2005. 04 : dim LAETARE, 4ème dans le Carême

Le Christ donné pour vous

Dimanche 6 mars 2005

(Série de Prédication III (Predigtreihe III) : nouveaux évangiles)

La question qui préoccupait les disciples, les amis, les adeptes de Jésus, au moment et surtout après sa mort, n’est-elle pas la nôtre aujourd’hui encore : Comment Jésus peut-il être présent aujourd’hui ? Présent au sein de nos communautés ? Présent dans nos vies ?

Dès les premiers mots du texte que nous venons d’entendre, nous sommes placés face au mystère de la Cène ou de l’Eucharistie, pour employer un terme œcuménique plus familier à nos frères catholiques ou orthodoxes. « Ma chair est vraie nourriture et mon sang vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. » (v.55 & 56)

Avouons-le, à entendre ces paroles nous avons des frissons, pensant que c’est de cannibalisme qu’il est question ici. C’est la raison pour laquelle certains célébrants n’aiment pas répéter ces termes pour éviter le sentiment qu’il s’agit de dévorer quelqu’un, pour les disciples de dévorer leur maître, pour nous de dévorer celui dont nous nous réclamons.

Toujours est-il que c’est bien de la Sainte Cène que l’évangéliste Jean parle ici, et cela en rapport avec la question évoquée dès l’entrée de ce message : Comment Jésus est-il présent aujourd’hui ? Souvent on invoque une parole bien connue de l’évangile de Matthieu pour répondre à cette question (Matthieu 18, 20) « Là où deux ou trois se trouvent en mon nom, je suis au milieu d’eux. » Pourquoi faut-il alors en outre la pratique de la Sainte Cène ? Exprime-t-elle quelque chose de plus ou quelque chose d’autre ?

Comment Jésus est-il présent aujourd’hui ? La réponse à cette question peut trouver un éclairage particulier lorsque nous examinons de près le texte qui est proposé à notre méditation d’aujourd’hui. Mais pour cela il nous faut être attentif à toute la symbolique du langage employé. C’est notamment le rapport entre la chair et le pain qui est souligné, plus que celui entre la coupe et le sang ; cela s’explique simplement du fait que ce 6e chapitre de l’évangile de Jean s’ouvre sur un récit de la multiplication des pains, suite auquel il y a tout ce développement sur Jésus, le pain de vie. Jésus ne dira-t-il pas de lui-même qu’il est le pain de vie (V.48) Mais comment s’opère ce passage du symbole – une vie qui est aliment, nourriture – vers la réalité de nos existences humaines aujourd’hui ?

Tout au long de l’histoire chrétienne il y a eu des malentendus et des conflits, qui souvent ont donné lieu à des divisions, autour de ce que l’on appelle les éléments du pain et du vin : ces éléments se transforment-ils en chair et en sang ? Y a-t-il con-substantiation  ou trans-substantiation ? Et qui a le pouvoir d’opérer de tels changements ? Aujourd’hui encore de telles questions sont en débat et donnent lieu à de vaines discussions, car, nous semble-t-il, l’axe devrait être déplacé de la nature des éléments « pain et vin », « corps et sang », vers les récipiendaires, vers les communiants, comme on a l’habitude de dire.

Alors, disons-le, ce dont la Sainte Cène nous fait bénéficier est de l’ordre de « l’incarnation », et notre texte met l’accent sur 2 aspects en tentant de répondre aux questions :

1.    Comment Jésus peut-il prendre corps en nous ?
2.    Comment Jésus peut-il humaniser ?

Le laisser prendre corps et devenir véritablement humain, voilà le double effet de la participation à la Sainte Cène, à l’Eucharistie. Et voilà la prise de conscience que l’évangile de ce jour peut opérer en nous : chaque fois que nous célébrons la Sainte Cène, Christ nous offre de faire corps avec lui et de nous rendre plus humains.

1.  Vraie nourriture, vraie boisson, dit le texte. Mais comment cela se fait, n’intéresse pas notre évangéliste. Par contre comment cela se vit : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui (v.56). C’est moi le participant au repas du Seigneur qui suis amené à vivre une communion réelle avec lui, à être tellement proche de lui qu’il est présent en moi et qu’il s’exprime à travers ce que je fais et dis. Et le texte de continuer : « Comme le Père qui est vivant m’a envoyé et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mangera vivra par moi » (v.57). Oui, c’est ça la communion ! Christ prend corps en moi comme une greffe qui prend sur le tronc d’un arbre. Le langage est symbolique, le moment est peut-être fugitif, mais cela signifie que Jésus-Christ prolonge ainsi sa présence en nous et parmi nous, il veut s’incarner en nous et avec nous. Son incarnation se poursuit avec nous jusqu’à la mort et au-delà de notre mort. Tel est le message que nous sommes invités à retenir. Il s’agit d’être une seule chose avec Jésus-Christ, de nous laisser incorporer totalement. Et redisons-le, au sens spirituel, boire et manger sont des actions symboliques, mais nous nourrir et nous abreuver de l’évangile nous permet d’être pleinement humains.

2.   «  Tel est le pain qui est descendu du ciel… celui qui en mangera vivra pour l’éternité » (v.59). La communion avec le Christ donne la vraie dimension à notre vie. Au-delà du simple fait de manger et de boire, au-delà de « métro, boulot, dodo » la vie humaine peut prendre une autre dimension. Certes, la mort ne nous est pas épargnée, elle peut même nous surprendre subitement, mais elle n’a pas forcément le dernier mot. Si nous ne pouvons pas vivre sans pain, n’oublions pas que sous son signe il y a une autre réalité présente, celle de la communion avec Jésus-Christ, du compagnonnage avec Dieu. Tout cela c’est l’Esprit qui le rend possible, selon ce que dit encore notre texte : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert à rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie ».(v.63) Ce qui signifie que livré à lui-même et aux limites de ses propres possibilités, l’être humain ne peut percevoir le sens profond des choses, ni des paroles et des gestes de Jésus, ni des célébrations liturgiques et des sacrements, ni du pain et de la coupe, ni même de ce qu’il vit dans son quotidien.

Alors, laissons l’Esprit Saint nous animer et nous bousculer afin que grâce à la parole de Dieu, lue et explicitée, et grâce notamment à la Ste Cène nous puissions découvrir la présence de Jésus-Christ dans notre quotidien et être avec Lui pleinement humains. Amen.

            Michel HOEFFEL, pasteur

Cantiques :    NCTC    267  1-3
266    1-3
257    1-3
229    1-3 (en cas de Ste Cène)
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PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).