Le Christ donné pour vous
Dimanche 26 mars 2006
Philippiens 1/ 15-21
(Série de Prédication IV (Predigtreihe IV) : nouvelles épîtres )
L’essentiel c’est que Jésus-Christ soit annoncé, nous dit ici l’apôtre Paul. Et il précise même « que ce soit avec des arrières pensées ou que ce soit dans la vérité, je me réjouis que Christ soit annoncé ! » (v.18)
Bon, d’accord, il faut bien reconnaître que si dès le début, au lendemain des évènements se rattachant à Jésus de Nazareth, il n’y avait pas eu quelques apôtres et des gens comme Paul notamment, nous ne serions pas maintenant réunis en ce lieu pour célébrer un culte.
Il n’y aurait pas eu de catéchèse ou d’enseignement religieux grâce auxquels de génération en génération on a pu découvrir l’importance et la signification de la personne de Jésus. Jésus, un homme…. et pourtant !
En tout cas l’apôtre Paul s’est appliqué à se faire l’écho de cet homme, non seulement de ce qu’il a pu dire ou faire, mais aussi de la signification de sa personne et de toute sa démarche. De tout cela Paul s’est fait l’écho, il en a été le catéchète, car c’est bien là le sens du mot catéchèse, « catéchéin » : se faire l’écho, se faire l’écho de Jésus de Nazareth, se faire l’écho du Christ, le premier étant plutôt l’homme Jésus qui a vécu au Proche-Orient au début de notre ère , et le second, Christ, celui que les témoins ont reconnu comme appartenant totalement à Dieu, comme ayant été tellement, dans ce qu’il a fait et dit, du côté de Dieu, que même la mort n’a pas eu de pouvoir total sur lui, en d’autres mots, qu’il est ressuscité, qu’il est vivant pour toujours, qu’il vit parmi les croyants et qu’il agit à travers eux, aujourd’hui encore !
Mais revenons un instant au constat de départ de l’apôtre Paul lorsqu’il affirme que ce qui importe c’est que Christ soit annoncé, même si « les uns le font par envie et par rivalité, et si d’autres le font dans une intention bonne ». Il n’est pas certain qu’en regardant à l’évolution que l’Eglise, puis les Eglises, ont prise dans les siècles qui ont suivi la naissance des communautés de Philippe, ou d’Ephèse ou d’ailleurs dans le bassin méditerranéen, que Paul aurait continué à affirmer : peu importe, l’essentiel c’est que Christ soit annoncé. L’expérience nous montre que ce n’est pas le même Christ qui est annoncé, et qu’il ne suffit pas d’avoir son nom à la bouche pour que sa signification pour notre vie nous tombe sous les yeux ! Il y a eu tout au long des siècles des témoignages et des contre témoignages, des Christ et des contre Christ, qui ont été annoncés et qui sont toujours annoncés.
Oui, il importe que Christ soit annoncé, mais pas un Christ qui nous enferme dans un système religieux, par contre celui qui avec une extraordinaire liberté se détache de tous les conditionnements et de tous les enfermements, libre vis-à-vis de sa famille, libre vis-à-vis des personnes qu’il rencontre, libre vis-à-vis des pouvoirs économiques et politiques, libre vis-à-vis des femmes, de la religion et de Dieu lui-même, Jésus, le Christ, nous ouvre le chemin de la liberté et nous permet d’accéder auprès du Père.
Voilà le Christ vivant, voilà qui change, transforme et renouvelle notre vie ! C’est cette conviction qui anime Paul au fond de sa prison à Ephèse et qui le fait dire : « Pour moi, vivre c’est Christ, et mourir m’est un gain ». (v.21)
L’engagement de l’apôtre Paul pour le Christ a été tel qu’il lui a valu l’emprisonnement. D’autres après lui ont connu un sort semblable, et même pire, lorsque nous pensons à Dietrich Bonhoeffer né il y a exactement 100 ans. Et à l’heure qu’il est, il y a encore par-ci, par-là dans le monde des personnes emprisonnées à cause de leur engagement chrétien.
Dans nos régions nous n’en sommes pourtant pas là. Ce sont plutôt la nonchalance et l’indifférence qui nous menacent !
Alors n’oublions pas, sœurs et frères, que c’est de cela d’abord qu’il doit s’agir dans la vie de nos paroisses : donner écho de la vie du Christ, pas seulement à l’école du dimanche ou au catéchisme, mais aussi au culte, bien sûr, et dans les différents groupes, qu’ils soient bibliques ou simplement de partage. Donner écho de la vie du Christ afin qu’elle résonne en nous, donner écho pour que notre vie ne sonne ni faux, ni creux, mais qu’elle ait la bonne tonalité !
Entretenir un peu de vie d’église sans trop en attendre, maintenir un peu de pratique religieuse sans que cela nous dérange, ne suffit ni pour nos vies, ni pour l’avenir du monde.
Ce qui intéresse ici Paul et qui devrait nous intéresser aujourd’hui en tant que chrétiens, c’est que l’évangile circule, qu’il ne soit ni entravé, ni confisqué par quelques-uns, ni enfermé, ni accaparé par d’autres !
Jésus-Christ vivant en nous, Jésus-Christ libre en nous, Jésus-Christ force et espérance de vie, d’une vie solide et durable, voilà qui anime Paul jusqu’au point de dire : « pour moi, vivre c’est Christ et mourir m’est un gain ». (v.21)
Ce sont lui, le Christ, et le sort réservé à l’évangile qui importent.
Il y a une quantité incroyable de livres sur Jésus qui paraissent à l’heure actuelle, et dans de grandes maisons d’édition. Une grande partie est apparemment lue, sinon il n’y en aurait pas autant ! Alors pourquoi resterions-nous hors de ce circuit ? Du circuit de cet homme à travers lequel, ou grâce auquel, Dieu s’approche de nous, nous fait en quelque sorte une déclaration d’amour, nous prend pleinement en considération, donne sens et perspective à notre existence . Car avec Paul nous pouvons partager la certitude que ce que nous vivons maintenant avec le Christ, que ce que nous le laissons réaliser dans notre existence présente, donnent du poids à nos vies aux yeux de Dieu, en fait quelque chose de vrai, d’authentique et de durable.
Michel HOEFFEL, pasteur
Cantiques : NCTC 188 – 1, 2, 3
266 – 1, 2, 3
212 – 1, 2, 3