2009. 07 : VENDREDI SAINT

10 Avril 2009

Jean 19, 16-30

I

Ce jour-là, au pied de la croix sur laquelle meurt Jésus, il y a beaucoup de monde. Comme si l’évangéliste Jean voulait montrer à travers les uns et les autres, toutes les manières humaines possibles de réagir à cet événement tragique.

Il y a la foule des habitants de Jérusalem. Jusqu’ici les uns ont suivi les divers épisodes de ce drame en simples curieux, en spectateurs plus ou moins passifs. D’autres en ont été des acteurs involontaires, manipulés par ceux qui voulaient à tout prix éliminer Jésus en le faisant exécuter. Sans doute est-ce la déception qui les a poussés à abandonner à la mort ce Jésus qu’ils avaient pourtant admiré comme faiseur de prodiges et comme contestataire de la rigueur de l’enseignement des religieux. Ce Jésus, ils l’avaient même accueilli et acclamé comme un roi et un libérateur ! C’était hier, mais aujourd’hui, pourquoi soutenir encore et risquer de se compromettre pour quelqu’un qui ne répond pas à leurs attentes ? Alors, ils ont préféré réclamer la grâce pour Barrabas le terroriste nationaliste. Et pour bien mettre une croix sur leurs espoirs déçus, ils ont voué Jésus à la crucifixion… Pour la foule, l’histoire s’arrête là, c’est fini… en attendant que vienne sur scène un autre nouveau libérateur, un autre Messie.
Derrière la foule il y a les chefs religieux du Temple, ceux qui ont comploté pour faire condamner et exécuter Jésus. Depuis le début, ses actes et ses paroles n’ont cessé de déranger l’ordre établi qui mettait le respect des règles et des traditions avant le respect de la personne. Par-dessus tout il y avait sa conscience d’être le Messie annoncé par les prophètes… à défaut d’être le Messie attendu et espéré par les chefs religieux. Pour eux, il fallait en finir avec lui. Aujourd’hui, à l’heure de son exécution, ils pensaient bien en avoir fini avec lui, mais il y a cet écriteau placardé par les Romains au sommet de la croix : « Jésus de Nazareth le roi des Juifs » ! L’idée contre laquelle ils se sont battus, l’idée qu’ils pensaient pouvoir effacer par leur complot, la voilà exposée et proclamée publiquement et officiellement ! Les chefs religieux pensaient que ce serait fini, et voilà que ça continue. D’autant plus que Pilate, le procurateur romain qui détient le vrai pouvoir civil, refuse de satisfaire leur demande de modifier l’inscription en y notifiant que Jésus avait la prétention d’être roi sans l’être réellement.

Pour Pilate et les Romains, la mort de Jésus devait aussi être le point final de cette histoire qui avait beaucoup remué le pays et la ville. Avec cette mort, le calme devait revenir, même au prix d’une manœuvre politico-judiciaire tordue dont le but était de ramener le calme et de réaffirmer le pouvoir de l’autorité romaine et de rappeler aux chefs religieux de Temple que sans Rome ils n’étaient rien.

Et au pied de la croix, il y a la mère de Jésus, quelques autres femmes et un de ses proches disciples. Le carré des derniers fidèles qui l’ont suivi jusqu’ici, jusqu’au bout, jusqu’à la fin. Pour eux aussi, tout semble fini.
Ils sont tous là, face à la croix : les proches de Jésus, la foule, les chefs religieux du Temple, Pilate… ils sont tous là à attendre sa fin.

II

Face à eux, Jésus… Jésus qui lance cette dernière parole : « Tout est accompli ! » — accompli, et non pas fini ! Mené au but, et non pas fini ! Mené à terme, et non pas anéanti ! « Tout est accompli ! »
Cette parole ultime de Jésus résonne à leurs oreilles : peuvent-ils l’entendre, la comprendre ? Et qui ?
La foule ? Ils ne voient et ressentent tous que leurs attentes déçues… Les religieux du Temple ? Pour eux, que Dieu puisse être à l‘œuvre en cet homme exécuté sur la croix, est une idée totalement irrecevable et impensable : Dieu ne peut faire ça ! Pilate et les Romains ? Pour eux, seul compte l’ordre public.

La mère de Jésus ? Depuis le début, elle gardait dans son cœur des paroles, des annonces, des idées, des faits. Tout cela elle le méditait au fond de son cœur. Les proches de Jésus, les femmes amies de Marie et le disciple bien-aimé, fidèle jusqu’au bout, ont aussi dans leur mémoire et leur cœur des paroles fortes de leur Maître, le souvenir de ses actes étonnants, de ces signes donnés du royaume de Dieu. Là, au pied de la croix, la mère et les proches de Jésus sont au seuil du temps de la mémoire, ce temps qui est maintenant devant eux. Ce temps de la mémoire, dans lequel les fait entrer Jésus par cette autre parole ultime en les confiant les uns aux autres : « Mère, voici ton fils », dit-il à Marie en lui confiant son disciple bien-aimé, « Voici ta mère », dit-il au disciple en lui confiant Marie. Par cet acte ultime, Jésus les place dans l’amour fraternel qui est le ciment de la communauté nouvelle. Jusqu’au bout, Jésus garde l’initiative. Par la prière du Psaume 22, il se place jusqu’au bout dans la confiance en Dieu. En demandant à boire, il réalise une autre parole de Psaume, posant par là un ultime signe : sa mort fait partie de ce que les prophètes et les psalmistes ont annoncé du Serviteur de Dieu « Père, je remets mon esprit entre tes mains »… jusqu’au dernier souffle Jésus manifeste qu’il est ce Serviteur de Dieu annoncé !

Parmi les proches serrés au pied de la croix, il y en a un qui a entendu et compris l’ultime message de Jésus : celui qui nous a laissé son témoignage, consigné ici dans l’évangile. Il a entendu ce « Tout est accompli » et a pris grand soin de rédiger son témoignage de manière à ordonner tout son récit autour de ce « Tout est accompli ». Il témoigne ainsi, afin que tous ceux qui liront ou entendront son témoignage soient à leur tour mis face à Jésus sur la croix, Jésus proclamant son ultime parole : « Tout est accompli ».

III

Aujourd’hui, en ce jour de Vendre Saint, nous voici symboliquement au pied de la croix. Nous avons entendu la lecture du témoignage de l’évangéliste. Aujourd’hui et dimanche à Pâques, nous célébrerons la sainte Cène : en y prenant part, nous faisons mémoire de la mort et de la résurrection de Jésus. Par notre présence à ce culte du Vendredi Saint, par notre participation à la sainte Cène, nous témoignons que ce jour-là, sur le Mont Golgotha, CE N’ETAIT PAS FINI !   Ce jour-là, sur Golgotha, ce fut l’accomplissement de la mission de Jésus et le début du temps de la mémoire de Jésus, le temps de la foi en lui, le CHRIST.
Le témoignage de l’évangéliste nous met face à la croix où Jésus proclame : « Tout est accompli »… Nous sommes venus ici, au pied de la croix., chacune, chacun avec ses raisons : personnelles. « Parce que je crois », dira l’un. « Parce qu’à Vendredi Saint tout protestant se doit de venir au culte », dira un autre. « Pour mettre ma conscience en règle », dira un troisième. « Parce que ça fait longtemps que je n’étais plus au culte », dira un autre encore… Quelle que soit notre démarche d’aujourd’hui, le témoignage de l’évangéliste nous interpelle : crois-tu qu’ici tout fut accompli ? Il nous invite aussi à prendre notre Bible pour y relire toute l’histoire de Jésus, afin d’y voir Dieu à l’œuvre, Dieu accomplissant son plan d’amour pour nous et notre monde. AMEN.

Marc WEISS,  Pasteur à Strasbourg – la Robertsau

Propositions de chants :

ARC     454 – 455 – 456 – 465 —
NCTC :     198 – 199 – 202 –
ALLELUIA :      33/21 – 33/10 – 33/19 — 

¼ – Service des Lecteurs – SL – 15 – 10.04.2009 – Marc WEISS
 

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).