2009. 01 : dim INVOCAVIT

Dimanche 1er mars 2009

La tentation

Matthieu 4, 1-11

    Frères et soeurs en Jésus Christ,

    Dans les trois premiers évangiles synoptiques, c’est le récit de la tentation de Jésus qui introduit le ministère public et actif de Jésus. Auparavant Jésus était passif. Dieu l’avait préparé à sa mission par les témoins de sa naissance, de son enfance et de son baptême.  

    Après le récit de la tentation, dans l’évangile de Matthieu, Jésus déclame les béatitudes. Chez Marc, sa première parole publique est : « Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est proche. Repentez-vous et croyez à la bonne nouvelle ». Chez Luc, après avoir lu la prophétie d’Esaïe 61 : « Il commence à leur dire : Aujourd’hui cette parole de l’Écriture que vous venez d’entendre est accomplie ». De manière différente, mais convergente, Jésus révèle ainsi sa mission messianique dont il se sait investi depuis qu’il a résisté aux tentations du diable. Il a réussi à refuser net les immenses possibilités qui s’offraient à son avenir et qui lui auraient apporté renommée, richesse et puissance.

    Puisqu’il n’y a eu aucun témoin de son jeûne et de son combat intérieur au désert, on peut admettre qu’il en a parlé ouvertement bien plus tard dans le cercle intime de ses disciples pour que nous aussi nous en tirions profit. Êtes-vous prêts à entrer dans le vif de la délibération intime de Jésus ? Quels sont les choix possibles pour sa vie qu’il a considérés comme diaboliques ? Comment pouvons-nous appliquer à notre vie, son investissement non violent, dévoué et exemplaire ?

    C’est l’Esprit Saint qui conduit Jésus au désert. Dieu ne tente pas, ni ne nous soumet lui-même à la tentation. Mais, parfois, il nous y envoie. Si Jésus gagne et refuse les tentations, il ne gagne rien, qu’une vie de peine et de sacrifices. S’il perd et obéit à une des propositions raisonnables qui s’offrent à son choix intérieur, il gagne tout sur la terre, mais c’est Dieu qui perd le dernier intermédiaire pour attester son amour à tous les hommes. Quel risque dans ce pari qui est l’inverse de celui de Pascal !

    Jésus résiste à la tentation économique. S’il est capable de multiplier cinq pains et deux poissons pour nourrir toute une foule dans le besoin, pourquoi ne pourrait-il pas s’approvisionner dans le désert pour calmer sa faim ? C’est facilement à sa portée, si vraiment il est le fils de Dieu.  Mais Jésus refusera toujours le miracle pour prouver sa double nature de vrai homme et vrai Dieu, sauf si cette puissance est mise au service de l’amour révélé en lui. Jamais Jésus n’aurait fait pleuvoir des pétales de roses sur ses amis ! C’est seulement lorsqu’il faut apaiser la terreur de ses disciples qu’il calme la tempête, ou lorsqu’il faut délivrer un malheureux de ses démons ou sauver un enfant de la mort.

    La récession économique que nous vivons en ce moment, montre que l’enchaînement de la satisfaction des besoins et de la production de biens de consommation ne pouvait qu’aboutir à ce qu’il y ait un jour un énorme surplus de produits pour lesquels il n’y a plus d’acheteurs. Et tout à coup chacun peut réaliser de surcroît qu’il a satisfait des besoins suggérés, secondaires, inutiles et virtuels dont il aurait pu se passer et dont il n’avait pas vraiment besoin. Nous avons certes besoin des biens économiques nécessaires et indispensables, mais nous arriverons à nous passer du superflu et des gadgets et à résister à la surconsommation, si nous avons besoin de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

    Après la tentation économique, Jésus résiste à la tentation religieuse qui pousse à vouloir être un meilleur croyant, à faire partie d’une communauté à part, à être membre d’un groupement confessant et élu. Jésus refuse le piège d’être approuvé par la Bible. Quand on sépare, comme le fait le tentateur, un verset biblique de son contexte ou du mouvement d’ensemble des deux testaments, on peut faire dire n’importe quoi à la Bible pour justifier telle ou telle spiritualité. Jésus refuse le miracle d’être porté par les anges parce que ce miracle se ferait pour lui-même et ne servirait pas de poteau indicateur, comme un signe de l’amour et de la puissance de Dieu seul.

     La réponse biblique de Jésus, « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu », reflète tout l’enseignement biblique, à savoir que dans toute tentation que subit l’homme, c’est d’abord Dieu lui-même qui est tenté. Car si l’homme n’est pas sans Dieu, Dieu non plus n’est pas sans l’homme. Ce n’est pas Dieu qui tente l’homme. C’est l’homme qui tente Dieu. Et ceci, de mille manières : par exemple, quand il prie pour son seul intérêt, quand il doute, quand il touche du bois, quand il accuse : « Si Dieu existait. Il ne permettrait pas… », quand il prétend rendre Dieu présent par des incantations, des rites, des liturgies, quand il veut la guérison sans se demander ce que la maladie empêche de pire, quand il attend de Dieu tout et tout de suite, sans se donner la peine de chercher tous les moyens pour faire face lui-même aux problèmes.
   
    Après la tentation économique et la tentation religieuse, Jésus résiste à la tentation politique. Ce qui se passe là est très grave, car l’Évangile révèle clairement que c’est le diable en personne qui attribue la domination, la gloire et la gestion des royaumes, comme si on faisait de la politique pour satisfaire sa volonté de puissance et pour être un autre dieu devant la face du Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. N’assistons-nous pas au fait que plus la politique prétend être de rassemblement, plus elle divise, plus elle dresse les nations, les classes et les religions les unes contre les autres ? Jésus a bien reçu de Dieu la possibilité de devenir Celui à qui tout pouvoir a été donné dans le ciel et sur la terre et devant qui tout genou fléchira. Mais il veut d’abord et avant toutes choses, adorer Dieu seul et surtout le servir. « Ne savez-vous pas que le Fils de l’homme doit accomplir les écritures et d’abord souffrir et mourir ? » Jésus veut d’abord être le Serviteur Souffrant qui lave les pieds de ses disciples, qui guérit, qui donne un statut et des droits aux femmes, aux lépreux et même aux enfants, qui libère les victimes des pharisiens et qui attire ainsi la haine de ceux-ci.

    Jésus répond au disciple qui veut le défendre au moment de son arrestation : « Remets ton épée à sa place, car tous ceux qui prendront l’épée, périront par l’épée. Crois-tu donc que je ne puisse invoquer mon Père qui me donnerait à l’instant douze légions d’anges ? »  Son choix de vie fondamental est bien la non-violence, voire la non-puissance. Ce n’est pas de l’impuissance, mais la volonté assumée de ne pas s’en servir. Tous les chrétiens, dans le sillage des François d’Assise, Mahatma Gandhi, Albert Schweitzer, Dietrich Bonhoeffer, Martin Luther King, Mère Térésa, nous tous, frères et sœurs en Jésus Christ, devons continuer à tenter de vivre selon les béatitudes et selon le sermon sur la montagne. « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre ». Amen

Georges BRONNENKANT qui s’est inspiré du livre de Jacques ELLUL, « Si tu es le Fils de Dieu », Centurion, Paris 1991

Propositions de cantiques :

Arc en Ciel : 1, 181, 543, 624, 889

¼ – Service des Lecteurs – SL – 9 – 01.03.2009 – Georges BRONNENKANT

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).