2005. 06 : 6e dim après l’EPIPHANIE = TRANSFIGURATION

Dernier dimanche après l’Epiphanie

La transfiguration

Dimanche 16 janvier 2005

Exode 3, 1-10

(Série de Prédication III (Predigtreihe III) : nouveaux évangiles) 

Chère assemblée,

Nous venons d’entendre le récit du buisson ardent. C’est l’histoire d’une rencontre extraordinaire et d’un bouleversement qui ne l’est pas moins.
Moïse rencontre Dieu et, le rencontrant, il rencontre son destin. Désormais il sera son serviteur, son envoyé et son intermédiaire auprès du peuple d’Israël.

–    Dans un premier temps, nous allons nous attacher aux pas de Moïse alors qu’il monte sur la montagne sainte.
–    Nous interrogerons cette étrange expérience qu’il y fera.
–    Enfin nous essayerons de voir en combien l’expérience de Moïse, toute proportion gardée, peut devenir la nôtre. 
–   
Alors que Moïse vaquait à ses occupations habituelles, s’occuper des moutons de son beau-père, Jethro, voilà que Dieu se révéla à lui.
Essayons de nous imaginer ce berger solitaire dans le désert de Mendiant. Suivi de son troupeau, Moïse gravit les pentes de la montagne d’Elohim, le Sinaï appelé ainsi depuis les temps immémoriaux, peut être à cause des phénomènes volcaniques qui y eurent lieu ?

La solitude, le silence et les grands espaces ont toujours étaient propices à la réflexion. Pas de doute, pour Moïse, sa quête de l’absolu s’exalte à la fréquentation de ce paysage que tous les témoins décrivent comme grandiose.
L’air de la montagne est certainement plus exaltant, plus chargé de senteurs que partout ailleurs et Moïse s’approche de cet endroit où l’attend l’ange de Dieu, son messager.

La première chose qui l’alerte et qui éveille sa curiosité, c’est un buisson en feu.
Dans la chaleur intense de ce désert aride et sec, la soudaine combustion d’un buisson desséché n’a rien d’exceptionnel. Mais ce qui intrigue Moïse, c’est que la flamme continue à brûler sans que le buisson se consume et se réduise en cendre.
Il veut en avoir le cœur net, il voit un spectacle extraordinaire et il voudrait comprendre. Il s’approche donc.

C’est alors qu’une voix, du milieu du buisson se fait entendre à Moïse. C’est Dieu qui l’appelle : Moïse, Moïse. Il répond : Me voici.
Le même appel avait déjà été lancé à Abraham
« Enlève tes sandales » lui enjoigne la voix.
Dans l’Orient, le fait d’enlever ses sandales est considéré comme une marque de respect. (Encore aujourd’hui les musulmans avant d’entrer dans la Mosquée se déchaussent.)

Et puis les choses se précipitent, Dieu se présente à Moïse, comme le Dieu de ses ancêtres, et avant que le berger puisse reprendre ses esprits il est envoyé en mission. Il doit retourner en Egypte et libérer ses frères, Israël, le peuple de Dieu

Revenons un instant sur le destin de Moïse.
D’abord, c’est l’évidence même, un homme nouveau naît dans les déserts de Madian !

Quel cheminement que le sien ! Un parcours initiatique qui le détache de ses liens avec la civilisation la plus brillante qui puisse se trouver à l’époque, la civilisation égyptienne, pour faire de lui un simple gardien de mouton.

Le prince d’Egypte choyé et entouré est devenu un pauvre berger solitaire. Le désert le dépouille de tout ce qu’il a été, de ce qu’il a vécu, de sa vie antérieure. Cette perte du passé provoque en lui un vide. Mais ce vide crée à son tour un espace  où quelque chose de nouveau peut advenir et se faire entendre, la voix de Dieu.
Voilà donc qu’un nouvel homme a été éveillé en Moïse.

Et c’est ce nouveau Moïse qui saura se mettre à l’écoute du Dieu de ses ancêtres au risque d’être consumé au feu du buisson. Mais lui, dans les crépitements du buisson entendra la voix et cette voix l’interpelle.

Lorsqu’on repense à sa vie antérieure en Egypte, que de chemin parcouru !
Le Moïse, qui a fui l’Egypte, a vécu l’expérience du dénuement extérieur mais aussi intérieur. Il a dû passer par un déracinement radical mais aussi par la confrontation à une nouvelle culture, à une nouvelle religiosité, celle de son beau-père, prêtre de Madian. Et tout cela a réveillé sa soif de Dieu.

Il ne fait pas de doute que la première transformation par laquelle passa le nouveau Moïse, c’est de devenir un chercheur de Dieu.

Un détail du texte nous met sur la voie. Au début du verset 3 nous lisons : « Il décida de faire un détour ». C’est à dire qu’il décide de s’écarter de son chemin habituel, il pousse plus loin. N’est-ce pas aussi une façon de faire entendre que Moïse quitte les sentiers battus, les chemins trop connus. Et tiraillé par sa soif de Dieu, il arrive jusqu’à ce lieu où se tient l’ange du Seigneur. Le buisson qui a pris feu est donc aussi à l’image de cet homme qu’embrase le feu divin, et qui fait de Moïse un homme capable alors de voir, là où d’autres ne voient rien, capable d’entendre ce que d’autres n’entendent pas.

Sur cette montagne sacrée, c’est Dieu qui vient à la rencontre de Moïse, mais c’est aussi Moïse qui depuis longtemps, au grè des transformations de son âme s’est préparé intérieurement à cette rencontre.

Le message qui nous est transmis ici, c’est que Dieu se laisse rencontrer, il se laisse trouver. Pour cela, l’histoire de Moïse nous apprend qu’il est parfois nécessaire de se retrouver pauvre, délesté de toutes ses certitudes, de ses conforts intellectuels mais aussi matériels. Et puis de s’interroger sur sa vie et ce faisant, ne pas simplement suivre les autres, les habitudes, les modes, les courants de pensée. C’est comme gravir une montagne. Mais on ne peut la gravir que seul. C’est donc aussi se mettre à l’écart, faire le vide, retrouver le silence afin qu’une voix nouvelle puisse nous atteindre et que nous puissions la percevoir.

Il est sans doute temps maintenant de nous demander si nous pouvons partager l’expérience de Moïse ?
D’abord est-elle utile ?

Si elle ne l’est pas, pour qui a la grâce de croire, elle peut s’avérer déterminante pour qui cherche. Vous est-il déjà arrivé de vouloir convaincre quelqu’un de croire ?  Toujours à nouveau on fait l’expérience que le discours rationnel, argumenté n’atteint pas son objectif. Voilà pourquoi, il peut être d’une grande aide, pour qui cherche, de rencontrer sur son chemin des signes, en quelque sorte des ‘buissons ardents’ qui ouvrent à l’au-delà du monde visible, à l’au-delà de l’humain, des signes, un langage qui éveille au divin, à la présence de Dieu.

Il s’agit de voir. Le verbe voir et ses synonymes, revient d’ailleurs six fois dans les versets 2 à 7.
Voir n’est pas de l’ordre de la réflexion, c’est de l’ordre des sens. Il ne s’agit pas de réfléchir mais d’entendre, de sentir et de voir.

Et voilà que nous apprenons, en fait nous le savions déjà, que nos sens, sont parfois plus proche de Dieu que nos pensées. Pensons à l’expérience de la nature ! Nous avons sans doute déjà été touchés par elle, par la grandeur majestueuse d’une belle forêt, l’odeur de la terre en été après une pluie, une nuit étoilée, un clair de lune. Autant d’occasions pour dépasser l’horizon habituel et penser au créateur. On peut aussi penser à l’art, à un tableau ou un morceau de musique. Lorsque de dire simplement ‘c’est beau’ ne suffit plus. Là encore, nous percevons que l’admiration ne s’arrête pas à l’objet mais nous conduit au-delà, et nous ouvre en vérité à Dieu.
La dernière leçon de notre texte, c’est que si Dieu offre à Moïse l’expérience du Buisson ardent, il ne lui permet pourtant pas de  se complaire dans cette vision. C’est peut être pour lui un passage obligé mais ce n’est qu’une étape. L’essentiel est ailleurs. Moïse est renvoyé vers ses frères, le peuple dans la servitude en Egypte, pour le libérer.

Toutes les visions, tous les moments forts que nous pouvons vivre, sont précieux certes mais il s’agit de ne pas en rester là. Nous avons-nous aussi à redescendre de ces hauteurs, de la montagne et vivre notre foi au quotidien au milieu d’hommes et de femmes pour qui nous voulons être témoins du Dieu vivant et que nous voulons humblement conduire au Christ.

La vision du buisson sonne pour Moïse le départ d’une vie nouvelle. Qu’il nous soit donné, à nous aussi, de reconnaître dans notre monde les signes que Dieu y place et, confiants et forts de l’attention et l’amour que Dieu nous porte, de trouver dans ces signes la force pour prendre un nouveau départ. Amen.

            Georges HUFSCHMITT, pasteur

Cantiques de l’Arc en ciel : 97, 230 (mélodie pas forcément connue), 367, 542, 891.

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).