2007. 07 : VENDREDI SAINT

Matthieu 27, 33-50  

                       6 avril 2007 

(Série de Prédication V (Predigtreihe V) : liste complémentaire I) 

I
En ce jour de Vendredi Saint, je vous invite à vous représenter dans votre mémoire le tableau, mondialement connu, de la crucifixion de Jésus par le peintre Matthias Grünewald, au musée Unterlinden à Colmar. Ce tableau présente un certain nombre de particularités surprenantes. En particulier, vous avez certainement été frappés par la couleur inhabituelle du corps du crucifié. Elle est verdâtre, cadavérique. Et le corps est plein de vilaines pustules, à l’aspect plutôt repoussant. Peut-être devinez-vous que ces anomalies ne sont pas fortuites, mais que l’artiste a voulu exprimer à travers elles un message très précis. Nous savons en effet, qu’à l’hôpital des Antonins à Issenheim, où le retable devait avoir sa place, les moines soignaient à cette époque une maladie qui provoquait des purulences sur tout le corps, dont la couleur virait au jaune verdâtre. Et c’est à ces malades que l’artiste a voulu s’adresser avec sa représentation de la crucifixion. Vous voyez ce corps du Christ crucifié ? Il est comme le vôtre ! Sa maladie est comme la vôtre, et votre maladie est la sienne. C’est votre maladie, votre croix, qu’il a porté ! Mais il va encore beaucoup plus loin avec son message symbolique. Vous souvenez vous DU CORPS DU CRUCIFIE DU RETABLE d’Issenheim? Il est beaucoup plus grand que les autres personnages du tableau, il est tellement lourd qu’il fait ployer sous son poids la poutre horizontale à laquelle il est cloué. Vous avez tous compris le message : le Christ n’a pas seulement porté la croix des pauvres malades de l’hôpital d’Issenheim. Il a porté le poids, la croix du monde entier.

II
1 – Voilà le message central du Vendredi Saint, la parole de Dieu qui nous est adressée en ce jour : un autre que toi, mon frère et ma soeur, a porté ta croix, un autre que toi porte aujourd’hui, jour après jour, ta croix. Cet autre, vous le savez, c’est à la fois notre frère et notre sauveur Jésus-Christ.

2 – Un examen de conscience s’impose. Cette croix de Jésus, nous y sommes tellement habitués que nous ne la voyons plus guère. On nous en a tellement parlé, que nous n’écoutons plus. Nous la rencontrons à chaque pas dans nos églises, bien sûr, sur nos cimetières, elle est présente sur les vieux chemins de nos campagnes, et nos dames l’arborent comme un bijou sur leur poitrine. Nous sommes devenus insensibles à la croix.

3 – C’est pourquoi il est important que chacun de nous se repose la question fondamentale pour notre foi : est ce vrai pour moi qu’un autre porte ma croix? Ai-je accepté au plus profond de moi même cette confession : j’ai besoin d’un autre pour porter ma croix ? Est-ce que cette prise de conscience me remplit tout entier, a t elle mobilisé mon coeur et ma volonté, et fait-elle corps avec mon corps.

4 – Si nous pouvons y répondre avec conviction, alors la croix de Jésus devient pour nous le plus précieux de tous les compagnons. Tu es malade, ma soeur ? Tu peux implorer de lui forces et courage. Tu viens de perdre un être cher ? Quelle consolation de savoir qu’il est maintenant auprès de son Seigneur Tu as envie de crier :  » Dieu m’a abandonné  » ? Rappelle-toi que Jésus, notre sauveur et frère, a crié les mêmes paroles bien avant toi. Tu gémis sous le poids de ta croix ? Elle semble t’écraser ? Sachez qu’un autre, porte avec toi ta croix. Et cet autre n’est pas n’importe qui. Matthieu, à la fin de son récit, prend soin de le clamer très fort par des témoins même incroyants :  » Vraiment, celui là était vraiment Fils de Dieu v.54b).

III
1 – Mais avons nous bien écouté notre Texte? En le relisant, nous nous apercevons avec stupéfaction que le récit de Matthieu raconte plutôt l’incroyable déferlement de méchancetés et de sarcasmes avec lesquels les spectateurs accablent l’infortuné crucifié. Passants, spectateurs, religieux, militaires, oui, jusqu’à l’un des co-crucifiés vocifèrent à tue tête tout le venin dont l’âme humaine est capable à la figure de l’homme de Nazareth. Ici, devant la croix, le péché des hommes crève les yeux. L’imagination humaine n’a pas de limites lorsqu’il s’agit de faire mal et d’enfoncer l’autre dans la boue (lire les versets 39-44 si le temps le permet). Et ne me dites pas que c’est du passé, que cela ne pourrait plus se passer comme ça aujourd’hui. Au Chili, on vient tout juste d’enterrer Pinochet, tyran et bourreau de milliers de victimes. Et que dire des bourreaux des pogroms au Soudan, au Rwanda, où même des prêtres, voire des pasteurs se sont misérablement distingués ? Vous me dites : c’est loin de nous, tout cela, nous n’y sommes pour rien ! C’est vrai. Mais tout cela est révélateur de ce que la nature humaine est capable de produire.

2 – Le récit de Matthieu nous démontre comme dans un mauvais film : voilà ce dont l’homme est capable. Voilà l’homme, non seulement tel qu’il a été, mais tel qu’il est toujours aujourd’hui, pécheur devant Dieu et devant ses frères. Et de cet homme, nous sommes solidaires, nous partageons son péché. Et peut être une question surgit elle maintenant de nos coeurs : comment nous libérer de ce péché, de cet emprisonnement dans le mal?

3 – 0h bienheureux message d’amour, de miséricorde et de patience de la croix : notre péché aussi, Jésus l’a porté pour nous ! Il a porté pour nous la croix de notre péché ! Tu as honte de retomber toujours à nouveau dans ton vieux péché ? De ne pas pouvoir maîtriser le mal comme tu le voudrais ? Mais c’est pour cela justement que Jésus est mort sur la croix : il a porté aussi sur sa croix la croix de ton péché, cette honte de ne pas pouvoir vaincre toi même ce mal que tu détestes. Mais parce que ton mal te pèse, et que tu viens à lui pour quémander le pardon, voilà que le fruit de sa croix retombe sur toi comme une eau rafraîchissante pour te redonner des ailes chaque nouveau matin. Pardonné à cause de sa croix, tu peux désormais vivre joyeusement et courageusement en homme libre. Une fois de plus, Dieu notre Père nous ouvre largement ses bras. Réjouissons nous de ces bras ouverts et de ces mains tendues, et entrons y avec confiance. Que la certitude que Jésus porte avec nous et pour nous notre croix nous fortifie.pour nos chemins de tous les jours, et entraîne notre fervente prière que le monde reconnaisse bientôt cette immense grâce du Père. Amen.

Cantiques et Plan

Cantiques : (Arc en ciel)

454, 1-2 Nous voici devant ta croix (si possible en sol mineur)
452, 1-4 0 douloureux visage
453, 1-4 Pour quel péché
254, 1 2 Entonnons un saint cantique (Sainte Cène)
254, 3 Seigneur, reçois nos hommages

Plan de la prédication

I) Introduction : la croix du retable d’Issenheim
II) 1-Le message central : le Christ a porté la croix du monde
2-Notre insensibilité à la croix.
3-Ma confession est-elle : j’ai besoin d’un autre, Christ a porté ma croix ?
4-Les bienfaits de la croix dans différentes situations.
III) 1-Le texte de Matthieu déborde de sarcasmes des spectateurs.
2-Cet homme méchant, c’est chacun de nous.
3-La croix du Christ nous libère et nous rend capables d’une vie dans la liberté.

EPAL – Service Lecteurs – Ernest MATHIS – Strasbourg

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).