2010. 04 : LAETARE , 4e dans le Carême, après la Mi-Carême,

Dimanche 14 mars 2010

    Le Christ donné pour vous

        2. Corinthiens 1,3-7


 (Série de Prédication II (Predigtreihe II) : Anciennes épîtres )

En ce dimanche, nous arrivons au milieu de ce temps de l’année ecclésiastique que l’on appelle traditionnellement le « Temps de la Passion » ou encore le « Temps du Carême ». Durant ce temps liturgique, nous sommes invités ensemble à méditer la « montée de Jésus vers Jérusalem ».

En ce dimanche, nous sommes donc arrivés au milieu du gué. Bien des épreuves ont déjà été traversées, les lectures d’évangile proposées pour les dimanches passés en ont fourni quelques exemples. Mais en tant que chrétiens et lecteurs de la Bible, nous savons bien que d’autres moments difficiles sont encore à venir et à affronter.
D’où ces questions :
§    À quoi bon tout cela ?
§    Pourquoi le Christ a-t-il dû emprunter ce chemin ?
§    Et en quoi cela nous concerne-t-il ?

C’est précisément pour éviter que nous nous perdions en chemin que la tradition de notre Église nous propose aujourd’hui ce temps de pause pour faire le point et poursuivre notre marche dans la bonne direction.

Or, voici ce que nous dit la tradition ecclésiale à travers le thème de ce dimanche Laetare : »Réjouissez-vous ! ».
Oui, vous avez bien entendu. Au milieu de ce temps de la Passion et du Carême – où il était jadis d’usage de bannir tout excès et toute fête – retentit cette invitation « Réjouissez-vous ! ».
Alors, nous souvenant de ce qu’au fil des années nous avons appris, à savoir que la montée vers Jérusalem de Jésus et des siens ressemble à bien des égards à une descente aux enfers, nous pouvons légitimement nous demander :
§    Comment pouvons-nous nous réjouir dans ce contexte et dans cette perspective ?
§    Est-ce humainement possible ?
§    Et si oui, pourquoi ?

Le texte proposé aujourd’hui à notre méditation peut nous aider à voir un peu plus clair au milieu de tous ces questionnements. Il s’agit d’un court extrait du début de la 2ème lettre de Paul aux Corinthiens.
Au moment où l’apôtre rédige cette lettre, il est encore sous le coup d’un ébranlement profond. En effet après avoir quitté la communauté de Corinthe, Paul apprend par des amis fidèles qu’au sein de cette communauté, il est à présent calomnié; ses propos sont déformés; des rivalités et des oppositions grandissent; les moqueurs et les adversaires se réjouissent de la destruction interne de la communauté ainsi que de la mise en question du message que l’apôtre était venu vivre et partager avec eux.
Cette mésaventure blesse d’autant plus Paul, qu’elle lui est rapportée à un moment où il rencontre aussi de grandes difficultés sur son nouveau terrain d’évangélisation en Asie Mineure. Les menaces y sont si fortes et pressantes que l’apôtre est taraudé par le doute et sans cesse exposé à la tentation.
§    Faut-il vraiment poursuivre ?
§    À quoi bon s’exposer ainsi ?

Mystérieusement, c’est à travers cette remise en question profonde et cette nuit opaque que Dieu va manifester sa lumière, son encouragement et sa force. Si bien que l’apôtre peut écrire aux Corinthiens avec l’accent des psalmistes:

LECTURE DE 2 CORINTHIENS 1, 3 – 7

Béni soit Dieu. Cet hymne est un chant de foi et d’espérance qui puise sa force en Dieu. C’est de Dieu et de Lui seul que provient la lumière capable d’éclairer et de renouveler ce qui assombrit et bloque nos vies. Bien sûr, le chant à lui seul ne dissipe pas la nuit, mais il l’oriente vers le matin qui vient.
Pour l’apôtre, cette lumière ne se confond pas simplement avec n’importe quel petit matin qui se présente, mais elle trouve son fondement dans la lumière éclatante du message délivré au matin de Pâques. Un message qui, s’il est reçu dans la foi, éclaire toute vie de manière nouvelle.
Alors oui, béni soit Dieu, Celui qui s’est manifesté comme le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, en relevant le malmené, le méprisé, le crucifié, d’entre les morts pour lui accorder la première place dans son Royaume….et renouveler par là-même notre espérance.

Plusieurs fois déjà depuis sa rencontre avec le Christ sur le chemin de Damas, l’apôtre Paul avait fait cette expérience que malgré les épreuves et les tempêtes le Christ continuait d’être au cœur de sa vie et d’éclairer sa route. Ainsi il confessera à ses amis de la communauté chrétienne de Rome : »Oui, j’en ai l’assurance: ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur ».
Dans le texte de ce jour, l’apôtre Paul atteste que Dieu est bien la source de toute consolation. Nous le comprenons pleinement en méditant – comme nous le faisons aujourd’hui – le mystère qui entoure cette montée à Jérusalem, cette traversée de l’enfer…qui par la grâce de Dieu s’ouvre  – pour notre salut – sur la Résurrection.
Alors oui, béni soit le Père de notre Seigneur – Ressuscité, car c’est Lui et Lui seul, qui à travers son Fils, premier né d’entre les morts, nous ouvre le chemin de la Résurrection et de la Vie…et nous console dans toutes nos détresses.
Cette consolation ne vise pas seulement notre salut individuel et personnel, non, cette consolation – tel le message du matin de Pâques – a pour vocation d’être reçue, vécue et partagée avec d’autres, afin qu’en toutes circonstances nous grandissions dans la foi et l’espérance….et portions, tel le grain qui tombe en terre, du fruit en abondance par la grâce de Dieu.

Pour illustrer ce propos et conclure, je partagerai avec vous ce texte de Dietrich Bonhoeffer qui du fond de sa prison témoigne ainsi de sa foi:

« Qui suis-je? »

Qui suis-je ? Souvent ils me disent / Que de ma cellule je sors / Détendu, ferme et serein, / Tel un gentilhomme de son château /.

Qui suis-je ? Souvent ils me disent / Qu’avec mes gardiens je parle / Aussi librement, amicalement et franchement / Que si j’avais à leur donner des ordres /

Qui suis-je ? De même ils me disent / Que je supporte les jours de l’épreuve / Impassible, souriant et fier, / Ainsi qu’un homme accoutumé à vaincre. /

Suis-je vraiment celui qu’ils disent ? / Ou seulement cet homme que moi seul je connais, / Inquiet, malade de nostalgie, pareil à un oiseau en cage, / Cherchant mon souffle comme si on m’étranglait, / Avide de couleurs, de fleurs, de chants d’oiseaux, / Assoiffé d’une bonne parole et d’une espérance humaine, / Tremblant de colère au spectacle de l’arbitraire et de l’offense la plus mesquine, / Agité par l’attente de grandes choses, / Craignant et ne pouvant rien faire pour des amis lointains, / Si las, si vide que je ne puis prier, penser, créer, / N’en pouvant plus et prêt à l’abandon. /
Qui suis-je ? Celui-là ou celui-ci ? / Aujourd’hui cet homme et demain cet autre ? / Suis-je les deux à la fois ? un hypocrite devant les hommes / Et devant moi un faible, misérable et piteux ? / Ou bien ce qui est encore en moi ressemble-t-il à l’armée vaincue / Qui se retire en désordre devant la victoire déjà remportée ? /

Qui suis-je ? Dérision que ce monologue ! / Qui que je sois, Tu me connais / Tu sais que je suis tien, ô Dieu !
(Résistance et soumission, Labor et Fides 1967, p.164)

Oui, béni sois-tu, ô Dieu ! Amen.

Cantiques proposés:
Alléluia 21.05 « Jour du Seigneur »
Alléluia 45.06 « O Jésus, mon frère »
Alléluia 45.03 « Dans toutes nos détresses »
Alléluia 62.78 « Demeure par ta grâce »

¼ – Service des Lecteurs – SL – 11 – 14.03.2010 – Jean ARBOGAST

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).