2008. 02 : dim REMINISCERE

Dimanche 17 février 2008

Le Christ livré aux hommes

Hébreux 11,1?3,8?10

( Série de Prédication VI (Predigtreihe VI) : liste complémentaire II )

Frères et soeurs en Jésus?Christ,
Revenons pour un instant, si vous voulez bien, au temps de notre enfance, au temps où nous usions nos culottes ou nos petites robes sur les bancs de l’école du village ou de notre quartier. Sans doute nous souvenons?nous, les uns et les autres, des nombreuses dictées que nous y avons subies et des pièges qui s’y cachaient. Par exemple lorsqu’y figurait : en différents endroits, le mot FOI. Fallait?il l’écrire avec ou sans « s ». la fin, avec « e » ou avec « x »? Sans doute avons?nous appris depuis que dans un contexte « religieux » le vocable s’écrit, en principe, avec les seules lettres F-0-I. Mais une autre question reste posée, et ce n’est pas la plus facile : Qu’entendons?nous par FOI ? S’agit?il d’une croyance, d’une confession religieuse ou d’une forme d’espérance ? Parlons?nous d’un acte de foi de la confiance que nous accordons à quelqu’un, ou de la nature de nos convictions ? S’agit?il du fait de croire, de l’objet de notre foi, ou de son contenu (que nous appelons par exemple « La Foi Chrétienne ») ? Il est indéniable que le concept de FOI est fort chatoyant. Aussi mérite?t?il que nous nous y arrêtions pour écouter ce qu’en dit la Bible et plus particulièrement le passage de l’épître aux Hébreux qui est proposé à notre méditation. Dès le premier verset, l’auteur affirme clairement : « La foi est une manière de posséder déjà ce qu’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas.  » Nous pouvons dire aussi, en anticipant quelque peu sur la suite du texte, qu’elle est une certitude et une espérance que Dieu lui?même suscite dans notre coeur.

Pour illustrer son propos, l’auteur de notre épître cite différents exemples pris dans l’Ancien Testament et que ses lecteurs sont censés connaître. Il est vrai que les récits concernant Abraham et Sara, Isaac, Jacob ou Moïse nous sont familiers à. nous aussi, depuis le catéchisme ou l’Ecole du dimanche. Mais ici, ces histoires ne sont pas simplement racontées ou rappelées. Elles sont interprétées à la lumière de l’accomplissement des promesses de Dieu en Jésus?Christ crucifié et ressuscité, vainqueur de la mort et des puissances des ténèbres. Les premiers destinataires de ce texte sont en passe de perdre courage. C’est pourquoi l’auteur les appelle à fixer les yeux sur le but et à persévérer sur le chemin qui y mène. « Souvenez?vous, leur dit’?il, de ceux qui, avant vous, ont marché dans la foi et qui, en dépit de toutes les difficultés qu’ils eurent à affronter, n’ont pas jeté aux orties leur confiance en Dieu. Que leur exemple vous serve de stimulant ! Voici, entre autres, Abraham le Chaldéen. Ayant reçu l’appel d’un Dieu qu’il ne connaissait pas encore, il quitta sa patrie, sa maison ‘ tout ce à quoi il était attaché, pour se rendre dans un pays que Dieu lui promettait, mais dont il ne savait rien. C’était le saut dans le vide. Pour toute garantie, Abraham n’avait que la parole d’une divinité mystérieuse et sa promesse de bénédiction. Certes, Canaan sera décrit plus tard comme « un pays où coulent le lait et le miel » mais le patriarche n’y trouvera pas les commodités d’une civilisation comme celle de la Chaldée. Etranger et nomade au pays du Jourdain, il n’y acquerra qu’un lopin de terre avec une grotte qui servira de sépulture à sa femme et plus tard à lui?même. Un tombeau : voilà ce à quoi se réduit pour Abraham la terre promise par Dieu à sa descendance. N’y a?t?il pas là de quoi ébranler la foi la plus solide ? Pourtant il nous est dit qu’Abraham resta ferme. Son attente avait pour objet la ville dont Dieu lui?même serait l’architecte et le constructeur, la « Cité de Dieu » pour parler avec Saint?Augustin. La foi, c’est la certitude que Dieu tient ses promesses. C’est par la foi qu’Abraham obéit à l’appel de Dieu et qu’il resta inébranlable dans la confiance et dans l’attente de l’accomplissement de sa promesse. Croire, selon la Bible, cela ne signifie pas « supposer, admettre ou tenir pour vrai ». Croire en Dieu, c’est lui faire confiance, lui obéir et oser le pari de l’espérance. Quiconque porte en soi cette foi, trouvera la force de supporter et de surmonter les difficultés du présent, parce que son existence est axée sur une réalité nouvelle, à venir. Pourtant une telle orientation ne soustrait pas le croyant à la tension permanente entre ce qu’il vit et ce qu’il attend, entre son espérance et son expérience dans le présent. Ainsi, par exemple, il nous faut vivre dans une Eglise qui n’est pas le Royaume de Dieu, dans une communauté où tous sont pécheurs, et célébrer des cultes qui ne peuvent être qu’un pâle reflet de la liturgie céleste. C’est dans l’acceptation de ces limites et tensions que notre foi doit manifester sa réalité et sa force. Elle n’en est capable que parce qu’elle est l’oeuvre du Saint Esprit en nous. Aussi nous faut?il prier le Seigneur de raviver sans cesse cette foi dans nos coeurs. Ne sommes?nous pas tous, tant que nous sommes, bien souvent tentés d’abandonner Dieu et son Eglise, de nous rallier au grand troupeau de ceux qui ne veulent reconnaître que les valeurs chiffrables et mesurables, susceptibles de procurer des satisfactions et avantages immédiats ? Rappelons?nous cependant que « l’homme ne vivra pas de pain seulement » et que, d’autre part, le risque de la foi fait partie de ces valeurs sans lesquelles nul n’atteindra jamais la plénitude de son humanité. Il est certes normal et nécessaire qu’un père de famille assure les siens contre les risques de la vie quotidienne et qu’il veille à les prémunir contre la misère. Reste qu’il nous faut veiller aussi à ce que ce souci légitime ne se substitue pas à la confiance en Dieu et à la foi qui s’en remet à lui en toute circonstance. Mais quoi qu’il en soit, chacune et chacun d’entre nous seront confrontés un jour à une situation où aucun contrat de garantie ne pourra plus le couvrir. A ce moment?là, la foi seule lui permettra de se jeter, sans crainte et en toute confiance, dans les bras de Dieu. Chers amis, nous sommes au temps de la Passion, et ce dimanche porte le nom « Reminiscere » ce qui, en latin, est le début d’une prière du psalmiste : « Souviens?toi Seigneur, de ta bonté et de ta miséricorde qui sont de tout temps ! » En envoyant son Fils unique dans le monde, en le livrant pour nos péchés et en lui donnant la victoire sur le mal et sur la mort, Dieu s’est souvenu de sa bonté et de la promesse qu’il donna jadis à Abraham en disant : « Toutes les familles de la terre seront bénies en toi. »  C’est pourquoi, frères et soeurs, souvenons?nous, à notre tour, en toute reconnaissance, de ce que le Seigneur a fait pour nous et accordons?lui la confiance qu’il attend. Comme nous y appelle cette même épître au chapitre suivant : « Ayons les regards fixés sur Jésus?Christ, qui est l’auteur de notre foi et qui la mène à son accomplissement. » Et pensant à Abraham qu’on nomme parfois « le père des croyants », rappelons?nous qu’avoir foi en Dieu, c’est répondre à son appel, lui obéir et lui faire confiance. C’est cette foi qui est le fondement de toute notre espérance chrétienne ! Amen.

Freddy Langermann, pasteur

Lectures bibliques : Péricopes du jour :
Epître : Romains 5,1?11
Evangile : Marc 12,1?12

Cantiques proposés      

   NCTC     ARC?EN?CIEL     ALLELUIA Ps,25 : A toi, mon Dieu, mon coeur     25     25         25
Il est une foi ancienne (JL. Decker)     ?     ?         52/9
Je crois en toi, mon Sauveur res.     ?     566         23/11
La foi renverse devant nous         ?     628         –
Confie à Dieu ta route         279     616        47/04

¼ – Service des Lecteurs – 7 – 17.02.2008 Freddy LANGERMANN