L’homme de douleur
Dimanche 20 mars 2005
Marc 14, 3-9
(Série de Prédication III (Predigtreihe III) : nouveaux évangiles)
Frères et sœurs en Jésus-Christ,
Les traditions du dimanche des Rameaux sont souvent folkloriques et n’ont pas grand-chose de commun avec la signification de l’entrée de Jésus à Jérusalem. Cependant, cette entrée a joué un grand rôle dans l’esprit des chrétiens d’autrefois. C’est le seul évènement de la vie de Jésus dont on fait mention deux fois dans les lectures de l’année de l’Eglise : le premier dimanche de l’avent et le dernier dimanche du temps de la Passion !
En effet, il n’est pas inutile d’insister deux fois par an sur le fait que Jésus est bien le Messie, le roi des Juifs, et que les enfants tout comme les gens du peuple l’ont reconnu et acclamé comme tel.
Si aujourd’hui l’Eglise nous propose d’approfondir ensemble l’épisode appelée communément onction à Béthanie, c’est évidemment pour nous permettre de reconnaître à notre tour la grandeur et l’importance de Jésus et de manifester en public notre attachement à ce maître hors du commun.
Nous avons entendu à ce sujet que certains disciples ont parlé de gaspillage, de grand gâchis. Savez-vous quelle était la valeur de ce parfum, de ce nard pur ? Il aurait fallu travailler plus de 300 jours pour avoir de quoi le payer. Le prix d’une année complète de travail, de nos jours le prix d’une automobile moyenne !
Voilà ce qu’a coûté à cette femme son geste d’amour à l’égard de Jésus. On le lui a reproché ; pourtant, nous pouvons supposer que cette femme savait ce qu’elle faisait.
Ce parfum, ce nard originaire de l’Himalaya, elle l’avait acheté pour son propre mariage. Il était d’usage qu’une femme se parfume ainsi pour ce grand jour de sa vie. Pendant plusieurs années, elle mettait de l’argent de côté, aidée en cela par ses frères et son père. « Ce sera le plus beau jour de ma vie. J’aurai le meilleur parfum du monde ; ce sera un bienfait pour tous ceux que j’inviterai, et pour moi une source de joie profonde. »
Un jour, cette femme a rencontré Jésus et remarqué que le vrai bonheur et la vie venaient de lui. Elle a appris ensuite que Jésus risquait fort d’être condamné, sacrifié, éliminé, d’autant plus que Jésus ne faisait rien pour éviter une telle issue, bien au contraire. En effet, les chefs et les grands du monde religieux le haïssaient et ne disaient que du mal de lui.
Cette femme en était révoltée et triste, cela lui faisait mal au cœur. Elle savait bien : de Jésus, on ne peut dire que du bien ! Au lieu de le haïr, il faut l’aimer et l’aimer encore, lui qui nous apporte la paix avec Dieu et l’amour du père céleste !
Elle se dit : il faut qu’il sache qu’on l’aime, il faut lui montrer qu’on l’aime ! Cette idée ne la quittait plus. Il faut contrebalancer ces menaces et ces vilaines accusations. Mais comment ? Quel pourrait bien être le geste fort, le signe d’amour capable d’effacer ou de compenser tous ces mensonges et méchancetés ?
L’idée a dû lui venir subitement : mon parfum ! Il effacera et anéantira toutes ces vilaines paroles. Mon parfum recouvrira la laideur et la puanteur des mensonges… Mon nard sera le plus fort ! Ce geste sera le plus beau. Evidemment, elle n’avait pas toujours le flacon sur elle. Comme les autres jeunes femmes en âge de se marier, elle gardait ce trésor en un lieu sûr. Lorsqu’elle apprit que Simon avait invité Jésus à sa table et qu’ il resterait donc chez lui une heure ou deux, elle en profita pour mettre son plan à exécution.
L’idée et l’intention de donner à Jésus un signe d’amour alors que d’autres cherchaient à le tuer, l’idée et l’intention de procurer à Jésus un moment de bonheur et de bien-être profonds l’empêchaient de faire des calculs. A ses yeux, ce n’était pas du gâchis, mais suivre les conseils du maître, mettre l’argent au service de l’amour, s’en servir pour se faire des amis. Jésus remarquera ainsi qu’on l’aime et qu’à nos yeux, rien ni personne n’est plus important que lui.
Croyez-vous que cette femme ait dû l’expliquer à Jésus ? Avez-vous entendu un beau discours de sa part ? Non. Jésus a compris tout de suite. Jésus a apprécié le geste à sa juste valeur. Il a pris la défense de cette femme, il a expliqué et interprété positivement son initiative spectaculaire, bienvenue et inoubliable.
Jésus a apprécié, il a été touché au plus profond de lui-même et a remis à leur place ceux qui ne pensaient que de façon rationnelle, économique ou utilitaire. Cette femme a montré que l’amour à l’égard de Dieu précède l’amour du prochain et qu’il est des moments où il faut savoir donner la priorité à la louange et à l’amour du Seigneur.
Maintenant, chers amis, la question se pose : pouvons-nous refermer la Bible et dire : la belle histoire ! Raconte-nous en une autre ? Or l’évangéliste Marc ne l’a pas racontée pour notre plaisir, mais pour nous donner un exemple d’amour à l’égard de Jésus. C’est sûrement intentionnellement qu’il ne nous a pas donné le nom de cette femme : pour que nous y mettions notre nom à nous, pour que nous remarquions que vous et moi, que nous tous sommes concernés.
Comment suivre aujourd’hui l’exemple de ce geste d’amour à l’égard de Jésus ? Que faisons-nous pour lui pour que Jésus sache et que d’autres remarquent que nous l’aimons ? Nous allons maintenant citer quelques possibilités, mais c’est à chacun de nous d’en rallonger la liste, d’y mettre quelque chose de personnel, d’évoquer ce qui correspond à nos dons et à nos possibilités propres.
Voyez, celui qui aime Jésus et désire lui exprimer sa reconnaissance ne dira pas : Quel gaspillage que de ne pas travailler le dimanche ! Nous n’allons pas dire : il vaudrait mieux travailler pendant l’heure du culte et verser au profit des pauvres le salaire du dimanche. Nous réservons le dimanche pour Jésus ; c’est un luxe révélateur.
Nous savons Jésus présent lors de nos cultes. Comme cette femme, nous savons où il est invité et présent, où il rencontre les hommes, et nous nous y rendons.
De nos jours, dans nos communautés, on ne se sert pas de parfum pour dire : Jésus, nous t’aimons et t’honorons, mais les cloches ont aussi leur langage ; vous, vos parents ou vos ancêtres avez à grands frais fait installer de belles cloches. Tout comme le parfum se répand afin que tous en profitent, ainsi le beau son des cloches se propage aux alentours et apporte partout la louange de Dieu, l’appel du Seigneur et l’invitation à se réunir en sa présence.
Pensons également aux beaux vitraux, aux orgues majestueuses, à ces bâtiments d’église bien entretenus, aux nappes, aux fleurs, à ces mélodies, à tant de signes extérieurs, fruits de l’amour que, depuis des générations, nous portons à Jésus, signes également du respect infini dû à celui qui est le premier et le dernier et le vivant.
Bien sûr : dans l’Eglise, la Parole que Dieu nous adresse est primordiale ; mais l’Eglise de la parole doit aussi être l’Eglise du cœur, de la parole d’amour que nous adressons au Seigneur.
Parlons donc du Seigneur, à temps et à contretemps ; de tels témoignages d’amour et de respect nous vaudront des reproches ; on nous dira qu’il y a plus utile et plus urgent ; que notre façon d’investir notre temps et notre argent n’est pas responsable, mais gardons à l’esprit le geste de cette femme, ainsi que la reconnaissance et la louange de Jésus à son égard, et n’ayons pas honte de l’aimer en retour, de façon visible, voire spectaculaire. Amen !
Paul FRANTZ, pasteur
PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL
Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.
Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.
A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.
Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).