2008. 03 : dim OCULI

Dimanche 24 Février 2008

Suivre Jésus Christ

1 Rois 19,1-8 (TOB ou Français courant)

( Série de Prédication VI (Predigtreihe VI) : liste complémentaire II )

Chers amis,
Nous connaissons bien ces caractéristiques de la dépression nerveuse : ne plus pouvoir se lever ; ne plus désirer autre chose que de dormir, si ce n’est même, de mourir. Et cela, pour oublier un sentiment d’échec ou l’impression d’avoir dit des paroles irréfléchies, d’avoir commis l’irréparable. Pour n’avoir à répondre de rien, ni à personne, on se réfugie dans la solitude, comme le prophète Elie dans le désert. Mais la solitude n’est pas une solution, ni la fuite dans le désert ; car, de la dépression, on ne s’en sort pas tout seul.

  Par contre, nous serons heureux si nous arrivons, comme nous y invite le psaume de ce dimanche Oculi (Ps,25,15-22) à tourner nos yeux vers Dieu et à lui confier notre problème, comme le fit aussi Elie : » Je n’en peux plus ! Maintenant, Seigneur, prends ma vie, car je ne vaux pas mieux que mes pères ». Dieu n’a jamais le bras trop court pour nous tirer d’affaire, dut-il, pour cela, faire intervenir les anges du ciel, comme pour Elie, afin de nous redonner des forces. Parce que le chemin est souvent long, pour s’en sortir. Mais, en dirigeant Elie vers le Mont Sinaï, ou l’Horeb, comme dit notre texte, Dieu indique que ce chemin passe par le rappel et le renouvellement de l’Alliance qu’il nous propose et par le comportement conforme à sa Parole. Voilà ce qu’Elie, tout prophète qu’il est, doit réapprendre ; voilà ce que nous aussi, nous devons toujours à nouveau réapprendre, pour n’avoir pas à regretter d’éventuels égarements.

Avec Elie nous sommes, vers 860 avant J. C. , dans le royaume d’Israël, ce royaume du Nord issu de la division du peuple de Dieu en deux royaumes. La personne qui détient à ce moment-là véritablement le pouvoir dans le pays, c’est la reine Jézabel, l’épouse du roi Akhab. Elle n’est pas israélite. Elle est phénicienne et païenne. Et, en faisant venir de Sidon, sa patrie,450 prêtres de Baal et 400 prophètes d’Astarté, elle a réintroduit l’idolâtrie en Israël en interdisant même le culte de l’Eternel, le Dieu Vivant. Et, pour ne pas être tués, les prophètes de l’Eternel, comme Elie, doivent vivre dans la clandestinité. Les cultes de Baal et d’Astarté, ces divinités de la fertilité et de la fécondité, étaient spectaculaires et vivants ; mais, faisaient-ils aussi progresser les gens dans l’humanisation et la sanctification, c’est à dire, dans leurs rapports entre eux et avec Dieu ? L’Eternel, le Dieu Vivant voulait – et veut toujours – habiter parmi son Peuple par sa Parole et par ses Commandements, dont le but est de rendre la vie possible en société, grâce au respect et à l’amour mutuels dans une même soumission à Dieu. Et, de ces Commandements, Jésus a dit plus tard à un docteur de la Loi : « Fais cela et tu vivras » !

Comme un signe, comme un symbole de la stérilité laissée dans la vie des gens par les cultes de Baal et d’Astarté, le ciel ne donne plus depuis plus de trois ans, ni pluie ni rosée. Les rivières sont à sec. Les sources sont taries. Les puits sont ensablés. Et cela malgré l’adoration de Baal, censé être le dieu de la fertilité.

C’est au bout de cette longue période de sécheresse, que le prophète Elie, sur l’ordre de Dieu, provoqua une confrontation des « divinités » sur le Mont Karmel, en présence du roi Akhab et de tous les gens intéressés. Pendant que les prophètes de Baal exécutaient jusqu’à l’extase leurs danses sacrées autour de l’autel de leur dieu, le ciel resta muet et fermé. Mais, à la prière d’Elie le ciel répondit en faisant descendre le feu sur le sacrifice consacré au Dieu Vivant. Convaincu par cette intervention divine, le peuple acclama Dieu en criant : » C’est l’Eternel qui est Dieu ! C’est l’Eternel qui est Dieu ! » Et encore le même soir, en exaucement de l’intercession d’Elie, le Dieu Vivant envoya aussi la pluie attendue depuis tant d’années.
Cette preuve que l’Eternel, le Dieu d’Israël, est bien le Dieu Vivant aurait pu s’arrêter là. Et le témoignage du Karmel aurait peut-être continué son cheminement dans le cœur des gens, comme dans le cœur d’Akhab ; voire même dans le cœur de la reine Jézabel. Celle-ci n’aurait pas cherché à tuer Elie pour cela. Et Elie n’aurait pas sombré dans le découragement et la dépression. Mais voilà, cette journée ne s’est pas terminée par l’acclamation du Dieu Vivant ; mais par l’horreur d’un bain de sang organisé par Elie, lui-même. Grisé par son succès du moment et fanatisé par sa passion de la cause de Dieu, Elie fit égorger par le peuple surexcité les 450 prêtres de Baal. Ce carnage provoqua la colère de la reine et son désir de vengeance. Et, par contrecoup aussi, chez Elie, le sentiment d’avoir tout gâché et d’avoir, en fin de compte, rendu un très mauvais service à la cause de Dieu.

Bien sûr, Dieu veut que notre monde change. Et, pour cela, il ne suffit pas de clamer « l’Eternel est Dieu, l’Eternel est Dieu ! » Mais les croisades ou les guerres saintes ne sont pas non plus des solutions. La violence n’engendre que la violence. Et la cause de Dieu ne peut que pâtir de ce cercle vicieux. Le comportement fanatique d’Elie au Karmel en est la malheureuse démonstration. En 1525, lors de la Guerre des Paysans qui a failli faire échouer toute l’œuvre de la Réformation commencée huit années auparavant, Martin Luther disait : » Quand le diable veut faire échouer une entreprise il utilise deux moyens : ou bien il tire le frein du chariot, ou bien il donne le fouet aux chevaux. »

Dans la marche avec Dieu et dans la manière de suivre Jésus-Christ, nous rencontrons toujours ces mêmes écueils et ces mêmes dangers. Un succès facile ou un fanatisme aveugle ne sont pas forcément des signes de fidélité à la cause de Dieu. Car, pour Dieu, le succès n’est pas une fin en soi ; et la fin ne justifie jamais les moyens. Mais, par ailleurs, le découragement lié à une désillusion ou la perte de la confiance en soi, entraînant une dépression comme chez le prophète Elie, ne sont pas non plus forcément une catastrophe. Dans l’écriture chinoise le mot « crise » est exprimé, curieusement, par le même signe que le mot « chance ». Il peut en être de même dans notre vie et dans notre foi : une crise peut aussi être une chance ; la chance de redécouvrir la vraie valeur des choses. Comme une maladie peut aussi nous aider à remettre des choses en place dans notre vie. Pour sortir Elie de sa crise Dieu le renvoie à la base de son Alliance avec Israël, au Sinaï. C’est là qu’il apprit aux hommes à éviter les égarements : en respectant tout simplement ses Commandements. Ces commandements sont ainsi des signes de sa bonté et de son amour pour tout le monde ; cet amour qui trouvera son accomplissement dans le don de son Fils Jésus-Christ.

Une dernière observation s’impose aussi à propos de notre engagement pour la cause de Dieu : en suivant Jésus-Christ il ne faut jamais oublier que nous suivons en lui le symbole de cet amour bafoué, rejeté et crucifié par le monde. Mais il ne faut pas non plus perdre de vue que nous suivons le Ressuscité, à qui Dieu a donné tout pouvoir dans le ciel et sur la terre. Et cela, dans le monde présent et dans le monde à venir. Amen.


Cantiques : NCTC  ARC

25/1-3 =  25/1-3
202/1-5 =  449/1-5
188/1-3 =  456/1-3
195/1-2 =  443/1-2

¼ Service des Lecteurs – SL – 8 – 24.02.2008 – Martin DEUTCH