Jean 4,1-15 : Jésus et la Samaritaine
21 janvier 2007
(Série de Prédication V (Predigtreihe V) : liste complémentaire I)
(Je suggère de lire aussi le verset 15 qui parle de soif).
Soeurs et frères,
La rencontre près du puits est courante dans la Bible, comme dans les régions sans eau courante où les femmes et les enfants vont puiser l’eau dès le matin ou en fin de journée. C’est toujours une occasion pour échanger les nouvelles avec les autres. Jésus rencontre la femme de Samarie établit un dialogue, plein de malentendus et de sous-entendus, une méthode souvent utilisée par l’Évangéliste Jean pour suggérer son message. Voyons comment il évoque les barrières que franchit Jésus, ce que le thème de l’eau peut symboliser pour évoquer le « don de Dieu » que Jésus veut révéler.
1. Barrières à franchir.
Trois barrières séparent les acteurs de cette histoire
Celle de la nation et de la religion : Jésus est juif et la femme est samaritaine . Ces deux peuples ont la même origine et adorent le même Dieu. Mais l’histoire les a séparés et leur religion a évolué différemment. Les uns n’adorent qu’à Jérusalem alors que les autre font leur culte sur leur montagne sacrée, le mont Garizim. Pour cette raison les juifs pieux rejetaient les Samaritains comme idolâtres. La différence religieuse a entraîné des cultures différentes, le mépris des uns et la rancune des autres. Nous avons connu cela dans nos villes et villages entre protestants et catholiques : même origine, même Dieu, coutumes et cultures différentes, mépris et tensions. Jésus franchit cette barrière et, au grand étonnement de la femme, lui adresse la parole. Elle réagit : « comment peux-tu ?… Eh oui, il le peut !
La seconde barrière se dresse entre hommes et femmes: l’évangéliste Jean écrit que les disciples, à leur retour, étaient étonnés de voir Jésus parler avec une femme. Nous avons connu aussi ce temps où les écoles n’étaient pas mixtes, où hommes et femmes n’étaient pas assis côte à côte pendant le culte. La méfiance entre les sexes et la peur de l’autre forment aussi une barrière que certains s’évertuent encore à bétonner, comme si la femme était toujours la tentatrice et l’homme celui qui ne pense qu’à séduire, voire à violer. Jésus franchit aussi cette barrière en établissant avec cette femme une relation saine où on peut parler de sujets vitaux sans qu’il y ait des sous entendus peu avouables.
La troisième barrière se dresse entre la femme, dont la vie familiale était chaotique, et les habitants de la ville : elle vient puiser l’eau à midi, l’heure où elle ne rencontre personne. A la fin de l’histoire, elle va vers les gens et leur dit « cet homme m’a dit tout ce que j’ai fait », ce passé dont elle avait honte et maintenant elle peut l’assumer.
Jésus est un homme libre. Il ne se laisse pas emprisonner par les préjugés nationaux, religieux, raciaux ou sexistes qui empoisonnent la vie des gens et les empêchent de rencontrer les autres. Sans agressivité, dans le respect mais aussi sans se renier et dans la vérité il ouvre les chemins qui permettent aux hommes et aux femmes de se parler en vérité.
2. L’eau
Au début de l’histoire, Jésus est le demandeur. Il ne se place pas au-dessus de la femme comme celui qui sait et qui donne, il est celui qui a soif et qui a besoin de son aide pour boire. La conversation va commencer autour de l’eau, avec une suite de malentendus. Cela commence avec l’eau du puits, prisonnière dans la terre. Pour l’atteindre il faut un récipient et une corde. Ceux qui ne sont pas outillés en sont exclus, il faut la puiser chaque jour car la soif ne s’arrête jamais.
Jésus introduit dans la conversation la mention de « l’eau vive » ou « eau vivante », qui à première vue, est l’eau de la source ou du ruisseau, non prisonnière de la terre, celle qui coule libre-ment, accessible pour tous ceux qui passent, sans seau ni corde.
L’évangéliste nous conduit au delà de la simple eau qui coule. Cette eau, Jésus l’a transformée en vin, il l’a utilisée pour le baptême, dont parle le début du chapitre 4, celle de la piscine de Bethesda du chapitre 5 guérit le malade. Cette eau sortira, mêlée de sang, de son côté sur la croix. Cette eau apporte la vie, la liberté, la santé, la joie, elle étanche la soif jusque dans l’éternité. Cette eau devient source de vie en celui qui la boit.
Elle symbolise l’Esprit que Jésus veut donner à ceux qui croient, Esprit de force et de vie, qui transforme les croyants en hom-mes libres, non enfermés dans les préjugés et les peurs. Il en fait des témoins capables de franchir les frontières et de donner l’espérance à ceux qu’ils rencontrent.
Il propose cela à cette femme, et à ceux qui le rencontrent : étancher leur soif de vie en leur donnant l’Esprit Saint, puis-sance qui efface la peur, les barrières et met debout.
3. Le don de Dieu
« Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te parle ». Jésus quitte la position de celui qui demande pour devenir celui qui propose et offre quelque chose à la femme. Il utilise un mot dangereux, « si » . Souvent, il est utilisé pour pouvoir refuser ce qu’on propose. Jésus , lui, demande seulement à être reconnu comme ce « don de Dieu » aux hommes. L’apôtre Paul, dans le passage de l’épître aux Romains que nous avons entendu, appelle cela la confiance, la foi . L’officier romain de l’Évangile entendu aujourd’hui reconnaît que Jésus peut donner la vie à son fils malade : lui il a connu le « don de Dieu »
Jésus, qui brise les barrières et qui ouvre l’accès à l’eau vive, à l’Esprit de vie, est ce « don de Dieu ». Il ouvre l’accès à Dieu par un chemin qui n’est ni étriqué, ni rempli de l’exclusion ou de la condamnation de ceux qui ne sont pas conformes. Souvent, nous nous laissons tenter par ces exclusions pour insister sur les différences entre nous et les autres.
La femme rappelle ces différences à Jésus : « vous les Juifs adorez à Jérusalem et nous sur la montagne, qui est dans le vrai ? ». Jésus ne les nie pas, il affirme même que les Juifs « savent qui ils adorent » et que « le salut vient d’eux . »
Mais il relativise cela immédiatement: il n’en sera pas toujours ainsi puisque les vrais adorateurs du père sont « ceux qui adorent en Esprit et en vérité ». Là aussi les barrières tombent, de manière d’ailleurs assez troublante. Jésus dit une sorte de confession de foi : ce qui dans l’adoration est conforme à la vérité et inspiré par l’Esprit, l’esprit d’amour et de liberté qui vient de lui, est une véritable adoration. C’est assez renversant car cela peut ouvrir une porte inouïe à la rencontre avec les autres personnes et les autres religions.
Conclusion
Celui qui, après avoir beaucoup voyagé, dit « mon pays est le plus beau », exprime mieux la vérité que celui qui le proclame sans avoir jamais quitté son trou. Le premier a une vision que le second ignore.
Il en est de même dans le domaine spirituel et religieux. Si nous nous enfermons dans ce qui est connu et balisé pour refuser le reste, nous devenons incapables de liberté et de témoignage. Jésus, lui, renverse les barrières humaines et propose, gratuitement, la glorieuse liberté des enfants de Dieu à ceux qui reconnaissent en lui le « don de Dieu ». Il les rend capables, comme lui, de rencontrer les autres sans en avoir peur. Le voulons-nous aussi ? Amen.
Pierre KEMPF
Cantiques ARC
107 – Louez Dieu pour sa grâce
252 – Nous te célébrons
317 – Laisserons-nous à notre table ?
431 – Pour inventer la liberté
510 – Esprit d’eau vive
625 – Ne craignez pas
628 – La foi renverse devant nous
PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL
Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.
Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.
A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.
Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).