2007. 04 : dim LAETARE

Dimanche, 18 mars 2007

« Le Christ donné pour vous »

Jean 6/47?51

(Série de Prédication V (Predigtreihe V) : liste complémentaire I)

Plan de la prédication:

I. De quelle nourriture avons?nous besoin?
II. La manne dans le désert: le pain venu du ciel
III. Jésus est le vrai pain de vie qui se donne pour nous
IV. La réponse de l’homme c’est la foi et le don de Dieu c’est la vie éternelle.

I. Le début du chapitre 6 de l’évangile de Jean nous relate le récit de la multiplication des pains. Jésus entouré de ses disciples voit une grande foule le suivre pour écouter sa parole et pour voir ses miracles. Le soir venu, la foule affamée sera nourrie par Jésus à partir du don d’un enfant: 5 pains et 2 poissons. Mais une fois rassasiés, les gens semblent en quête d’autre chose, ils ont faim d’une autre nourriture et ils continuent à suivre Jésus. Que veulent?ils, qu’attendent?ils ? Les paroles de Jésus en surprendront plus d’un : « Je suis le pain de vie… je suis le pain vivant descendu du ciel…

Ecoutons ce passage: Lire Jean 6/47?51

Dans ce texte, Jésus s’adresse à la foule et à ses disciples comme pour dire : « je vous ai nourris alors que vous aviez faim, mais de quelle nourriture avez?vous vraiment besoin ? »
Quittons un instant notre évangile pour écouter un conte:
« Une fée parcourt le pays incognito. Un pauvre homme l’accueille et la reçoit aussi bien qu’il peut. En remerciement, elle lui promet de réaliser son voeu. Il souhaite un bon repas. C’est chose faite. Mais, la panse bien remplie, notre homme rattrape la fée : ce qu’il voudrait, c’est un festin chaque jour. Ainsi en est?il. Mais le bonhomme se lasse, il retrouve la fée : en vérité, il voudrait festoyer dans le palais royal. Mais quand il a goûté aussi à cela pendant quelques semaines, il sent grandir en lui une insatisfaction: ce qu’il voudrait vraiment, c’est être le roi. Ah.! dit la fée, je t’ai offert de jouir des choses et cela a seulement éveillé en toi le désir d’être un autre. Mais ce souhait?là, il n’est au pouvoir d’aucune fée de le réaliser ! »

Que vient faire ce conte dans cette prédication? Qu’a-t-il à voir avec notre récit de l’évangile? Je vous laisse y réfléchir. Souvent nous confondons Dieu avec une bonne fée. Nous prions pour avoir plus de richesses, plus de succès, de pouvoir, nous lui demandons d’avoir une famille heureuse, un bon métier, un partenaire à notre convenance. La télévision, la publicité, la pression de l’entourage nous invitent à désirer constamment plus de biens matériels, plus de notoriété, plus de succès. Et comme dans le conte, nous confondons l’avoir et l’être, seuls nos biens peuvent nous changer, nous améliorer, nous faire devenir plus beaux, plus intelligents, plus performants. Nous sommes révoltés contre Dieu quand la chance n’est pas au rendez?vous, quand les hasards de la vie nous sont défavorables et quand nous rencontrons la souffrance, l’échec, la maladie ou la mort. Alors Dieu serait?il pour certains une bonne fée et pour d’autres une mauvaise? Ou bien serait?il plutôt celui qui peut faire naître en nous l’homme nouveau et nous faire désirer le vrai bonheur qui se vit dans la profondeur de notre être? Oui, de quelle nourriture avons?nous vraiment besoin?

II. Jésus nous parle de la manne dans le désert, cette nourriture que Dieu donna au peuple d’Israël au temps de Moïse. Cette manne était fragile et éphémère comme la rosée. Si on essayait d’en récolter pour le lendemain, elle pourrissait. Dieu la donnait chaque jour pour assurer le minimum vital de chacun mais en prodiguant, grâce à la nature, cette manne fragile et modeste, Dieu faisant entrevoir à son peuple que l’homme ne vit pas de pain seulement mais que ce peuple a besoin d’être avant tout libéré, d’être conduit vers la terre promise et sauvé de l’esclavage. Le peuple comprend peu à peu que le don et la grâce de Dieu se renouvellent chaque jour et qu’ils sont la vraie nourriture dont l’homme a réellement besoin.

III. Jésus est venu pour incarner cette réalité : « Je suis le pain… » Le pain n’est-il pas cette nourriture de base en occident? Ainsi Jésus nous rejoint dans notre vie quotidienne. Il est ce pain venu du ciel et il est en même temps à nos côtés sur la terre pour nourrir les foules mais surtout pour nous donner la vie au plus profond de notre être et nous permettre de trouver un sens à notre existence. N’a t-il pas lui-même déclaré dans Jean 10/10 : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance ». Lui seul peut vraiment combler cette faim humaine insatiable que la bonne fée n’a pas réussi à satisfaire. Peu importe si j’ai beaucoup ou peu pour vivre puisque je sais que je suis unique aux yeux de Dieu et que je suis aimé sans condition. Jésus se donne à nous, il donnera même sa vie pour nous. Nous sommes dans le temps du carême, temps de recueillement et de contemplation, pour accueillir cette nourriture, entrer en relation avec Dieu et se laisser guider et accompagner. Nous savons que nous sommes nourris chaque jour par le pain venu d’en haut, le pain qui fortifie notre être intérieur et nous donne une plénitude profonde et une joie que personne, ni aucun événement ne parviendra à nous ôter.

IV. Mais certains rétorqueront à juste titre que l’homme n’a pas à se laisser nourrir passivement et qu’il doit prendre une part active à trouver lui?même sa nourriture qu’elle soit terrestre ou spirituelle. La nature donne spontanément de quoi vivre mais il est nécessaire de la cultiver et de la travailler pour qu’elle donne suffisamment et dans la durée. Il en est de même dans la vie spirituelle. La grâce de Dieu est toujours première et Christ s’est donné pour que nous puissions vivre pleinement. L’accueil de ce don en ce temps de carême est la première démarche. Mais cet accueil pourrait être aussi fragile et éphémère que l’existence de la manne dans le désert, s’il n’était pas suivi d’une réponse, d’un engagement à vivre en relation avec Dieu par la prière. La foi est la deuxième démarche. Elle n’est pas un mérite ou une oeuvre, elle est vraiment une démarche envers Dieu, une marche quotidienne à ses côtés. Plus qu’une certitude, elle consiste à placer notre confiance en Dieu, à lui remettre notre vie avec ses aléas, ses joies et ses peines et savoir que notre existence est dans sa main. Une promesse nous est faite alors : »celui qui croit a la vie éternelle », non pas , « il l’aura » mais » il l’a. » La vie éternelle est cette vie que Dieu nous donne maintenant, nourrie au quotidien de la parole et de la présence divines. Cette vie ne dépend pas des richesses matérielles et humaines ‘mais elle commence ici?bas dans cette relation intime avec Dieu. La vie éternelle, rien ne pourra l’anéantir, elle nous est promise par Jésus lui?même, elle est présente dans notre être intérieur et la mort n’y mettra pas fin, bien au contraire. Pensons au mot d’ordre de la semaine: « si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul, si au contraire il meurt il porte du fruit en abondance. « (Jeanl2/24) Jésus, pain de vie, annonce l’espérance de la résurrection et nous montre le chemin vers Pâques. Sur cette route, nous avons besoin de cette nourriture promise par Jésus. Nous y penserons chaque jour en priant le Notre Père « donne?nous aujourd’hui notre pain de ce jour » et en allant à la Ste Cène, nous emporterons cette parole de Jésus : « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement, et le pain que j e donnerai c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie » (Jean 6/51)
Amen

Françoise Gehenn, Pasteur, aumônier à l’Hôpital de Hautepierre

Cantiques proposés dans ARC:

36 / 1+2; 84 / 1+2; 582 /1?3; 610 / 1?3; 627 /1?3; 634 /1?3.