L’Agneau de Dieu
Dimanche 13 mars 2005
Genèse 22, 1-13
(Série de Prédication III (Predigtreihe III) : nouveaux évangiles)
Pistes de prédication
– En Genèse 22, Abraham représente la foi parfaite en Dieu : il reste fidèle à Dieu malgré sa folle demande. Crainte de Dieu = confiance totale et intime entre Dieu et les hommes.
Heb 11, 17-19 prend tout son sens ici puisqu’il invite l’homme à la foi en Dieu capable de ressusciter les morts. La foi en Dieu indiquant des chemins qui à l’échelle humaine sont sans espérance.
– Personne ne peut souhaiter vivre une expérience semblable à Genèse 22, cf : « ne nous soumets pas à la tentation ». Mais pas de vie de foi sans épreuve.
– Genèse 22 met en avant la confiance d’Abraham, qui est la cause du renouvellement de la bénédiction de Dieu pour toutes les nations (alors que dans le texte de Genèse 12, Dieu donne sa bénédiction sans contrepartie).
– La foi en Dieu englobe tous les aspects de la vie, les sombres et douloureux comme les rayonnants et joyeux. Sinon la foi est une belle illusion.
Proposition de prédication
(Cette prédication peut être lue à trois voix : le prédicateur + la voix d’Abraham + la voix d’Isaac.)
Chers frères et sœurs en Christ,
Dieu est tout Autre de ce que nous imaginons. Il est parfois tellement autre que nous avons du mal à le comprendre et même à le suivre !
Ici dans notre texte de prédication il met Abraham à l’épreuve !
Et sans connaître l’issue de l’histoire, Abraham se met en route prêt à obéir à l’ordre de Dieu. Bien sûr tout au long de sa vie il avait connu les bénédictions de Dieu, il avait goûté à sa fidélité et à sa puissance. Mais là, ce que Dieu lui demandait était plus qu’une simple épreuve, c’était une exigence insupportable qu’il aurait aimé ne jamais connaître.
Que dirait-il si aujourd’hui nous lui donnions la parole ?
« C’est horrible, atroce, cruel ce que Dieu me demande ! Où est-il, le Dieu de miséricorde ? Là il m’en demande trop ! Rien qu’à y penser j’en suis malade !
Et pourtant je vais à Morija, quel chemin de douleur !
Mais j’y vais, poussé par la foi, l’obéissance et la confiance.
J’ai peur, horriblement peur, mon estomac est complètement noué et crispé. Mon Dieu ! Quelle épreuve, j’ai envie de vomir.
La seule chose qui me fait avancer et ne pas désespérer, c’est le souvenir de toutes ces richesses, de toutes ces promesses, de toutes ces miséricordes que Dieu m’a données tout au long de ma vie.
Je me souviens de toutes mes expériences avec Dieu, lorsque Dieu El Shaddaï (genèse 17) s’est montré le Tout-Puissant.
Aujourd’hui je découvre Dieu tout-puissant qui a le pouvoir de donner et la liberté de reprendre mon fils, mon unique fils que j’aime.
Je me souviens aussi que Dieu s’est révélé à moi comme le Très Haut. Sur ce sommet je découvre après l’épreuve, que le Très Haut a aussi la liberté de me redonner mon fils et alors je ne peux m’empêcher de chanter ce chant qui me remplit le cœur :
El Shaddaï, El Shaddaï, El Elyonna Adonaï, d’âge en âge tu es le même par le nom puissant que j’aime. El shaddai, el shaddai, erkamkana adonaï, je te louerai où que j’aille El Shaddaï.
Oui Dieu est tout autre, il n’est pas un Dieu assoiffé de sang.
Voila peut-être ce qu’aurait pu dire Abraham, mais dans notre histoire il est aussi question d’Isaac et lui, que nous dirait-il si nous lui laissions la parole ?
Peut-être dirait-il : « Au début c’est l’aventure, partir avec son père c’est excitant. Nous levons le campement et partons avec deux serviteurs et un âne. Il faut penser à beaucoup de choses. Oui, mais cette fois-ci quelque chose est différent de l’habitude. Mon père semble si abattu, si réservé, si peiné!
Au bout de trois jours de marche, grande est ma surprise lorsque mon père donne l’ordre aux serviteurs de rester en arrière et plus grande encore est ma surprise lorsqu’il m’emmène, moi, tout là-haut!
«- Du bois, du feu… mais père où est l’agneau pour le sacrifice ? »
Je ne comprends pas la réponse de mon père : « -Dieu saura voir l’agneau pour l’holocauste mon fils ! » Je porte le bois et je suis mon père sur le sommet de la montagne. Je lui donne un coup de main pour construire l’autel et puis nous empilons le bois pour le feu.
Et ensuite, tout va très vite, mais jamais je n’oublierai cet instant !
Mon père me ligote les mains et les pieds, il me pose sur l’autel, prend son couteau et…
Tout devient noir, je retiens mon souffle… et puis j’entends un bruit étrange, c’est un bélier qui s’était pris par les cornes dans un buisson pas loin de notre autel. Mon père alors me libère et ensemble nous attrapons l’animal, puis nous le posons sur l’autel et nous le sacrifions.
Mon père et moi, nous avons parlé longtemps, très longtemps. Je me souviendrai toujours de la dernière phrase qu’il a prononcée avant de rejoindre les serviteurs : « Dieu réclame l’obéissance, la confiance aussi, mais pas de sacrifice humain »
Chers frères et sœurs en Christ,
Lorsque nous relisons cette histoire il devient évident que Dieu a préservé Abraham dans l’épreuve même. Dieu a promis un fils à Abraham et il le lui a donné. Ici, dans notre histoire il a révélé comment il peut sauver même dans des situations qui, à vue humaine, semblent désespérées.
Oui, Dieu est tout autre, il échappe à toutes nos représentations.
Il nous fait passer parfois par d’étranges chemins, des sentiers parfois escarpés, des chemins souvent pénibles pour nous faire grandir dans la foi, dans la confiance et l’obéissance en lui et pour nous conduire à la Vie.
Une épreuve telle que celle d’Abraham n’est souhaitable pour personne, elle est insupportable rien qu’à l’entendre. Mais elle est là pour nous rappeler que notre vie de foi ne se déroule pas sans difficultés ni souffrances. Pourquoi Dieu a-t-il exigé ce fils à un père ? Pourquoi nous fait-il passer par des épreuves ? Qui peut répondre à de telles questions ?
Cette histoire signifie que dans les épreuves qui sont les nôtres, nous devons apprendre l’obéissance, garder la confiance et ne pas perdre l’espérance. Car la foi en Dieu ne se limite pas aux belles expériences de la vie, sinon elle est une belle illusion.
Si nous gardons le cap dans les moments difficiles, notre foi en sort grandie et notre relation en est fortifiée et plus mûre.
Ce que Dieu demande, il l’a lui-même vécu : il a réclamé à Abraham son fils unique, son fils bien-aimé mais n’a pas non plus épargné son fils unique, son fils bien-aimé. Paul écrit en Rom 8, 31 et 32 « Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous, comment, avec son Fils, ne nous donnerait-il pas tout ? »
Oui Dieu est pour nous ; contrairement à Abraham, nous avons la chance d’avoir la Bible et de ce fait, nous avons la chance de connaître Dieu à travers plus de 4000 ans d’alliance et de fidélité avec les hommes.
A travers Jésus-Christ, il nous est révélé combien Dieu nous aime et combien il veut que nous vivions pour lui et avec lui. Ce qui est saisissant, ce sont toutes les similitudes entre les deux histoires de sacrifices, celui d’Isaac et celui de Jésus.
Comme Isaac, Jésus est le fils unique, le fils bien-aimé de son père. Comme Isaac Jésus a porté lui-même le bois, le bois de sa croix. Comme Isaac il a été ligoté au bois.
Mais pour Isaac, Dieu a donné un bélier pour épargner la vie du fils d’Abraham, pour nous, il s’est donné lui-même à travers son fils pour nous épargner, pour que nous accédions à la Vie.
Dieu est tellement Autre ! Ce qu’il a épargné à Abraham, il l’a enduré lui-même. Son Fils unique est mort à la croix pour que nous ayons la vie.
C’est ce Dieu d’amour qu’il nous est donné de croire, c’est ce Dieu qui sauve qui vient à notre rencontre et qui nous donne la vie. Amen.
Bertrand CLAUSS, pasteur
PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL
Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.
Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.
A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.
Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).