une injustice flagrante ? Cette pauvre veuve, qui n’a, au temps de Jésus, ni pension, ni aide sociale, devrait normalement trouver auprès des riches, solidarité et secours, ce n’est donc pas à elle de donner le peu qu’elle a pour vivre mais aux riches de l’aider et de la soutenir ! Mais Jésus n’a pas joué les redresseurs de tort, peut-être a-t-il pensé à la veuve de Sarepta qui en des temps de famine, a donné au prophète Elie, le peu de nourriture qui lui restait et qui par la suite n’a plus jamais manqué de rien (1 Rois 17 / 8-16).

    Si Jésus n’a pas contrecarré l’offrande de la veuve malgré son caractère scandaleux et choquant, c’est qu’il a compris que cet acte était beaucoup plus qu’un simple devoir à accomplir. Notre veuve en a fait un acte de foi, une façon de se consacrer entièrement à Dieu (en hébreu, la racine verbale du mot offrande : qorban signifie s’approcher). Alors une offrande devient une consécration à Dieu, un acte de reconnaissance et un geste de confiance totale. Donner, c’est s’approcher de Dieu. C’est précisément ce que la plupart des scribes ne faisaient pas. Pour Jésus ce n’est pas la quantité d’argent qui compte, c’est le mouvement d’aller vers Dieu.

    Quelle est la valeur de l’argent aux yeux de Dieu ? On dit toujours que l’Eglise se soucie trop d’argent mais peut-elle vraiment s’en passer ? Dans ce récit, nous voyons que beaucoup d’argent peut n’avoir aucune valeur devant Dieu et que quelques pièces peuvent devenir un trésor. Si nous pensons à ces sommes récoltées pour les sinistrés d’Asie, il faut être lucide que tous les problèmes ne se règlent pas à coup de dollars. Ces gens d’Indonésie, du Sri Lanka et d’ailleurs ont besoin de nos prières, ils ne veulent pas que nous les oublions même quand les médias se tairont, ils ont besoin de solidarité, d’être considérés comme des humains à part entière, ils ont besoin d’être soutenus dans leurs efforts de reconstruction afin de reprendre goût à la vie.

    Quelle est justement le prix d’une vie humaine ?  Est-elle proportionnelle au rang social et à l’importance des gens ? Comme pour l’argent, les critères de Dieu sont différents des nôtres. Dieu ne regarde pas à l’apparence mais au cœur. Aux yeux de Dieu, la veuve qui n’a aucune existence sociale, a une valeur incommensurable car elle offre à Dieu, sa propre vie.    
    Nous sommes renvoyés au thème du jour : suivre Jésus-Christ. Jésus pressent sa mort prochaine, il va être condamné, renié, trahi, abandonné mais il sait qu’il donne sa vie par amour pour les humains. Cette pauvre veuve qui donne tout ce qu’elle a, est l’illustration de ce don total que Jésus demande aussi à ses disciples. La veuve ne sait pas comment elle vivra demain, en donnant tout ce qu’elle a, elle donne tout ce qu’elle est car sa vie appartient à Dieu et c’est à Dieu lui-même qu’elle confie son avenir. Un pasteur demande un jour à un S.D.F. à qui il raconte l’histoire de la pauvre veuve : « ne pensez-vous pas que cette veuve est tout simplement idiote ? » Le S.D.F. réfléchit et répondit : « non, elle n’est pas bête, mais elle croit vraiment, tandis que les riches ne donnent que pour se gonfler d’importance ».

    Quelle actualité ! L’argent a une telle place dans notre société d’aujourd’hui ! Il y a de l’argent sans valeur qui n’apporte que souci et cupidité et pourtant la quête du Dieu Argent remplace souvent la quête de Dieu. Bien sûr, nos églises, nos œuvres sociales, nos projets ont besoin d’argent et de notre générosité, donner notre offrande c’est aussi une façon de s’approcher de Dieu et de lui rendre un culte mais Dieu a surtout besoin que nos vies lui soient données et que nous marchions à la suite de Jésus pour apprendre à devenir chrétien. Il ne s’agit pas seulement de donner une petite partie de notre vie, quelques heures, quelques bonnes œuvres de temps en temps mais de consacrer toute notre vie à suivre Jésus-Christ, à nous mettre à son écoute en lisant la Bible et en priant, à nous laisser transformer et guider par lui dans toutes les petites choses de notre vie quotidienne.

Amen

Françoise GEHENN, pasteur aumônier à l’Hôpital de Hautepierre

Cantiques proposés : (Cantique ARC) 405, 408, 411, 425.

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).