Dimanche 8 mars 2009
Le Christ livré aux hommes
Marc 12,1?12
Frères et soeurs en Jésus?Christ,
Comparé aux évangiles de Matthieu et de Luc, celui de Marc, le plus ancien d’entre eux, ne nous rapporte qu’un petit nombre de paraboles de Jésus. Parmi elles figure cette « Parabole des vignerons meurtriers » qui est d’une certaine façon une annonce ou une anticipation des événements qui vont aboutir à la crucifixion de Jésus. C’est bien pour cela, d’ailleurs, que ce récit est proposé à notre méditation en ce 2me dimanche du carême, placé sous le thème « Le Christ livré aux hommes ».
La culture de la vigne étant autrefois fort répandue en Palestine, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’on en trouve de très nombreuses mentions dans la Bible, dans l’Ancien Testament plus encore que dans le Nouveau. Noé, à peine sorti de l’arche, plante une vigne. Le Cantique des cantiques en chante les délices et les prophètes font de la vigne le symbole par excellence d’Israël en tant que peuple de Dieu.
Dans son célèbre Cantique de la vigne, Esaïe passe en revue les divers travaux que nécessite la plantation d’un vignoble. Jésus, qui connaissait bien ce texte, en reprend quelques éléments dans sa parabole. Passant sur les travaux d’épierrage, de piochage et d’émondage qui font partie du quotidien de tout vigneron, Jésus s’arrête à dessein au soin qu’apporte le propriétaire de la vigne aux infrastructures: construction d’un mur de culture, creusement d’une cuve en vue des vendanges, édification d’une tour pour le gardien. Tout cela étant réalisé, les conditions semblent être réunies pour qu’au bout de quelques années, le propriétaire soit en droit d’attendre de sa vigne qu’elle lui donne de bons raisins.
C’est à partir de là que la parabole que raconte Jésus s’écarte du texte d’Esaïe. Pour celui?ci, c’est la vigne qui déçoit son possesseur en ne produisant que de mauvais fruits. Dans notre parabole au contraire, la vigne n’est pas en cause. D’ailleurs le propriétaire ne l’exploite pas lui?même, mais la donne à bail à des vignerons qui en assureront l’entretien. Au moment des vendanges, ils payeront leur fermage en remettant une partie de la récolte au propriétaire, conformément à ce qui aura été convenu. Mais voilà que ces vignerons se mettent d’accord entre eux pour garder tout le produit de la vigne. Les serviteurs que le maître leur envoie pour percevoir la part qui lui revient sont non seulement renvoyés les mains vides, mais frappés, insultés et même tués. Le propriétaire, quant à lui, fait preuve d’une patience incompréhensible. Au lieu d’intervenir et de châtier promptement les coupables, il accepte de mettre en jeu la vie de ses serviteurs. Mais ce n’est pas tout. Espérant encore ramener à la raison les vignerons rebelles, le maître finit par envoyer son propre fils: « Celui?là, ils le respecteront, car c’est mon fils » se dit?il. Mais hélas, la brutalité de ces fermiers ne connaît pas de limites. Ils se saisissent du fils, le tuent, et pour comble de mépris, jettent son corps hors de la vigne. Par ce dernier geste autant que par le meurtre prémédité, ils pensent atteindre le but qu’ils se sont fixé: s’approprier l’héritage. Ne plus être fermiers ou métayers, mais propriétaires du domaine et ne rien devoir à personne. Telle est la fin qui, à leurs yeux, justifie tous les moyens, même les plus absurdes et les plus criminels.
Les adversaires de Jésus, les prêtres, scribes et anciens noyés dans la foule des auditeurs ont vite compris que ce n’est pas d’un homme, mais de Dieu que parle le Galiléen, de Dieu et de ses prophètes, envoyés jadis pour rappeler son peuple à l’obéissance. Plus d’une fois, ils ont connu un sort analogue à celui des messagers de la parabole. Se sentant dévoilés dans leurs pensées et leurs intentions concernant Jésus, les chefs religieux se reconnaissent dans les abominables vignerons, et ils sont furieux. Sans la foule qu’ils savent favorable à Jésus, ils se saisiraient de lui sans tarder. Pour l’instant, la peur l’emporte en eux sur la rage. Mais ce n’est que partie remise, car leur décision est arrêtée: cet homme, ce gêneur doit disparaître. Il ne s’agit que de trouver une bonne occasion pour l’arrêter sans provoquer l’insurrection. Nous savons qu’ils ont gagné leur pari et même réussi à manipuler le peuple de façon à lui faire réclamer la condamnation de Jésus. Et pourtant, pas davantage que les vignerons de la parabole, ils n’auront le dernier mot.
« Que fera le maitre de la vigne? » demande Jésus. Sans attendre une réponse, il poursuit: « Il viendra, il fera périr les vignerons et confiera la vigne à d’autres. » A qui sera-t-elle confiée? Nous pensons bien sûr à l’Eglise, à la chrétienté qu’on qualifie parfois d’Israël nouveau ». Mais tout en nous rappelant qu’Israël, que Dieu a choisi en premier pour qu’il soit son témoin parmi les nations, reste malgré tout le peuple élu, prenons garde de ne pas ressembler à notre tour à ces vignerons, de ne pas nous prendre pour les nouveaux propriétaires de l’Alliance, alors que le Seigneur attend de nous que nous soyons ses humbles et fidèles serviteurs, des témoins de son amour manifesté en son Fils. Or nous connaissons tous l’aspiration à vouloir être nos propres maîtres et succombons plus d’une fois à la tentation de nous soustraire aux exigences de Dieu.
Notre chance, c’est que l’histoire de Dieu avec son peuple, et donc avec chacun d’entre nous, ne s’arrête pas là où s’arrête la parabole des vignerons. Notre seule chance, c’est que « si notre coeur nous condamne, Dieu est plus grand que notre coeur ». Il en a donné la preuve en Jésus, son Fils, qui s’est livré lui?même pour notre salut.
En citant deux versets du Psaume 118, Jésus proclame face aux chefs spirituels d’Israël que leur aveuglement ne fera pas échouer le plan de Dieu pour l’humanité, mais qu’au contraire celui?ci est sur le point d’aboutir: » La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs, c’est elle qui est devenue la pierre angulaire. C’est là l’oeuvre du Seigneur, une merveille à nos yeux. »
Qu’il s’agisse des dirigeants juifs du temps de Jésus ou des adversaires de l’Eglise et de la foi chrétienne aujourd’hui, le monde s’opposera toujours au dessein de Dieu. Mais rien ni personne n’empêchera le Seigneur de réaliser son plan d’amour, dont les fondements ont été jetés à Golgotha et dans la Résurrection du matin de Pâques. Ce sont là les deux piliers inséparables de notre foi et de notre espérance de chrétiens. C’est ce qui nous permet de dire qu’en ce temps de la Passion, où nous accompagnons Jésus sur le chemin des souffrances qu’il accepte de porter comme l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, nous sommes en route avec lui non seulement vers la lumière pascale, mais aussi vers celle de son Règne à venir.
Alfred Langermann, pasteur
Lectures bibliques
Ancien Testament: Esaïe 5, 1?7 (lecture fortement recommandée)
Epître: Romains 5,1?5
L’évangile du jour étant texte de prédication, on peut éventuellement le lire en allemand en tant que lecture liturgique, ou le remplacer par,
2e évangile du jour: Jean 8,26b?30
Cantiques proposés
. NCTC Arc?en?ciel ALL.ELTJJA
Ps.25: A toi, mon Dieu 25 25 25
Ps.6 : Seigneur qui vois la peine 6 6 6
A toi Jésus, à genoux 192 446
Jésus?Christ, notre espérance 210 465 33/10
(Convient à merveille!)
¼ – Service des Lecteurs – SL – 10 – 08.03.2009 – Alfred LANGERMANN
PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL
Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.
Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.
A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.
Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).